• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > 8 juin 2010 : La vague bleue déferle sur Paris

8 juin 2010 : La vague bleue déferle sur Paris

5ème journée de mobilisation des Infirmiers-Anesthésistes (IADE)
Prise de l’étoile
Blocage du Pont de l’Alma
Prise de l’esplanade de la tour Eiffel
Échauffourées devant le ministère de la Santé
ENVAHISSEMENT DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ETRANGERES !!

La route du triomphe ?

Le 18 mai 2010, les infirmiers anesthésistes (IADE) paralysaient les voies ferroviaires de la gare Montparnasse et s’accaparaient la Une des médias. En l’espace de 6 heures, ils passèrent de l’ombre à la lumière des flashs et des projecteurs.
La mission consistant à marquer un grand coup médiatique pour amener le ministère de la santé à négocier sur les revendications que l’on connaît, échoua néanmoins !
Malgré ce grand cri de colère et les légitimes doléances de ces soignants, le ministère ne programma que 2 réunions de discussions planifiées le 3 et le 14 juin, en précisant qu’elles n’ouvraient lieu à nulle négociation ! Et comble du mépris, dès le 19 mai, Roselyne Bachelot se permettait de lancer la plus grande campagne de désinformation sur les ondes. Mais là, elle commit sa principale erreur en démontrant son ignorance du milieu hospitalier.

NON, Mme Bachelot, les biologistes ne travaillent pas avec les IADE en salle de réveil !
NON, Mme Bachelot, les IADE ne gagnent pas 2000 euros en début de carrière et 3000 euros en fin de parcours ! Consultez donc les grilles salariales sur le site officiel du ministère de la santé ! « 1664, ce n’est pas une bière, c’est mon salaire » peut-on lire sur les banderoles des manifestants.
NON, Mme Bachelot, les études pour notre diplôme ne reposent pas que sur des stages ! 700 heures de cours théoriques en 2 ans peuvent légitimer le niveau Master 2.

Dans une telle conjoncture, la première réunion du 3 juin à laquelle ne participait aucun directeur de cabinet à pouvoir décisionnel, ne pouvait qu’être vouée à l’échec.
Dès lors, les IADE décidèrent à nouveau de réagir. Ceux qui vivent sont ceux qui luttent. Un préavis de grève fut donc déposé pour le 8 juin afin d’amener le ministère à de vraies négociations.
Pour cela, il fallait impérativement réussir une nouvelle épreuve de force, un bras de fer, une guerre des nerfs.
Mais la grande différence avec la manifestation du 18 mai, est que les IADE de toute la France continuaient à s’organiser en collectifs départementaux et régionaux pour coordonner la lutte. Si l’action menée à la gare Montparnasse était instinctive, l’action du 8 juin se devait d’être méticuleusement préparée, planifiée, préméditée. Après l’appel du 18 mai, le débarquement du 8 juin !

Tout commença par un savant brouillage de piste auprès des Renseignements Généraux (RG) qui scrutaient chacune de nos réunions depuis ce 18 mai. Le champs de Mars sera le point de départ de leur action, s’entendent-ils dire ! Et pourtant, à quelques kilomètres de là, ce 8 juin vers 10h30, des petits groupes commencent à se constituer sur les avenues délivrant la place de l’Etoile. De simples touristes pensent les uns. Mais à 11h20, une lumière bleue jaillit du haut de l’arc de triomphe. Le signal est donné ! Dans une frénésie euphorique, ces petits groupes s’habillent de blouses bleues et font irruption sur les voies de la place de l’Etoile. En quelques secondes le trafic est bloqué. Les quelques policiers présents sont submergés par cette vague bleue.
L’agglutination de tous ces petits groupes ira jusqu’à compter 3500 personnes ! La moitié des IADE de France se retrouve sur la place de l’Etoile !

Mais pourquoi ce choix ?

2 raisons l’expliquent.

L’arc de Triomphe constitue un symbole fort dans notre Histoire. Ce mouvement se doit d’être un cri de ralliement et de détermination : TRIOMPHE !
Cet arc se situe sur la place de l’Etoile, connue aussi sous le nom de : place Charles de Gaulle. L’homme qui a dit NON. Cette journée du 8 juin se place donc sous le signe de la Résistance et du refus du protocole Bachelot.

Mais voilà, les CRS répondent par les premiers gazages au lacrymogène tandis que le ministère continue à faire la sourde oreille. La ministre de la Santé et des Sports semble d’avantage s’investir auprès d’autres Bleus : les footballeurs. Elle se désintéresse de la Santé et pour la première fois depuis le commencement de ce mouvement initié le 11 mars, les manifestants réclament sa démission !
Ce n’est qu’après de longues discussions avec le préfet de police, qu’un défilé dans Paris est organisé. Rappelons que ce même préfet avait refusé tout défilé pour notre action lors de la pose du préavis de grève depuis les évènements du 18 mai.

Il est 12h30 lorsque les manifestants s’engagent sur l’avenue Marceau, peu habituée à voir de telles célébrations !
Durant cette marche déterminée, le cortège prend la forme d’une longue traînée bleue où quelques fumigènes rouges viennent rappeler notre colère. ‘L’aristocratie de la profession infirmière’ comme le soulignait R. Bachelot, est bien décidée à mener ses blouses bleues jusqu’en finale !

Après le passage du pont de l’Alma, brusquement, les IADE quittent le trajet et se ruent vers la ‘dame de fer’. Ce nouvel itinéraire emmènera le cortège des soignants sous la Tour Eiffel puis à travers le Tout Paris sans aucune présence policière, et ce, jusqu’à l’arrivée au ministère de la Santé où les CRS les attendaient.

Et pour la deuxième fois, les lacrymogènes mêlés à des coups de matraque furent la seule réponse de la police. Une journaliste de BFM, elle aussi victime de la brutalité policière, affirmera que « la violence des policiers était démesurée par rapport aux actions des infirmiers anesthésistes » ! 2 collègues IADE seront même blessés et nécessiteront des soins aux Urgences !

Mais une fois de plus, la délégation des IADE est reçue par les adjoints des adjoints des adjoints du ministre. La discussion durera 30 minutes. Leur compte-rendu ? « Le ministère n’a rien de plus à nous dire que ce qui a été dit à la réunion du 3 juin ! »
D’abord écoeurés et blessés, les manifestants s’allongent sur l’asphalte, symbolisant la mort de la profession. Cette journée devait-elle ainsi se terminer ?
 
Non, un nouvel élan naquit ! « Rendons-nous à l’Assemblée Nationale ! » clamèrent des voix. Comme un seul homme, l’ensemble des IADE prirent la direction de l’Assemblée Nationale.
Mais arrivée aux abords du bâtiment , la route était bloquée par les forces de police. Néanmoins, une idée germa. Le ministère des Affaires Etrangères trônait non loin de là. L’un des principaux ministères de la République ! Et qui plus est, avec un ministre ancien médecin et ancien ministre de la Santé : Mr B. Kouchner !
Profitant de la grille entrouverte, le flot des IADE s’engouffrait dans le ministère. Les agents de sécurité semblaient désemparés et impuissants à canaliser cette vague bleue. Tandis que des collègues patientaient dans la rue avant de pouvoir entrer à leur tour, les fenêtres des balcons ministérielles s’ouvraient ! L’information tombait dans les médias : les IADE ont investi le quai d’Orsay ! Du jamais vu !

Il n’est nul besoin de rappeler qu’aucun acte de vandalisme ne s’est produit. Des discussions sympathiques sont même nées dans les locaux du ministère entre ses occupants légitimes et les manifestants.
Cette occupation va de plus, nécessiter la venue des 2 ministres oeuvrant au quai d’Orsay : P. Lellouche et B. Kouchner.

Nos revendications leur sont exprimées :
libérer les IADE arrêtés par les CRS pour l’exemple
transmettre nos revendications au Premier Ministre

Les 2 élus acceptent en échange de la libération des lieux. On entendra par ailleurs Mr Kouchner nous délivrer un message de sympathie à l’arrière d’un camion syndical ! « Après la gare Montparnasse, je suis flatté que vous ayez choisi le ministère des affaires étrangères ! »

2 heures plus tard, à 19 heures, la délégation était reçue à Matignon par Mr Aubry et Mr Gruson, chargés des affaires sociales auprès de Mr Fillon !
A leur sortie à 21h30, la délégation exprima à l’ensemble des collectifs IADE et des médias présents, la satisfaction de cette entrevue. « il faut que nous soyons reçus à Matignon pour enfin être écoutés et rencontrer des personnes compétentes et qui connaissent mieux le dossier que les autres du ministère de la Santé ! » confiera un membre de la délégation.

Ainsi, la réunion programmée le 14 juin au ministère de la Santé, devra, sous l’impulsion de Matignon, devenir une véritable réunion de négociations.
Reste à savoir si R. Bachelot sera présente et si elle respectera la volonté de Matignon. Mais nous resterons tous vigilants le 14 juin.

Quant à nos 4 collègues arrêtés, ils furent libérés sans poursuite judiciaire ce 8 juin à 20h30.

A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.


Moyenne des avis sur cet article :  5/5   (10 votes)




Réagissez à l'article

2 réactions à cet article    


  • slipenfer 14 juin 2010 13:48

    Super le cocktail Fesse book Géant a l’ arc de triomphe.
    Par contre les Burqa bleu raz le bol, je préfère les rouges.
    Super Photos et R. Bachelot devra mettre aussi la tenu ci dessus
    pour la réunion sinon pas de négociation, soyer ferme.


    • antonio 15 juin 2010 06:16

      « Nullitude » crasse de Bachelot et consorts, silence assourdissant et complice des médias,...
      Que faire d’autre sinon RESISTER ?
      Bravo pour votre lutte et continuez à nous informer.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès