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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Faut-il interdire Tintin ?

Faut-il interdire Tintin ?

Ou : Affaire Hergé, les aventures de Victor Hugo au pays des soviets !

 Au niveau des livres mis au banc de l’infamie, interdits de commercialisation, on trouve quelques authentiques repoussoirs. Les « Bagatelles pour un massacre », de L.F Celine, voisinent avec « Mein Kampf » autre best-seller d’une époque, écrit par un homme qui se chauffait les mains aux autodafés avant de passer à l'échelle ultime.
 Le marquis de Sade, que certains préfèrent nommer « le divin marquis » est tombé de l’étagère maudite, et l’on trouve maintenant en format de poche les infortunes de la vertu, et ses étranges justifications sur une prétendue loi naturelle permettant l’emprise des forts sur les faibles.

 Mais la nature a horreur du vide, et voilà que dans cette volonté d’illuminer les écrits heurtant l’intelligence, les valeurs morales, et les idéaux d’humanité, sans lesquels la vie ne vaudrait sûrement pas d’être vécu, un curieux procès s’est tenu dernièrement en Belgique.

 S’agissait-il d’interdire la publication de je ne sais quelles mémoires sulfureuses, vieille gloire fascisante, ou de celle d’un pervers pédophile repenti se vantant insidieusement de ses exploits.
 Non, c’était l’un des premiers enfants du pays, ce fameux Tintin qui a charmé notre enfance , qui était jugé à la corbeille. 
 M. Mbutu Mondodo, qui vit en Belgique, avait estimé que Tintin au Congo était une "BD raciste, faisant l'apologie de la colonisation et de la supériorité de la race blanche sur la race noire".
 Il réclamait l'interdiction de la vente de cet album d’Hergé, ou à défaut l'imposition d'un bandeau d'avertissement ou d'une préface expliquant le contexte de l'époque, comme c'est le cas pour l'édition anglaise.
 "Mettez-vous à la place d'une fillette noire de 7 ans, qui découvre Tintin au Congo avec ses camarades de classe...", ont plaidé les avocats, dénonçant la représentation dans l'album d'un "homme noir paresseux, docile ou idiot" et "incapable de s'exprimer dans un français correct".
 La demande a été jugée non fondée, le tribunal de première instance de Bruxelles ayant estimé que la loi belge contre le racisme ne peut s'appliquer que s'il y a une intention discriminatoire.
 Le plaignant était soutenu dans sa démarche par le Conseil représentatif des associations noires (CRAN).
 
 Un autre avocat de M. Mbutu Mondondo, Alain Amici, a précisé que son client "interjetterait appel de cette décision devant la cour d'appel.

 Me Alain Berenboom, représentant de Casterman et de Moulinsart a fait part vendredi de sa satisfaction.
 "C'est une décision saine et pleine de bon sens, selon laquelle il faut prendre une oeuvre dans son contexte et la comparer avec les informations et les clichés de son époque", a-t-il déclaré.

 En 1929, Georges Rémi, dit Hergé, était un jeune homme de 23 ans "qui n'avait jamais quitté Bruxelles. Sa vision du Congo est naïve. Il ne connaît de ce pays que les articles publiés dans la presse bourgeoise et les récits de missionnaires, plein de paternalisme et de certitudes.

 Selon le site d'actualités culturelles Mondomix, qui consacre un article fouillé intitulé "Tintin au Congo ou la mission civilisatrice de la colonisation", Hergé déclarera un jour à propos de l'album : "Pour le Congo tout comme pour Tintin au pays des Soviets, il se fait que j'étais nourri des préjugés du milieu dans lequel je vivais C'était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l'époque :

 'Les nègres sont de grands enfants, heureusement que nous sommes là !', etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d'après ces critères-là, dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l'époque en Belgique.

 On ne peut que se féliciter de cette décision du tribunal de Bruxelles, qui remet un peu de sens dans cette histoire. Faudrait-il interdire à la vente les aventures de Bécassine, au prétexte qu’elle donne des bretons une image simpliste, pour ne pas dire idiote et arriérée, tout en leur reconnaissant une certaine innocence naïve, propre à faire rire le lecteur. Les mêmes clichés sont à l’époque véhiculés sur toutes les cultures, et l’exposition universelle de Paris offrait une représentation édifiante des points de vue d’alors, quand à la supériorité des blancs sur les autres.

 On s’est dernièrement posé la question, à propos de cette loi mémorielle liée à la reconnaissance du génocide arménien, si c’était à la politique et à la justice, son bras armé, de légiférer sur le sens de l’histoire.
 Le procès intentée à cette vieille bande dessinée, même si ces enjeux ne sont pas les mêmes, pose néanmoins une question commune : Peux t’on revisiter le passé en fonction de notre sensibilité et des valeurs de l’époque dont laquelle on vit.
 Le danger est bien sur d’être partisan, lié aux idées en cours, et d’expurger tout ce qui nous déplait en vertu évidemment de grand principes moraux, mais tout autant simplistes que les vues qu’elle critique ainsi.

 Bien des temples religieux ont été détruit, car leur caractère était jugé pornographique et honteux. Les marteaux et les burins des censeurs prennent mille justifications, jugées raisonnables par l’époque. Certains menhirs bretons ont été sculptés de nouveau par des évangélistes, trois mille ans plus tard.
 Il n’est jamais trop tard pour mal faire ! N’y avait-il que les Talibans, dans la vallée de Bâmyân, en Afghanistan, à applaudir à la destruction des deux bouddhas géants taillés dans la falaise. Ils attestaient d’une ancienne culture dont beaucoup sans doute trouvaient insupportable le témoignage.
 Témoignage d’une époque et de ces valeurs ! C’est un des intérêts indéniables de cette bande dessinée, dont on aurait bien tort de ce priver. Les enfants ne sont pas des imbéciles, et ont tout le loisir de se construire une opinion, sans qu’un adulte vigilant, plein de soi-disant bonne intention, ne vienne interdire ce qui les charme.

 Combien de gamins ont pris le gout de l’histoire et de la géographie dans les albums de Tintin ? Et peut-être tout autant se sont découverts un vocation vers la psychologie, la sociologie, ou autres sciences comparatives.
Car tout au long du cheminement des aventures de Tintin et Milou, qu’il ne faudrait pas oublier quand même, on traverse le siècle passé.
 De la Russie des soviets, à la Chine envahie par les forces japonaises, aux coups d’états de généraux sud américains, on passe d’un continent à l’autre, comme dans un film de Spielberg. Ce n’est pas pour rien que ce cinéaste à vu en Hergé comme un alter-ego.
L’autre lecture subliminale de l’œuvre, c’est qu’on accompagne aussi Hergé dans son évolution personnelle.

 Au fil des décennies et des albums, on voit le créateur du gamin à la houppette perdre ses belles certitudes, mais gagner un cœur de plus en plus large, pour rejoindre l’universel, prenant une distance de plus en plus grande avec les lois de la gravitation terrestre, à l‘image de « On a marché sur la lune ! ».
 Dans ces albums destinés aux enfants, il flirtera de plus en plus avec une spiritualité autre que celle que le capitaine Hadock trouve dans sa bouteille de whisky
 Au fait, faudrait-il aussi interdire Tintin pour cette amitié éthylique ?

 Le souvenir ému de Tchang, l’ami d’ailleurs, né de ce magnifique livre de rencontre qu’est « Tintin au Tibet » écrit et dessinée en 1960, nous accompagne souvent, dés qu’on prend une route de montagne, ou que l’on se cherche un autre ailleurs, fantasmant sur cette rencontre idéale : Un fils, un ami, un frère qui surgirait de l’inconnu, nous forçant à donner la meilleure part de nous même, allant jusqu’au sacrifice de soi.

 Il est bien loin ce petit garçon noir, baptisé « Coco » qui surgissait de derrière un fourré dans « Tintin au Congo », trente et un ans plus tôt.
 Et pourtant c’est le même enfant.
 Mais l’évolution du regard d'Hergé a retransfiguré la rencontre.
 Encore faut-il avoir le premier maillon de la série pour saisir la chose !
 Car on ne peut arracher un panneau d’un triptyque, sans détruire l’œuvre entière.

 Dans le dernier album maîtrisé totalement par ses soins, « Les bijoux de la Castafiore » Tintin n’aura plus besoin même de voyager pour continuer ses aventures.
Il laissera le monde venir chez lui, dans le jardin du parc de Moulinsart.
Le capitaine Haddock y recevra des Tsiganes, en proie a des préjugés racistes.

 Alors tout à coup on réalise que cet album, écrit tout de même il y a presque maintenant un demi siècle, traite d’un sujet d’actualité brûlante, des réfugiés du nouveau désordre économique, chassés d’un pays à l’autre.
 Tout en ne parlant pas politique, il nous en parle au plus haut niveau, celui de l’engagement personnel, lié à la réaction des indignés.


Moyenne des avis sur cet article :  4.29/5   (34 votes)




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48 réactions à cet article    


  • Jean d'Hôtaux Jean d’Hôtaux 20 février 2012 11:02

    Excellent recadrage !

    Cette affaire est parfaitement ridicule ...

    Vive Tintin qui appartient à la culture de notre enfance !


    • nenecologue nenecologue 20 février 2012 20:48
      Je suis un islamiste « modéré » :


      Je ne tape ma femme que lorsqu’elle en a besoin.
      J’égorge mon mouton dans une baignoire communale.
      Lorsque je choppe un homosexuel je ne le tue pas moi même mais je le dénonce à la police religieuse pour qu’il soit pendu.
      Ma soeur à la mort de mon père n’hériteras que la moitié de ce que j’hérite mais je l’aime quand même en me rappelant toutes les fois où elle a rangé ma chambre quand on était enfants.
      Et enfin je permet aux femmes de porter une burqa de la couleur qu’elles veulent ...

      PS : Bien entendu dès que je m’estime victime j’en appele à la shoa !

    • bakerstreet bakerstreet 20 février 2012 18:53

      Lg

      Oui, Hergé était un honnête homme !

      Si je parle de « Victor Hugo au pays des soviets » c’est pour faire une analogie entre les deux destins.
       Hugo et Hergé font partie tous deux de ces gens pas très nombreux, faisant partie de la droite conservatrice dans leur jeunesse, pour aboutir à une conception plus humaniste et progressiste.
      Bon, c’est vrai que Hergé est loin d’avoir été une esprit aussi radical qu’Hugo.

      Il n’a pas eu besoin de filer à Guernesey .

      Mais son parcours est à mettre en phase avec ce pouvait faire de rencontre un jeune belge à une époque encore complètement coloniale, dont les certitudes allaient bientôt éclater.
      Un jeune Belge tout aussi intéressant, Georges Simenon, traversera cette époque avec la certitude d’avoir échappé de peu à de mauvaises influences....
      Ce sera une des clés de son œuvre, où il montrera souvent une certaine empathie pour ces pauvres jeunes gens sur la corde raide, prêt à se lancer dans quelque chose d’irrévocable.


    • Surya Surya 20 février 2012 12:14

      Interdire Tintin au Congo, non, je ne suis pas non plus pour, ne serait-ce que parce que ça risquerait de faire prendre de la valeur à cet album devenu introuvable, mais y mettre un bandeau d’avertissement ou une préface, dans un style d’écriture également accessible aux enfants, je ne vois vraiment pas en quoi cela posait problème. Or, la justice belge a visiblement tout rejeté en bloc.

      Lorsque j’ai lu Tintin au Congo étant enfant, je n’ai pas du tout perçu le côté raciste et paternaliste de l’album, car j’étais trop jeune, à sept ans, pour comprendre, et personne ne m’a expliqué, vu que je piochais librement dans la bibliothèque des « Tintin » et retournais m’enfermer dans ma chambre.

      Je l’ai relu il y a quelques mois, lorsqu’on a commencé à parler de vouloir l’interdire, et là j’ai failli avoir une attaque. Je comprends tout à fait qu’on puisse se sentir blessé ou offensé par certains aspects de cet album. Et si des gens sont blessés par l’image véhiculée du Congo, et par là même, des Noirs dans leur ensemble, pourquoi leur refuser ce bandeau explicatif ?? 

      A l’époque, Hergé n’a évidemment pas rédigé Tintin au Congo avec une intention délibérée de discriminer, mais cette décision de notre époque, de refuser cette préface ou ce bandeau explicatif, est incompréhensible. On n’a absolument pas pris en compte le fait que bien des gens (par la voix de ce Monsieur) doivent se sentir offensés ou blessés. Comme si on s’en fichait. Tintin, qui est un personnage imaginaire, a l’air d’être ici plus important à leurs yeux que des personnes bien réelles. Etrange mais c’est ainsi.
       
      Je ne sais pas si un enfant d’aujourd’hui, avec la prise de conscience collective (partielle ?) de ce que fut le colonialisme, comprendrait mieux que moi à mon époque (60s/70s), et de façon spontanée, en quoi Tintin au Congo est ridiculement raciste et paternaliste. Car franchement, quand on lit le texte et qu’on regarde les images, il faut bien reconnaître que cet album est ridiculement raciste et paternaliste. D’accord, c’étaient les préjugés de l’époque. Mais même une fan absolue de Tintin comme moi pense que cet album est très mauvais. Le personnage même de Tintin y est très antipathique, c’est peu dire !!

      Bref, quoi qu’il en soit, s’il y a des enfants d’aujourd’hui pour comprendre spontanément, il y en a d’autres qui ne comprendront pas. Alors un bandeau explicatif, rédigé dans un style parfaitement clair pour les enfants, je ne vois vraiment pas où était le problème. Et comme je le dis plus haut, ç’aurait été sympa de prendre un minimum en compte les sentiments exprimés par une personne (et donc sans doute beaucoup d’autres) blessée par le contenu de ce livre.


      • bakerstreet bakerstreet 20 février 2012 14:34

        D’accord avec vous
        Sauf sur l’application d’un note de clarification.
         Pas mauvaise en soi, sans doute, mais qui ouvrirait la boite de pandore, cette affaire ferait ensuite jurisprudence.

        Car ce livre a 80 ans, et véhicule les vues de son époque.
        Il est des lois qui s’attaquent aux dérapages et empêche la diffamation.
        Mais la question posée est celle-ci : Faut-il les rendre rétro-actives.

        Si oui, alors bon courage.
        Rien qu’en commençant par la bible, vous n’en finirez pas de raturer, de jouer du blanco, et de dresser des mises en garde !

         


      • Mmarvinbear Mmarvinbear 20 février 2012 19:26

        Avec toutes les mises en garde à faire, la Bible doublerait de volume...

        Massacres, génocides, justification du mariage forcé, de l’esclavage, apologie de l’inceste...

        On est loin des versions hollywoodiennes du bouquin...


      • focalix focalix 20 février 2012 13:13

        Bien sûr qu’il faut interdire « Tintin au Congo ».
        Il faut également interdire l’école publique de Jules Ferry.

        En effet, Jules Ferry, républicain de gauche, n’hésitait pas à justifier la colonisation par la supériorité de la race. Il s’agissait, bien sûr, d’apporter à l’homme noir les bienfaits de la civilisation :
        « Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures... »
        http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/ferry1885.asp
        (chercher « races supérieures » dans la page).

        Si l’enfer est pavé de bonnes intentions, le paradis est farci de noirs desseins.
        Rappelons, non pas pour justifier le fait colonial mais pour remettre les choses dans dans leur contexte, qu’à l’époque il manquait à la France un bras, alors nommé « l’Alsace-Lorraine ».

        Jusqu’à la décolonisation, l’idée de la supériorité de l’homme blanc et des bienfaits pédagogiques de la colonisation était largement répandue.
        Ma scolarité, dans les années 50, a été bercée par tous ces préjugés qui font sourire aujourd’hui : les Américains vivaient dans des gratte-ciel, les Esquimaux dans des igloos, les Nègres (comme on disait alors) dans des huttes et les petits japonais (qui ont grandi depuis) dans des maisons de papier, à cause des tremblements de terre bien sûr.

        Pour ma part, j’ai fait ma « révolution culturelle » à l’adolescence, en me disant les choses avanceront quand chacun aura la même considération pour un Africain ou un Malgache que pour un Autrichien ou un Canadien.

        Certains galopins de mon âge n’ont jamais remis en question leurs préjugés. Je pense à ce pauvre monsieur Jean-Paul Guerlain, qui pour avoir douté de la capacité des « Nègres » à travailler, s’est fait tailler un fort joli costar par Audrey Pulvar.

        D’autres, plus jeunes, n’ont jamais eu à se remettre en question. Je pense à Claude Guéant qui a dit que toutes les civilisations ne se valaient pas. Certes, la pénicilline a été découverte par un Blanc (mais ce n’est pas Guéant). La bombe atomique aussi. Je pense surtout à ceux qui aujourd’hui, de façon stupide, méprisante et violente, prônent des thèses racialistes d’un autre âge.

        Bien sûr, interdire « Tintin au Congo » serait aussi bête que de priver Jacques Tati de sa pipe ou René Magritte de sa non-pipe. La plupart d’entre nous ont une capacité de recul suffisante pour situer les choses dans leur contexte historique...

        Un avertissement comme sur les paquets de clopes ? Je propose : « Tintin fait péter », « Tintin nuit au cyclisme », etc...


        • bakerstreet bakerstreet 20 février 2012 14:17

          Focalix

          Votre humour est tout à fait pertinent.
           Efficace de remettre la question au niveau des dérapages de Claude Géant, tentant de faire de l’œil comme il peut au front.

          Le politiquement correct pourrait autant exiger l’interdiction d’Hergé au motif de sexisme avéré.
           La catasfiore et sa femme de chambre, représentantes quasi exclusive de la gente féminine pourrait tout autant provoquer une demande d’interdiction de je ne sais quelle plaignante.

          Ce deuxième album d’Hergé, qui à l’époque n’avait choqué personne, est mal construit, et souffre de pas mal de défauts, au delà de ces vues réactionnaires et racistes, effectivement d’un autre temps, mais dont il est le bon témoin fidèle, et sans doute un peu dérangeant.
          Il est des photographies qu’on voudrait cacher de nous et faire disparaitre, dans une volonté Orwellienne de contrôle de l’histoire.


        • Abou Antoun Abou Antoun 20 février 2012 20:15

          serait aussi bête que de priver Jacques Tati de sa pipe
          Il en a pourtant été question.


        • Whackangel whackangel 20 février 2012 13:44

          Très bonne analyse, partant d’un très bon constat. J’avais entendu parler de cette « affaire » et redoutait en effet l’interdiction d’éditer. J’ai moi-même ’grandi’ avec Tintin, sans pour autant former dans mon esprit un catalogage unilatéral des populations d’Afrique ou d’ailleurs. Le contre-argument avec Bécassine est excellent ! On pourrait aussi parler du petit spirou, et l’interdire sous prétexte que sa lecture rendrait obsédé sexuel tous les gamins qui le lisent !
          Merci !


          • bakerstreet bakerstreet 20 février 2012 14:49

            whackangel

            Ce que j’ai voulu montrer, c’est l’évolution d’Hergé, en phase avec son époque, et comment il a réussi à se dégager des stéréotypes. Il semble que ce petit emmerdeur a la houppette lui a échappé et l’a bien aidé.
            Car le voyage vous amène forcément à l’ouverture ( mais il y a de belles exceptions c’est vrai, et des gens qui n’ont jamais voyagé qui ont le sens de l’universalisme)
            Gamin, la BD avait mauvaise presse, et personne ne soupçonnait qu’elle serait un jour objet de thèses, de conférences et de festivals.
            On perdait son temps en lisant de telles conneries, voilà le message qui était encore dans l’air du temps des années soixante.
            En ce temps là, bien peu d’albums.
             La plupart des publications se faisaient en versions hebdos, ou prenaient l’allure de fascicules misérables.
            J’adorais les pieds nickelés pour leur débrouillardise, leur optimisme, et je me souviens que j’avais été assez effaré en les découvrant : Ces héros étaient des escrocs qui ne pensaient qu’à abuser les gogos !
            Comment ne les avait-on pas interdits ?
             Leur immoralité en tout cas ajoutait à leur intérêt !


          • LE CHAT LE CHAT 20 février 2012 13:52

            Il faudra que tintin devenu paraplégique se fasse brouter dans sa chaise roulante par un sympathique congolais pour trouver grace aux yeux de la bienpensance ...  smiley


            • Aldous Aldous 20 février 2012 13:56

              Tintin est un sous produit de la culture coloniale belge qui a été particulièrement odieuse, ou le roi à utilise la conquête coloniale pour s’enrichir sur le dos à la fois des pays colonisées et sur le dos de ses compatriotes à qui il a revendu les immenses « domaines royaux » qu’il s’était octroyé au Congo.


              Le comportement des belges dans les colonies à été particulièrement cruel et odieux également.

              Mais la suffisance belge ne s’est pas limitée a mépriser les noirs. Les albums de Tintin son truffés d’aprioris stupides, sur toutes sorte de peuples.

              Des Amérindiens, aux Russes en passant par les Arabes et le Grec Rastapopoulos.

              Contrairement à la chanson de Brel, qui s’y connaissait en connerie belge, donc contrairement aux cochons de Brel, RG est devenu moins con l’âge venant. L’âge et le talent, car les premiers albums étaient dessinés du pied gauche.

              On les a redessiné et un peu allégé au niveau du racisme mais ça reste mauvais. Rien a faire.

              S’il n’y avait la manie des collectionneurs pour les raretés, ces œuvres de jeunesse seraient resté dans les corbeilles de l’histoire.





              • bakerstreet bakerstreet 20 février 2012 15:20

                Aldous

                Rastapopoulos est pourtant un personnage bien intéressant.

                Si certains des personnages d’Hergé semblent appartenir au dix neuvième siècle, tout au moins les scientifiques, de Tournesol au professeur Philémon Siclone, dans les cigares du pharaon.
                Car ils fonctionnent seuls, et souvent de façon empirique, n’ont pas le sens du temps ni des nouvelles convenances, s’accrochant souvent à des anachronismes ( haut de forme, binocle)

                Rastapopoulos, lui , est l’affairisme moderne par exemple.
                 L’escroc aux ramifications internationales.
                Dans les cigares du pharaon, il est producteur de cinéma, avant de se révéler grand maître d’un trafic d’opium et trafiquant d’esclaves.
                Dans Coke en stock il aide un cheikh à prendre le pouvoir, afin de garantir les secret de ses opérations. Il mène en même temps une vie fastueuse en sein de la jet-set.
                Ce qui l’amène à fréquenter des personnalités du monde du spectacle, comme la castasfiore, par exemple. .

                 Ce dernier aspect du personnage est inspiré de la vie d’Aristote Onassis : milliardaire invitant des personnalités sur son yacht (dont une diva), aux activités peut-être à la limite de la légalité et controversées.

                Hergé le rend volontairement ridicule, en le représentant habillé de manière voyante et vulgaire, avec chapeau et bottes de cow-boy, et en le faisant se comporter de manière colérique et grotesque.

                Hergé déclare à ce sujet : « En cours de récit, je me suis rendu compte qu’en définitive, Rastapopoulos et Allan n’étaient que de pauvres types. Oui, j’ai découvert ça après avoir habillé Rastapopoulos en cow-boy de luxe : il m’est apparu tellement grotesque, accoutré de cette façon, qu’il a cessé de m’en imposer ! »

                Ce Rastapopoulos est bien en tous cas à l’image de notre époque.

                S’il avait été vivant, Hergé en aurait fait peut être un chef d’état.

                En tout cas, on le voit, depuis Tintin au Congo, sa vue sur le monde s’était complexée.

                Va t’il y avoir un club des milliardaires pour porter l’affaire en justice, pour diffamation


              • bakerstreet bakerstreet 20 février 2012 15:34

                J’ai oublié de mentionner que ce dernier visage d’Onasis venait de l’album : Vol 714 pour Sydney !


              • bakerstreet bakerstreet 20 février 2012 15:36

                Oups ! Pas Onasis, Rastapopoulos !....Faire gaffe aux lapsus !


              • Aldous Aldous 20 février 2012 17:46

                Je vous suivrais bien sur le terrain de la caricature du milliardaire, mais bon, c’est aussi une caricature raciste du tonneau des caricatures antisémites ses années 30.


                Il s’appellerait Jacob a la place de eastapopoulos, ça vous sauterais aux yeux, mais bon, pas du vrais racisme, puisque c’est juste un grec, tricheur par nature comme tous les « grecs » (il a fait installer une caméra pour tricher à la bataille navale dans son jet) avec un gros pif de « grec », affairiste internationaliste comme seuls les « grecs » savent l’être, violent et grossier avec les femmes comme tout « grec » forcément macho et j’en passe.

                Remplacez grec par juif et vous comprendrez que RG ne parlait pas d’Onassis, qui était plutôt beau gosse, mais qu’il était dans un registre bien plus sordide.

                D’ailleurs si vous connaissiez un peu la vie d’Onassis, vous sauriez que toute se vie il a été motivé pas la frustration du regard méprisant que les gens avaient de lui, gamin de Smyrne, ayant subi la haine des Turcs, le mépris des Anglais, l’indifférence de ses compatriotes de métropole, il voulait montrer qu’il pouvait lui aussi être quelqu’un pour faire mentir les bien pensants du monde entier, y compris les dessinateurs belges blindés de préjugés ecculés.

                Et il y est parfaitement arrivé. Il a eu la plus grosse flotte marchande de son époque, à épousé la plus grande chanteuse d’opéra de tous les temps, puis à eu l’elegance d’offrir la sécurité financière à la veuve de Kennedy. 

                Franchement, quel rapport avec le grossier personnage d’RG ?

              • bakerstreet bakerstreet 20 février 2012 18:11

                Aldous

                J’ai bien peur qu’Onasis faisait partie de ces gens qu’il était difficile de caricaturer, tant il vivaient dans l’excès.

                Cet homme qui effectivement s’est fait tout seul, est vide devenu un prophète de l’économie dérégulée, a fait fortune au lendemain de la guerre dans l’achat de tankers promis à la démolition.

                Engageant des équipages sous payés, il a pu faire ainsi du dumping social, et rafler des parts de marché énormes, après avoir laminer les compagnies commerciales nationales

                Il est ainsi le premier à faire immatriculer ses navires au Panama, où les taxes sont dérisoires, inventant ainsi un concept promis à un bel avenir : « Le pavillon de complaisance »...

                Bientôt, il étend ses activités au monde entier et à d’autres marchandises, à commencer par le pétrole, faisant pour cela construire des pétroliers dont le tonnage dépasse tout ce qu’on a vu jusqu’alors !

                Qu’il soit Grec ou arabe, anglais ou papou ne change rien à l’affaire. 

                Notons tout de même, que par un singulier retour de l’histoire, la Grèce est victime de maintenant de cette économie moderne.

                Comme les Anglais en viendront surement à payer, s’ils ne le font déjà , les vues un peu courtes de Miss Thatcher.


              • Mmarvinbear Mmarvinbear 20 février 2012 19:40

                « Des Amérindiens, aux Russes en passant par les Arabes et le Grec Rastapopoulos. »

                Pas franchement d’accord. Les premiers albums ont été redessinés et « mis à jour » pour justement tenir compte de l’évolution de la société et des connaissances acquises par Hergé.

                Franchement, quelle insulte est faite aux Indiens ? Leur imagerie est identique à celle des westerns populaires des années 50 et 60. En une planche, Hergé se fend même d’une critique virulente contre la société WASP capable d’acheter un territoire indien une bouchée de pain une fois la présence de pétrole avérée, l’armée étant prête à se servir des baïonnettes contre les récalcitrants, femmes et enfants, qui ne partent pas assez vite.

                Les russes ne sont pas moqués non plus. La charge pèse sur les Soviétiques, et leur conception particulière de la démocratie ( une élection municipale en URSS : trois commissaires politiques, à une réunion, annoncent les listes en présence. Ils dégainent leurs pistolets et les pointent sur la foule en demandant qui vote contre la liste communiste. Personne ne bouge. Le chef annonce que la liste communiste est élue à l’unanimité... ). Hergé s’est inspiré des récits qui courraient à cette époque, mais la plupart d’entre eux se sont avérés être véridiques...

                Les arabes ? Je ne vois aucune irrévérence pour eux non plus, Hergé ne critique au fond que le laxisme des élites dirigeantes au sujet de l’esclavage moderne. Laxisme bien réel dans certains pays relevant des lois musulmanes.

                Quand à Rastapopoulos, un méchant est toujours plus crédible quand il est un peu exotique, dans son nom ou son allure. Hergé l’a bien compris, y compris le ridicule qu’il dégage au fond. Penser qu’on pourrait croire que « tous les grecs » sont comme cela à cause de ce personnage, seul un con fini pourrait le croire.


              • Jean d'Hôtaux Jean d’Hôtaux 20 février 2012 21:30

                @ bakerstreet :

                " Si certains des personnages d’Hergé semblent appartenir au dix neuvième siècle, tout au moins les scientifiques, de Tournesol ... "

                Pour le personnage du Professeur Tournesol, Hergé s’est inspiré du Professeur Auguste Piccard, décédé en 1962 et là on est bien au vingtième siècle. Il suffit d’ailleurs de comparer les photos du professeur Piccard avec le personnage de Tournesol dessiné par Hergé pour s’en convaincre. Voir ici.


              • bakerstreet bakerstreet 21 février 2012 09:48

                Jean d’Hôtaux

                Merci de cette précision.
                 Il faut faire très attention quand on s’adresse aux exégètes.

                Mais il est vrai que bien des savants semblent se placer en dehors de l’espace et du temps, et qu’un homme comme Théodore Monod, dans sa quête incessante d’une comète saharienne semble être, par certains cotés, un homme du dix neuvième siècle.

                C’était pourtant un homme totalement moderne, dans le sens qu’il n’avait pas d’apriori, restait curieux de tout.
                Montant à chameau jusqu’à un age avancé, dormant dans le désert, voilà un homme dont Hergé aurait pu se servir comme modèle à un de ces savants.
                Et, moi, ignorant des sources, j’aurais pu faire des conclusions hâtives sur l’inspiration d’Hergé, plaçant certains de ses modèles dans une époque qui n’était pas la leur.

                Et vous m’en auriez fait justement le reproche.


              • Jean d'Hôtaux Jean d’Hôtaux 21 février 2012 11:49

                @ bakerstreet :

                L’exégèse d’une oeuvre, quelle qu’elle soit, s’inscrit dans la chronologie du temps qui s’écoule et des valeurs éthiques qui jalonnent le parcours historique de ladite oeuvre, depuis sa création jusqu’à ce jour. C’est pourquoi il est absurde de vouloir juger avec nos valeurs et nos critères d’aujourd’hui une oeuvre créée à une autre époque.

                Cette remarque vaut pour toute oeuvre, qu’il s’agisse de « Tintin au Congo » jugé par M. Mondodo comme des Bouddhas de Bâmiyân détruits par les Talibans en 2001.
                Dans les deux cas de figure, il s’agit d’autodafés, souhaité pour l’un, réalisé pour l’autre.

                Tout être humain disposant de la capacité de discernement est, par définition, apte à juger ce qui lui est proposé et libre de choisir lui-même ce qui est bon pour lui.
                Cette faculté de discernement est précisément ce qui distingue l’être humain des autres mammifères. Vouloir choisir et décider pour lui, c’est affirmer qu’il existerait des catégories d’humains élitistes qui imposeraient leurs normes à la masse peu éclairée. N’est-ce pas précisément la définition de la dictature ?

                Bien à vous !


              • lulupipistrelle 20 février 2012 15:17

                Avant de savoir lire, mes enfants connaissaient par coeur l’oeuvre complète... Avec une conséquence inattendue : ils ont très tôt décidé d’apprendre le chinois... 
                Hergé est un génie... 


                Quant aux plaignants africains, et bien leur tartufferie prouve qu’ils se sont bien intégrés dans notre monde occidental. Le Diktat du politiquement correct leur a fait espérer qu’il y aurait une bonne affaire à organiser.... En effet tous les Africains, que je connais, s’amusent de Tintin au Congo, ils ont compris qu’il fallait relativiser. 

                Quant à Tintin chez les Soviets, là Hergé a fait très fort : il n’ y a qu’à lire les humoristes russes Ilf et Petrov, Vladimir Voïnovitch (Les Aventures singulières du soldat Ivan Tchonkine) etc...pour se rendre compte de son intuition géniale... 

                • rocla (haddock) rocla (haddock) 20 février 2012 15:20

                  Me demande pourquoi ce Congolais vit dans un pays si raciste comme la Belgique .


                  • bakerstreet bakerstreet 20 février 2012 19:21

                    Capitaine,

                    Ces pauvres belges ont bien déjà du mal avec eux même
                    Voilà qu’il est interdit de parler français au pays des flamands
                    Et qu’on punit les élèves pris, comme on le faisait jadis
                    pour ceux qui ne parlaient pas français
                    En Bretagne, au Congo et en Cochinchine

                    Enfants de tous pays, l’intelligence n’a ni langue ni couleur de peau
                    Et la bêtise non plus
                    Prophètes de la haine
                    Faut-il prendre pour se remettre les idées d’aplomb
                    Un verre de whisky ou de chouchen ?

                    Bande dessinée à boire sans modération
                    Tonnerre de Brest
                    Que vive longtemps Tintin et Milou !


                  • rocla (haddock) rocla (haddock) 20 février 2012 15:24

                    Faut aussi interdire Les cigares du pharaon , à l’ époque ils fumaient pas .


                    • rocla (haddock) rocla (haddock) 20 février 2012 15:36

                      Par contre Tintin au pays des moinsseurs faut le laisser . Il a la psittacose qu’ il est est un peu benêt ... smiley


                      • Tall 20 février 2012 15:38

                        Au lieu d’interdire, il faudrait mettre une mention genre :

                        Les éventuels caractères racistes de certaines oeuvres sont à remettre dans le contexte culturel de l’époque de création de ces oeuvres. Epoque où le racisme n’était pas encore perçu comme il l’est aujourd’hui, et où ces oeuvres n’étaient donc pas jugées choquantes.

                        • lulupipistrelle 20 février 2012 15:54

                          Et une autre pour saluer les excellentes sources bibliographique d’Hergé  ? parce que les hommes-léopards existaient bel et bien... j’ai un bouquin avec photos, et la secte est dûment répertoriée par les spécialistes ... 


                        • ricoxy ricoxy 20 février 2012 16:17

                          Et aux États-Unis, on a expurgé certaines scènes, jugées trop racistes, dans les dessins animés de Tex Avery. On a remplacé le mot nègre par le mot esclave (ce qui n’est pas le même chose). On n’en finit pas de mutiler les oeuvres qui nous amusaient. La bien-pensance ou le désert culturel.


                          • Richard Schneider Richard Schneider 20 février 2012 17:12

                            Le politiquement correct est insupportable ! 

                            Si on écoutait tous les censeurs de la bien-pensance, il faudrait brûler toutes les œuvres qui porteraient atteinte aux minorités (aujourd’hui majoritaires). 
                            Ainsi, un exemple, entre mille : Voltaire dans Candide ne qualifie-t-il pas les Juifs de Lisbonne de « fripons ». Si. ? Alors, il ne faut plus le publier. Le Goupil se moque-t-il des moines ? Si ? Idem : plus de Roman de Renard.
                            On pourrait allonger la liste ...


                            • Abou Antoun Abou Antoun 20 février 2012 19:23

                              S’il faut effectivement mettre à l’index tous les auteurs chez qui on peut trouver un passage pouvant être interprété comme une opinion négative sur une minorité ethnique ou religieuse ou l’un de ses membres (par extension donc) et bien je crois qu’on peut faire un autodafé de tous les livres.
                              S’il faut supprimer tous les films où une communauté est mal ou insuffisamment représentée (y compris les pubs) autant interdire le cinéma et la télé.
                              Ceci joint aux lois mémorielles, au blasphème que certains voudraient voir transformer en délit c’est, ni plus ni moins, le retour de l’inquisition.


                            • bakerstreet bakerstreet 20 février 2012 19:35

                              Richard Schneider

                              Vous avez raison.
                               Cette forme de censure, politiquement correcte, est sans doute la plus ignoble, puisqu’elle se conçoit non plus comme une nécessite, mais comme une humanité.
                              Elle désire mettre le doute en tout créateur, afin qu’il se limite lui même.
                              Elle le force même par extension, à envisager la réaction des générations d’après, comme dans cette affaire de Tintin au Congo.

                              Bonjour les héros lisses, en proie à des aventures lénifiantes, dans des pays impossibles à critiquer.
                              Menacé de toutes parts par des fatwas, il n’y a même plus besoin de traiter de religion, ( un marécage maintenant déserté) pour se faire menacer de toute part.
                              Au pays des gens gentils, sans relief, que pourra t’on raconter de palpitant, sans risquer d’endormir son auditoire.
                              Si c’est pas bientôt la fin de la lecture
                              Ca sera celle de l’écriture


                            • rocla (haddock) rocla (haddock) 20 février 2012 17:45

                              Et La Fontaine qui prend le corbeau pour un âne ...


                              • Abou Antoun Abou Antoun 20 février 2012 19:15

                                Effectivement la L.P.O. pourrait faire une proposition en ce sens.


                              • Abou Antoun Abou Antoun 20 février 2012 19:01

                                Et pourquoi ne pas interdire aussi Voltaire et Montesquieu ?


                                • Ronald Thatcher rienafoutiste 20 février 2012 20:37

                                  et banania et l’oncle Ben’s enfermés dans les placards


                                  • Jean d'Hôtaux Jean d’Hôtaux 20 février 2012 21:53

                                    A cette liste à la Prévert, on pourrait en ajouter beaucoup. Par exemple :

                                    ... les « Petits Suisses » pour cannibalisme et xénophobie !

                                    ... La Fontaine pour maltraitance à l’égard des animaux, etc.

                                    Et pourquoi pas interdire aussi l’oeuvre d’Uderzo et Goscinny (Astérix), eux qui prenaient les Romains pour des idiots, des alcooliques et des couards ?


                                  • nightwings nightwings 20 février 2012 22:27

                                    Tintin est le reflet de l’évolution de notre société et surtout de Hergé, d’un jeune dessinateur pétri par l’éducation traditionaliste à citoyen humaniste à un homme ayant appris à réfléchir par lui même et à prendre du recul sur ce qui lui a été inculqué.

                                    Ne pas prendre le contexte c’est faire comme si l’oeuvre avait été dessiné hier, mais bien le lire dans la continuité et voir ainsi l’auteur évoluer en même temps que ses personnages.

                                    Tintin m’a permis également grâce à Tintin au Tibet, à vol 714 pour Sydney à aimer le voyage mais surtout à découvrir les autres cultures, des exagérations du départ à l’amitié bouleversante il a contribué à me faire évoluer d’un éducation pleine d’apriori basé sur les généralités sur les autres cultures à estimer l’individu en faisant abstraction de ces préjugés.

                                    Donc non et mille fois non Tintin ne doit pas être interdit par le politiquement correct mais servir de fable moderne qui au fil du temps délivre un message important, ceux qui ne le voient pas c’est triste pour eux.


                                    • kssard kssard 20 février 2012 23:01

                                      Parmi les philosophes des lumières aucun n’a eu la lucidité de dénoncer le colonialisme et pourtant on continue d’enseigner Rousseau et son contrat social à l’école.

                                      Il y a sans doute infiniment plus de raciste dans les propos du Président Sarkozy annonçant que « l’Afrique n’est pas encore entrée dans l’Histoire » que dans l’ensemble de l’oeuvre d’Hergé.

                                      Bien à vous


                                      • bakerstreet bakerstreet 21 février 2012 00:31

                                        Effectivement, Kssard,
                                         tout ce putride débat sur les civilisations est d’une telle nature
                                        Si scandaleuse,
                                        que ce pauvre Hergé fait pâle figure.

                                        On est passé de la croisière noire,
                                        et de la croisière jaune
                                        A la croisière s’amuse.


                                      • Thami BOUHMOUCH Thami BOUHMOUCH 20 février 2012 23:32

                                        Bakerstreet,

                                        M. Mondodo a certainement raison de dire que "Tintin au Congo" est une BD raciste, faisant l’apologie de la colonisation. Personnellement, j’ai toujours trouvé la collection Tintin d’un mauvais goût. Et si un enfant africain tombait sur cette BD, que va-t-il penser des Congolais, des Africains  ?  La question posée par les avocats du plaignant est tout à fait fondée. 

                                        Malgré tout, Bakerstreet ose écrire : "les enfants ne sont pas des imbéciles et ont tout le loisir de se construire une opinion, sans qu’un adulte vigilant, plein de soi-disant bonne intention, ne vienne interdire ce qui les charme". Ben voyons, ils savent à l’âge de 7 ans séparer le bon grain de l’ivraie ; ils comprennent en une seconde que l’auteur n’avait pas de mauvaises intentions, qu’il reproduisait « simplement » les clichés du passé. Les enfants, comme chacun sait, sont suffisamment mûrs pour admettre que la race blanche n’est pas supérieure à la race noire. Ils ne vont tout de même pas se laisser influencer par un dessin ! Patati, patata… La malhonnêteté intellectuelle, décidément n’a plus aucune limite.

                                        M. Mondodo réclame au minimum l’apposition d’un bandeau d’avertissement sur l’album, expliquant le contexte dans lequel le scénario a été rédigé. Comment ne pas approuver ?


                                        • lulupipistrelle 21 février 2012 00:03

                                          Ben oui, les enfants sont bien plus intelligents qu’ils ne le seront à l’âge adulte... Ils ont une faculté innée d’observation qui leur font tout de suite remettre les choses à leur place... Le Congo de Tintin est maintenant plus qu’hier une fiction que , et pas un enfant congolais ou pas ne s’y trompe... à moins que...

                                          Il y a peut-être autre chose que le colonialisme dans cette BD, et je reviens à mon histoire des hommes-léopards... qui n’est pas jolie-jolie, et qui a des fondements bien réels... 

                                          Au fait, c’est pas au Congo qu’actuellement on martyrise « les enfants sorciers » ? M. Mondodo s’est trompé de combat... qu’il se... réveille !


                                        • Alpaco 21 février 2012 00:04

                                          Une préface de l’éditeur pour les prochaines réédition, qui explique en quelques lignes aux jeunes lecteurs, le contexte historique de Tintin au Congo, c’est une bonne idée.

                                          Les enfants, même avant 7 ans, sont contre les guerres, la misère et toutes les injustices. Peut-être une réaction innée.
                                          Sur l’ensemble des albums d’Hergé, aucun message raciste n’apparait sur le fond. Sur la forme on retrouve les valeurs populaires des époques où les albums ont été écrit.

                                          Quand un adulte vient semer le trouble sur des histoires de race blanche et race noire, c’est sur que ça pose problème. Pas aux enfant mais aux adultes.


                                        • Abou Antoun Abou Antoun 21 février 2012 00:15

                                          M. Mondodo réclame au minimum l’apposition d’un bandeau d’avertissement sur l’album, expliquant le contexte dans lequel le scénario a été rédigé. Comment ne pas approuver ?
                                          Ne comprenez vous pas que c’est sans fin ?
                                          Prenez les romans policiers d’Hadley Chase. Les héros sont des machos qui fument clope sur clope et descendent whisky après whisky.
                                          Il faudrait donc un bandeau expliquant, qu’à cette époque les gens fumaient et buvaient plus que de raison, que les hommes tenaient volontiers des propos sexistes.
                                          Si en plus on trouve dans quelques uns de ces ouvrages quelques réflexions mal placées concernant des mexicains, il faudra expliquer de même qu’il ne s’agit pas d’une attaque contre le peuple parfaitement respectable du Mexique, etc. etc.
                                          Bref chaque polar devra être muni d’une préface replaçant l’ouvrage dans son époque et faisant au passage une propagande obligatoire anti-tabac, anti-alcool comme ce Julien Lepers qui à chaque fois qu’il parle d’une boisson tant soit peu alcoolisée se croit obligé (l’est-il ?) d’ajouter ’à consommer avec modération’, slogan repris stupidement par l’assistance à l’invitation du ’chauffeur de salle’.
                                          Alors quoi, on met quinze bandeaux sur chaque polar de J.H. Chase comme les inscriptions sur les paquets de cigarettes ou on les interdit tout simplement. D’ailleurs, à mon avis, les bandeaux sont les mesures qui précéderont les interdictions, quand il y en aura trop on conviendra qu’on ne peut laisser en vente un tel ouvrage aussi négatif.
                                          Viendra forcément un jour où les Tintin et les polars de Chase seront dans une section réservée des bibliothèques. Pour faire un tel emprunt il faudra être adulte prouver son identité et certifié qu’on veut les étudier pour rédiger une thèse, un mémoire hostile à ces publications.
                                          On se retrouvera dans l’intrigue du ’Nom de la Rose’.


                                        • bakerstreet bakerstreet 21 février 2012 00:27

                                          On regardera évidemment Tintin au Congo de nos jours non pas comme une description du pays, mais comme un miroir tendu dans lequel on regarde une certaine vision de l’Afrique, datée des années vingt.

                                          Qui n’a pas un jour honte de ce qu’il a écrit, en tombant sur une vieille lettre.
                                          Les Africains auraient bien tort de se débarrasser de cette pièce d’histoire, qui en apprend plus que toutes les tentatives d’explication du fait colonial.


                                        • bakerstreet bakerstreet 21 février 2012 00:46

                                          Abou Antoun

                                          Votre réflexion est pleine de bon sens.
                                           Les livres vont bientôt se retrouver avec davantage de bandelettes à déplier que le manuscrit de la recherche du temps perdu.

                                          Imaginons les bibliothèques des temps à venir, avec des délégations de censeurs se penchant sur l’épaule des enfants afin de les mettre en garde.
                                          Comme cela sera bien sur impossible à mettre en place, le plus sage serait de bruler les livres, afin de se mettre à l’abri de tout procès. 
                                          Car bien sur les législateurs diront certainement que la responsabilité des fournisseurs sera tout aussi patente que celle des auteurs.

                                          Nous voilà dans le roman de la rose, d’Umberto Eco, avec les livres interdits, marqués de lettres de feu, en raison de leur caractère déraisonnable, comique, blasphémateur  !
                                          L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit on.
                                          Et de mauvaises aussi


                                        • kssard kssard 21 février 2012 08:13

                                          je fais parti de cette classe d’âge dont toute l’enfance a été baignée par Hergé qui m’a fait rêver et voyager. Il m’a aussi permis de me construire en percevant à travers ses aventures le bien et le mal. Mon rapport à Hergé aujourd’hui est presque religieux. 


                                          Pendant 10 ans, peut être 15 ans, j’ai lu relu les aventures de Tintin. Aujourd’hui encore, je considère que la typologie des personnages de Hergé n’a pas pris une ride, des transpositions avec le monde actuel sont évidentes. Cela fait parti du génie de Hergé. 

                                          Malgré (Grace à ?) cette acculturation à Tintin, mon esprit critique au monde, mon opposition à tout raciste est toujours en état de vigilance. 

                                          Aimer Tintin, ne m’empêche pas d’être toujours scandalisé par la colonisation sous le prétexte d’évangélisation des « barbares » par l’église catholique. 

                                          Son oeuvre est à re-situer dans le contexte de l’époque. Ce n’est même pas une question d’indulgence. 


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