• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > L’art joue détour

L’art joue détour

Ca s’appelle l’Art-Street, et l’un de ses plus célèbres représentants, Bankzy, présente en France son premier film.

Ce troublion de l’art officiel vaut maintenant de petites fortunes, mais d’autres moins chanceux et moins rapides pour échapper à la police, ont connu la prison.

L’Art Street est un art éphémère né dans les années 80, et l’un de ses pionniers s’est donné comme pseudo Blek le rat.

De son vrai nom Xavier Prou, il a eu moins de chance que ceux qu’il a inspiré, puisque condamné à une forte amende pour avoir « dégradé un mur », et mis en prison en 1992, il abandonnera la peinture directe sur le mur, préférant par la suite réaliser des affiches qu’il va coller sur les murs.

Il est aujourd’hui une valeur sure de l’Art Street et expose dans le monde entier.

Il a intitulé l’une de ses dernières expositions, à Los Angeles, « art is not peace but war », ce qui a le mérite de la clarté. lien

Un livre résume sa vie et son travail (en traversant les murs-éditions Thames et Hudson).

A part la bombe, « l’arme » utilisée la plupart du temps par ces artistes est le pochoir.

Miss Tic, Jérome Mesnager, Shepard Fairey, Swoon, DFace, Mogul, Dare, disparu en mars 2010, Jeff Aérosol, et de nombreux autres graffeurs, s’en veulent les disciples, ou du moins sont dans la même veine.

On peut voir l’un d’entre eux, Péon, à l’œuvre dans cette vidéo à La Rochelle.

Banksy, un autre graffeur devenu célèbre à déclaré : « chaque fois que je peins quelque chose, je découvre que Blek le rat l’a déjà fait simplement 20 ans avant ». lien

La légende veut que ce soit une punition de sa mère, pour avoir dessiné sur un placard de sa cuisine qui soit à l’origine de sa passion pour le graffiti,  et que son pseudo vienne de la Bankside, cette berge de la Tamise où ont fleuris tant de graffitis.

Comme tous ces artistes de la rue, leurs œuvres se veulent une rupture avec l’art officiel, et Banksy,  toujours dans la provocation a déclaré :

« J’utilise l’art pour contester l’ordre établi mais peut-être que j’utilise la contestation pour promouvoir mes œuvres »

Il a eu en tout cas plus de chance que Blek le rat et à ce jour ne s’est jamais fait prendre « le doigt dans le pot de peinture  », ce qui est une image, puisque c’est plutôt à coup de bombes que les créateurs de l’Art-Street donne la vie à nos vieux murs tristes.

Devant la fragilité des œuvres réalisées,  Banksy  a eu l’idée de les sauvegarder en en réalisant un film, lequel est sur nos écrans depuis le 15 décembre. lien

Sous le nom français de « faites le mur  » (exit through the gift) distribué par « le pacte synopsis  » le film serait réalisé par Thierry Guetta, mais une certaine confusion semble régner, au point que l’on est tenté de penser que c’est Banksy lui-même qui en est l’auteur.

Personne ne sait à quoi ressemble Banksy, puisqu’il cache son visage sous une cagoule, et masque aussi sa voix.

A Bristol, lieu ou il a beaucoup opéré, les murs sont maintenant protégés, et les employés municipaux sont priés d’y porter la plus grande attention d’autant qu’avec la côte qu’ont pris ces créations, les propriétaires des murs font monter les enchères, et tentent de les vendre.

Banksy a pris çà assez mal, et il est allé récemment détruire l’un de ses dessins.

L’auteur présumé du film, Thierry Guetta, alias Brainwash, est aussi un graffeur, dans la lignée Pop Art, chère à Warhol et sa notoriété à largement dépassé les frontières nationales.

Certaines de ses toiles atteignent les 300 000 dollars. lien

Mais le Street Art s’annonce sur un terrain ou on ne l’attendait pas encore.

Sur le principe des « boites au lettres mortes », Aram Bartholl à créé les « dead drops », façon originale de contourner « Hadopi  » : il scelle dans les murs des clés USB afin que d’autres puissent se connecter, prendre et diffuser à leur tour des infos, des chansons, des images, des films…lien

Pour l’instant çà n’existe qu’à New York, mais on ne doute pas que l’idée fera vite tache d’huile.

L’imagination au pouvoir des années 68 est toujours d’actualité, n’en déplaise à un petit président.

Et puis l’art détourné ne se joue pas seulement sur les murs.

Il s’attaque aux œuvres célèbres, et régulièrement, c’est la Joconde qui en fait les frais.

Par quel mystère ce tableau de Léonard de Vinci représentant une madone, réalisé sur une planche de peuplier entre 1503 et 1506 peut-il franchir les siècles et susciter tant d’intérêt 5 siècles après ?

L’une des originalités de cette peinture, c’est qu’elle représente, pour la première fois sans doute, la femme d’un grand bourgeois, Francesco del Giocondo, (d’où le nom du tableau) alors qu’auparavant seules les saintes et les martyres avaient droit aux honneurs de la peinture. lien

En argot, Joconde est synonyme d’homosexuel,

Est-ce en rapport avec le doute qu’on a eu souvent sur la sexualité de la madone, et est-ce pour cela que l’on se permet toutes ces libertés avec elle ?

Banksy ne s’en est pas privé en réalisant une Joconde affublée de tout l’attirail du parfait graffeur, ou armée d’un lance rocket et même dévoilant ses charmes.

Le studio 55 (55 rue Meslay, à Paris) vous invitent le 17 décembre 2010 à découvrir 16 artistes de l’art urbain qui proposent à leur tour une relecture de la joconde. lien

De Jean faucheur à André en passant par Aurèle, Nasty, Romain Terriere, Zevs, Jean Charles de Castel Bjac, Agnes Thurnaouer, David Gouny, Thomas Lelu, Popay, Jef Aérosol, jaya Bludeau, Sich, ces artistes ne reculent devant rien.

Ces détournements de Joconde ne datent pas d’hier.

Botero, par exemple, en a proposé une bien en chair, comme il se doit.

Marcel Duchamp, l’affuble d’une fine moustache en 1919, tout comme Dali en 1954, ou Frank Zappa y ajoute un petit bouc, façon mousquetaire, Charlie Hall, la fait éclater de rire en 1990, Asbojorn Lonvig la raye de jaune et de noir en 2003, Paul Giovanopoulos en donne dans un même tableau 25 interprétations, Fernand léger, l’accompagne d’un trousseau de clefs, celle de Gloria Irvine apparait sous la déchirure d’une affiche, Olivier Terral l’a peint en puzzle, façon pixels, et il faut prendre du recul pour la découvrir, Rafal Olbinski en 2009 nous en suggère plusieurs sourires, la décompose en matriochkas, Naoto Hattori nous la propose en mutant, Warhol la décompose en 4 propositions, Pauline Klein-Alice Kahn dévoile un robot derrière son sourire, et Picasso n’y a pas échappé. lien

En Bande dessinée, les Simpsons aussi s’en inspirent, tout comme les mangas.

Sur le net, Lunnatick propose une joconde étonnante, qu’il appelle sa « joconde morbide », ou celle là, mise en abime en pixels.

On peut même découvrir sur Face book une joconde qui propose toutes les grimaces du monde, et l’animation proposée mérite le détour. lien

La Joconde s’invite aussi dans la rue, comme on peut le voir sur l’image illustrant l’article, puisque 8 performers australiens ont utilisé 3604 tasses de café en plastique, et en mettant plus ou moins de lait dans le café, ont réalisé cet éblouissant portrait. lien

Cette œuvre de 6 mètres par 4 mètres a été réalisée en 3 heures lors du Rocks Aroma Festival, qui en 2009 a réuni en Australie 130 000 personnes.

Sur cette vidéo, on voit toute la progression de sa réalisation.

Mais ce cher vieux Léonard n’est pas le seul à subir des détournements : l’origine du monde de Courbet, est devenue l’origine de la guerre. par la volonté d’une plasticienne œuvrant sous le pseudo d’Orlan. ou bien l’origine du mal, pour Edwin. Philippe Declerck l’affuble d’une couche culotte, Isincrasia lui met une fermeture éclair, Tom Wesselmann lui laisse apparaitre des traces de bronzage, et André Masson en a fait une très libre interprétation.

Mais le plus amusant c’est que Masson avait fait ce tableau pour dissimuler le tableau de Courbet.

Ce sont donc de nouvelles portes qui s’ouvrent sans cesse pour l’art de ce 3ème millénaire, et les collectionneurs d’aujourd’hui sont en train, peut-être, de se confectionner une jolie cagnotte.

Un peu comme ceux qui, au siècle dernier achetaient Picasso, Warhol, Gauguin, ou Van Gogh.

Mais c’est peut être dans le domaine de la parodie et de la chanson que les artistes s’en donnent le plus à cœur joie.

Mettez le son à fond pour cette parodie de la pauvre Chantal Goya, qui sur l’air de « allons chanter avec Minnie » décrit avec cruauté le monde politique de la 5ème République Française.

Un pur moment de bonheur qui nous réconcilie avec nous même.

Car comme dit souvent mon vieil ami africain :

« Quand les myopes deviennent visionnaires, les muets se font entendre ».

L’image illustrant l’article provient de « fixxcoffee.com »


Moyenne des avis sur cet article :  5/5   (3 votes)




Réagissez à l'article

1 réactions à cet article    


  • slipenfer 18 décembre 2010 20:43

    Joconde jusqu’à 3, et je disparais hop !!!!!

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès


Derniers commentaires