Have Fun With Eggs
Article initialement publié sur SSAFT
Trop tard pour faire un article de Pâques ? Qu’à cela ne tienne, j’ai tout de même envie de vous parler d’œufs. Pourquoi ? C’est funky, les œufs ? Mais bien sûr ! Et vous aurez votre lot de Strange aussi !
Déjà, les oeufs, c'est Funky quand Alain Prunier les dessine sur son blog Kouadeneuf :
D’autre part, un œuf c’est très pratique pour enseigner le concept de cellule car un œuf, ben c’est une grosse cellule au final ! Oui, oui, votre œuf de poule que vous allez dévorer dur, au plat, mollet ou à la coque et bien c’est une seule cellule. A vrai dire, c’est le jaune d’œuf qui constitue la cellule, mais ça reste méga impressionnant, non ? Cela signifie que si on prend un œuf d’autruche, et bien le jaune d’œuf à l’intérieur représente une cellule de bien 10 cm de diamètre ! C’est loin de la représentation qu’on se fait d’habitude quand on parle d’une cellule !
L’œuf d’autruche, c’est l’œuf le plus gros qui puisse être pondu par un animal actuel… Et l’œuf le plus gros jamais pondu ? Et bien c’est celui de l’oiseau éléphant (Aepyornis, une famille d’espèces qui se sont éteintes au XVII ou XVIIIème siècle…) :
Avec ses 30.5 cm de hauteur et 22.9 cm de diamètre, on imagine bien que le jaune d’œuf devait être assez mastoc. Imaginez un peu : c’est 100 fois plus gros qu’un œuf de poule ! Et pourtant le bestiau qui pondait ces monstruosités n’était, relativement, pas si grand… Bon 3,35 mètre de haut quand même :
Pour un œuf aussi gros, vous vous attendiez à un œuf de dinosaure ? Ben vous avez gagné, pardi ! Je vous rappelle que les oiseaux SONT des dinosaures !
Vu qu’on parle de taille, vous vous demandez surement quel est l’œuf le plus petit, n’est-ce pas ? Et bien c’est l’œuf du colibri d’Elena, pas plus grand qu’un petit pois :
Voilà un comparatif en image pour mettre toutes ces infos en perspective avec trois œufs d'oiseau éléphant, d'autruche et de colibri :
Mais bon, là, on fait un peu une fixette sur les œufs de dinosaures… C’est vrai ils sont variés, de différentes couleurs, avec des petites tâches et tout et tout… Mais niveau variété de formes, faudra repasser !
Vous voyez, dans cette illustration de la diversité des œufs par Adolphe Millot, ceux qui peuplent le bas de l’affiche sont bien plus funky et ce ne sont pas des œufs d’oiseaux. Voilà une occasion tout trouvée pour vous proposer un petit voyage dans la diversité ovulaire. On commence, bien évidemment, par des œufs de mammifères. Une blague ? Ben non, on oublie vite qu’il existe à l’heure actuelle trois espèces de mammifères qui pondent des œufs (les mammifères monotrèmes) ! Il y a les ornithorynques…
qui pondent de petits œufs de 11mm :
Et aussi deux espèces d’échidnés…
… qui pondent aussi des œufs :
Si on ajoute maintenant un œuf de serpent…
… on a un beau panel des œufs caractéristiques des amniotes, ce groupe d’animaux caractérisé notamment par le fait que l’embryon est entouré d’une membrane, l’amnios, qui forme un sac rempli de liquide dans lequel va se développer l’embryon. La plupart des mammifères ont perdu la coquille caractéristique des œufs amniotique mais l’amnios persiste (c’est le sac amniotique, rempli de liquide amniotique qui, quand il rupture, entraine la perte des eaux avant l’accouchement).
Mais il n’y a pas que les amniotes qui pondent de beaux œufs. A vrai dire, face aux œufs d’un requin, d’une myxine ou d’un papillon, les œufs d’amniotes font sérieusement pâle figure.
Qui ne se souvient pas de la myxine ? Si certains l’ont oublié, c’est peut être qu’ils tentent d’effacer son portait de leur mémoire :
Certes la myxine n’a pas un faciès facile, mais elle commence pourtant par un œuf tout ce qu’il y a de plus charmant :
Une belle couleur jaune et ces petites attaches qui permettent aux œufs de former de jolies grappes :
Si vous êtes adeptes de ce genre de fioritures, vous allez adorer les œufs baroques de certains poissons cartilagineux, comme ces œufs de raies (que les anglais nomment poétiquement Mermaid’s purse – sac à main de sirènes) :
Voici un œuf d’holbiche :
Et la vidéo du contenu d’œufs de requins chabots :
Encore plus dingue, les œufs des requins Heterodontus, dont le requin buffle :
Et pour finir la série sur les poissons cartilagineux, un œuf de chimère :
Ca nous change des œufs de poule ça ! En tout cas ça rendrait bien plus intéressant les chasses aux œufs… A moins, bien sûr, qu’on me fasse chasser ces œufs de poisson là :
Chez les mollusques, on pond aussi des œufs, mais on se spécialise dans l’art de faire de belles grappes (comme celles mimétiques des moules unionides). Une grappe d’œufs de seiche par exemple :
Des guirlandes d’œufs de pieuvre :
Un bouquet d’œufs de conche :
Une girandole d’œufs de Busycon :
Et les plus incroyables (enfin autant que leurs géniteurs), des roses d’œufs de nudibranches :
Certains insectes savent aussi faire des grappes, comme les mantes religieuses ou les blattes (et l’on parle alors d’oothèques), mais les leurs manquent un peu de délicatesse…
C’est bien moins charmant…
Les papillons, eux, ne pondent pas vraiment par grappes, mais par contre, pondent des œufs aux formes merveilleuses :
Voilà de quoi enrayer vos idées reçues concernant les formes des œufs… Mais bon, ce n’est pas parce que l’on a sous la main que des œufs de poules qu’on est condamné à s’emmerder non plus. Il y a plein de choses Funky qu’on peut réaliser avec de bêtes œufs de volaille ! Même en cuisine, je suis sûr que vous n’avez pas tout testé. Par exemple, savez vous comment réaliser des omelettes en coquilles ?
Voilà la recette :
Traduction :
Dans cette vidéo, je vais vous montrer comment réaliser des œufs durs qui sont battus à l’intérieur de leur coquille. Pour réaliser ceci, nous aurons besoin d’œufs et d’un T-shirt à manche longue. L’œuf qu’on veut battre est inséré dans une manche et placé au milieu. Utiliser des élastiques de chaque côté de l’œuf pour le garder en place. Maintenant, tout ce qu’il faut faire c’est prendre la manche des deux mains, puis tordre la manche sur elle même plusieurs fois. Dès que la manche est bien tordue, il faut tirer fort sur les deux extrémités ce qui permet de centrifuger l’œuf. Il faut le faire une douzaine de fois par œuf. Les œufs sont ensuite cuits normalement. Une fois refroidi, on retire la coquille pour découvrir un œuf battu et cuit.
En trichant un peu, vous pouvez faire des œufs cubiques :
… grâce à un appareil qui s’appelle l’Egg-cuber :
Toujours dans la cuisine : vous voulez séparer votre blanc d’œuf de votre jaune ? Voici une technique plutôt sympa avec une bouteille en plastique (dans une vidéo en chinois, parce… ben parce que quoi !) :
Mais avant de séparer vos blancs de vos jaunes (bande de racistes), eut-il été utile de séparer vos œufs durs de vos œufs frais ! Comment faire ? Et bien comme disent les amateurs de pétards, on fait tourner !
Mais pourquoi l’œuf cru continue-t-il de tourner ? Et bien c’est que son centre est liquide et qu’il ne s’arrête pas de tourner, même si vous arrêtez la coquille. La friction du liquide avec la coquille entraine donc l’œuf entier et perpétue la rotation. C’est la même raison qui fait qu’il est plus dur de d’initier la rotation d’un œuf cru par rapport à l’œuf dur.
Est-ce que vous sauriez les faire tenir debout ? Deux astuces pour réaliser cela : si c’est un œuf dur, vous pouvez continuer à les faire tourner. Si vous avez le coup de main, ça donnera ça.
Encore plus facile avec un peu de sel :
Ou bien, si vous avez trop de temps pour vous, vous pouvez tenter la version sans triche, avec des œufs frais :
Il vous reste encore du sel ? Et bien utilisez-en pour faire flotter un œuf à mi hauteur d’un verre d’eau :
Saviez-vous que, décoquillé, l’œuf dur peut être aspiré par une bouteille ? Sans les mains même ! Voilà comment il faut faire :
Et l’expérience la plus WTF pour finir : comment faire fondre la coquille d’un œuf !
Bon, après toutes ces expérience, vous pouvez bien sûr les teindre vos pauvres œufs… Mais c’est vraiment parce que vous êtes à court d’imagination…
Allez, rien ne va plus ! Faites vos œufs !
Liens :
Expérience The Naked Scientist (Standing Egg, Rotation, Shelless Egg, Sucking Egg)
Référence :
Classical dynamics : Spinning eggs — a paradox resolved, H. K. Moffatt & Y. Shimomura, (2002) Nature 416, 385-386
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