Marilyn Drive (autour de « Inland Empire »)
Vu "Inland Empire" ! (Il joue encore dans quelques salles parisiennes, fort heureusement). Alors bien sûr, les non-lynchiens crieront encore des " j’ai rien compris " ou encore critiqueront ce récit taxé d’"abradabrantesque" ou de "carnavalesque" histoire de se défiler et de dire que Lynch plonge encore une fois en plein capharnaüm mais c’est faux, me semble-t-il. Certes, dans ce Lynch, on assiste à la psychose d’une femme, à sa tempête sous un crâne, mais cela ne veut pas dire pour autant que Lynch serait en "freestyle" ou carrément "borderline" - ces étiquettes-là, ici, sont, selon moi, inopérantes, trop faciles, trop clichés.
David Lynch sait où il va (c’est le portrait quasi pictural d’une femme dans sa vérité nue) et il a bien une histoire à raconter. Il faut, comme nous y invite le cinéaste, "pénétrer dans la profondeur de l’histoire ". Et alors là, derrière les femmes en miroir, les espaces fantômes, les mises en abyme (où commence le film dans le film et de quel film s’agit-il ?), les mondes parallèles, les rêves, la Chambre 47 et autres chausse-trappes narratives, il y a l’histoire d’une femme blonde et comédienne (Laura Dern) qui s’embarque dans le tournage zarbi d’un remake de film maudit et se retrouve ainsi perdue dans un monde peuplé de cauchemars. Elle croise notamment, entre autres, des prostituées polonaises dans des rues neigeuses (qui ne sont certainement que des productions de son cerveau), des comédiens de sitcom ou d’un petit théâtre à masques de lapins ou encore et surtout son double, ou plutôt ses doubles (Nikki Grace, Susan Blue...), à savoir une Laura Dern démultipliée. Eh oui, il s’agit bien d’Hollywood,
Et en ce sens cet Inland Empire, en écho à moult films lynchiens qui réfléchissent le cinéma (je pense ici à la figure de
Derrière le miroir aux alouettes de cette ville - L.A. - où " les stars font les rêves et les rêves font les stars ", on assiste à un film " hanté de l’intérieur " car... qui sait si tous ces rêves brisés et ces débauches étalés sur l’écran à cran - difficile par exemple de ne pas être émue par l’agonie sanglante de Laura Dern au milieu des étoiles du trottoir de Hollywood Boulevard et aussi, peut-être, du cosmos ? - ne sont pas le fruit de sa propre imagination, encline aux figures perverses du Mal ? Oui, selon moi, c’est bel et bien un grand film sur
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