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Fusions

Fusions est un roman du siècle et du nucléaire. Ecrit par Daniel de Roulet aux Editions Buchet/Chastel, il apporte par la fiction nombre d’informations et de réflexions sur cette énergie qui paraissait illimitée. Daniel de Roulet continue une saga de celles et ceux qui ont cru que la connaissance de l’atome et sa maîtrise apporteraient l’abondance sur Terre, et avec l’abondance, la paix.

Daniel de Roulet brosse à travers la vie de nombreux personnages une histoire du nucléaire, de ses débuts à nos jours. C'est un roman choral aux dimensions de la planète et du siècle dernier : la situation mondiale (la guerre froide et sa fin) et les enjeux du nucléaire sont le cadre mouvant de Fusions.

Des chapitres sont titrés de moments de la journée d’Aurores aux Crépuscules et parcourent en effet un jour : le 2 juin 1988. Ils alternent avec des chapitres titrés Guerre froide (deux forcément, un de chaque côté), Guérilla dissidente, guerre des étoiles...
 
On accompagne la vie de dirigeants d’entreprise, dans la vie politique, les idéologies, des Etats... On croise les grands événements qui concernent le nucléaire : Hiroshima et Nagasaki, Tchernobyl, Long Island... dans le réel, ce n'est pas fini : Fukushima n'y est pas. On croise d’autres événements : le soulèvement hongrois de 1956, la révolte des étudiants de 1968, l’invasion de la Tchécoslovaquie (août 68), la guerre du Vietnam… On croise de grands personnages du moment : Oppenheimer, Sakharov et aussi Gorbatchev, Reagan, Maggie Thatcher…
 
Daniel de Roulet s'adresse souvent à « Fusions », une tour de Londres, dans le quartier des affaires, dont le roman nous narre la gestation, la construction et le fonctionnement.
 
La fusion, c'est aussi une perspective d'énergie nucléaire qui prendrait le soleil pour modèle. Pour certains, la fission, l'énergie nucléaire que nous avons maintenant n'est qu'une étape. Mais comment y croire ? Comment croire que nous réussirions l'étape suivante alors que nous sommes en pleine déconfiture dans l'état actuel du nucléaire ?
 
Fusions, c'est aussi le roman de la fusion de deux entreprises mondiales de retraitement des déchets nucléaires : Big E et 3N. On suit le devenir des directrices de la recherche de chacune. C'est le fond romanesque. Shizuko est surimpliquée dans les questions du nucléaire : elle est née à Nagasaki, le jour de la bombe, a un père kamikaze et est atteint dans sa chair par la puissance nucléaire : ses jambes l’ont abandonnée et elle vit en fauteuil roulant. Marthe est née à Téhéran, son ex conjoint a choisi la liberté en allant travailler en URSS, avec Sakharov. La description de l’URSS est étonnante et paraît d’une justesse encore inédite. Max, le neveu, devient architecte et c’est lui qui bâtit « Fusions ».
 
Il est question, fugitivement, de greenwar, une contestation de l’ordre économique au nom de la nature, plutôt écolo, donc et qui refuse de prendre les formes instituées des combats politiques (associations, logos, leaders…), qui refuse de se trouver dans les mêmes postures que celles et ceux qu’ils contestent. Une nébuleuse ? Faiblesse d’un côté, dans la puissance de l’action et force de l’autre, greenwar inconnaissable, insaisissable et increvable.
 
Les chapitres aux noms de moments de journée nous font vivre cette journée de fusion de 3N et de Big E, qui créé une focalisation, concentre toute cette histoire du siècle en un moment synthétique, un peu comme une loupe peut concentrer les rayons du soleil. Tandis que les chapitres « guerre » nous donnent à lire l'histoire mondiale préalable à la création de ces déchets, c’est-à-dire à la constitution de l’énergie nucléaire comme secteur énergétique industriel.
 
Ce n’est pas n’importe quel jour, c’est le 2 juin 1988. C’est la date historique de l’arrêt de la course à l’armement et le début du démontage de missiles… beaucoup de déchets en perspective.
 
La bataille, la réunion de la fusion, la création du nouvel organigramme ne se passera pas du tout comme prévu : un courrier arrivé au milieu de la journée dénonce l’attitude d’un des chefs qui a menti à des citoyens pour faire des essais et les irradier sans qu’ils le sachent.
 
Les questions du nucléaire sont le quotidien de ces personnages et en écho ou en miroir, nous sommes invités à partager ces questions en partageant leur vie, leurs amours, leurs drames, leurs convictions...

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1 réactions à cet article    


  • Orélien Péréol Aurélien Péréol 19 mars 2012 23:33
    A lire aussi, du même auteur, Daniel de Roulet, « Tu n’as rien vu à Fukushima », qu’il a apparemment écrit pour palier le « manque » de Fukushima dans son roman « Fusions » :

    article éponyme du même auteur d’articles.

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