« A quoi ça sert d’avoir une âme de toute façon ? »
Pénétrer dans la vie des 0,01%, vous en avez rêvé ? Je l’ai fait ! Succession, la série américaine à succès depuis quatre saisons, qui va suivre une famille de milliardaire à la tête d’un conglomérat mondial de média et de divertissement (ça rappelle un peu les Murdoch) ; nous fait entrer dans la vie et les esprits tordus de ces méga-ultra-super-riches, qui ont quitté le troupeau humain et vivent dans une galaxie appelée, Big Money ! Les seules « valeurs » qui prévalent chez eux sont : money, power et contrôle. On suit cette famille dysfonctionnelle s’étriper pour le contrôle de l’entreprise. Un personnage va résumer parfaitement la chose lorsqu’il dit : « À quoi ça sert d’avoir une âme de toute façon ? ».
Ce n’est pas du Hitchcock : pas de suspense dans cette série, chacun est dans son rôle d’être blasé, gâté, pourri et cynique. Ce qui émarge de ces personnalités sont : les haines recuites, les coups sous la ceinture, les manipulations sordides, les trahisons quotidiennes et un manque total d’empathie. « L’autre », le bipède plébéien, une cohorte de serviteurs sans visage et sans voix qui font partie d’un décor flou où, ces êtres se meuvent d’un point à l’autre de la planète en limousines avec chauffeur, en hélicos et jets privés toujours en un entre-soi où ils s’entredévorent à pleines dents entre cocktails mondains et suites royales. Les comparer à un nid de vipères, c'est faire insulte à ces animaux à sang-froid, qui au moins en saison de reproduction ne s’entretuent pas ; les VIP’s, oh que si, et plutôt mille fois…
Succession sans concession : il est bon de rappeler qu’il y a 2781 milliardaires qui usent et abusent de notre planète. Pour être compris, voici une image fortement éclairante de comment cette meute de loups fonctionne. Durant la première saison, premier épisode, l’un des trois fils du mogol joue au baseball avec les membres du clan. À un moment, il prend à partir un gamin mexicain accompagné de ses domestiques de parents, et signe devant lui un chèque de 1 million de dollars en faisant le pari et la promesse que s’il parvient à faire un home run, il pourra l’encaisser. Suite au lancer, le jeune garçon frappe bien la balle et… Au dernier, « home » se fait doubler et donc a son jeu perdu. Il s’en est fallu de deux secondes pour que la vie de ces pauvres gens change à jamais… Le fils du milliardaire se tord de rire et déchire sous le nez de la famille modeste le chèque. Ces gens-là s’ennuient et doivent toujours aller plus loin pour se « détendre », très souvent sur le compte des sans dents, car leur mépris de classe les y pousse. Naitre dans ce genre de milieu, où dès le plus jeune âge vous sera inculqué que le reste de l’humanité est à votre service, que les lois sont faites pour « eux », et que « les gens comme nous » n’ont rien en commun avec « ceux-là ». Arrivés à l’âge adulte, ces héritiers déphasés ne peuvent concevoir qu’un monde qui doit être à leurs pieds. Imaginez, que durant toute une existence, jamais n’avoir à faire des activités aussi triviales que : le ménage, la lessive, ses courses, cuisiner, conduire, aller au boulot et chaque mois vers le 15, tirer la langue, causes finances : JAMAIS ! Toute une vie, à changer de continents lorsque bon vous semble, arriver dans des aéroports sur lesquels il n’y a pour ainsi dire aucun douanier, aucun visa, aucune queue et portique, où des limousines garées sur le tarmac attendent qu’un personnel zélé ouvre les portières, portent les bagages, pour se diriger vers le palace cinq étoiles dans lesquelles seront servis les mets les plus sophistiqués qu’un maitre queue préparera. Et cela, durant une vie entière, car, perchés sur un tas de milliards, il est impossible d’en voir le bout… Ces clans, ces familles jouent avec l’équivalent de PIB de pays entiers et ont un pouvoir d’influence pire que n’importe quel gouvernement sur les politiciens élus… Qui se prosternent. D’ailleurs dans un des épisodes, la famille mise en avant dans la série, celle-ci choisie le nouveau président des États-Unis.
Qu’est-ce donc d’être VI–VIP en 2024 ? L'on dit voudrait comparer l’ancienne noblesse avec cette caste bobo-bourgeoise-bourrée de thunes. Les privilèges de la noblesse étaient essentiellement fiscaux, ce qui est aussi le cas de ces 0,001%, qui grâce à l’optimalisation fiscale et surtout grâce aux fondations déductibles d’impôts, fait que le PDG paye en % beaucoup moins que son chauffeur. Sortie de ça, et bien comparé à la vieille noblesse qui n’avait pas le droit d’exercer des métiers de l’industrie et du commerce sous peine de perdre ses privilèges, cette nouvelle caste « travaille », les mains bien enfoncées dans le cambouis du marigot des affaires. En regardant cette série, fort bien exécutée dans sa réalisation, notamment concernant les 1ᵉʳˢ rôles, ce milieu me fait penser aux relations de la mafia ou des cartels vus dans les films de Scorsese, à la seule différence notable dans les deux organisations criminelles qu’au final tout se règle dans le sang. Chez ces gens-là, la même violence existe, mais feutrée, rampante sous des airs de bonne compagnie, de VBP (very beautifull people) portant du Prada et de l’Armani. Pourtant, les couteaux sont tout autant tirés, les poignards égorgent sans laisser de traces sanglantes. Le crime parfait dans un monde parfait… Surfait. Comme les familles mafieuses, on reste entre-soi, on se marie entre-soi, et on meurt entre-soi. Les réunions familiales nombreuses se font toujours entre ceux du clan, et où on met à l’écart dans une autre pièce les conseillers, les assistants, les comparses. Tout se fait à coups de conciliabules glissés à l’oreille, et où chacun observe et espionne l’autre, dans une atmosphère de suspicion permanente. Pas étonnant que ces 500 familles françaises qui détiennent 40% de la valeur du pays s’entourent de gardes du corps, de vigiles et ne se déplacent qu’en voitures blindées La peur, l’hystérie et la paranoïa font le reste, et on peut affirmer que les familles Arnault, Bolloré, Drahi, Béttencourt, Pinault et les 495 autres pourraient jouer sans mal leur propre rôle dans cette série.
Les riches dans l’histoire humaine n’ont jamais été aussi riches : sur une planète finie, dont le gâteau ne peut s’agrandir, ces goinfres se gavent au détriment du reste de l’humanité et creusent chaque jour plus d’inégalités, de crises et de malheurs. Peut-on leur en vouloir ? Je dirais que non, car cette frénésie d’argent a vraiment pris son essor lors de la révolution industrielle du milieu du 19ᵉ siècle. Ceux d’aujourd’hui, si on excepte les rois de la Tech, ont grandi dans ces familles déjà hyper fortunées, ont été cornaqués dans les meilleurs lycées, écoles de prestige et ont été drogués à la réussite absolue, où le doute n’a pas sa place. Gonflés de leur supériorité et de leur mépris total des autres classes sociales, ils/elles vivent en vase clos, et tristement une grande partie des gouvernants de France sont issus de ce moule à fabriquer des technocrates sans état d’âme. Pour y remédier ? Ne dit-on pas que l’histoire se répète ? Alors, regardons vers la fin du 18ᵉ siècle, inspirons-nous de cette époque qui a vu tomber 1000 ans de royauté, pour, il est vrai, être remplacée par la bourgeoisie qui aujourd’hui nous oppresse ; alors ? Tirons les vraies leçons d’une révolution et établissons une société, où ces suceurs de sang ne seront plus aux premières loges… Okay, c’est du rêve, les yeux grands ouverts je vous l’accorde ! En attendant, si vous avez du temps libre, regardez cette série qui certainement ouvrera beaucoup d’yeux sur les menées de cette néfaste smalah qui nous mène dans le mur… Eux s’en tireront, c'est certain, mais pas nous, c’est certain aussi… Nous avons perdu !
Georges ZETER/aout 2024
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