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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Saumur vaut bien une messe

Saumur vaut bien une messe

 

Les Patenôtriers de Saumur

 

À l’origine une légende : En 1454 un agriculteur laboure son champ. Il découvre dans l’argile ardillier en patois local une statuette en pierre d'une trentaine de centimètres de haut représentant une pieta. Le paysan l'emporte chez lui. À deux reprises la statuette revient mystérieusement dans le champ, juste à proximité d'une fontaine déjà connue pour ses vertus bienfaisantes. Dès lors des dévotions vont commencer autour de cette statue placée dans une niche sous un arceau de pierre. La même année, Notre Dame des Ardilliers sortira de terre sur les rives de la Loire.

Le Chapelet

 

C’est une chaîne de grains enfilés, appelés patenôtres, que l'on fait glisser entre ses doigts, en récitant des Pater Noster d’où le nom de Patenôtrier pour ceux qui les fabriquent.

En 1611, des écrits attestent l'existence de « faiseurs de patenôtres » à Saumur. Dans de nombreux pèlerinages, chapelets et médailles vendus sur place, viennent de Saumur. Dans le vieux bourg de Fenet, là où se trouve Notre-Dame, des artisans travaillent le cuivre maîtrisent l’usage du laiton. Dans le même temps, des lapidaires : spécialistes des pierres fines se trouvent aussi dans le quartier. Ils passent de la perle au grain de chapelet.

Le pèlerinage à Notre-Dame des Ardilliers attire une grande foule de pèlerins. Il y a nécessairement un commerce d’objets de piété à proximité. Les oratoriens jouent un rôle incontestable dans la mise en place de cet artisanat. Par contre, une légende est souvent évoquée à Saumur. Sa sainteté le pape aurait accordé à Saumur un monopole de la vente des chapelets, afin de compenser pour la ville de Saumur, la fermeture de l'Académie protestante. C’est faux !

Le pèlerinage des Ardilliers

 

Si notre Dame des Ardilliers est un arrêt presque obligé pour les mariniers., c’est surtout un lieu de passage pour la foule des pèlerins. Ils attirent les marchands du temple. On estime à plus d’une centaine d’artisans, ceux qui fabriquent des objets liés au pèlerinage. Si on ajoute les femmes et les enfants qui les travaillent à leur côté, c'est 400 personnes qui vivent de cette activité.

 

Le commerce

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À la fin du XVII ° siècle, la vente sur place des chapelets tend à diminuer nettement. Les artisans étendent alors leurs ventes vers Paris, Orléans, Lyon, Nantes, en Angleterre, en Hollande et en Flandre. La ville de Saumur et le quartier de Fenet sont désormais les spécialistes européens de l'article religieux. La communauté des marchands s’impose à eux quant à la commercialisation de leurs produits.

En 1735 les Patenôtriers de Saumur désirent s’organiser eux aussi en communauté. Leur but évident est de commercialiser librement leurs fabrications sans passer par les marchands de Loire. L’opération échoue. En 1750, 38 patenôtriers et, à côté 15 lapidaires, font une nouvelle tentative. La communauté des Marchands gagne tous ses procès.

Les patenôtriers ne peuvent s'ériger en jurande, ils ne disposent pas de la liberté de vendre leurs chapelets. Selon le système de la fabrique, les marchands passent commande aux patenôtriers, qui travaillent à domicile. Ils leur fournissent la matière première et les rétribuent à la tâche. Les travaux sont mal rémunérés, plus encore lorsqu’ils sont réalisés par des femmes. Le salaire des femmes est moitié de celui des hommes. Travailleurs dépendant des Marchands, les Patenôtriers de Saumur sont des gagne-petit.

Plus tard, le trafic triangulaire favorise le commerce des chapelets grâce à l’exportation de bimbeloterie vers l’Afrique. En échange, des noix de coco vidées de leur amande sont rapportées de Nantes vers Saumur. Un patenôtrier trouve qu'elles sont faciles à travailler et en fait des grains de chapelet d'une texture et d'une couleur proches de l'ivoire. En outre faciles à teindre, elles constituent une matière première qui relève, à bon compte, le niveau de la production locale. Des étuis à chapelet en forme d'œuf sont aussi tirés du coco. C’est un nouvel essor. Le maire de Saumur affirme alors que l'industrie du chapelet faisait vivre mille à douze cents personnes dans la ville. C’est l’apogée.

Les productions se diversifient. Outre le coco, d'autres modèles s'ajoutent au chapelet traditionnel en buis, des chapelets en os, en nacre ou en véritable ivoire, l’Afrique joue son rôle de pourvoyeuse. La spécialisation professionnelle voit le jour. Les baguenaudiers sont spécialisés dans les bagues, les tourneurs ne fabriquent plus que les grains, les fileurs de verre et les émailleurs se spécialisent dans les chapelets de verre, dans les bracelets ou dans l'ornement des médailles.

Les marchands proposent une grande variété de produits : des épingles, des clous, des chenets, des chandeliers, des robinets, des chantepleures (entonnoirs à long tuyau pour le filtrage du vin), des boutons, des boucles de ceinture ou des anneaux pour les rideaux, des objets en cuivre comme des lampes, des encensoirs, des bénitiers, des croix , des poêliers fabriquent des fontaines, des baignoires, des alambics...

Tous ces articles de Saumur sont réputés. Un véritable artisanat est né en bord de Loire. Mais, les beaux jours sont passés, la dernière décennie de l'Ancien Régime voient les effectifs tombés en-dessous de 100 familles. Puis la Révolution, avec sa lutte contre l’église et la fermeture des marchés extérieurs, provoque l’'écroulement total de la production. Les tonneliers prennent le pas, remplaçant des artisans qui n’ont plus de débouchés.


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2 réactions à cet article    


  • juluch juluch 13 septembre 18:09

    Un « notre père » et un crémet d’Anjou..... !!!!

    Ou vice versa !! 

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