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2020 : un conte et des comptes

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 Dès le tout début 2020 le tableau était campé. Dieu, le Père et les hommes en général étaient sinon morts du moins gênants. Les revendications, les droits prenaient le pas sur les devoirs. Plus personne n’osait diriger de peur de s’attirer les foudres d’une chapelle, d’un clan, d’un groupe d’intérêt, de réseaux plus ou moins sociaux. Chacun mettait en avant Sa catastrophe en regrettant le comportement suicidaire des ‘autres’ : les désordres monétaires monstrueux, l’effondrement de la diversité du vivant, une démographie subsaharienne envahissante, un réchauffement climatique cataclysmique, un niveau scolaire devenu déplorable, les émeutes en banlieue devenues récurrentes, les zones de non-droit où aucune autorité constitué ne s’aventurait plus. Sans compter le chômage qui s’aggravait, la drogue qui envahissait les préaux, les élections sans votants ! La Science, longtemps épargnée par le mépris des citoyens, semblait devenue incapable de pouvoir faire son travail autrement qu’en ‘faisant rêver’, c’est à dire en trichant. Des forces ‘nouvelles’ se revendiquaient du féminisme ou du droit des minorités pour pouvoir prendre la place des puissants et faire comme eux avec de nouveaux slogans. Beaucoup visaient l’accouchement d’une nouvelle humanité grâce à des émois incessants suscités par les anciens et les nouveaux médias. 

 Tout le monde s’accordait sur la nature et l’immensité des défis à affronter, mais personne ne savait comment s’y prendre pour y faire face : les intérêts du moment étaient trop prégnants, les bénéfices futurs trop lointains. Les traités, les conférences, les sommets, les résolutions ne conduisaient à aucun résultat tangible. Il fallait trouver un élément fédérateur qui permette de surmonter la petitesse des égoïsmes. La guerre fut écartée : personne ne voulait mourir pour les marchés sauf de diabète gras. Les famines également : les images de miséreux seraient télé-visuellement contreproductives. Restaient les épidémies !

 La peste d’Athènes en 430 av. J.-C. aurait causé la mort d’un tiers de la cité. Une épidémie de variole en 165 à Rome aurait fait 10 millions de morts. La peste noire vers 1347 aurait conduit à 30 millions de morts. La grippe espagnole en 1919 en a fait plus de 30 millions. La grippe asiatique en 1956 a provoqué la mort d’environ 3 millions de personnes. Dans les années 2000, le Sida tuait de l’ordre de 2 millions de personnes par an. Un élément fédérateur douloureux était trouvé : ce serait un virus.

 La modification ou même la synthèse de toutes espèces de virus sont accessibles un peu partout dans le monde. Il était possible d’envisager que l’un d’entre eux s’échappe de l’endroit où ils se reproduisaient. Il y avait des précédents. En 2014, l’Institut Pasteur avait perdu 2 348 tubes contenant un coronavirus responsable d’un Syndrome respiratoire aigu sévère (Sras). La ville chinoise de Wuhan concoctait les agents pathogènes adaptés. Les pangolins y étaient légions, les chauves-souris innombrables : le virus se répandit…

 Les autorités chinoises, après un temps d’hésitation, prirent d’énergiques mesures de confinement, de détection des cas infectés, de construction d’hôpitaux, de détermination des proches des personnes contaminées… L’épidémie fut enrayée en moins d’un trimestre mettant en valeur le sens de l’organisation et l’efficacité du Parti communiste chinois, parti unique certes mais irremplaçable.

 L’épidémie finit par se propager aux géants de l’Occident. Ceux-ci n’avaient pas manqué de critiquer l’opacité des opérations chinoises, le peu de crédibilité des chiffres donnés, le faible nombre des victimes annoncées. Le peu de respect montré par les autorités chinoises envers un médecin annonceur de l’épidémie émergente montrait manifestement le caractère malfaisant du régime ‘plus pire’ qu’en occident. Cependant, tout manqua en Europe comme aux Etats-Unis dès le début de l’épidémie, transformée entretemps en pandémie : les masques, les tests, les places en hôpital, les écouvillons pour faire les prélèvements, à peu près tout à ce qui ressemblait à du matériel médical. Des médecins hauts placés affirmèrent que les masques chirurgicaux ne servaient à rien pour le commun des mortels, mais qu’ils avaient une certaine utilité pour le personnel soignant. Tous comprirent qu’il n’y avait pas de masques à disposition pour tout le monde. La plupart des responsables regrettèrent la dangereuse indiscipline des Français (et des autres) qui ne respectaient pas les gestes barrières dûment établies par les plus éminents comités. Si les masques manquaient, les commentaires, les avis, les sentences, les blâmes, les invectives de la plupart des chefs de service en infectiologie, en virologie, en anesthésie, abondaient sur les plateaux TV. Les courbes de Gauss, les taux d’incidence, les facteurs de comorbidité, la perte d’odorat, les réponses immunitaires, les pneumopathies, les cas asymptomatiques, l’ADN, l’ARN, les différentes immunoglobulines devinrent la pâture quotidienne de tous, les enfants échangeaient leurs cartes de Pokémon contre des comprimés d’hydroxychloroquine vendus sur le dark web… produit à l’efficacité non démontrée et d’autant plus nuisible qu’il était bon marché. Enfin, les cieux montrèrent un espoir, la vague diminua d’intensité, s’affaissa, les médecins devaient devoir quitter les caméras pour leur cabinet ou leur hôpital. Mais une seconde vague supplanta la première avec la même dangerosité principalement pour les personnes âgées. Un ‘vrai’ traitement fut alors proposé : coûteux, inopérant et dangereux, comme il se doit pour être recommandé par les plus hautes instances politiques. Une éminence fut trainée devant le conseil de l’Ordre pour charlatanisme, d’autres presque aussi éminents déclarèrent qu’ils avaient bien des liens d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique mais pas de conflit d’intérêt. L’honneur se joue quelquefois à quelques mots. Enfin, des vaccins qui n’existaient pas encore furent achetés par centaines de millions de doses par les instances les plus élevées tant nationales, que fédérales, qu’européennes. Personne ne savait vraiment si il était prudent de les utiliser. Aux Etats-Unis, le Président en exercice recommanda aux malades de se faire traiter les poumons à l’eau de javel tandis qu’un de ses amis sud Américain a indiqué à ses compatriotes que ‘tout le monde doit mourir et qu’il il ne faut pas se comporter comme des tapettes’ face aux virus.

 Tous les épisodes burlesques qui commencèrent après le déclenchement de l’épidémie n’ont pas pu être mentionnés tant leur nombre abonde. Les populations montrèrent un stoïcisme remarquable et restèrent assez peu sensibles aux déclamations hystériques des élites pensantes et des journalistes.

 En France, le PIB qui reflète l’ensemble des productions de richesse, va baisser d’environ 10% en 2020. Il a été souligné* depuis des lustres qu'entre "le PIB ou CO2, il faut choisir”. Il est en effet impossible sans une certaine sobriété d’éviter les dégâts induits par les émissions de gaz polluants. Le ‘confinement’ va entraîner une baisse globale des émissions de CO2 au-delà du nécessaire requis par les climatologues. Les pantalonnades mondialisées étaient-elles indispensables pour conduire à la sagesse. 

* voir J.-M. Jancovici


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