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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Histoire d’une chanson

Histoire d’une chanson

Face A

Il était une fois une histoire qui me trottait dans la tête. Phantasme ou réalité ? Qu'importe quand on est Bonimenteur ! Depuis bientôt trente ans, pour accéder à la Loire, j'emprunte la Venelle à quatre sous. Ce nom a toujours titillé mon imagination. Associé à ma manie de raconter des histoires, il devint bien vite une aventure invérifiable !

Une fable naquit, elle courut le long du quai et l'hypothèse devint probabilité. Point n'est besoin de se soucier de la réalité quand on jongle avec les mots et les contes. Ce qui importait désormais c'était la légende ! La Venelle avait la sienne, il fallait donner corps à l'hypothèse, passer de la conjecture au plausible.

L'histoire de la marine de Loire autorisait cette fantaisie. L'éventualité qu'elle fût vraie devint parfaitement plausible. La chanson allait lui permettre de franchir une nouvelle étape vers le probable. J'aime cette ironie : la fiction qui se moque des vérités pour entrer de plain-pied dans le réel.

Depuis quelques temps, le sujet me trottait dans la tête. Mais mettre en mots qui riment et qu'un autre chantera, une chanson sur les bordels à marins, n'était pas sujet facile. Il fallait de l'émotion et des précautions de manière à éviter absolument le graveleux et trouver le ton qui convienne pour ne pas faire de ce thème une gaudriole ou une galéjade.

L'idée germait, elle n'était alors qu'une éventualité. Aucune trace écrite, pas de notes ni de liste de mots. Elle flottait dans mon esprit, présente, discrète, patiente, attendant son heure. Un jour, ce fut le moment ; elle vint sans crier gare ! Signal mystérieux, impérieuse nécessité, signe de la providence, inspiration sublime ? Je ne le saurai jamais …

En quelques minutes, d'un jet, d'une seule coulée, le texte surgit sous mes doigts. Je sentais déjà qu'il y avait là une pépite qui m'échappait. Immédiatement, il me fallut partager cette première mouture avec quelques personnes chères. Naturellement, mon ami Casimir, mélodiste et chanteur, fut de ceux-là.

Le lendemain, comme si lui aussi attendait cette évidence, la mélodie était en place. J'étais bouleversé. Il avait fait de mes mots simples et sincères, quelque chose qui déjà me dépassait. Nous comprenions tous deux qu'il y avait là un joyau qui demandait un peu plus d'effort qu'à l'accoutumée. Nous reprîmes le texte, modifiant ici une maladresse, là une lourdeur.

Le travail commençait. Il ne cessa de nous tenir en haleine. Chaque mot devait coller au sujet, entrer dans l'émotion qui se dégageait de ce magnifique cadeau des muses. Les premiers auditeurs furent enthousiastes. Nous n'en étions pourtant qu'au stade de la première mise en place. Le frisson était déja au rendez-vous.

Nous allions passer du travail en duo au redoutable révélateur qu'est le groupe. Là encore, l'adhésion fut immédiate, les idées fusèrent. La nécessité d'agir autrement, de faire de ce don du ciel, le point de départ de notre nouvelle aventure, devint une certitude. Chacun y alla de sa touche, de sa petite partition. Curieusement, toujours sur la pointe des pieds, délicatement, précautionneusement comme s'il fallait ne pas brusquer ce miracle.

L'accordéon fut abandonné pour quelques phrases de saxophone, la basse devint guitare acoustique, le violon pleurait tendrement derrière le seul refrain. Chaque musicien avec le souci de ne pas trop en faire, voulait simplement se mettre au service de ce moment de grâce. C'est du moins ainsi que nous interprétions notre excitation créative.

Puis, il fallut affronter le premier verdict du public ! Nous nous trompions peut-être. Donnions-nous trop d'importance à ce qui pouvait n'être qu'une bonne production parmi tant d'autres ? Nous allions le savoir, d'autant que nous étions face à des spectateurs qui n'étaient nullement avertis ni acquis.

Le silence qui suivit cette première fut éloquent. Les commentaires aussi, d'ailleurs. Nous tenions bien ce petit diamant qui n'est donné souvent qu'une fois dans l'existence de créateurs amateurs. Il fallait le peaufiner dans l'atelier du joaillier des notes …

Une journée encore à chercher la bonne formule, le bon dosage. Une journée à avoir dans la tête ces mots et ces sons. Nous en sommes là. Ceux qui ont eu le plaisir d'entendre notre chanson, nous ont fait, quant aux uns, une proposition de studio, quant aux autres, celle d'un clip . Chacun veut accompagner la naissance de la chanson.

Je vous ennuie avec cette histoire. Il est fort probable que jamais les radios ne viendront nous chercher, ce dont je me moque éperdument. C'est le bonheur de cette création qui m'anime, c'est encore les yeux brillants de ceux qui ont eu le privilège de l'écouter, qui me donne cette prétentieuse certitude et cette envie irrépressible de vous la narrer.

Je voulais partager avec vous, ce trouble et cette fierté qui ne cessent de me porter. Je crois en la nature extraordinaire de cette chanson. Elle nous a dépassés, nous a portés, voire transformés. La nuit, elle peuple mes rêves, elle entête mes jours, elle m'est nécessaire et, hélas, je n'ai pas encore la possibilité de profiter d'un enregistrement, comme si mes amis, les musiciens, voulaient me faire languir.

Je ne manquerai pas de vous raconter plus tard, l'aventure de l'enregistrement. Pour l'heure, « La Venelle à quatre sous » va régaler les quelques spectateurs qui auront la curiosité de venir écouter la Bou Sol, notre petit groupe amateur de chansons et de contes de Loire. N'hésitez pas à nous contacter pour être du nombre.

Enthousiastement mien.

 


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3 réactions à cet article    


  • L'enfoiré L’enfoiré 30 novembre 2013 11:06

    Je suis du nombre smiley

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