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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Mémoire Vive : pour mieux comprendre Alain de Benoist

Mémoire Vive : pour mieux comprendre Alain de Benoist

Plus de cent ouvrages publiés ; des milliers d'articles ; des centres d'intérets extrêmement diversifiés. Des "Indo-Européens" aux questions de géopolitique, en passant par la vie de Jésus... L'oeuvre d'Alain de Benoist ressemble à bien des égards aux dédales d'un labyrinthe ! 

Mémoire Vive est-il un ouvrage savant de plus ? ou celui permettant de les comprendre tous ? Ouvrons l'ouvrage et lisons...

Une histoire d'amitié. Avant tout, cet ouvrage est une belle histoire d'amitié. Celle d'Alain de Benoist et de François Bousquet. Deux amis qui phosphorent sur l'univers qui les entoure, après tout, on n'a pas fait mieux depuis Platon !

On entre dans ce livre imposant, aussi, par le nombre de pages - près de 500 ! -, comme on écoute aux portes d'un château. Celui d'Alain de Benoist de Gentissart. On y entend des pas de couloir, des murmures et des paroles, quelques éclats de rires. Parfois, de la résignation. Mais jamais du désespoir.

Manifester une âme tragique. Pourtant, l'état des lieux est sans appel ! Les titans ont gagné la guerre contre les dieux ; la communauté organique a été remplacée par la société mécanique ; les bouffons ont pris la place des rois ; l'Europe est en passe de devenir la banlieue d'elle-même... Certes, tout cela n'est pas faux ! Mais c'est une âme tragique qu'Alain de Benoist manifeste devant la grande fa(r)ce du monde. Jamais du désespoir. Souvent, Alain de Benoist cite Martin Heiddeger, un de ses auteurs phares. "Seul un dieu peut nous sauver" !

Dans l'oeuvre d'Alain de Benoist le mot "dieu" revient souvent. Les textes d'Alain de Benoist sont en outre blasonnés de références à Achille, Ulysse et autres figures de la mythologie. A l'heure de l'économie comme destin, du technosolutionisme comme moyen et de la consomation comme festin, cette référence aux héros de l'Antiquité peut paraître désuète. Les légendes employées comme somnifères pour endormir les enfants peuvent aussi être des électrochocs pour réveiller le monde assoupi des adultes. 

La mythologie n'est pas d'hier ni de demain, mais de toujours. Lecteur de légendes dont il a, depuis l'enfance, "fait son miel", Alain de Benoist sait que les infrarouges et les ultraviolets du sens se rencontrent aussi dans ces récits à hautes valeurs symboliques. Les légendes ont le pouvoir de faire changer d'octave la pensée et l'âme. Et c'est la l'essentiel. 

Une vision non-dualiste du monde. Selon Alain de Benoist, le monde est "toujours ouvert". "L'histoire n'est jamais close". Le sceau du réel, c'est la diversité. Il emploie souvent le terme "plurivers" au lieu d'"univers". Il y a plusieurs mondes emboités les uns dans les autres. Plusieurs temps. Plusieurs octaves de compréhension... 

En outre, Alain de Benoist croit à la "non-dualité et à la complémentarité des contraires". La conception du monde des Anciens, celle de l'Inde védique en particulier, semble lui donner raison : le principe conservateur (Vishnou) et le principe transformateur (Shiva) sont à la fois opposés et complémentaires. Même lorsque tout laisse à penser que l'un des deux a gagné la partie, il y a, en fait, toujours complémentarité. D'un certain point de vue, Brahma (l'Être suprême) a besoin de Shiva pour que l'humanité parvienne à son terme. Eclairé par le mythe, le monde physique ressemble alors à une partie de dés métaphysiques. Les dieux jettent des dés qui sont perçus, par les hommes, comme des "cycles". 

Entre les cycles stables, il y a des entre-temps, des enter-règnes d'installibilité comme celui que nous traversons. Une autre manière de se représenter cet entre-temps est de s'imaginer une chenille et un papillon. Entre les deux états, il existe un temps de gestation, celle de la chrysalide, visqueux et gluant. Notre temps.

L'impératif dialogique. Fasciné par la faconde d'un auteur, on peut se dire, tout de même, quel penseur virtuose cet Alain de Benoist ! Mais c'est sans doute oublier que la valeur d'un auteur est tout simplement celle d'un homme qui, de surcroit, écrit des livres. 

Qui est donc Alain de Benoist ? Tout dépend des points de vue. Pour Jacqueline de Roux, il serait "taraudé par le Christ". Pour Alain Soral, "Alain de Benoist caresse son chat, en regardant la télé ; lui, qui voulait chevaucher le tigre". Pour certains anticatholiques de droite et néopaïens de diverses obédiences, il apparait comme une sorte de pape. Cette vénération papale donne raison à Alain de Benoist. Il y a bien une "coïncidence des contraires". CE principe se vérifie dans l'entourage d'Alain de Benoist. Il n'y a pas plus catholique que les anticatholiques.

Bref, les avis à son endroit divergent. Tirons-en la conclusion qu'Alain de Benoist est comme tout homme. Il est multifacette ! 

A mon humble avis, je dirais qu'Alain de Benoist est un intellectuel qui répond aux questions qu'on lui pose. Et cela est une philosophie en soi. Pour tout questeur de sens, les auteurs se séparent en effet en deux catégories bien distinctes. D'un côté, il y a ceux qui répondent au courrier ; et de l'autre, ceux qui n'y répondent pas. De très loin, les plus nombreux.

J'ai rencontré personnellement beaucoup de "phraseurs habiles" qui oubliaient de payer leur café en partant. Trop occupés à sauver l'humanité, ils en oubliaient de répondre au courriers de leurs lecteurs. Ces "arlequins de la vie parisienne", un Dominique de Roux n'eut de cesse de les fustiger. Dans un propos consultable sur internet, Llauteur d'Immédiatement leur oppose un Jean Paulhan qui - précise-t-il à dessein - "répondait aux lettres"...

Une pensée de type labyrinthique. L'oeuvre d'Alain de Benoist est traversée par quelques axes récurrents. On notera une inclinaison essentielle : le "polythéïsme". Il ne sagit pas, chez Alain de Benoist, de prosélithisme religieux, mais de concevoir la diversité (le "poly") comme un bien et le "mono" comme un mal. Sont suspectes : les pensées systématiques, tout ce qui renvoit au centralisme. En fait, tout ce qu'impose l'hémisphère gauche du cerveau ; en d'autres termes encore, tout ce qui ressemble de près ou de loin à une structure centralisée et pyramidale. 

A la page 144 de Mémoire Vive, il précise  : "Il s'agissait d'avancer progessivement sur un itinéraire permettant de toujours penser plus loin, sans s'arrêter en route". Cette phrase ne fait-t-elle pas penser à une démarche intellectuelle de type labyrinthique ? Mon opinion estr qu'il y a plusieurs typologies de pensée. Descartes serait de type analytique et pyramidale. La pointe de la pyramide est chez lui le "moi". A rebours de Descartes se situerait les pensées de type rizhomique et labyrinthique. Comme celle d'Alain de Benoist.

Très archaïque, le thème mythique du labyrinthe peut en tout cas éclairer le fonctionement des organes les plus complexes du vivant ! Il peut apporter une lumière sur le fonctionnement interne du cerveau ou encore celui du système solaire. Serait-il aussi de nature à illustrer la démarche empirique d'Alain de Benoist. Pourquoi pas ? 

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si « l'un des thèmes qui m'a toujours le plus fasciné est celui du labyrinthe. J'espère d'ailleurs si j'en ai le temps lui consacrer un livre. Ces deux phrases, Alain de Benoist ne les a pas écrite sur le sable. Il les as écrite dans un article qui a pu jouer pour beaucoup un rôle de clé à serrure. 

Cher Alain de Benoist, il marque peut-être à votre oeuvre une étude consacrée au thème du labyrinthe. Non seulement elle serait l'occasion de revisiter les grands mythes solaires de notre vieille Europe (la guerre de Troie, la geste de Sigfried, etc.) mais serait aussi de nature à mieux comprendre votre vision du monde !

Rappelez-vous aussi que le labyrinthe tire justement son origine d'une promesse non tenue faite par le roi Midas au dieu Poséïdon ! Alors, cher Alain de Benoist, gare aux promesses non tenues !


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11 réactions à cet article    


  • Étirév 31 janvier 13:24

    Supprimer la mémoire collective dissout la nation, laquelle fait alors place au troupeau.
    Peut-être est-ce cela que cherchent les meneurs occultes du jeu, aux fins d’assurer plus facilement leur domination sur les ilotes modernes dont ils rêvent ?
    Dans la Tradition Arabe, Alexandre est désigné sous le nom de « El-Iskandar Dhûl-Qarnein », c’est-à-dire « Alexandre aux deux cornes » (ou « le bicornu ») ; c’est l’épithète des conquérants « qui ont subjugué les deux extrémités du monde, l’Orient et l’Occident ».
    Avant lui, Ram, dont le nom est resté dans l’histoire comme celui d’un formidable perturbateur, eut le même surnom. C’est pourquoi Alexandre est le second vainqueur de l’Asie dans la mémoire des Orientaux.
    Signalons encore ces quatre statues « baphométiques » (du musée impérial de Vienne), retrouvées naguère par l’archéologue autrichien Hammer-Purstall. La plus importante de ces statues est un personnage en pied, revêtu d’un costume pharaonique, portant la barbe et coiffé de cornes recourbées comme un « Hermès ». Une inscription en caractères arabes figure sur ses bras pendants. Probst-Biraben et Maitrot de la Motte-Capron la déchiffrèrent ainsi : « Le seigneur Kouïder » (celui qui trouble).
    Au sujet du mot « corne », rappelons qu’il est originellement le nom donné aux hémisphères cérébraux ; quand la corne s’élève vers les lobes frontaux, l’intelligence augmente ; quand elle s’abaisse vers l’occiput, l’esprit s’affaiblit. C’est avec la corne abaissée que seront représentés les démons. On ne représentera les diables avec la corne relevée qu’au Moyen Age et par esprit d’opposition.
    Les noms « corne », « crâne », « corniche » ou bien « couronne » (en latin CORONA ; Kether en hébreu), se rattachent à la racine indo-européenne KRN (d’où kronos, kernunnos, etc.) qui exprime essentiellement les idées de « puissance » et d’« élévation » ; dans le mot arabe « qarn » (corne) et les mots hébreux « qérén » (rayon de lumière) et « qâran » (rayonnement, irradiation), dont la racine sémitique proche de KRN est QRN (remarquons que le mot « corne » a aussi pour racine HRN, d’où le mot anglais « horn »), nous retrouvons, d’une part, les idées d’« élévation » et de « luminosité » et, d’autre part, celle de « courbure » évoquant le déplacement circulaire ou l’idée de cycle et, plus ordinairement, de « siècle ». Cette dernière signification entraîne parfois, chez certains, une curieuse méprise, croyant que l’épithète « dhûl-qarnein » appliquée à Alexandre veut dire que celui-ci aurait vécu « deux siècles ». En parlant de cycle, observons que, à l’intérieur même des racines sémitiques, QR et KR se font écho sur les points d’importance fondamentale. En effet, alors que le QR arabe évoque la « mémorisation » (à rapprocher du terme « QR code » actuel) et la « commémoration », le KR hébreu indique précisément « conserver la mémoire des choses » donc « se rappeler », c’est-à-dire « revenir sur soi ».
    Dans le cadre du souvenir ou de la mémoire, « Dhikr », en arabe, n’est-il pas un retour que l’on fait sur soi, ce que fait également un cycle ?
    Remarquons que « Dhikr » est l’anagramme de « Khidr », personnage aussi mystérieux qu’important de la tradition ésotérique islamique. On le dit « Maître des Afrâd » (les Solitaires).
    Notons encore qu’une des « techniques » utilisées pour le travail « intérieur », est désignée en grec par le terme « Mnêmê », « mémoire » ou « souvenir », qui est exactement l’équivalent de « Dhikr ».
    En s’abreuvant aux sources limpides de Mnémosyne, Gardienne de la Tradition et de ses filles, les Muses, ou en se rattachant à la « Voie Mariale » des Afrâd, l’être humain peut arriver à s’orienter dans le « Labyrinthe », et même arriver à en sortir.
    Dans les Mystères, la danse des jeunes Crétoises imitait les détours du Labyrinthe.

    NB : S’il existe au fond du Cœur de l’homme une aspiration vague vers le mystère caché dans l’antique RELIGION NATURELLE, c’est que sa conscience cherche, par atavisme, à reprendre le chemin du bonheur primitif que la jeunesse phylogénique connut dans une époque lointaine.
    L’atavisme, c’est ce que dans les religions orientales on appelle le « Karma » (parfois nommée réincarnation ou transmigration), c’est la somme de tous les actes du passé nerveux. Aussi, précisons avec René Guénon que le mot sanscrit « Karma », dérivant de la racine verbale « kri », faire (identique au latin « creare »), signifie simplement « action », et rien de plus ; les Occidentaux, en particulier les théosophistes, qui ont voulu l’employer l’ont donc détourné de son acception véritable, qu’ils ignoraient, et ils ont fait de même pour un grand nombre d’autres termes orientaux.
    L’atavisme, cette suggestion qui nous vient de l’ascendance, et semble être hors de notre conscience actuelle, nous suggère des actions que notre raisonnement n’a pas prévues et pesées, elle fait de nous, au moral, des automates, agissant en dehors du domaine de notre vie consciente actuelle. Les convictions acquises par nos aïeux dans le cours de leur évolution, qu’elles soient vraies ou fausses, nous dominent à notre insu, sollicitent notre adhésion, créent en nous une suggestion que notre moi conscient discute souvent et même rejette comme un facteur d’erreur. La substance nerveuse possède la propriété de garder presque indéfiniment les traces de tout ce qui l’a impressionnée une fois. C’est ce qui explique la mémoire. La moindre de nos actions s’enregistre dans notre substance médullaire et, pour peu qu’elle se répète, s’y grave. C’est pour cela que ce qui est difficile au début devient facile, puis spontané, puis involontaire. Cette loi contient toute l’histoire de la mentalité humaine, elle explique la persistance des habitudes ancestrales.
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    • DerWiderstand 31 janvier 14:49

      Merci pour votre commentaire. Quelle culture ! 


    • Seth 31 janvier 15:28

      @Étirév

       smiley

      Voui... et donc ? smiley


    • DerWiderstand 31 janvier 15:44

      Et donc... votre commentaire est un article en soi. il faudrait peut être vous mettre à rédiger un texte publiable sur AgoraVox ou ailleurs.... 


    • Seth 31 janvier 15:51

      @DerWiderstand

      Je ne rédige plus de textes, j’ai trop donné dans la dissert autrefois, ça m’a vacciné.
      Mais j’ai encore un peu de présence d’esprit et ici, haut lieu du délire en tout genre, on rigole bien. smiley

      Je préfère rigoler que me fatiguer pour rien.

      Quant à l’intérêt des écrits de de Benoist, je vous admire de pouvoir en trouver autant mais bon... chacun sa vision de la « philosophie » et de la « pensée ». On se contente de peu de nos jours.


    • Seth 31 janvier 15:54

      @DerWiderstand

      Quant à considérer comme de la « culture » des catalogues ad infinitum de bric et de broc de tout et de n’importe quoi en vrac et tout mélangé, c’est votre façon de voir.


    • amiaplacidus amiaplacidus 1er février 17:52

      @Seth
      À propos de dissertation, je me souviens, à plus de trente-cinq ans de distance, de mon fils déclarant, après un cours de français :
      « J’ai compris qu’une dissertation, c’est l’absolu contraire d’un résumé ».

      Comme quoi, bon chien chasse de race.


    • DerWiderstand 31 janvier 16:36

      Ce que vous écrivez sur le symbolisme de la « corne » n’est pas sans entrer dans le thème du labyrinthe que j’évoque dans mon article.


      Comme vous savez, dans le labyrinthe, vit une créature à cornes. Il serait intéressant de connaître votre interprétation de ce « Minotaure ». 

      Comme dit, le thème mythique du labyrinthe semble extrêmement archaïque et donc tout aussi polysémique. 

      Une forêt peut être perçue comme un labyrinthe. 

      Le cosmos le peut aussi.

      Le cerveau aussi. Mon opinion est que le Minautore représente la partie la plus bestiale en nous, la partie limbique du cerveau. Quand Ariane représente la partie la plus évoluée...

      Mais ce n’est qu’une hypothèse. 

      • Octave Lebel Octave Lebel 31 janvier 17:42

        Il n’est pas inintéressant de savoir où on met les pieds non plus. Une fiche wikipedia peut déjà nous donner quelques repères afin de ne pas prendre un vieux renard pour un enfant de cœur même en fin de course. Qui dès que l’on parle de la vie politique concrète enfile depuis toujours les perles de l’extrême-droite au gré des méandres qu’elle emprunte.

        https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_de_Benoist

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