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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Ne jetons pas Blanquer avec l’eau du bac !

Ne jetons pas Blanquer avec l’eau du bac !

Jean-Michel Blanquer est un digne héritier des hussards noirs de la IIIe République. Il remet les fondamentaux de l’école républicaine à l’ordre du jour et fait preuve d’un volontarisme évident. Son courage a été unanimement salué, à gauche comme à droite, une audace salutaire qui fédère les vocations éducatives, au-delà des clivages partisans avec un programme pragmatique qui prône le retour aux fondamentaux : lire, écrire, compter et à un enseignement chronologique de l'histoire de France.

Une école qui doit apprendre à lire, écrire, compter

Comme en attestait déjà l'étude PISA 2012, la source des fragilités de l’école qui s'amplifie encore au collège est principalement due à l'école primaire. Ses horaires réduits à 24 heures par semaine n’ont jamais été aussi bas pour toute l'histoire de la République. C’est la tache première que s’est fixée Jean Michel Blanquer ; revoir impérativement les méthodes d’apprentissages de lecture et d’écriture puisque plus de 30 % des élèves entrant en classe de 6e ne maîtrisent pas correctement le français ! - 15 % à la sortie de 3e -. Dans le domaine de la maîtrise de la lecture, le ministre prône le retour à méthode syllabique. L’exemple des trop rares enseignants qui avait osé l’appliquer, dans une classe de CP en Seine Saint-Denis où une quinzaine d'ethnies différentes peuvent se côtoyer dans une même classe, et qui vous disaient tous que c'était la seule méthode qui permettait à tous les élèves de savoir lire et écrire a été enfin entendu. Or, et pendant trente ans, nous avons continué en France d'apprendre à lire avec des méthodes globales ou semi globales avec les conséquences dramatiques que nous connaissons. Philippe Meirieu, grand chef de l’« école pédagogiste », ne proclamait-il pas qu'il fallait apprendre à lire sur les modes d'emploi des appareils ménagers ? Le succès des structures indépendantes ne s'expliquait pas autrement : plus de 20% des élèves sont scolarisés dans des établissements privés…

Déjà dans le rapport du Haut Conseil de l'Education 2012, on pouvait lire : « Le nombre élevé de sortants sans diplôme (environ un jeune sur six chaque année) et la proportion d’élèves ayant des acquis insuffisants ou fragiles tant en fin d’école primaire qu’en fin de collège, témoignent de l’échec scolaire en France » Les 25% élèves fragiles, s'ils déchiffrent à peu près, ont trop de lacunes en vocabulaire, en syntaxe et en culture générale pour comprendre un texte simple et être autonomes en lecture au collège. Comment s’étonner dans ces conditions que chaque année ces plus de 150 000 jeunes de 15 ou 16 ans qui sortent du système scolaire français sans diplôme ni qualification viennent grossir les 600 000 jeunes de 16 à 25 ans sans aucune formation (2015), qui eux-mêmes augmentent les chiffres du chômage ? De loi en réforme, ces chiffres ne se réduisent pas, pas plus que la proportion d'illettrés repérés lors de la Journée défense et citoyenneté qui évalue tous les citoyens autour de leurs 18 ans. En 2014, plus de 750.000 jeunes de 17 ans ont participé à la Journée Défense et Citoyenneté organisée par le ministère de la Défense. A cette occasion, ces jeunes ont passé des tests de lecture. Et les résultats sont inquiétants : 10% d'entre eux ont de graves difficultés pour lire. Cela fait tout de même 75 000 adolescents ! Et 4% d’entre eux peuvent être considérés comme quasi-illettrés : ils savent à peine lire un programme de cinéma, selon le test qu'on leur a fait passer. Ces jeunes devaient simplement lire les titres de films, les horaires et les salles de projection ainsi qu'un petit résumé de quelques lignes.

Tenir compte des résultats au classement PISA

La dernière étude internationale Pisa réalisée en 2015 avait établi que le niveau des écoliers français s’est considérablement dégradé en 15 ans la France. Pire, elle pointait un écart grandissant entre les meilleurs et les moins bons, et des résultats médiocres pour les élèves les plus défavorisés. L'édition 2016 du Classement PISA publiée le 6 décembre, place notre pays à la l’humiliante 28e position or nous étions encore à la 10e place en 2000. En seize années d’aveuglement pédagogique et de réformes irresponsables le résultat est sans appel. Malgré un immense investissement financier dans l'éducation – premier budget de la Nation-, les performances de notre pays ont encore chuté. Jean Michel Blanqueur connait ces chiffres et a promis de tout faire pour arrêter l’effondrement de notre école.

540 000 élèves, représentatifs des quelque 29 millions d'élèves âgés de 15 ans scolarisés dans les 72 pays et économies participants, ont passé les épreuves PISA 2015. La France se situe assez loin derrière les pays qui lui ressemblent en termes de richesse et d'économie, comme l'Allemagne (15e rang). Lors des premiers classements PISA, il fallait aller en Finlande et en Scandinavie pour trouver les meilleures performances, aujourd’hui se passe en Extrême-Orient. Les pays asiatiques trustent 8 des 10 premières places. Ces pays sont très exigeants avec les élèves la recherche de l'excellence y est omniprésente. Les enseignants de Singapour, de Hong Kong, Shanghai, du Japon ou de la Corée du Sud sont évalués très régulièrement, bénéficient d'une formation initiale très poussée. Développement personnel et académique des élèves, collaboration avec les parents, contribution à la vie de l’école… ces principes peuvent faire bondir en France, mais les résultats sont là pour des investissements financiers moins couteux. Dans un article sur « les modèles asiatiques » publié dans la revue internationale d'éducation de Sèvres on explique que dans ces pays le travail, très important, fourni par les élèves est reconnu comme une valeur en soi, que l’on constate une forte pression exercée par les parents quant au travail scolaire qui s'oppose au laxisme occidental, où l'objectif semble désormais de faire d'abord plaisir aux enfants. Enfin, les maîtres et leurs fonctions sont particulièrement respectés. À Hong Kong, ils appliquent exactement les principes interdits en France : par exemple la sélection, le travail à la maison, l'apprentissage par cœur, la virtuosité des calculs, l'homogénéité des classes, le redoublement.

Enfin ce que les observateurs oublient de dire c’est qu'ils font aussi réussir les plus faibles… A Singapour, les enfants d'immigrés y ont bien plus de chance de réussir que chez nous. En outre, les professeurs sont rémunérés autant que des ingénieurs depuis une réforme votée en 1997, ce qui permet au pays de mettre face aux élèves des enseignants de haut niveau, sélectionnés parmi les meilleurs étudiants scientifiques. C'est loin d'être le cas en France, qui ne parvient pas à pourvoir tous ses postes de professeurs.

 

Soyons fiers de notre histoire

Enfin, je suis heureux d’entendre notre ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer que le fait de connaître les rois de France, ce n’est pas du passéisme ». Il connaît l'histoire de France, son vecteur d'intégration et d'émancipation des consciences citoyennes et républicaines. Il rompt ainsi avec l'idéologie victimaire et culpabilisante de son prédécesseur (Najat Vallaud-Belkacem), en vantant les mérites d'une histoire équilibrée, de la monarchie mérovingienne à la Ve République. Le Ministre avait déclaré que : « le fait de connaître les rois de France, ce n'est pas du passéisme. » Il est en cela proche du Président qui annonçait lors de son allocution officielle du 14 juillet 2007 que « l’histoire de France ne commence pas le 14 juillet 1789. »

Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer s'inscrivent ainsi dans la droite lignée de François Mitterrand qui célébrait « en même temps » le millénaire capétien en 1987 et le bicentenaire de la Révolution en 1989. Leurs détracteurs, une poignée d'enseignants idéologues, avides de combats politiques, évoquent le retour à « un roman national », comme si le retour à un récit chronologique était de la pure fiction spéculative…

L'histoire, pour être équilibrée, doit être à mi-chemin entre ses racines judéo-chrétiennes et son émancipation républicaine et laïque, dans une stricte tolérance de toutes les influences qui ont façonné l'esprit français. Lors des rendez-vous de l'histoire de Blois, le Ministre a déclaré que nous avions besoin de « tradition, de modernité, d'être fiers de notre pays car nous n'avons pas à rougir de notre histoire ! » L'histoire de France est riche d'une grande diversité celte, latine et germanique, monarchique, impériale et républicaine. Si l'histoire est une suite insoutenable de crimes contre l'humanité, qui doivent être analysés et enseignés, notre histoire a aussi des aspects plus positifs, plus humains et fédérateurs qui doivent absolument être transmis pour favoriser l'adhésion du plus grand nombre à un patrimoine historique commun. L'histoire de France fascine partout sauf en France. C'est par l'enseignement de l'histoire que peut naître une conscience citoyenne respectueuse des institutions françaises.

Comme l'affirmait un certain Napoléon : De Clovis au comité de Salut Public, j'assume tout ! » Nier l'incroyable diversité de notre histoire, c'est nier son évidence voire son existence même. Et cela, enfin… notre dernier ministre de l’Education Nationale l’a bien compris, ce n’est pas trop…


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11 réactions à cet article    


  • libert_pensée 28 avril 2018 13:16

    Article fort juste. Les enseignants qui excipent de leur liberté pédagogique sont-ils aveugles au désastre de leur école, qui à maint égards est très inégalitaires ?
     Le succès des réformes de M. Blanquer tiendra à une reprise en main et au soutien du corps d’inspection ( les IEN sont plutôt trop invités « à ne pas faire de vagues », sous peine d’une vive réprobation de leur hiérarchie)


    • JP94 28 avril 2018 16:02

      Ministre ultra-réac, avec un Macron à la solde de Rothschild. 

      Prière de ne pas nous prendre pour des débiles , comme l’Ecole de Macron-Blanquer va en fabriquer à la pelle et c’est son but !

      Une école encore plus inégalitaire, où ceux qui veulent étudier iront vers le privé (et pas n’importe lequel)

      La casse de l’Ecole
      la casse de la Sanré
      la casse du droit du travail
      La casse des Services publics
      la casse des valeurs du CNR

      Alors basta avec votre propagande !



      • libert_pensée 1er mai 2018 12:53

        @JP94
        « Une école encore plus inégalitaire ». Vous voulez rire ? En quoi le retour aux fondamentaux va t-elle accroître les inégalités ? Votre commentaire est celui d’un idéologue en mission, avec notamment
        la scie parano : Macron à la solde de Rothschild. Pour la casse de l’école, la gauche, est gravement complice de la déliquescence de l’école.
        Ne vous sentez-vous pas animé d’un rude désir de faire votre propagande ?


      • rastapopoulos rastapopoulos 31 mai 2018 17:05

        @JP94 Souvenons-nous de ce président et de ce ministre de l’éducation qui, pour rassurer tout le monde disaient que « l’éducation est un investissement et non une dépense, et nous allons d’avantage investir dans la jeunesse ». Mais ça, c’était avant, maintenant, on abandonne comme tous leurs prédécesseurs les classes en campagne, créant de plus en plus un fossé entre la ville et la campagne. Il y a clairement des sujets sur lesquels on peut faire des économies (subventions, allocations, emplois aidés et aides sociales) mais certainement pas l’éducation et le service public de base (police, justice, santé et éducation) !


      • zygzornifle zygzornifle 28 avril 2018 17:48

        Encore un qui veut épingler son ADN sur les réformes .....


        •  C BARRATIER C BARRATIER 28 avril 2018 20:40

          Merci pour cet article, je partage totalement
          Ceci dit BLANQUER doit aller plus loin, il ne s’attaque pas au problème numéro 1 : la concentration des apprentissages en peu de jours et peu d’heures, il n’ay a qu’en France qu’on voit cela, et les pauvres gamins en souffrent. Ce ne sont pas les syndicats qui feront avancer les choses dans l’intérêt des élèves, seule leur corporatisme et surtout les vacances les passionnent.

          Ecole,projets reforme Blanquer examen critique http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=296

          • eric 30 avril 2018 11:29

            École républicaine, école républicaine.. ; Moi aussi, j’y croyais, entre le bourrage de crâne et mes arrières grands parents ; En réalité, l’alphabétisation au début de la république était, si j’en croit vos chiffres, assez comparable finalement. On avait en 1866 pas loi de 70% de gens qui savaient soit lire et écrire, soit lire. On aurait 30% des gamins qui arriveraient en 6 ème sans réellement maîtriser la chose.
            Le progrès relatif depuis 150 ans serait donc...relatif.
            https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1974_num_29_3_293505

            Par ailleurs, l’inégalité sociale des résultats témoigne moins de l’inégalité de la société que du faible niveau des profs. En effet, même les stat. Ed Nat prouvent que le niveau des élèves dépend de celui des autres élèves plus que de celui des profs. Ce que vous dites ici est que les profs y remédient de moins en moins. Ils seraient la cause des inégalités de niveau croissantes. De plus en plus les gamins seraient dépendant de l’instruction par leur parents. Leur milieux social. Du reste, on trouve une étude sur internet qui confirme que les gamins de pauvres qui vont dans le privé, y réussissent mieux que dans le public, alors que les profs du privé sont en moyenne moins diplômés et moins payés.

            Notre école a-t-elle jamais été républicaine ? Elle a été progressiste, socialiste, égalitariste. Au final elle a eu tendance à vouloir changer la société plus qu’’ à instruire les enfants.

            Ce que l’on peut dire, c’est que son échec dans ce domaine est comparable à ce qu’il est dans l’acquisition des connaissance.

            Elle permet à ceux qui en ont déjà par leur famille de réussir. Elle exclue ceux qui l’étaient déjà.

            La seule catégorie qui échappe à ce constat de stagnation, c’est les gosses de prof et de fonctionnaire. Depuis 150 ans, le premier budget de l’État à servit à l’ascension sociale des gosses de fonctionnaires progressistes...Normal sup. le Temple est devenu quasi héréditaire. On dit que 50% des X seraient rejetons d’enseignants.

            Et quant on voit ce que ces catégories font à notre pays, on est en droit de se demander si même cela peut être considéré comme une réussite.

            Comment peut on espérer que des castes qui traite les prolos qui votent Fn de sans dents ou de bac moins 4 puissent avoir pour leurs enfants, le minimum de respect qui est nécessaire pour les instruire correctement.

            Je rappelle que Macron est un socialiste fil de fonctionnaires socialistes et petit fils d’instit socialiste, qui a fait sa scolarité chez les bons père, pour ne pas frayer avec le « peuple » et les établissement de faible qualité que la république leur réserve, avant de faire les grandes écoles qui lui ont permis d’être banquier puis président de la « république »


            • rastapopoulos rastapopoulos 31 mai 2018 16:55

              Mon père, qui est professeur résume à mon avis très bien le personnage : c’est le mec qui est parfait sur le cv mais qui va décevoir et qui, au mieux sera un peu mieux que ses prédécesseurs. Et l’histoire a prouvé ses dires : En l’espace d’un an, Jean Michel Blanquer a promis « de ne fermer aucune classe » puis a trahi son engagement en le corrigeant « pour chaque classe fermée, une ouverte pour qu’au final il y ait le même nombre de classes ». traduction : « on va fermer les classes à la campagne pour en ouvrir d’avantage en ville ».


              • rastapopoulos rastapopoulos 31 mai 2018 17:16

                Comme le soutient Dimitri Casali dans certains de ses livres, l’autorité doit être enseignée à l’école. J’attends beaucoup mr. le ministre à ce sujet car dans certains quartiers, l’autorité des professeurs est bien trop bafouée. Si on n’enseigne pas aux enfants le respect de l’autorité, on va créer une génération de rebelles . Il faut réautoriser l’exclusion dans les écoles publiques : si un élève « met la zone », il devra se trouver une école plus loin et probablement moins conviviale. Sans fermeté, on ne va nulle part. Ce commentaire peut paraître brutal mais on ne peut pas laisser une minorité perturber le bon déroulement d’un cours et empêcher ceux qui le veulent de réussir. Et pensons aussi aux pauvres enseignants qui doivent parfois supporter des scènes affligeantes...


                • rastapopoulos rastapopoulos 31 mai 2018 17:25

                  J’espère franchement que Blanquer va vraiment redonner son sens à l’école de la république en rendant plus stricte la laïcité (on ne rentre pas en cours avec un voile islamique, une kippa ou un voile catholique) en supprimant l’enseignement religieux obligatoire dans le grand Est (qui est une exception régionale à la laïcité). J’espère aussi que les cours d’histoire seront moins autoflagellants, Dimitri Casali en parle très bien dans « désintégration française ». L’autoflagellation ne panse aucune plaie des erreurs de notre histoire mais anime le sentiment de haine antifrançaise. L’histoire doit donner envie d’être français et d’être fier de ce qui s’est passé.


                  • rastapopoulos rastapopoulos 31 mai 2018 17:38

                    Dimitri Casali a totalement raison : à défaut d’être le messie de l’éducation nationale, Blanquer a toutes les chances d’être plus efficace que cette catastrophe de Najat Vallaud Belkassem qui a abaissé le niveau de l’éducation en privilégiant la médiocrité pour tous à l’élitisme qui tire tout le monde vers le haut. Franchement : aller jusqu’à changer l’orthographe de « oignon » pour « ognon » juste parce que certains n’arrivaient pas à retenir cette combinaison de 6 lettres, c’est l’extrême caricature du médiocritisme socialiste qui est prêt à aller jusqu’à rabaisser la langue nationale juste parce qu’ils sont incapables d’améliorer le niveau scolaire. une honte, la gauche !

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