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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Société de vide et de consumation


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Sylvain Reboul (---.---.151.18) 27 décembre 2005 08:38

Votre position est certainement respectable sur le plan personnel et je ferais peut-être des choix éthiques proches des vôtres (privilégier le désir d’aimer et d’agir -qui pour moi sont au fondement du désir d’être- par rapport à celui d’avoir et de subir passivement les incitations au plaisir très réel de la consommation) quant à l’expression de mon désir d’être, mais vous ne pouvez distinguer sauf d’un point de vue moral personnel, toujours discutable, le besoin d’être et le désir d’avoir car pour beaucoup, sinon pour tous, la reconnaissance de soi passe par la reconnaissance sociale de la socité toute entière ou d’une minorité valorisée et considérée comme valorisante (ce que les anciens appellaient « l’honneur » dans un prespective aristocratique et héroique et ce que nous appellons « fierté » ou «  »dignité" dans une perspective plus démocratique), car la consommation fait partie pour tous aujourd’hui, et pour seulement quelques uns avant, du désir de dignité, voire de prestige ; bref du respect de soi-même ; ce qui ne dit rien sur l’usage actif personnel et ouvert aux autres ou passif et fermés sur soi que nous faisons des objets ou services que nous consommons.

Nous vivons dans une société qui a perdu toute référence religieuse transcendante indiscutable au salut post-mortem, laquelle permettait de conditionner (canaliser) l’expression du désir d’être et la puissance d’agir, elle est donc incapable de nous convaincre à l’abnégation ici-bas en vue du paradis dans l’au-delà ; ce que la société antérieure théocratique faisait à l’égard des plus pauvres pour les faire se résigner à la frustration, voire à la misére. L’infini du « désir de désir », ne pouvant plus se projeter dans un infini transcendant et post-mortem moralement régulateur (Dieu) collectif et consensuel est donc « condamné » à s’exprimer dans l’accroissement indéfini de la valorisation représentée de soi dans ce que nous faisons, avons ou apparaissons aux yeux des autres, comme conditioçn de la reconnaissance de soi, dans le cadre d’une égalité théorique nouvelle en droit et de droit à la dignité. C’est pourquoi, vous ne pouvez décider pour les autres ce qui peut faire leur bonheur et faire de la morale un régulateur social impératif, sinon à désirer comme réalisable une société à la fois moderne (libérale) et religieuse (communautariste ou amicale) ; ce qui est contradictoire sauf un miracle divin qui convertirait moralement et librement tous les individus à votre conception de ce que vous appellez le besoin d’être.

Vous ne pouvez donc pas faire de votre éthique un fondement sociétal, seul un droit libéral objectif fondé sur le droit de chacun à rechercher son bonheur sans nuire au même droit chez les autres est possible. Ce qui ne veut pas dire que vous devriez renoncer à le rechercher pour vous-même avec qui vous voulez et qui le désire, mais cela ne concerne plus la sphère de la société mais celle de votre vie privée, qu’il faut, autant que faire se peut, distinguer, privilégier et rendre la plus autonome possible par rapport à la sphère publique.

Désir et modernité


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