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Brice Martin : le merveilleux pouvoir d’évocation de la musique...

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C'est un un récital de piano où l'on a pu apprécier la virtuosité de Brice Martin, sa modestie, sa passion de la musique et de l'art...

 

Brice Martin se définit lui-même comme un pianiste amateur, au demeurant un pianiste très talentueux qui nous a offert un spectacle haut en couleurs, empli d'émotions et de sensations diverses...

 

Brice Martin a fait des études de médecine à Nîmes, s'est spécialisé en psychiatrie à Paris... parallèlement à sa formation médicale, il continue à cultiver sa passion pour le piano.

 

Et Brice Martin a fait d'abord le choix original de nous présenter l'oeuvre d'un compositeur français peu connu : Déodat de Séverac, un compositeur qui avait le goût de l'improvisation, qui maîtrisait un certain art de conteur, une sorte de "Giono du piano", nous dit Brice Martin... Et il rajoute : "c'est une musique qui sent bon."

Sa musique pour piano, au style très personnel, est souvent imagée et colorée, comme dans Le Chant de la Terre, qui décrit une idylle rustique, ou les morceaux En Languedoc et Baigneuses au soleil.

La suite Cerdaña, son chef-d'œuvre, illustre son amour pour le terroir catalan.

 Dans Les muletiers devant le Christ de Llivia, les cloches de l'ancienne église fortifiée sonnent dans une représentation vivante de la scène, alors que les fidèles offrent leurs prières...

 La prière des Muletiers devant le Christ de Llivia est peut-être le sommet spirituel de l’œuvre de Déodat de Séverac. "Il est impossible, me semble-t-il, d’aller plus loin et plus haut dans l’expression du sentiment religieux." selon le poète François-Paul Alibert...

On écoute avec ravissement ce morceau interprété par Brice Martin : intensité, profondeur, ferveur, rêverie...

 

Dans Le retour des muletiers, on entend les muletiers remonter sur les routes de montagne.

On a l'impression, en écoutant cet extrait, de percevoir le pas cadencé des mules, une scène pittoresque et vivante se dessine... On voit les mules en train de trotter, on voit les muletiers dans la poussière de la route et des fumées bleues...

Tout le pouvoir d'évocation de la musique !

 

Brice Martin nous présente ensuite un autre compositeur Maurice Ravel et ses sortilèges harmoniques... son oeuvre comporte de nombreuses références à la littérature et à la poésie.

Ainsi, la partition de Jeux d'eau porte en épigraphe une citation d'Henri de Régnier : "Dieu fluvial riant de l'eau qui le chatouille."

Et Brice Martin nous joue cette partition avec toute sa sensibilité : on entend le doux bruissement de l'eau, l'eau qui coule, ruisselle, rejaillit, rebondit, s'envole... Magique ! Un moment de rêverie et de douceur...

 

Brice Martin évoque aussi une autre oeuvre de Maurice Ravel : Gaspard de la nuit : Trois poèmes pour piano d'après Aloysius Bertrand est un triptyque composé en 1908, d'après trois poèmes en prose extraits du recueil du même nom d'Aloysius Bertrand...

Le pianiste nous lit alors le poème Ondine :

 

- " Ecoute ! - Ecoute ! - C'est moi, c'est Ondine qui
frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta
fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ;
et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui
contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau
lac endormi.

" Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant,
chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais,
et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le
triangle du feu, de la terre et de l'air.

" Ecoute ! - Ecoute ! - Mon père bat l'eau coassante
d'une branche d'aulne verte, et mes soeurs caressent de
leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénu-
phars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et
barbu qui pêche à la ligne ! "

 

Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son
anneau à mon doigt pour être l'époux d'une Ondine, et
de visiter avec elle son palais pour être le roi des lacs.

Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle,
boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa
un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisse-
lèrent blanches le long de mes vitraux bleus."

On écoute l'interprétation de Ondine, un air encore plein de fluidité, de légèreté, de limpidité...

 

Le récital nous fait enfin découvrir un autre musicien : Alexandre Scriabine, poète et compositeur russe.

Brice Martin évoque son oeuvre d'abord inspirée par les romantiques comme Chopin, puis une période de transition et enfin le Scriabine fou, exalté qui touche à la démesure.

 

Et Brice Martin se met au piano pour interpréter L'Etude op.8 en ré dièse mineur, Patetico : une oeuvre de la première période, un air de chanson romantique douce et sombre à la fois.

 

Enfin, on écoute Vers la flamme, op.72 : un crescendo, un vertige de notes, un morceau exalté, tourmenté, très intense...

 

Merci à Brice Martin pour ce récital qui a enchanté le public : le pianiste a fait une brillante démonstration des pouvoirs de suggestion et d'évocation de la musique...
 

Un spectacle présenté dans le cadre des Jeudis de Nîmes...

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2023/08/brice-martin-le-merveilleux-pouvoir-d-evocation-de-la-musique.html

 

https://naxosdirect.co.uk/items/severac-cerdana-en-languedoc-146035

 

https://fr.wikisource.org/wiki/F%C3%AAte_d%E2%80%99eau

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeux_d%27eau_(Ravel)

 

 

FÊTE D’EAU

 
Le dauphin, le triton et l’obèse grenouille
Diamantant d’écume et d’or Latone nue,
Divinité marine au dos de la tortue,
Dieu fluvial riant de l’eau qui le chatouille ;

La vasque qui retombe ou la gerbe qui mouille,
La nappe qui décroît, se gonfle ou diminue,
Et la poussière humide irisant la statue
Dont s’emperle la mousse ou s’avive la rouille ;

Toute la fête d’eau, de cristal et de joie
Qui s’entrecroise, rit, s’éparpille et poudroie,
Dans le parc enchanté s’est tue avec le soir ;

Et parmi le silence on voit jaillir, auprès
Du tranquille bassin redevenu miroir,
La fontaine de l’if et le jet du cyprès.

 

Vidéos :

 


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12 réactions à cet article    


  • Seth 18 août 2023 18:03

    Brice de Nîmes., ça farte ?  smiley

    Et c’est pas tous les jours qu’on s’impose Déodat de Séverac ! smiley

    Rose est grande spécialiste des célébrités locales et du rare vieillot.


    • rosemar rosemar 19 août 2023 10:47

      @Seth

      Ce n’est pas vieillot du tout... et de plus en plus, on perd l’habitude d’assister à des spectacles en direct... les écrans sont partout...


    • chantecler chantecler 18 août 2023 20:45

      Bonsoir ,

      Pourquoi A.Scriabine était il « fou » selon toi  ?

      C’est un compositeur russe absolument génial , maître de Rachmaninov , qui a écrit lui aussi des choses magnifiques .... !

      Le « Vers la Flamme » op 72 que tu nous présentes est un peu particulier, très inspiré par rapport à l’ensemble de ce qu’il a laissé,cf par ex. étude 8, mais aussi totalement chef d’oeuvre , selon moi ...

      Maurice Ravel immense compositeur et orchestrateur français ... !

      Tzigane , Boléro , concerto pour la main gauche , et le concerto en sol (cf Hélène Grimaud !++), Pavane , Gaspard de la nuit etc, etc ...... !

      https://www.youtube.com/watch?v=NRTWLQ4nI6Q&ab_channel=pri038


      • rosemar rosemar 18 août 2023 21:45

        @chantecler

        A propos de Scriabine, on parle d’une exaltation qui touche à la démesure :

        https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/muraro-au-piano/mon-scriabine-9253202


      • rosemar rosemar 18 août 2023 21:47

        @chantecler

        Merci pour l’extrait musical... Ravel, magnifique !

        Avez-vous lu Ravel de Jean Echenoz ?


      • Seth 18 août 2023 21:04

        Un peu ennuyeuses vos musiques. Le typique du concert pour cultureux bobo.

        Pour Deodat de Severac, ça vaut ce que ça vaut... J’en ai profité pour parcourir « Le Coeur du Moulin » opéra d’icelui, c’est dans la droite ligne de tout le reste.

        Disons que c’est mélodiquement simplet, peu nuancé et que pour la composition, on est loin de Berlioz. Ou même de Magnard. En bref un opéra campagnard soi disant « impressionniste » qui ne fait pas vraiment partie des merveilles perdues de vue (par exemple le « Guercour » de Magnard justement)


        • rosemar rosemar 18 août 2023 21:49

          @Seth

          Ennuyeuses !? Vous n’avez pas assisté à ce concert : le son de la musique en direct sur un Steinway, c’est magique !


        • rosemar rosemar 19 août 2023 10:44

          @Seth

          Je ne connais pas cet opéra... mais une belle introduction :

          https://youtu.be/ZA1qfo3a9po


        • Seth 20 août 2023 11:59

          @rosemar

          Puisque j’ai cité Guercoeur de Magnard, en voilà l’introduction. Il n’est pas question de concours, c’est juste un niveau de composition symphonique largement au dessus :

          Guercoeur - Introduction - 1er Acte

          Offenbach qui était un excellent musicien en plus de sa musique olé-olé a écrit lui aussi des pièces brillantes.

          Mais l’égalité en talent n’existe pas. Alors la musique de certains n’est qu’un ronronnement.


        • Seth 20 août 2023 12:10

          @rosemar

          Et tant qu’on y est, le Prélude d’un opéra quasiment inconnu : « Le Pays » de Guy Ropartz :

          https://www.youtube.com/watch?v=eel0C1Yt_yU

          Pas dégueulasse, n’est il pas ? smiley


        • Seth 20 août 2023 12:20

          @rosemar

          Et tant qu’on y est, le Prélude du « Roi Arthus » de Chausson dont la toitralité est une merveille, Debussy à l’époque avait reconnu sans peine que ça dépassait largement sa (Pédéraste et Médisante) Pelléas et Mélisande...

          Le Roi Arthus

          Et jouée en concert, le reste de l’opéra ne s’interprétant quasiment jamais, la monumentale Ouverture du Roi d’Ys de Lalo.

          Le Roi d’Ys

          Alors vous voyez, Séverac, c’est bien gentil mais bon...

          Bon j’arrête, je vais pas faire mon Mélu... smiley


        • charlyposte charlyposte 19 août 2023 13:26

          Vivement le récital de BRICE DE NICE ! hum smiley

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