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Kyle Eastwood en concert

Beaucoup de monde lundi dernier (le 23 novembre à 21h), au New Morning (Paris), pour écouter Kyle Eastwood, tout de noir vêtu, en concert, en tout cas beaucoup plus que la première fois que je l’avais vu, toujours au même endroit, en novembre 2006, pour le lancement de son troisième album Now. Il faut dire que depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, ce « fils de », qui n’est en rien pour le jazz ce qu’est un Anthony Delon pour le cinéma ou un Paul Belmondo pour la Formule 1, s’est fait un nom en tant que bassiste au talent manifeste et il s’est aussi fait remarquer en signant certaines B.O. des films de son père (Lettres d’Iwo Jima et Gran Torino). Entourés de musiciens de bonne tenue (Andrew McCormack au clavier, Graham Blevins au saxo, Graeme Flowers à la trompette et Martyn Kaine à la batterie), Kyle Eastwood a vraiment fait un très bon concert au New Morning, alternant un jazz de facture classique, lorgnant même par moments vers la musique de film (il a d’ailleurs interprété le thème mélancolique de Lettres d’Iwo Jima), avec un jazz à l’esprit seventies, pouvant par instants faire penser au jazz rock fusion d’Herbie Hancock ou aux musiques de films jazzy signées du grand Lalo Schifrin, celui aux accents funky de la blaxploitation (Starsky & Hutch, Dirty Harry). Eh oui, on n’est pas le fils de Clint Eastwood par hasard.

Fils aîné de cet acteur et cinéaste de légende, Kyle, dont l’air de famille avec son père est évident (sauf que sa pilosité d’ourson lui donne une allure plus douce que l’émacié Clint), a d’abord commencé par faire des études de cinéma avant de se consacrer à la musique. Il faut dire, qu’à la maison, son père passionné de musique et tout spécialement de jazz l’a nourri aux sons de Duke Ellington, de Count Basie et de Miles Davis qui venait même jouer… chez ses parents ! : « Mon père a toujours fait en sorte que j’écoute du jazz. Il nous emmenait au Monterey Jazz Festival tous les ans. Ce qui était bien en tant que fils de Clint Eastwood, c’est que vous pouviez avoir accès aux coulisses. Cela m’a permis de rencontrer Sarah Vaughan, Miles Davis, et d’autres légendes du jazz. A la maison, c’était musique en permanence ! » (Kyle Eastwood, en interview pour Arte, 2007). Tout est lié, puisqu’on retrouve à la production de son 4e album (Metropolitain), et le 3e pour le label Candid après Paris Blue (2004) et Now (2006), un autre « fils de », à savoir Erin Davis, le fils de Miles. Dans l’entretien que celui-ci accorde au Jazz Magazine de novembre 2009 (n°608, Family Miles), à la question « Que faites-vous aujourd’hui ? », il répond – « J’aime travailler avec d’autres artistes, faire de la production. J’ai coproduit le dernier disque de Kyle Eastwood, et je viens de terminer d’écrire la musique d’un film policier avec 50 Cent en vedette. Ca m’a bien plu et je crois que je vais continuer dans cette voie. »

Cette ouverture d’esprit et aux musiques provenant d’horizons différents, c’est aussi ce qui distingue Kyle Eastwood, dont le dernier opus est plus éclectique que jamais, tout en ne se perdant pas en route. C’est un album avec lequel il a voulu retrouver l’esprit du groupe Kyle Eastwood Band en live : on y retrouve donc un jazz dynamique et romantique, le tout enlevé par la fraîcheur de l’enthousiasme de la jeunesse et par une couleur moderne, aux sonorités urbaines. Ses compositions reposent souvent sur le même principe : les morceaux démarrent par une ligne de basse plus ou moins funk (au New Morning, Kyle Eastwood a alterné basse électrique, la plupart du temps à cinq cordes, et contrebasse), puis à partir de là, les musiciens alentour viennent dialoguer avec le leader du groupe en suivant leur inspiration du moment. Mais, autant ce métissage musical est une réussite en ce qui concerne l’album Metropolitain enregistré en quatre jours à Paris (dans le fameux studio boisé Ferber), disque qui multiplie les guest stars d’envergure (le pianiste Eric Legnini, le batteur Manu Katché, le trompettiste sous haute influence Miles Davis Till Brönner, la chanteuse Camille et le chanteur nigérien Toyin), autant le concert au New Morning a quelque peu souffert de l’absence autour du bassiste Eastwood de ce casting de stars. Certes, Andrew McCormack au clavier et Graeme Flowers à la trompette ont bien assuré mais j’ai trouvé les deux autres (Graham Blevins, saxo et Martyn Kaine, batterie) un cran en dessous, dommage. Par exemple, concernant le très rythmé et groovy Hot Box, on se dit qu’un Manu Katché aux percussions se serait davantage lâché que le trop timide Kaine. A part ça, et le fait que des plages pourtant réussies du dernier album étaient curieusement absentes (sauf erreur de ma part, je ne crois pas avoir entendu Bold Changes ou Black Light), la performance scénique était de qualité. Kyle Eastwood assure aussi bien dans la technique de ses instruments que dans son art de la composition, des arrangements et dans sa volonté de rechercher une belle ligne mélodique de groupe. Alternant morceaux chauds, ronds et énergiques (Hot Box, Samba de Paris et How Y’all Doin’ du précédent album, qui a servi, je crois, de rappel) et mélodies plus douces, plus planantes, en demi-teintes (Metropolitain, Rue perdue, Song For You), le groupe a su tour à tour booster ou hypnotiser son public. Et parfois l’amuser. Ainsi en est-il lorsque Kyle se met à siffler comme un pinson pour accompagner le morceau Big Noise de l’album Paris Blue, quelque peu cartoon, du fait de son « comique de répétition ». Cette sonorité joueuse fait alors penser aux musiques de films des westerns spaghettis de son père, celles, hautes en couleur, composées par Ennio Morricone à l’aide de sifflements, de cloches, carillons et autres instruments incongrus. Puis, virage à 180°, des « séquences émotion » (la pénombre installée pour les solos classieux de contrebasse de Kyle Eastwood et pour la beauté crépusculaire du magnifique thème de Lettres d’Iwo Jima) faisaient baigner la salle du New Morning dans un nuage de quiétude et de plénitude. Propice aux rêveries poétiques ou cinématographiques.

Après avoir offert deux rappels et s’être exprimé (assez bien) en français pour remercier son public, Kyle Eatwood était, une demi-heure après le concert, en train de fumer une clope avec ses musiciens à la sortie du New Morning, cool, sympa et visiblement satisfait de sa prestation du soir. Il pouvait l’être. Le musicien Michael Stevens, qui était dans la salle (il ne l’accompagnait pas ce soir-là à la guitare) et qui signe la plupart des compositions aux côtés d’Eastwood, était, semble-t-il, ravi lui aussi, comme dans le public, les mélomanes, d’âges variés. Et, cerise sur le gâteau, les jolies jeunes filles de l’assemblée, certaines de toute évidence attirées par la beauté eastwoodienne de Kyle, semblaient également très contentes d’avoir pu écouter et contempler en chair et en os le « fils de ». A part ça, pour ceux, et celles, qui aurait raté au New Morning le beau et talentueux Kyle Eastwood, rassurez-vous, il y a ce soir une séance de rattrapage ! Dans le mythique Olympia, il joue ce lundi 30 novembre, à 20h, dans le cadre de la soirée You & The Night & The Music  : 2h30 de musique live pour fêter les dix ans de la radio TSF Jazz. Voilà qui va faire jazzer.

(Kyle Eastwood au New Morning, Photo 1, de l’auteur de l’article, © 2009) 

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2 réactions à cet article    


  • morice morice 30 novembre 2009 10:58

    purée ça commence fort :

    « ce « fils de », qui n’est en rien pour le jazz ce qu’est un Anthony Delon pour le cinéma ou un Paul Belmondo pour la Formule 1, »
    le pape aurait eu un fils, on y aurait eu droit aussi...

    «  le trompettiste sous haute influence Miles Davis Till Brönner,  »
    il est mort, et en France y’a Eric Truffaz, mais de là à ce que vous le connaissiez.. ou Eric le Lan... son dernier album est pure merveille, et il est vivant, lui. Vous n’avez que clichés et superficialité à la bouche !

    « Ainsi en est-il lorsque Kyle se met à siffler comme un pinson pour accompagner le morceau Big Noise de l’album Paris Blue, quelque peu cartoon, du fait de son « comique de répétition ». Cette sonorité joueuse fait alors penser aux musiques de films des westerns spaghettis de son père, celles, hautes en couleur, composées par Ennio Morricone à l’aide de sifflements, de cloches, carillons et autres instruments incongrus. »

    pour tout jazzman, le sifflement est associé à des gens comme Bobby Mc Ferrin, pas à votre gros lourdeau vendeur de nouilles.

    mais rien ne vaut le final :
     « Et, cerise sur le gâteau, les jolies jeunes filles de l’assemblée, certaines de toute évidence attirées par la beauté eastwoodienne de Kyle, semblaient également très contentes d’avoir pu écouter et contempler en chair et en os le « fils de ». »

    Avec des gens comme vous, le jazz à du mouron à se faire. Et Gala de l’avenir devant lui.
    Encore une chronique de NightClubber qui nous ramène aux pires heures de Libération et de Pacadis, visiblement votre idole en tout.

    • Yohan Yohan 30 novembre 2009 17:12

      Je signe la pétition : « Momo a raison en tout. Momo le meilleur, Momo je sais tout Agoravox = Momovox »  smiley 

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