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Accueil du site > Culture & Loisirs > Voyage vers l’Orient : le caravansérail...

Voyage vers l’Orient : le caravansérail...

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"Le caravansérail est formé d'une cour immense entre quatre murs. Sur deux faces, une galerie couverte pour les chevaux ; aux quatre angles, une chambre pour les voyageurs." Voilà la description d'un caravansérail que fait Eugène Fromentin, dans son récit de voyage, intitulé Un été au Sahara...

Le mot "caravansérail" nous éblouit avec ses cinq syllabes, ses sonorités variées et contrastées de gutturales, de fricative, de sifflante, sa voyelle "a" répétée... Le mot nous laisse entrevoir un long cortège de voyageurs, une colonne de nomades dans le désert, des chameliers, des oasis enfin retrouvées...
 
Il nous étonne par ses échos, ses redondances : terme rare, réalité perdue et lointaine, le caravansérail nous emporte vers un orient mystérieux, des déserts arides, des paysages inondés de soleil et de lumières.
 
Composé de deux mots exotiques, ce terme oriental désigne une vaste hôtellerie, où logent des caravanes, des voyageurs et des bêtes de somme.
Le terme "caravan"" est issu du persan "karvan" et s'applique à un groupe de voyageurs, le nom "sérail" vient du turc "saray" qui évoque un palais, une grande maison, une cour...

 
Lieu d'échanges, lieu de rencontres et de repos, le caravansérail est l'image même d'une sorte de halte, d'apaisement après un long voyage dans le désert...
 
Ce mot suscite le rêve, le dépaysement, l'immensité des paysages désertiques... 
 
Il suggère de grandes demeures orientales, des décors simples ou plus somptueux, des façades blanches, des ciels, des oasis irradiés de luminosité.
 
Le désert et ses mystères, ses éblouissements, du sable à perte de vue, des ondoyances de dunes....
 
Des ciels d'une immensité étoilée, des couleurs chatoyantes de sable doré, roux, blanc, des vaguelettes sur les dunes, des éclats d'ocre...
 
Le caravansérail est, aussi, un hâvre de paix, de bonheur : après une longue marche dans le désert, on peut s'y reposer, se détendre, évoquer ses voyages.
 
Mot à la fois apaisant et plein d'exotisme, le caravansérail résonne de sonorités poétiques, éclatantes de mystères et d'étrangeté...
 
Voilà un mot peu commun qui séduit l'imagination : lié à des paysages lointains, à la magie de l'orient, le caravansérail nous attire, nous donne envie de partir à l'aventure... de découvrir de nouveaux horizons...
 
Le caravansérail nous offre des promesses : des paysages étonnants aux teintes contrastées, la solitude d'un monde encore intact.
 
C'est ce monde que décrit Eugène Fromentin, dans son récit de voyages, il évoque notamment les ciels algériens avec une poésie et une délicatesse dignes d'un peintre :
 
"Le soleil allait se coucher et dorait, empourprait, émaillait de feu une multitude de petits nuages détachés du grand rideau noir étendu sur nos têtes, et rangés comme une frange d'écume au bord d'une mer troublée. Au delà commençait l'azur ; et alors, à des profondeurs qui n'avaient pas de limites, à travers des limpidités inconnues, on apercevait le pays céleste du bleu. Des brises chaudes montaient, avec je ne sais quelles odeurs confuses et quelle musique aérienne, du fond de ce village en fleurs ; les dattiers, agités doucement, ondoyaient avec des rayons d'or dans les palmes ; et l'on entendait courir, sous la forêt paisible, des bruits d'eau mêlés aux froissements légers du feuillage, à des chants d'oiseaux, à des sons de flûte. En même temps un muezzin, qu'on ne voyait pas, se mit à chanter la prière du soir, la répétant quatre fois aux quatre points de l'horizon, et sur un mode si passionné, avec de tels accents, que tout semblait se taire pour l'écouter. Le lendemain, même beauté dans l'air et même fête partout. Alors, seulement, je me donnai le plaisir de regarder ce qui se passait au nord du village, et le hasard me rendit témoin d'un phénomène en effet très singulier. Tout ce côté du ciel était sombre et présentait l'aspect d'un énorme océan de nuages, dont le dernier flot venait pour ainsi dire s'abattre et se rouler sur l'extrême arête de la montagne. Mais la montagne, comme une solide falaise, semblait le repousser au large ; et, sur toute la ligne orientale du Djebel-Sahari, il y avait un remous violent exactement pareil à celui d'une forte marée. Derrière, descendaient lugubrement les traînées grises d'un vaste déluge ; puis, tout à fait au fond, une montagne éloignée montrait sa tête couverte de légers frimas. Il pleuvait à torrents dans la vallée du Metlili, et quinze lieues plus loin, il neigeait.
 
L'éternel printemps souriait sur nos têtes."

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/article-voyage-vers-l-orient-un-caravanserail-123809901.html

 

Vidéo :

 


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29 réactions à cet article    


  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 25 mars 2021 15:49

    Le caravansérail passe , reste les motels .


    • Clark Kent Séraphin Lampion 25 mars 2021 17:07

      @Aita Pea Pea

      Tiens au fait, cette histoire de caravanes me rappelle une légende qui retrouve son actualité.

      La Peste était en route vers Damas quand elle a croisé une caravane.

      « Où cours-tu si vite ? » lui a demandé le chef de la caravane.

      « A Damas ! J’ai l’intention d’y prendre mille vies »

      A son retour de Damas, la Peste a croisé la même caravane qui rentrait de Chine, et le chef de la caravane, sombre, lui a dit :

      « Il parait que c’est cinquante mille vies que tu as prises, et non pas mille… »

      « Non, a répondu la peste. J’en ai pris mille. C’est a Peu qui a pris le reste. »


    • xenozoid Xenozoid 25 mars 2021 17:09

      @Séraphin Lampion

      C’est a Peu qui a pris le reste.

      c’est la peur, je te corrige


    • xenozoid Xenozoid 25 mars 2021 17:11

      @Xenozoid

      et ce n’était pas la peste qui parlait avec le marchand , mais la mort qui suivait la peste


    • Clark Kent Séraphin Lampion 25 mars 2021 17:14

      @Xenozoid

      merci d’avoir corrigé


    • xenozoid Xenozoid 25 mars 2021 17:16

      @Séraphin Lampion

      de rien



    • xenozoid Xenozoid 25 mars 2021 18:57

      @Xenozoid
      j’ai mis la video pour le moinseur



    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 25 mars 2021 19:08

      @OMAR
      Bah ça devait être sympa , comme les gars après des jours de mer . Le désert je le pense comme ça , et les chameliers de grands navigateurs .


    • Pauline pas Bismutée 25 mars 2021 19:21

      @Xenozoid

      Les moinsseurs pavloviens moinssent, la caravane passe..


    • xenozoid Xenozoid 25 mars 2021 19:25

      @Pauline pas Bismutée

      indeed 


    • xenozoid Xenozoid 25 mars 2021 19:33

      @Xenozoid

      dailleurs il y a l’autre histoire aussi d’un moine qui suivait le marchand qui amenait la peste, et parceque la peste a besoin de quelque jour, le moine se retrouvais toujours au milieux, mais le marchand lui il allait,....que pensez vous qu’il se passa ?


    • Passante Passante 25 mars 2021 21:16

      @Séraphin Lampion

      Il y a cependant un autre problème, bien plus sérieux semble-t-il, et auquel Flaubert s’amuse à faire allusion dans une sorte de fabulation, dont aucun laboratoire ne résoudra jamais l’énigme :

      « Il faut que tu saches, mon cher monsieur, que j’ai gobé à Beyrouth (je m’en suis aperçu à Rhodes, patrie du dragon) VII chancres, lesquels ont fini par se réunir en deux puis en un. – J’ai fait avec ça la route de Marmorisse à Smyrne à cheval. Chaque soir et chaque matin je pansai mon malheureux vi. Enfin cela s’est guerry.

      Dans deux ou trois jours la cicatrice sera fermée. Je soupçonne une Maronite de m’avoir fait ce cadeau, mais c’est peut-être une petite turque. Est-ce la turque ou la chrétienne, qui des deux ? problème ? pensée !!! voilà un des côtés de la question d’Orient que ne soupçonne pas La Revue des Deux Mondes ».

      (Gustave Flaubert, à Louis Bouilhet - 14 novembre 1850)

      Attention, Flaubert ne rit pas, il ne joue même pas, car une peste va ravager l’Europe, et Chateaubriand choisit d’en reconstituer la photo :

      « “Marseille, dit M. Lemontey, sortait en 1720 du sein des fêtes qui avaient signalé le passage de mademoiselle de Valois, mariée au duc de Molène. À côté de ces galères encore décorées de guirlandes et chargées de musiciens, flottaient quelques vaisseaux apportant de Syrie la plus terrible calamité”.

      Le navire fatal dont parle M. Lemontey, ayant exhibé une patente nette, fut admis un moment à la pratique. Ce moment suffit pour empoisonner l’air ; un orage accrut le mal et la peste se répandit à coups de tonnerre ».

      François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe - XXXIV.14

    • rosemar rosemar 25 mars 2021 21:28

      @Christian proctoconspirologue

      MERCI pour cette magnifique vidéo : je connais Vincent Munier...

      http://rosemar.over-blog.com/2021/02/sur-les-traces-de-vincent-munier-et-sylvain-tesson.html



    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 29 mars 2021 09:02

      @Pauline pas Bismutée Les muffles ont toujours besoin de pointer leur museau..ils n’ont rien d’autre à faire au moment où le train passe. Quand leur seul plaisir est de ruminer...


    • Clark Kent Séraphin Lampion 25 mars 2021 16:12

      Dans le Petit Dictionnaire des mots retrouvés (NRF Janvier/Février 1938), on apprend qu’un vaste caravansérail arménien servant principalement aux pèlerins de La Mecque s’appelait un « falzar » (Le falzar du juste est ouvert à tous » - Coran V 517).

      Il est donc impropre de faire remonter le falzar à Pantalon de la comedia del arte par confusion avec un jeu de cartes du moyen-orient encore pratiqué : la braguette, nommée aussi parfois parfois gabo ou tamalou (« Paul et Virginie jouaient à la braguette » - Bernardin de Saint Pierre)


      • Pauline pas Bismutée 25 mars 2021 17:05

        Et bien de nouveau 3 étoiles d’office pour l’Orient et les caravansérails...pour la lumière qui danse dans les déserts et ces glissements dans des univers parallèles en Syrie, en Iran et ailleurs....je crois qu’on ne s’en remet jamais...


        • rosemar rosemar 25 mars 2021 18:57

          @Pauline pas Bismutée

          MERCI ! mais vous êtes bien la seule...


        • Fergus Fergus 25 mars 2021 17:30

          Bonjour, rosemar

          Adossé au Grand Bazar dont il est séparé par un escalier en pierre, le caravansérail Zincirli Han est l’un des plus charmants d’Istanbul.


          • phan 25 mars 2021 19:16

            En Orient, j’ai vu un grand nombre de sites en babouches. 


            • Clark Kent Séraphin Lampion 25 mars 2021 21:04

              @phan
              Est-ce que tu t’es fait chasser par un sumo ?


            • phan 25 mars 2021 23:44

              @Séraphin Lampion

              Les lièvres n’aiment pas la chasse et pas de bonne chasse sans solides pieds ! 
              .....
              Un curé et une bonne soeur traversent le désert sur un chameau. Le chameau meurt…
              Le curé dit à la soeur : « C’est une situation déseperée, j’ aimerai voir vos seins, j’en ai jamais vu ».
              La soeur s’ exécute et demande, à son tour, de voir son zizi…
              Le curé lui dit : « Vous savez ma soeur, si je mets mon zizi au bon endroit, il peut donner la vie »…
              La soeur lui répond : « Alors mettez-le dans le c** du chameau qu’on se casse d’ici ! »

            • Clark Kent Séraphin Lampion 26 mars 2021 07:07

              @phan

              Devinette : Qu’est-ce qui a trois bosses ?
              Réponse : Un chameau qui s’est cogné.


            • L'apostilleur L’apostilleur 26 mars 2021 00:16

              @ l’autrice,

              Richesses intemporelles , les caravansérails ont conservé une atmosphère propice aux échanges chaleureux lorsqu’ils ont conservé leurs activités d’accueil hôtellerie, restauration...

              Merci pour vos descriptions qui rappelleront sûrement à quelques-uns de bons souvenirs.

              Et au passage, félicitations aux russes pour leurs nombreuses restaurations et sauvetages de ce patrimoine pendant leur occupation des territoires d’Asie centrale sur la route de la soie. ( Khiva, Samarcande, Boukhara ...)


              • titi titi 26 mars 2021 00:36

                @L’auteur

                Il manque une pièce essentielle à votre description d’un caravan serail... ce sont les cellules pour les esclaves.

                Il fallait bien stocker la marchandise pendant les haltes.


                • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 29 mars 2021 08:51

                  loreena mckennitt caravanserai youtube


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