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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Philippe Magnan, l’incarnation du pouvoir

Philippe Magnan, l’incarnation du pouvoir

« Le pouvoir est de déchirer l’esprit humain en morceaux que l’on rassemble ensuite sous de nouvelles formes que l’on a choisies. » (George Orwell, "1984").

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Un homme très distant, habillé d’un manteau sombre, avec un chapeau des années 1960 et une écharpe rouge, cela vous dit quelque chose ? Non, ce n’est pas François Mitterrand, mais l’un de ses meilleurs interprètes au cinéma ou à la télévision, peut-être même meilleur que Jean d’Ormesson voire Michel Bouquet.

J’apprécie beaucoup Philippe Magnan qui fête son 70e anniversaire ce mardi 21 août 2018. Il est un acteur dont le nom n’est certes pas très connu, ou plutôt, il ne fait pas partie des stars de l’incontournable focalisation médiatique, mais son visage est rarement inconnu car il a joué dans de nombreux films et téléfilms.

Nombreux, c’est peu dire : plus d’une trentaine de films et plus d’une cinquantaine de téléfilms et séries télévisées. Et pourtant, il n’a commencé sa carrière d’acteur que la quarantaine bien entamée, comme s’il fallait, pour parfaire ses rôles, l’âge en même temps que la distance. Sans doute d’ailleurs que ces rôles, un peu comme Louis de Funès dans un autre genre, l’ont étiqueté voire enfermé dans cette parodie réaliste du pouvoir, mais il faut bien reconnaître qu’il y excelle. Il est très crédible.

Quels rôles ? Je crois en effet qu’on peut les résumer à un seul mot : le pouvoir. Philippe Magnan, avec ses yeux un peu distants, son allure condescendante, sa démarche pleine de flegme, son humour pince-sans-rire, ses manières posées, son calme qui cache une colère en bouillonnement, son sourire carnassier, sa petite bajoue qui cache l'amertume du dégoût, incarne à merveille tout ce que le pouvoir a de cynique. Cynique, qui vient étymologiquement de chien. Oui, dans le scénario des fictions dans lesquels il joue, Philippe Magnan est un chien. Un seigneur qui ne laisse place à aucune pitié face aux petits qu’il dévore sans passion mais avec ténacité, méthodiquement.

Alors, c’est normal qu’on puisse trouver Philippe Magnan partout où le pouvoir doit s’incarner, toutes sortes de pouvoir, d’ailleurs. Certes, François Mitterrand, le pouvoir suprême, celui qui se prenait pour un Sphinx, non, pire, pour Dieu lui-même, je crois d’ailleurs qu’en termes de stature de chef, François Mitterrand n’avait pas de leçons à recevoir de Louis XIV ni de Napoléon. Philippe Magnan l’a joué deux fois, dans le film de Christian Carion, "L’affaire Farewell", sorti le 23 septembre 2009 et dans le téléfilm de Serge Moati, "Changer la vie", diffusé sur France 2 le 10 mai 2011 (pour le trentième anniversaire de la première élection du cynique socialiste), où il se retrouve au centre de l’histoire.

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Ses rôles politiques sont nombreux : René-Nicolas de Maupeou (chancelier et garde des sceaux du roi) dans la docu-fiction de Thierry Binisti, "Louis XV, le Soleil noir", diffusée le 25 décembre 2009 sur France 2, ou encore un Premier Ministre très ambitieux dans la série française "Les hommes de l’ombre", créée par Dan Franck, Frédéric Tellier, Charline de Lépine et Emmanuel Daucé, et diffusée du 25 janvier 2012 au 4 novembre 2016 sur France 2.

Il est François Guizot, le Président du Conseil sous Louis-Philippe, dans le film de Safy Nebbou, "L’autre Dumas", sorti le 10 février 2010, ou encore Président de la République dans le film d’Éric Valette, "Une affaire d’État", sorti le 25 novembre 2009 où "son" conseiller Afrique est mêlé à des histoires "louches". Dans le dernier film où il a joué, "Liberté, Égalité, Franterni’Tuche", le troisième volet de la série "Les Tuche", réalisé par Olivier Baroux et sorti le 31 janvier 2018, il est également Président de la République, sortant, battu par un Tuche (joué par Jean-Paul Rouve).

Philippe Magnan est aussi un général (dans le téléfilm d’Yves Boisset, "Jean Moulin" diffusé le 15 juillet 2002 sur France 2), un député, un juge, un avocat, un financier, un universitaire, un éditeur, un haut bourgeois, etc. Toujours des rôles dont le personnage est le maître, le chef, le superviseur, mais qui, comme souvent dans les fictions, prend une place anecdotique dans le scénario (on préfère les héros venant de la base).

Trois autres exemples parmi d’autres. Dans le film de Michel Munz et Gérad Bitton, "Erreur de la banque en votre faveur", sorti le 8 avril 2009, Philippe Magnan est le président-directeur général d’une banque d’affaires (héritée de son père) qui se fait arnaquer par le majordome (joué par Gérard Lanvin) qu’il avait renvoyé. Dans le téléfilm d’Élisabeth Rappeneau, "Chacun chez soi", diffusé en 2000, il est l’éditeur d’un écrivain (joué par Pierre Arditi) en mal d’inspiration qui doit s’isoler dans une maison de campagne (que lui fournit l’éditeur).

Troisième exemple, peut-être le plus cocasse, dans le téléfilm de Stéphane Clavier, "À dix minutes des naturistes" diffusé le 11 juin 2012 sur TF1, Philippe Magnan joue le rôle d’un député européen "de droite", très conservateur, très "vieux jeu", aussi très hypocrite, qui s’est absenté de son hôtel particulier bruxellois, officiellement pour un voyage en Chine mais en réalité, secrètement, pour se faire une opération de chirurgie esthétique avec son épouse (jouée par Catherine Jacob) qui apprend donc par cœur un guide touristique sur le pays. Pendant l’absence de ce couple de hauts bourgeois belges, leur concierge (joué par Lionel Abelanski), pour permettre à sa famille de prendre des vacances dans le Sud, à l’Île du Levant (rebaptisée dans la fiction Île du Couchant), en a profité pour échanger frauduleusement la maison de son patron (grâce à un site Internet) avec des militants naturistes qui font du lobbying européen à Bruxelles pour la reconnaissance de la nudité dans les lieux publics. Dans ce téléfilm, on peut noter d’ailleurs la prestation de Macha Méryl qui n’a pas hésité pour l’occasion à se montrer… complètement déshabillée en plein air !

Comme on peut le voir, Philippe Magnan n’a cependant jamais eu que des seconds rôles voire des petits rôles dans les films ou téléfilms, avec parfois de grands réalisateurs, comme Patrice Leconte, Philippe Lioret, Alain Corneau, Jean Becker, Claude Lelouch, Bertrand Blier, Francis Veber, Éric Rohmer, Benoît Jacquot, Nicole Garcia, Bertrand Tavernier, Yves Boisset, Josée Dayan, Denys Granier-Deferre, etc. Il a d’ailleurs participé à certains épisodes de séries françaises, comme "Julie Lescaut" (en 1997), "Les Cordier, juge et flic" (en 1998), "Nestor Burma" (en 2000), "Maigret" (en 2002), "Femmes de loi" (en 2004), et même "Joséphine, ange gardien" (en 2009) avec Mimie Mathy.

En fait, l’activité principale de Philippe Magnan, ce n’est ni le cinéma, ni la télévision, mais le théâtre. Il a joué, souvent à Paris, plus de huit cents représentations dans des pièces de théâtre depuis 1993, généralement dans des comédies. Il a été dirigé régulièrement par Francis Veber, Agnès Boury, Jean-Luc Moreau, Marc Fayet, José Paul, Jean-Michel Ribes et Samuel Benchetrit, ce dernier fut le mari de Marie Trintignant et a épousé Vanessa Paradis le 30 juin 2018. Philippe Magnan a eu deux nominations, en 2001 et en 2002, pour obtenir le Molière du comédien dans un second rôle (pour "Les Directeurs" mis en scène par Étienne Bierry sur un texte de Daniel Besse et "Elvire" mis en scène par Patrice Kerbrat sur un texte d’Henry Bernstein).

Au théâtre, parmi ses dernières pièces, on peut citer son jeu avec Guy Bedos dans "Moins deux", pièce mise en scène par Samuel Benchetrit au Théâtre Hébertot du 22 septembre 2015 au 29 novembre 2015, avec Élie Semoun et Laurent Gamelon dans "Le Placard", pièce mise en scène par Francis Veber au Théâtre des Nouveautés du 24 janvier 2014 au 29 juin 2014, avec Véronique Genest dans "Plein la vue", pièce mise en scène par Jean-Luc Moreau sur un texte de Guillaume Mélanie et Jean Franco au Théâtre de la Michodière du 1er mars 2012 au 30 juin 2012, ou encore dans "Mais n’te promène donc pas toute nue !", célèbre pièce de Georges Feydeau, ici mise en scène par José Paul en 2009 au Théâtre de Paris.

La dernière pièce jouée par Philippe Magnan fut avec Catherine Silhol au Théâtre de la Pépinière du 7 février 2017 au 15 avril 2017 dans "Parle-moi d’amour", pièce mise en scène par Morgan Perez sur un texte de Philippe Claudel : « Pendant une heure et demi, un couple se dit tout sans détours. Trente ans se déversent avec une cruauté hilarante et une brillante provocation au rythme soutenu. » dit la notice.

"Cruauté hilarante" et "brillante provocation", oui, cela caractérise parfaitement l’incarnation du pouvoir jouée à de multiples occasions par Philippe Magnan.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (04 août 2018)
http://www.rakotoarison.eu

Pour aller plus loin :
Pauline Lafont.
Marie Trintignant.
Annie Cordy.
Philippe Magnan.
Johnny Hallyday.
Louis Lumière.
Pierre Bellemare.
Meghan Markle.
Pierre Desproges.
Georges Méliès.
Jeanne Moreau.
Louis de Funès.
Le cinéma parlant.
Charlie Chaplin.


 


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1 réactions à cet article    


  • hezol 19 août 2018 05:51

    Il est pas mort !


    C’est... Un placement de thème pour son prochain film qui sort ?

    C’est pour éviter qu’on se concentre sur les deux trois bias que tu as mis entre() ?

    C’est une mise a jour ciné/tévé pour les déconnectés ?

    Je met 2.

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