Votre remarque est pertinente : la question du pouvoir est centrale, mais il faudrait distinguer le pouvoir formel (institutionnel) hiérarchique et territorialisé, le pouvoir informel, séducteur et persuasif, que développe les nouveaux médias dans leur usage commercial, le pouvoir intersubjectif d’influence de l’opinion en train d se faire et le pouvoir financier des marchés hors tout contrôle politique central et territorial.
Le premier est indiscutablement en crise de légitimité, car sa capacité de bienfaisance et de nuissance est constament neutalisé, piraté, voire gangrené, par les pouvoirs multicentrés et polyvalents qu’il ne contrôle plus (ex : Internet).
Raison de plus pour travailler à ce que chacun soit plus autonome, à savoir plus sage et plus capable de se commander lui-même en régulant ses passions ; celles-ci en effet ne sont plus codables et donc formatés par de grands récits autoritaires et moralistes centralisés. L’ordre ne peut venir aujourd’hui que du dynamisme autonome et plus savant des individus eux-mêmes sur eux-mêmes.
Le communautarisme fusionnel autour d’un chef-personne représentatif des espérances confuses coagulées par la rhétorique politicienne ou religieuse des individus et d’un chef-lieu bien délimité ne peut plus faire la politique. Celle-ci, au choix, est soit en voie de disparition comme domination hiérarchique formelle, soit en voie d’ultra-démocratisation hyper-flexible.
Le puissance du multiple l’emporte sur l’autorité de l’un qui n’en est plus qu’un élément symbolique précaire soumis à la concurrence permanente d’autres éléments pou ou prou incompatibles. Il appartient alors à chacun de se (re)construire comme puissance d’agir cohérente et pragmatiquement efficace dans la durée.