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E.M. Forster, Maurice

E.M. Forster, Maurice

E.M. Forster, Maurice, Editions Gallimard, 10/18

Maurice est un film dramatique britannique coécrit et réalisé par James Ivory, sorti en 1987. Il s’agit de l’adaptation du roman éponyme largement autobiographique d'Edward Morgan Forster.

"En Angleterre au début du siècle, l'homosexualité était un délit. Sanctionnée par la prison ou le fouet. Mais à Cambridge, dans ces collèges aux boiseries sombres où l'on entrait qu'en col dur et où l'on se devait d'aller chanter à l'église, les jeunes gens, parfois, s'aimaient... Un sujet vieux comme le monde, et plus précisément ici comme l'Angleterre, une histoire, aussi, inspirée à l'écrivain britannique E.M. Forster par sa propre expérience : Maurice, le livre, écrit en 1914, ne fut publié, outre-Manche, qu'en... 1971 après la mort de son auteur. (Annie Coppermann, Les Echos)

L'auteur :

E. M. Forster, officiellement Edward Morgan Forster, né le 1er janvier 1879 à Londres et mort le 7 juin 1970 (à 91 ans) à Coventry, est un romancier, nouvelliste et essayiste britannique.

L'oeuvre :

"Depuis son plus jeune âge, Maurice est hanté par des rêves dont il s'explique mal la nature étrange et mélancolique. Puis, comme tous les jeunes gens de la bonne société anglaise, il part faire ses études à Cambridge. C'est là qu'il rencontre Clive, étudiant comme lui, auprès de qui il sent naître de nouveaux sentiments. Tentant d'abord d'ignorer cette passion, le jeune homme va peu à peu entamer un long cheminement, parfois douloureux, vers la liberté et l'affirmation de son identité. Dans ce récit intimiste à l'écriture ciselée, Forster, qui jamais ne consentit à ce que cette œuvre soit publiée de son vivant, livre une magnifique histoire d'amour sur fond de chronique sociale de l'Angleterre puritaine des années 1920." (source : babelio)

Un avis sur le livre (et sur le film) : 

"Forster, dès 1913, dans le pays d'Europe le plus répressif, ose affirmer tranquillement les droits de la nature et le droit des homosexuels au bonheur. Il renverse vingt siècles de tradition judéo-chrétienne, vingt siècles de masochisme et de culpabilité. "L'espace et le ciel étaient à eux." Pourtant, aucune mièvrerie n'entache ce roman. La peinture des amours impossibles de Maurice et de Clive, le sentiment de malaise et de tristesse qui naît chez le lecteur de cet échec, le contraste entre la douceur de la campagne anglaise au printemps et la misère de leur désir non consommé prouveraient, s'il le fallait, que Forster ne se dupait pas sur les limites, très étroites, de son optimisme. "L'espace et le ciel étaient à eux" : pour deux êtres au moins, qui en ont eu le courage, la libération n'aura pas été un vain mot.

D'une seule audace l'auteur a manqué : de publier tout de suite son roman. Plusieurs générations d'homosexuels auraient eu leur vie changée s'ils avaient lu l'histoire de Maurice et Alec (qui succède à celle de Maurice et de Clive comme le possible succède à l'impossible) pendant les années où la littérature homosexuelle ne leur présentait que des récits de déchéance (Thomas Mann, Proust), de mort volontaire ou d'assassinat." (Dominique Fernandez, Le rapt de Ganimède, p.250-251)

"(...) Maurice film est, comme Maurice roman, non seulement un ouvrage inspiré, une belle réussite de l'esprit, mais un précieux acte de confiance dans la vie. Tadzio, à la fin du film tiré de Visconti de Mort à Venise, s'éloigne lui aussi dans un halo de clarté ; mais c'est une clarté qui l'isole dans un ciel de pure beauté, hors de portée du commun des mortels, une clarté destructrice par sa perfection même. La lumière qui absorbe Maurice dans la douceur de ses rayons est une lumière proche, une lumière fraternelle : y puiseront chaleur, espoir et réconfort tous ceux qui ne croient pas qu'une œuvre d'art soit de qualité inférieure parce qu'elle se termine sur un dénouement heureux." (ibidem, p.254)

Mon avis sur le roman :

Comme le fait remarquer Dominique Fernandez dans Le rapt de Ganimède, Maurice est l'un des rares romans traitant de "l'amour qui n'ose pas dire son nom" qui ne se termine pas de façon tragique, mais sur une note d'espoir, contrairement, par exemple, à Mort à Venise de Thomas Mann, à Sodome et Gomorrhe de Marcel Proust, aux Amitiés particulières de Roger Peyrefitte ou au Lieutenant-colonel de Maumort de Roger-Martin du Gard, quatre œuvres remarquables par ailleurs, bien que très différentes par leur manière d'aborder le même thème.

L'originalité de Maurice réside dans la justesse et l'intelligence avec laquelle Forster aborde le sujet, dans un style ciselé qui fait penser à Henry James. et dans un mélange équilibré de poésie et de réalisme qui évite le double écueil de la mièvrerie et de la vulgarité...

Le seul reproche que l'on peut faire à l'auteur est de ne pas avoir eu le courage de le publier de son vivant, mais connaissant le contexte de l'époque, on ne peut que lui accorder les circonstances atténuantes.

Egratignant au passage les préjugés de classe (le principal reproche que faisait Bismarck à l'homosexualité était qu'elle supprimait les barrières sociales) et les us et coutumes des classes dirigeantes britanniques, Maurice montre que l'homosexualité est aussi naturelle que l'hétérosexualité, que les homosexuels ne sont pas des "pervers", mais des êtres ni plus ni moins normaux que les autres, tantôt plus intelligents et plus cultivés, comme Clive, tantôt plus ordinaires, comme Maurice et Alec, et qu'ils ont droit, comme tous les êtres humains, au respect et au bonheur.

Répandue plus tôt, cette "bonne nouvelle" aurait peut-être pu éviter, en y puisant chaleur et réconfort, à plusieurs générations de jeunes gens, homo ou bisexuels, les souffrances engendrées par une "différence" à laquelle ils ne peuvent rien et qui n'est pas une malédiction divine, mais, comme le disait Roland Barthes ("la fée homosexualité"), une chance de réenchanter la vie.

 


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3 réactions à cet article    


  • vesjem vesjem 28 septembre 2020 23:44

    le film en entier, il est où ?


    • stef 29 septembre 2020 21:07

      Ce pourrait être l’occasion d’une belle reprise cinématographique j’ai vu ce film*magnifique au cinéma il y a presque 40 ans 


      • fcpgismo fcpgismo 30 septembre 2020 18:08

        On avait tellement ri du dessein sur le sable d’un « membre viril », avec les explications maladroites

        Vu les commentaires, il y a moins de PD refoulés qu’a cette époque ( visionnage du film )

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