L’épingle si fine, si légère...
L'épingle, si fine, si légère, si pointue, nous fait sentir sa légéreté et sa piqûre à travers ses sonorités : douceur de la labiale "p", envolée de la voyelle nasalisée "in", et pointe acérée de la gutturale "g"...
L'épingle chère à la couturière, moins utilisée de nos jours, petite tige de métal, à bout pointu, servait à fixer, à assembler des tissus pour confectionner toutes sortes de vêtements...
Mais on connaît, de nos jours, aussi d'autres épingles : épingle à cheveux, épingle à nourrice, anglaise, épingle à linge... de petits objets utiles.
Ce mot vient d'un nom latin "spinula", diminutif de "spina", l'épine. Ce petit mot latin"spina" restituait bien, aussi, par sa brièveté, sa voyelle "i", très aiguë, la finesse de l'objet, du piquant d'un végétal.
"Epine, épingle", les deux termes sont formés sur un même radical, et l'épingle comporte un suffixe de diminutif qui ajoute de la délicatesse à l'objet !
L'épingle peut être si fine ! Elle est de si peu de poids qu'elle désigne, parfois, une chose de peu d'importance, de peu de valeur...
L'épingle traduit une légèreté, une évanescence, et paraît à la fois fragile et rude, à la fois douce et âpre.
Ce mot entre dans des expressions familières, connues de tous : "tirer son épingle du jeu" ou encore "être tiré à quatre épingles"... Habileté, élégance, parfois guindée, sont, ainsi, associées à ce terme.
Ce mot symbolise, aussi, la petitesse, une forme de modestie...
L'épine, elle, se fait sentir sur les ronces, les rosiers, elle évoque une difficulté, une nature rebelle, parfois... L'épine acérée blesse, abîme, meurtrit, fait retentir sa piqûre.
Que d'épines rencontrons-nous, tout au long de nos vies ! Que de tourments, que de blessures ! Que d'obstacles à franchir, à dépasser ! Ces épines, à n'en pas douter, nous font progresser, évoluer et nous offrent des expériences renouvelées... et ce ne sont pas, souvent, de simples piqûres d'épingles !
Epine, épingle, aubépine, épineux, épi, épinette, épinard, épinoche : tous ces mots appartiennent bien à la même famille...
L'aubépine, la blanche épine, arbrisseau épineux de la famille des rosacées, décline de petites fleurs blanches, quelquefois roses ou rouges, d’une odeur très agréable, disposées en bouquets.
L'aubépine, "alba spina" réunit la blancheur de l'aube et la pointe de l'épine en un seul mot... Une belle association, pour cette fleur sauvage !
Tous ces mots, venus du latin offrent une parenté de sens, ils remontent aux origines de notre langue, à des temps très anciens.
Ils nous parlent d'une certaine poésie de notre langue, ils évoquent des formes, des couleurs, des idées, des sensations, des difficultés, tout un monde contenu dans les mots !
Couleurs de l'aube et de l'aubépine, blondeurs des épis, piqûres des ronces, éclats de rosiers, senteurs de fleurs, espoirs, renouveau, obstacles !
Ils suggèrent des images variées : fleurs épineuses, rosiers, églantiers, ronces aux mûres couleurs d'ébène, ondoyances d'épis, âpreté, finesse, légèreté...
Ils nous révèlent tout un univers de formes, de couleurs, de sonorités éblouissantes !
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2015/04/l-epingle-si-fine-si-legere.html
14 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON