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Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > Dieppe, ville d’ivoire en Normandie

Dieppe, ville d’ivoire en Normandie

L’ivoire fit les grandes heures de la ville de Dieppe en Normandie. Un temps bien révolu depuis que le commerce des défenses d’éléphants est interdit. Mais il existe encore un petit atelier d’ivoirier à Dieppe, l’un des derniers en Europe, qui perpétue une tradition en voie de disparition. Rencontre avec une passionnée, Annick Colette-Frémond.

Seule femme de la profession et cinquième génération d’une famille d’ivoiriers depuis 1850, Annick Colette-Frémond sculpte aujourd’hui encore des statuettes, portraits et crucifix sur une des matières précieuses les plus controversées du monde. Pour me raconter l’histoire fascinante des ivoiriers dieppois, elle m’a accueilli avec chaleur dans son petit atelier riche de tradition, l’un des quatre derniers du genre en France ! C’est à quelques pas du Quai Henri IV à Dieppe que se trouve l’atelier d’Annick, dans la petite rue qui porte le nom de Jehan Ango, le célèbre armateur normand, qui fit de Dieppe l’une des villes les plus riches de France au 16ème siècle. A cette époque où la conquête du monde battait son plein, des quantités impressionnantes de défenses d’éléphants furent ramenées de Côte d’Ivoire. Pour transformer cette matière précieuse en objets sculptés, Dieppe comptat jusqu’à 300 tailleurs d’ivoire du temps du Roi Soleil ! On peut désormais admirer une collection admirable de ces objets au château de Dieppe. Depuis 1976, la convention de Washington interdit le commerce de l’ivoire dans le monde. Si certains pays semblent passer outre cette interdiction, l’Europe est restée très stricte pour contribuer à la défense des éléphants d’Afrique. Pour qu’Annick puisse travailler, il lui faut donc acheter la matière première déjà présente sur le sol européen. En général, ces sont des Français qui ont vécu dans les colonies ou bien leurs héritiers qui la contacte pour lui vendre l’ivoire des "greniers". Elle travaille sur commande : les figurines de pêcheurs Dieppois reste l’un des objets favoris commandés par ses clients. Difficile donc d’exercer ce métier dans de telles conditions de marché. Diplômée de l’école des Beaux Arts de Paris, Annick vous explique avec le sourire et sous le regard de ses ancêtres qu’il n’y a pas de plus beaux métiers au monde. Elle-même a repris le flambeau à la suite de son père Jean qui a pu la former à la précision et la délicatesse de cet art. Son arrière grand père tenait une belle boutique en plein centre de Dieppe dans la rue piétonne. Le magasin a aujourd’hui disparu mais de nombreux vestiges de cette époque se retrouvent sur les étagères de l’atelier dans un charmant fouillis. La bonne surprise pour Annick, c’est que sa fille de 15 ans semble développer la même passion pour l’ivoire que ses ancêtres. Souhaitons donc que la tradition des tailleurs d’ivoire de Dieppe continue d’exister grâce aux femmes de la famille Colette ! Je recommande à tous d’aller découvrir l’atelier Colette et de visiter le château-musée de Dieppe pour prendre toute la mesure de cet art unique, qui continue à vivre au delà des controverses et malgré le poids des années. Atelier Colette : 3,rue Ango - 76200 Dieppe. Tel : (+33) 0276370405


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5 réactions à cet article    


  • K K 10 janvier 2009 12:54

    Je recommande la visite du chateau de Dieppe et de ses collections. Mais au vu du massacre des elephants en Afrique et en Asie, je ne peux que me rejouir de l’interdiction de commerce sur l’Ivoire. Helas, les pays d’Asie ont moins de scrupules.


    • fletel fletel 10 janvier 2009 13:02

      Votre commentaire est juste. Cet article ne vise bien sûr pas à cautionner le massacre des éléphants. Certains pays importent des quantités importantes d’ivoire (la Chine notamment), ce qui est inacceptable au vue des législations internationales.
      Mais les objets en ivoire que l’on peut admirer au château de Dieppe sont magnifiques et il faut les découvrir pour se faire une idée sur cette polémique et le passé colonial de la Normandie et de la France.


      • ninou ninou 11 janvier 2009 03:38

        Les pays d’Asie ont moins de scrupules...
        Moins de scrupules que qui ?
        On peut trouver aux Açores (Europe) des "dents de requin" fabriquées (sculptées) à partir d’ossements de mammifères marins protégés. Recyclage ? Braconnage ? Peu importe. Ce qui importe pour ces "artistes" pour touristes argentés c’est la "valeur" fabriquée de ces objets.
        Où est la beauté là-dedans ? Dans la rareté ? 
        Les diamantaires qui exploitent les africains sont-ils des esthètes ?

        $$$$$$$$$$$$

        La vraie beauté est ailleurs....


      • ninou ninou 11 janvier 2009 12:01

        Archibald...
        L’éternel retour du "goût qui ne se discute pas" ???
        Nous parlons ici d’objets d’art...
        Or, un objet d’art est autre chose qu’un volume plus ou moins agréable à l’oeil (ce que semble vous évoquer le mot "beau"). En tant qu’objet d’art, il est porteur de sens, de culture et de symbolisme. Faire perdurer un symbole surrané par nostalgie du passé n’est pas juste être à contre-courant en art ; c’est plutôt être hors de l’art.
        Ces créateurs d’ objets d’"art" dont parlent l’article ont peut-être leur raison d’être culturelle (maintenir un savoir-faire ancestral) mais l’alibi artistique ne tient pas car le geste n’est plus celui de l’artiste, mais celui de l’artisan (ce terme, qui n’a rien de méprisant, est souvent oublié au profit "d’artiste" dès qu’une tâche demandant un certain savoir-faire est accomplie correctement !).
        D’où mon conseil d’aller chercher la vraie beauté ailleurs.
         


      • ninou ninou 11 janvier 2009 12:03

        ...dont parle....
        (pardon)

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