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Accueil du site > Culture & Loisirs > L’été léger > Le phénomène des guinguettes

Le phénomène des guinguettes

Tout fout le camp ....

La dérive d'une belle idée.

Il fut un temps où les bords de l'eau étaient envahis par des hommes et des femmes en goguette, aimant à rire, manger, chanter, boire et canoter. La Belle Équipe avait immortalisé ces images des temps heureux et insouciants avant la catastrophe : une déflagration mondiale qui renvoya chacun derrière les murs de sa maison.

Adieu alors les flonflons et la musette, la bonne humeur et le mélange de toutes les couches sociales. Les guinguettes fermèrent leurs portes ; le petit écran avait progressivement tué l'envie d'être ensemble. L'individualisme triomphant était en marche pour imposer un modèle de société qui triompha de notre instinct social.

Dans ce joyeux mouvement de repli sur soi, les baladeurs, les casques, furent à ce titre le paradigme de l'enfermement dans son monde intérieur. Le téléphone portable ne fit qu'amplifier le phénomène et la musique elle-même. Un petit condensé de merveille technologique détruisant le lien et le plaisir du partage en dépit d'apparences fort trompeuses.

Des initiatives sont venues rompre cette terrible logique. Paris-plage fut indéniablement un bel exemple qui engendra de nombreuses autres actions locales. L'été exigeait désormais des espaces collectifs, des endroits simples de rencontre et de partage. Se retrouver autour de quelques boissons rafraîchissantes et d'un peu de musique : l'idée était excellente et le besoin réel.

Les guinguettes sous bien des formes refleurirent, souvent au bord de l'eau pour offrir sans doute un dérivatif à ceux qui ne peuvent pas partir en bord de mer. Les ingrédients du succès sont souvent les mêmes : de grandes tables communes, quelques lampions, une ambiance décontractée et un podium pour y entendre des artistes.

La France redécouvrait la bonne humeur ; c'est du moins ce qu'on aurait pu espérer. Mais bientôt, il y eut une segmentation des publics, une mainmise sur l'idée par la jeunesse bourgeoise, consumériste effrénée et déraisonnable. Les choix musicaux flattèrent cette horde assoiffée. Il fallait la convaincre de bouter hors des pontons les vieux croûtons.

Beaucoup d'endroits suivirent cette tendance. Les musiques amplifiées, les rythmes afro ou latino, les groupes exotiques s'imposèrent, repoussant loin de ces lieux ces pauvres furieux qui voulaient chanter en français. La jeunesse veut du nouveau ; notre langue est désormais rejetée par cette vague montante et déferlante.

Les municipalités, soucieuses de n'être jamais à la remorque de la tendance, emboîtèrent le pas. Leurs programmations faisant la part belle à l'excentrique, au lointain, à l'exotique. Il fallait attirer la foule, la flatter pour justifier les dépenses. Qu'importe si ce mouvement était accompagné de dégradations et de nuisances autour de la jolie guinguette.

Après la soirée bruyante, en effet, quel spectacle de désolation : le sol est jonché de mégots quand ceux-ci ne sont pas jetés dans la rivière avec six cents litres d'eau polluée par les petits bouts-filtres. Le sol est parsemé de bouteilles cassées, cadavres incontournables d'une fête qui doit tourner à la bacchanale. Les riverains n'ont pas fermé l'œil de la nuit, le vacarme fait parti du concept, le respect de l'environnement, pas plus que celui d'autrui, n'est à la mode.

Bien sûr, des gens raisonnables n'ont pas fait le choix de la démagogie et de la facilité. Des guinguettes ont repoussé cette dérive, ont rejeté cette dictature de la jeunesse extravagante. Elles ont fait alors la part belle à une programmation francophone, quelques notes de musette, d'autres plus endiablées, sans jamais tomber dans le travers du jeunisme.

Celles-là accueillent un public familial dans une ambiance bon enfant : tout ce qu'il y a de plus ringard aux yeux de nos jeunes loups. Il est vrai qu'il faut que jeunesse se passe et que rien n'est mieux que de souiller nos berges, de les couvrir d'immondices et de verre cassé, de briser les oreilles des braves gens et de se regrouper en hordes sauvages. C'est ainsi qu'on s'éclate entre soi !

Riverainement leur.


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21 réactions à cet article    


  • Loatse Loatse 30 juillet 2015 10:27

    Bonjour c’est Nabum,


    Je crois malheureusement que beaucoup de gens n’ont plus l’oreille musicale... car s’ils l’avaient ils se rendraient compte d’un phénomène qui casse les oreilles de tous ceux qu’il est facile d’appeler ringards ou vieux cons au choix :)

    On produit de plus en plus de daube musicale... de la musique qui ne se suffit pas à elle même, souvent discordante que l’on couvre en poussant les basses à fond...

    BOUM BOUM BOUM ! 

    Ce n’est effectivement pas de la musique au sens ou on l’entend mais... DU BRUIT !

    Il suffit pour s’en rendre compte de posséder une platine et d’écouter des disques des années 60- 70 ( non « remixés » donc) pour s’en rendre compte...

    Alors pensez, toute une génération nourrie à cette surenchère de décibels visant le plus souvent a cacher la médiocrité artistique, ne peut que trouver insipide ce qui ne leur fait pas battre le coeur au sens propre bien entendu...

    Même le djembé (que j’aime beaucoup) n’arrive pas à faire vibrer les murs et à vous filer des palpitations les jours de déchainement improprement appelé musical organisés par les maires voulant faire plaisir à leur jeunesse et qui empêche des quartiers entiers de dormir, fenêtres à double vitrage fermées...

    d’ailleurs ces regroupement bruyants ne permettent pas vraiment comme dans les guinguettes de communiquer, faire connaissance... « Qu’est que tu dis ? » sont obligés de s’époumoner les lardons en transe (en vain) à qui leur adresse la parole.

    C’est d’un romantique !





    • bourrico 7 30 juillet 2015 12:42

      @Loatse

      Il suffit pour s’en rendre compte de posséder une platine et d’écouter des disques des années 60- 70


      Mais bien sur, allez donc demander à la génération d’avant ce qu’ils pensaient de ces musiques de yéyés et autre rock’n’roll.
      Et comme ils ne sont plus tant que ça sur Terre, allez voir la filmographie, prenez « le cave se rebiffe », il y a une belle tirade sur le « vraie musique ».

      Bref, le syndrome du « c’était mieux avant » a encore frappé.

      ps : notez que je ne peux pas blairer la musiques de djeunz daubesque, mais mes parents pouvaient pas blairer la mienne (que je ne pourrais plus blairer non plus aujourd’hui), et leur parents avant eux, etc, etc.

    • C'est Nabum C’est Nabum 30 juillet 2015 13:46

      @Loatse

      Nous serions auprès d’une guinguette, nous serions d’accord mais nous ne pourrions nous entendre. Le bruit, beaucoup de bruit, toujours plus et souvent pour rien ...

      Restons à l’écart et devisons tranquillement. Je sais c’est ringard et alors ?


    • juluch juluch 30 juillet 2015 10:58

      En effet Nabum.


      mais tout dépends des festivals, là ou est né mon père dans un petit village de l’Hérault il y a tous les mois de juin un rassemblement de groupe de rock alternatif ou ça se passe très bien, les jeunes ramassent les détritus et tout redeviens comme avant.

      Et en plus la zique est pas mal.

      Apres c’est aux municipalités de faire la police et d’exiger la remise en état.

      • C'est Nabum C’est Nabum 30 juillet 2015 13:47

        @juluch

        Il ne faut jamais généraliser et les exceptions sont toujours là pour souligner que la règle commune relève toujours , hélas, du manque d’éducation


      • lsga lsga 30 juillet 2015 11:16

        N’importe quoi... les « guinguettes » existent toujours : ce sont tous les lacs populaires qui bordent les grandes villes. Bien sûr, c’est « plein d’arabes », car populaire. 


        • Ben Schott 30 juillet 2015 11:21

          @lsga
           
          Et qui fréquente les lacs non populaires ?
           
          C’est une sacrée guinguette dans votre tête...
           


        • lsga lsga 30 juillet 2015 11:33

          le Lac d’Annecy par exemple ? bin des vieux retraités blancs, réactionnaires, qui regrettent le bon vieux temps des guinguettes populaires...

           
          Allez au Lac de Miribel à Lyon, vous allez en voir de la guinguette populaire comme au bon vieux temps.... 

        • Ben Schott 30 juillet 2015 11:41

          @lsga
           
          C’est sûr qu’Annecy n’est pas « pleine d’Arabes » ! Quant aux vieux retraités blancs qui regrettent le bon vieux temps des guinguettes populaires, comment ne pourraient-ils pas être réactionnaires !
           


        • C'est Nabum C’est Nabum 30 juillet 2015 13:48

          @lsga

          Je doute qu’eux aussi ne soient pas insensibles aux phénomènes de mode !


        • Loatse Loatse 30 juillet 2015 11:26

          Je dirai même plus, ca se bouscule, graaaveeeee smiley


          • C'est Nabum C’est Nabum 30 juillet 2015 13:48

            @Loatse

            On dérive ...


          • Loatse Loatse 30 juillet 2015 12:15

            Spécial Isga, pour la bonne humeur et pi, parceque tout de même, c’est la chanson symbole du Front populaire de 1936...



            • C'est Nabum C’est Nabum 30 juillet 2015 13:49

              @Loatse

              La culture est au fond du lac


            • juluch juluch 30 juillet 2015 14:15

              @C’est Nabum

              c’était l’époque ou on roulait les R dans les chansons.  smiley

            • C'est Nabum C’est Nabum 30 juillet 2015 19:05

              @juluch

              Bientôt un texte sur cette lettre


            • juluch juluch 30 juillet 2015 19:54

              @C’est Nabum

              J’attends avec impatience et je me régale par avance.....

            • marmor 30 juillet 2015 18:59

              La qulture et o fon du laque !!


              • C'est Nabum C’est Nabum 30 juillet 2015 19:06

                @marmor

                Dites le en globish, vous serez mieux compris, sauf par votre serviteur hélas !


              • marmor 30 juillet 2015 19:22

                Allez faire un petit tour sur face de bouc et vous constaterez l’état de délabrement de l’orthographe, entre autre !!


                • C'est Nabum C’est Nabum 1er août 2015 08:14

                  @marmor

                  Je lutte et partout où je vais je défends notre langue sans abréviation, ni anglicisme ; sans user de petits dessins pour remplacer une phrase, sans faire l’économie de la phrase.

                  Il faut faire front, résister et ne jamais se priver d’écrire dans une langue que beaucoup voudraient voir disparaître.

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