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Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > Comment manger à la plage ?

Comment manger à la plage ?

Mode d'emploi

Le plaisir du croquant …

Les vacances ne seraient pas les vacances s'il n'existait pas ce curieux plaisir pour les uns, cet étrange moment inconfortable pour les autres, du pique-nique. Ce repas nomade prend bien des allures et des formes. Il a ses adeptes, ses détracteurs, ses profiteurs et encore plus de pratiquants occasionnels, fortuits, obligés ou convaincus. Le panier-repas a, depuis bien longtemps, abandonné la place devant l'inévitable glacière-celle-ci s'offrant le luxe de se brancher maintenant directement sur l'automobile- la plus fidèle amie du mangeur itinérant, accordant, jusqu'au dernier moment, un peu de fraîcheur dans une atmosphère surchauffée.

Parmi les emplacements incongrus, les lieux les moins commodes pour manger sur le pouce (chose qui en elle-même est déjà bien périlleuse), la plage est celui qui regroupe le plus d'inconvénients voire de désagréments. Pourtant, ils sont nombreux à mettre quelques grains de sable dans leur repas méridien, histoire de ne pas manquer une bouchée de soleil et de plage.

Il est d'abord particulièrement malaisé et, je n'hésiterai pas à dire tout à fait déplacé, d'escompter étendre une toile cirée au milieu des serviettes. Ce détail, pour anodin qu'il puisse paraître, n'en ajoute pas moins son lot de taches indélébiles sur des draps de bain toujours bien assez grands et colorés pour supporter la fonction et ses outrages. Mais le détail peut s'avérer insignifiant entre auréoles de crème solaire et traces d'onguents mystérieux ….

Il est tout autant indélicat de venir sur plage avec sa table pliante munie de bancs solidaires. Cette merveille technique de l'industrie du loisir bien que souvent de bleu parée, ne se conçoit pas aisément sur un sol si instable, fût-il en bordure d'une grande étendue d'eau. Quelques terrassements seraient naturellement possibles mais le voisinage ne goûterait pas d'un bon œil cette débauche de fondations pour un résultat esthétiquement douteux.

Le repas assis étant mal venu, le repas plagiste s'apparente le plus souvent aux orgies romaines par la belle posture lascive qu'il implique. Les contenus sont bien loin de ce luxe ancien et bien souvent tiennent plus de l'en-cas spartiate que de la bacchanale latine. La posture allongée a la fâcheuse tendance de vous rapprocher considérablement du sol, celui-ci étant par nature instable, fuyant, mouvant et surtout sableux. Bien des mets deviennent croquants de par ce simple voisinage.

Le soleil est également un ennemi redoutable pour la fraîcheur des produits à ingurgiter sous le regard amusé, envieux, goguenard ou indifférent des voisins de plage. Il n'est pas rare de constater des échauffements imprévus, des aliments entrés en fusion pour la plus grande confusion de celui ou celle qui a eu la lourde responsabilité de préparer le panier. Le chocolat n'est pas le seul à se fluidifier près de l'Océan : des envies de grand large sans doute ...

 

C'est, bien sûr , au moment de s'abreuver que la cérémonie prend des allures de drame. L'eau est chaude, la canette explose, la bière se fait cervoise et le vin est forcément exclu de la fête à moins que ce ne soit ce maudit rosé machin chose qui se grime de toutes les saveurs artificielles de l'industrie agro-chimique. De tous ces inconvénients, vous devinez facilement celui qui me fait renoncer à ce plaisir pourtant si simple de l'inconfort et de la médiocrité gustative.

Si l'emballage avait été un moment fort de ce merveilleux repas, le déballage devient rapidement un casse-tête insurmontable. Tant de précautions prises supposent un afflux de papiers protecteurs, de boîtes qui finissent par être vides, de sur-emballages thermiques et d'inévitables sacs plastiques. C'est alors que se pose le problème délicat de l'évacuation de ce surplus encombrant maintenant que tout est ingurgité.

Le trou dans le sable est une solution expéditive d'une efficacité certaine et d'un incivisme qui n'arrête toujours pas les malotrus de service. Le plus grand nombre a pourtant compris qu'il convenait de faire quelques voyages jusqu'aux sacs poubelles à l'entrée de la plage. Mais là, il faut s'armer d'un pince-nez et de beaucoup de chance pour trouver poubelle qui ne déborde pas. Quant à ces gredins qui jettent à l'eau tout ce qui finit par les encombrer, je leur souhaite de périr étouffés par des sacs plastiques lors de leur prochaine baignade.

Beaucoup, devant tant de difficultés rébarbatives, ont renoncé à ce grand moment de convivialité aléatoire. Ils préfèrent se rendre, au gré de leurs envies, sans se soucier des autres, dans ces baraques ou dans de prétendues guinguettes à malbouffe qui vendent à des prix exorbitants des produits indigestes, souvent très huileux et issus de l'agriculture intensive et irrespectueuse. Ils se retrouveront eux aussi confrontés au problème de l'emballage mais auront beaucoup moins de scrupules à laisser filer au vent ce qu'ils ont payé au prix fort ; justification qui donne souvent bien des droits de travers aux princes du consumérisme estival ...

Pique-niquement vôtre.


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10 réactions à cet article    


  • Robert GIL Robert GIL 15 juillet 2015 15:04

    le meilleur pour la plage, ce sont les minis galets, genre gravillons. Ils ne font pas mal au pied et lorsque l’on mange, on n’en a pas plein la bouche ! Comme de partout, ne pas laisser de trace de son passage est l’évidence même ... mais que ce soit a la plage, en campagne ou en montagne, certain ne l’on toujours pas compris.


    • C'est Nabum C’est Nabum 15 juillet 2015 15:47

      @Robert GIL

      Je vous remercie de me le faire ainsi comprendre

      Le galet s’impose en effet au grain de sable


    • juluch juluch 15 juillet 2015 15:11

      Mort de rire !! 

       smiley
      Perso on prends la bonne vieille glacière, pratique et vaste.

      Pour les détritus soit c’est poubelle quant elle déborde pas en effet ou tout simplement retour à la maison.

      Merci pour ce bon moment

      • C'est Nabum C’est Nabum 15 juillet 2015 15:49

        @juluch

        Un bon moment au frais quand d’autres sont sous les rayons ardents !

        Un petit verre avec un glaçon ?


      • Loatse Loatse 15 juillet 2015 16:42

        On sent là le fruit d’une longue expérience :)


        Les sandwichs au poulet/jambon devenus tiedasses une fois sorti de la glacière sous un soleil encore de plomb (rhaaa la mayo chaude !), les biscuits au chocolat qui pèguent (collent) puis dont le glacage glisse de son support avant de se retrouver sur votre maillot de bain..sur vos doigts voire vos cheveux...

        Allongé à la romaine, assis ou debout dans certaine région, quand le mistral se lève quelque soit votre position vous finissez vous et votre encas, enrobé de petits grains croquants... (beurk !) qui pour ne pas faire de jaloux s’engouffrent aussi parfois dans vos mirettes...

        Petit tour à l’hosto en fin de soirée garanti (l’occasion de visiter une partie du patrimoine local de votre lieu de baignade) pour un lavage occulaire...occasion aussi d’ y faire de nouvelles rencontres, tel un groupe de suédois d’une très belle couleur homard bouilli

        ce qui vous met illico en appétit par effet associatif... ;)

        Puis retour à la maison ou vous vous ruez sur le frigo épuisée, l’oeil rougi, pour finir la salade tomate mozza du midi auquel vous rajoutez quelques batonnets de surimi afin, par effet placebo, d’apaiser votre soudaine envie nocturne de crustacés à grosses pinces...

         Evidemment, leurs prix, comme les grains de sable, ont tendance à s’envoler l’été.. atteignant des sommets dans les resto-pièges à touristes..

        qui sont toutefois heureux comme des papes.. attablés en terrasse en masse, les tympans malmenés par un guitariste qui a poussé sa sono à fond, le regard réjoui par le feu d’artifice qui se reflète sur la mer d’un noir d’encre...

        et ma foi, ils ont bien raison : A vouloir vivre sans risques ni déplaisir, on finit par boulotter sur les galets après avoir préalablement consulté la météo... :)


        • C'est Nabum C’est Nabum 15 juillet 2015 16:49

          @Loatse

          Vous allez rester sur votre faim, je ne mange pratiquement jamais sur une plage à l’exception de quelques aventures ligériennes


        • Le p’tit Charles 16 juillet 2015 10:45

          +++++

          Comment manger à la plage ?..mais aussi pourquoi...Pour faire des économies vu le prix des (restaurants réchauffeurs de plats..)

          A Nice (sur 7 kilomètres de plages)...l’été ils sont des milliers à le faire...mais hélas aussi des polluants sans éducation laissant leur merde sur les galets.. !


          • C'est Nabum C’est Nabum 16 juillet 2015 17:54

            @Le p’tit Charles

            Évitons le raccourcis des pauvres pollueurs par manque d’éducation.
            Les riches font bien pire avec les gros engins et balancent tout loin de la côte

            C’est l’éducation qui est en berne dans ce pays indépendamment du niveau de vie


          • bernard29 bernard29 16 juillet 2015 10:51

            Ah, oui vous avez raison ! Où est passé le bon vieux temps où l’on pouvait venir avec sa voiture et sa caravane sur les plages- parking !! Il n’y avait aucun problème pour manger sur la plage. 


            • C'est Nabum C’est Nabum 16 juillet 2015 17:56

              @bernard29

              Qu’à la douce ironie on me réponde par la vilaine dérision, c’est toujours le risque de l’humour qui n’a plus de tenue et sur la plage, le risque est grand de trouver ce dénuement sidérant et navrant

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