• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Culture & Loisirs > Extraits d’ouvrages > « Légère sur la détente » de Serge Court, un roman à double (...)

« Légère sur la détente » de Serge Court, un roman à double temporalité

JPEG Serge Court est un écrivain farceur. Tous ses personnages, dont le fameux Samuel Colt, portent les mêmes initiales que lui : S.C. Légère sur la détente est un moyen roman, de 190 pages, divertissant, sans prétention philosophique particulière, mais agréable à lire et bien tourné. Serge Court, écrivain auto-édité, confirme ainsi que l’autopublication n’a rien à envier à l’édition classique. N’allez pas croire un instant qu’un petit livre sorti par une grande maison d’édition vous divertira davantage !

 

Parlons d’abord des personnages.

 

Serge Court utilise un procédé courant en littérature, qui consiste à entremêler la réalité, historique ou contemporaine, et la fiction. Ainsi Samuel Colt, fabricant d’armes et créateur du célèbre revolver, et tout son entourage, familial notamment, sont des personnages attestés du XIXe siècle, sur lesquels Serge Court a effectué d’importantes recherches. En revanche, évidemment, Samuel Colt n’a jamais rencontré l’héroïne, Salomé Chiaramonti, femme et journaliste du XIXe siècle, en crinoline et veste cintrée.

 

Cette Salomé Chiaramonti, une Française au nom d’origine italienne, rencontre ainsi l’industriel américain, au début des années 1860, pour écrire sa biographie, dans un contexte d’ailleurs difficile. Les femmes journalistes ou écrivaines sont rares à cette époque, exposées à d’éventuels préjugés sexistes. Mais Samuel Colt, qui parle plusieurs langues, et qui aime les journaux parisiens, l’a invitée chez lui, séduit par son style caustique. Salomé Chiaramonti, à peine débarquée de son steamer, est aidée, durant toute l’histoire, par deux personnages locaux : un grand gaillard canadien qui lui sert de cocher et de guide, Silvère Couture, et une sorte d’intendante, femme de couleur ayant réchappé à l’esclavage, et aussi femme de bon conseil : Stéphanie Cassie. Le contexte politique américain est tendu, les tensions entre le Nord et le Sud s’aggravent, la question de l’esclavage devient prédominante, Abraham Lincoln va bientôt prendre le pouvoir, et la guerre civile menace.

 

À cette double réalité, la fictionnelle et l’historique, s’ajoute la double temporalité. En 2022, une autre journaliste parisienne, Salomé Chiaramonti n°2, s’aperçoit, un peu par hasard, en découvrant de vieux papiers de famille, qu’elle est la lointaine descendante de la Salomé Chiaramonti n°1, celle du XIXe siècle ! Elle décide alors de prendre l’avion pour les États-Unis d’Amérique, afin d’enquêter sur cette mystérieuse ancêtre (et accessoirement sur Samuel Colt). Au passage, elle couvrira la récente accession au pouvoir de Joe Biden (2021), qui rappelle celle d’Abraham Lincoln au XIXe siècle (1861). La Salomé du XXIe siècle est aidée, durant son séjour, par un grand gaillard canadien qui lui sert de chauffeur et de guide, Simon Champagne, et par une sorte d’intendante, femme de couleur et de bon sens, proche des milieux démocrates, Stevie Collier. Évidemment, la Salomé n°2 passe une grande partie de son séjour dans la même maison que la Salomé n°1 : une fastueuse propriété de Samuel Colt (XIXe s) reconvertie en établissement hôtelier (XXIe s).

 

L’intérêt du roman tient au fait que tous ces personnages sont des sosies temporels, et même physiques, sur lesquels, on l’a vu, l’auteur lui-même, Serge Court, projette ses initiales, S et C, qui sont aussi celles de Samuel Colt ! Ce sont également des sosies situationnels, tant la Salomé n°2 tend à revivre, presque à l’identique, ce qu’a déjà vécu la Salomé n°1. Et, pour finir, ce sont des sosies politiques : de toute évidence, la Salomé du XIXe siècle penche en faveur de Lincoln (en fonction de 1861 à 1865) et celle du XXIe siècle en faveur de Biden (en fonction de 2021 à 2025). Et à chaque fois, le président précédent, honni, sert de repoussoir : James Buchanan, qui ne s’oppose pas à l’esclavage, et Donald Trump, que les personnages considèrent comme un affreux suprémaciste.

 

Honnêtement, je préfère la Salomé du XIXe siècle, plus « virile » que sa descendante. Même si les armes ne l’attirent pas trop, elle n’hésite pas à se servir d’un revolver pour neutraliser un Sudiste infiltré qui menace de mettre le feu à la propriété de Samuel Colt. La Salomé du XXIe siècle est davantage une gauchiste bien-pensante, très bobo, qui rencontrera Joe Biden, avec Stevie Collier, lors d’une réunion sur les problèmes, réels ou supposés, du racisme aux États-Unis.

 

Je pense que notre auteur, Serge Court, est plutôt à gauche, à moins qu’il ne faille prendre son roman au second degré. Et, je le répète, moi qui suis un droitard populiste et fier de l’être, je préfère nettement la Salomé, un peu flingueuse, du XIXe siècle à celle d’aujourd’hui, très féministe, antiraciste, antifa, limite « woke ». Ça ne m’a pas empêché pour autant d’apprécier la lecture, agréable, je le maintiens, de ce petit roman où la double réalité et la double temporalité donnent des irisations presque fantastiques à l’intrigue.

 

Gloire et prospérité à mon camarade Serge Court !

 

Pour se procurer le roman de Serge Court, kindle ou broché, c’est ici :

Amazon.fr - Légère sur la détente - Court, Serge - Livres

 

 

Florian Mazé

Écrivain Low-tech Punk et blogueur littéraire

Amazon.fr - 2195 : La Grande Simplification - Mazé, Florian - Livres

 


Moyenne des avis sur cet article :  1.29/5   (14 votes)




Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité