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Verneuil, cinéaste visionnaire sur les méfaits de l’Europe et de la mondialisation

Cinéaste populaire, et par conséquent boudé par une certaine élite, Henry Verneuil aura traversé 40 ans du cinéma français avec des films comme "Des gens sans importance", "La Vache et le Prisonnier", "Un singe en hiver", "Mélodie en sous-sol", "Cent mille dollars au soleil", " Le Clan des Siciliens", " I… comme Icare" …..

Au-delà de tous ces films aux qualités indéniables, et de quelques autres nettement moins bons, je retiendrais deux œuvres qui démontrent que ce cinéaste d’origine arménienne savait nous faire réfléchir tout en nous distrayant, une qualité que l’on aimerait bien retrouver un peu plus souvent chez nos jeunes réalisateurs d’aujourd’hui.

Il y a tout d’abord "Le Président" , avec cette séquence reprise bien souvent, qui démontre que dès 1960, on pouvait savoir ce que l’on nous préparait avec "L’Europe".

Ce film, magnifiquement dialogué par Michel Audiard,et adapté d’un livre de Georges Simenon, contient quelques répliques digne d’un discours d’homme politique en campagne électorale avant qu’il ne l’oublie une fois élu . Jugez plutôt : « Je suis pour l’Europe des travailleurs contre l’Europe du capital, je suis pour l’Europe du travail contre l’Europe des actionnaires ».

Et celle-ci, que l’on peut appliquer à nos dirigeants qui se succèdent depuis plus de 30 ans, et qui ne possèdent aucune vision pour le pays : « Ce que vous me dites là, ce sont des ambitions bonnes pour gérer un bureau de tabac, pas pour diriger la France. »

Que ce soit dans cette vidéo, ou dans ses répliques, et plus de 50 ans après sa sortie, "Le Président" reste un film essentiel pour comprendre le fonctionnement de l’Europe et du monde politique actuel.

Si vous voulez comprendre la mondialisation, il existe un autre film important d’Henry Verneuil, "1000 milliards de dollars".

Dans ce film, qui dénonce la mainmise américaine sur la politique et la finance, le réalisateur s’est inspiré d’ITT ( International Telephone & Telegraph), la multinationale américaine qui a financé le putsch contre Salvador Allende au Chili dans les années 70.

Ici ITT a été remplacé par la GTI, une multinationale américaine qui cherche à prendre le contrôle d’une société d’électronique française pour servir de façon détournée les intérêts d’un pays allié.

Henri Verneuil dénonce dans ce film les dangers de la mondialisation avec ses sociétés tentaculaires et inhumaines, dans lesquelles l’être humain n’est qu’une machine à faire du fric que l’on peut jeter dès qu’elle n’est plus assez performante, et tout cela sans se soucier des gouvernements qui se succèdent.

A un moment, on apprend que la société GTI n’a pas hésité à collaborer avec les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Dans cette partie du film, Verneuil fait le parallèle avec la firme IBM qui a également participé à l’effort de guerre nazi, par l’intermédiaire des machines Hollerith D-11 de sa filiale allemande Dehomag. Comme il s’agissait de location, IBM s’est fait rembourser, comme il est dit de la GTI dans "1000 milliards de Dollars", la destruction par les alliés de ses machines à Auschwitz, Dachau et Buchenwald.

Tout est dit dans cet échange entre le président de la GTI, interprété par Mel Ferrer, et le journaliste Kerjean, interprété par Patrick Dewaere. Les américains nous ont libéré, mais en échange ils ont débarqué avec Mc Donald, les chewing-gum, Elvis Presley et John Wayne.

Qu’on le veuille ou non, nous sommes imprégnés de leur culture, nous consommons leurs produits, et demain, "grâce" au traité transatlantique (TAFTA), un grand espace de libre-échange permettra aux investisseurs de prendre totalement le pas sur celui des gouvernements élus. Ce projet ardemment soutenu par les multinationales leur permettra d’attaquer en justice tout État qui ne se pliera pas aux normes du libéralisme. De plus cet accord commercial prévoit de se débarrasser de la plupart des normes environnementales, sanitaires et juridiques en vigueur dans chacun des pays de l’union européenne.

Il prévoit que les législations en vigueur des deux côtés de l’Atlantique se plient aux normes du libre-échange établies par et pour les grandes entreprises européennes et américaines, sous peine de sanctions commerciales pour le pays contrevenant, ou d’une réparation de plusieurs millions d’euros au bénéfice des plaignants.

Comme on le voit, les multinationales vont prendre encore plus de pouvoir contre les états. Il s’agit là de la dernière marche vers la dictature totale des multinationales contre les intérêts nationaux.

 


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