Le label national pour l’Orchestre symphonique de Bretagne
C’est fait ! Après des années d’un travail de grande qualité, la détermination des dirigeants de l’OSB et l’implication des musiciens viennent d’être récompensées par Franck Riester. Le label « Orchestre national en région » a en effet été décerné le mercredi 16 octobre à l’Orchestre symphonique de Bretagne par le ministre de la Culture. Une promotion attendue et méritée…
Après l’Orchestre d’Auvergne en février 2019, l’Orchestre symphonique de Bretagne est la 13e formation française à obtenir le prestigieux label national, synonyme de reconnaissance pour le travail accompli, mais également porteur de nouvelles obligations pour les 44 musiciens permanents. « C’est comme si on montait en 1e division », a souligné l’administrateur général Marc Feldman, ravi d’apprendre la nouvelle. Le parallèle footballistique prête à sourire, mais il est très juste : l’OSB joue désormais dans la cour des grands au niveau national où il retrouve les orchestres de Paris, Amiens, Lille, Nancy, Strasbourg, Lyon, Montpellier, Toulouse, Bordeaux et Nantes. Autrement dit l’élite de la profession dans notre pays.
En cette année du 30e anniversaire de l’OSB, l’octroi par le ministre de la Culture du label « Orchestre national en région » à la formation bretonne a bien évidemment été salué, non seulement par l’ensemble des mélomanes rennais, mais aussi par tous les amateurs de musique classique d’Ille-et-Vilaine et des départements voisins, au premier rang desquels les abonnés de l’orchestre. Une promotion qui, n’en doutons pas, a également réjoui tous ceux qui, hors de la région Bretagne, ont suivi le parcours de l’OSB depuis sa création.
Fondé en 1989 à l’initiative du Conseil régional, l’Orchestre de Bretagne trouve progressivement sa place dans le panorama musical français. D’abord sous la direction artistique de Claude Schnitzler, puis en 1996 de Stefan Sanderling*. En 2006, c’est le chef d’orchestre estonien Olari Elts qui prend les commandes artistiques de la formation tandis que le compositeur Thierry Escaich est associé au projet. Au fil de ces années, de gros progrès sont d’ores et déjà réalisés, mais ce n’est pas suffisant pour prétendre au Graal que constitue un label national.
Le tournant date de 2012. Cette année-là, le Singapourien Darrell Ang est nommé à la direction artistique de l’orchestre tandis que l’Américain Marc Feldman devient administrateur général de l’OSB. Tous les deux ont de grandes ambitions pour cette formation. Et de fait, l’on ressent rapidement un changement dans les prestations des musiciens : le jeu devient plus net, les attaques plus précises, les équilibres entre les couleurs mieux assurés. Incontestablement, l’Orchestre symphonique de Bretagne accomplit sous la direction du rigoureux Darrell Ang des progrès spectaculaires.
Sous l’impulsion du duo, le champ musical s’élargit : des partitions contemporaines plus nombreuses – dont des créations – sont notamment inscrites au répertoire de l’Orchestre symphonique de Bretagne. En 2014, c’est désormais sous son propre label (OSB Productions) que les musiciens enregistrent leurs CD. Parmi eux, un enregistrement consacré, dès cette année-là, à deux des plus beaux concertos pour piano de Mozart – le 9e et le 20e – ouvre une collaboration avec le pianiste François Dumont dans le cadre d’un ambitieux projet d’intégrale des opus concertants pour piano du génial Autrichien.
Le chef singapourien parti en 2015, c’est le Gallois Grant Llewellyn qui lui succède à la direction musicale de l’OSB pour le plus grand bien de l’orchestre tant est évidente sa complicité avec Marc Feldman. Une complicité au service d’un objectif : intégrer le top-niveau des formations françaises. Pour y parvenir, les musiciens travaillent avec une grande opiniâtreté sur des projets novateurs. C’est ainsi que sont donnés des concerts où sont jouées des partitions alliant le classique au jazz, aux musiques du monde et même à la musique celtique. « Modernité » et « innovation » deviennent, comme l’a souligné le ministre de la Culture dans son communiqué, les maître-mots d’un OSB dont les musiciens, en parallèle à la programmation saisonnière, participent de surcroît à des ateliers pédagogiques, notamment sous la forme de « concerts piccolo » plus particulièrement destinés aux enfants.
S’il salue le travail accompli et la volonté de maillage territorial de plus en plus marquée, le label « Orchestre national en région » crée également des obligations, notamment en matière de diversification et de création contemporaine. Un processus dans lequel – on l’a vu ci-dessus – l’OSB est déjà résolument engagé depuis des années. À cet égard, la reconduction, jusqu’en 2021 au moins, de Grant Llewellyn au côté de Marc Feldman est un gage de continuité. Une collaboration qui ne manquera pas de déboucher sur de nouveaux partenariats artistiques dans une optique de renouvellement du répertoire et de soutien à de jeunes créateurs, y compris dans des domaines d’expression multimodaux.
Pour mener à bien ses projets à venir, l’Orchestre symphonique de Bretagne peut continuer à disposer du soutien financier – désormais sécurisé par le label national –, des partenaires institutionnels que sont le Conseil régional, la DRAC de Bretagne, la ville et la métropole de Rennes ainsi que les départements d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan. L’OSB peut en outre envisager d’élargir sa base de partenaires financiers privés, actuellement regroupés dans un espace collectif de mécénat joliment baptisé Symphonia.
En préambule d’un concert donné le vendredi 18 octobre à Rennes – superbes interprétations du concerto pour violon de Beethoven et de la Symphonie inachevée de Schubert –, Marc Feldman a informé le public que la promotion de l’orchestre au rang national entrainerait un changement de son nom dont le principe est d’ores et déjà acté. Ce nouveau nom sera annoncé lors d’un prochain concert rennais, le 6 novembre. Mais une chose est certaine, quel que soit ce nom, le cap poursuivi par les administrateurs et les musiciens restera le même : tendre vers l’excellence au service de la musique et d’un public toujours plus nombreux.
* Stefan est l’un des trois fils du très réputé chef d’orchestre Kurt Sanderling qui a notamment dirigé les prestigieux Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg et de la Staatskapelle de Dresde. Son frère Thomas est également chef d’orchestre.
23 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON