Gérard Darmon et Thierry Frémont en « Thalasso » au Théâtre Hébertot

Si au-delà d’une cure de Thalasso pouvait se profiler un bain de jouvence, bon nombre de prétendants aux soins thermaux gageraient tous leurs espoirs dans un surplus d’amour arraché à l’inertie de la désespérance.

Cependant, si le goût du jeu et du gain aléatoire devait l’emporter sur toute autre perspective rationaliste, comment ne pas comprendre qu’une floppée de candidats aux remèdes miracles se retrouvent Gros-Jean en compagnie d’alter ego à l’infortune éclectique ?

Ainsi, en se côtoyant en salle de soins, Aristide (Gérard Darmon), Jean (Thierry Fremont), Gérard (Jean-Philippe Ecoffey) vont-ils découvrir dans le regard de l’autre de quel bois fragile est faite l’armure censée les protéger de l’adversité.

Mais que diable sont-ils venus faire aux fins fonds de la Bretagne pour accepter de recouvrir de boue vertueuse les corps meurtris à l’aune de leurs âmes en errance...

Trois femmes tournent et s’agitent autour du trio au point de contrarier l’avenir en suscitant de nouvelles ambitions en même temps que de vaines revanches sur le sort.

Du couple complémentaire au duo mal assorti en passant par le tandem qui joue avec le feu, tous obéissent aux lois implicites de la purge thermale sans jamais parvenir à devenir responsables de leurs destins.

Gouvernés davantage par des états d’âme plutôt que par des convictions, les uns et les autres slaloment parmi les identités en désarroi alors que le cancer tant physiologique que psychologique les guette au coeur de leur présence existentielle au monde.

Et pourtant, c’est bien une comédie drôle et touchante qu’a concoctée Amanda Sthers et c’est donc dans le deuxième degré voire davantage si affinités, qu’elle fait évoluer ses personnages en les observant empêtrés dans les mailles d’une toile que ceux-ci se complaisent à tisser autour d’eux.

Psychiatre, chef d’entreprise et autre chômeur s’y débattent dans l’humour noir et le cynisme, au point d’en paraître paradoxalement bons vivants.

Josiane (Ariane Séguillon), Alexa (Alexandra London) ainsi que l’esthéticienne (Axelle Charvoz) seront-elles en mesure d’arracher ceux-ci à la dépression latente alors qu’accoutrés en des peignoirs blancs uniformes, tous ensemble, ils évoluent au rythme d’un temps thérapeutique, suspendus entre vie et mort ?

Là où un Eric-Emmanuel Schmitt oserait rêver de transcendance, Amanda Sthers peut ici s’intéresser à la candeur des vainqueurs d’un concours à une cure totalement gratuite.

Dans un décor à dominante bleu piscine avec cabines de bain assorties, Gérard Darmon, Thierry Fremont et Jean-Philippe Ecoffey se livrent à un jeu de société où chacun va tester l’atavisme de ses partenaires dans sa relation avec le sexe opposé alors qu’en arrière-plan la maladie, le formatage et le quant-à-soi se disputent ce qu’il reste des consciences en déroute.

C’est pourquoi en réponse au poids du fardeau humain de chacun, Stéphan Guérin-Thillié le metteur en scène tend une main amusée mais bienveillante à tous ceux qui voudraient passer de l’autre côté du mouroir.

Visuel extrait affiche

THALASSO - *** Theothea.com - de Amanda Sthers - mise en scène : Stéphan Guérin-Tillié - avec Gérard Darmon, Thierry Frémont, Alexandra London, Jean-Philippe Ecoffey, Ariane Séguillon, Axelle Charvoz - Théâtre Hébertot -