Après Dieudonné, Pocrain, (bientôt) Bové, le clown Ronnie ?
Les candidatures à la présidentielle de 2007 se multiplient. Est-ce bien sérieux ? Est-ce le signe d’une démocratie en bonne santé ? Ou contraire l’expression d’un mal plus grave qu’on ne le croit ? En tous cas, jusqu’à présent, cette élection ressemble plus à un jeu de cirque. Chacun entre en scène et fait son numéro. A qui le tour ? Alors Ronnie, pourquoi pas toi ?
Comme les pains, les candidats à la présidentielle de 2007 se multiplient. A vitesse fulgurante. Est-ce un signe de bonne santé de notre démocratie ? L’expression d’un regain d’intérêt bienvenu pour la politique ? Ou, au contraire, le symptôme d’un vide politique qu’il faut combler à tout prix sous peine de sanction irréversible ? Une désacralisation de la présidentielle ? Et son pendant, une banalisation de cette élection, pourtant la plus décisive pour le devenir de notre pays ? Bref, tout dépend si on regarde le verre à moitié plein ou à moitié vide. Laissons débattre les experts !
Cependant, cette rafale de candidatures nous conduit à nous demander si cette élection ne vire pas au cirque. Avec tout le respect dû à chacun et à chacune.
On peut comprendre la frustration et l’envie d’en découdre des uns et des autres face à l’étendue des dommages et à l’échec sans nom des politiques menées à ce jour par de prétendus "responsables" ayant l’intelligence et les compétences requises pour conduire sur la bonne voie un pays, et non le mener droit dans le mur, comme ils l’ont fait avec une rare persévérance et une inégalable constance depuis trente ans.
Cet échec délivre donc les prétentions de tout complexe d’infériorité, désinhibe les ambitions et produit cette réflexion toute naturelle en son for intérieur, au regard de l’incompétence affichée depuis des décennies : en quoi je ferais pire, puisque le pire est là sous nos yeux ?
Cependant, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une élection présidentielle. Donc, enjeu :l’avenir d’un pays, et le destin de son peuple pour au moins cinq ans. Il s’agit de diriger la France, qui, en dépit de son déclin et de ses problèmes en tous genres, figure encore la cinquième puissance mondiale. Diriger la France exige une vision, un projet solide, fort de propositions novatrices, concrètes et non de promesses, embrassant l’ensemble des enjeux inhérents à notre société, que ce soit les questions sociales, l’économie d’entreprise, l’Etat, l’écologie, l’éducation, l’énergie, la santé... Un projet aux mesures capables d’améliorer la situation dans tous ces domaines.
Enfin, diriger la France nécessite de la part du prétendant une capacité à assumer des responsabilités écrasantes quotidiennement. Donc il doit avoir des nerfs à la hauteur. Rester digne et conserver son sang-froid face aux situations dites brûlantes et aux événements critiques.
Tous ces prétendants déclarés ont-ils le profil requis ? Une question qu’ils devraient sérieusement se poser.
Les candidatures de Stéphane Pocrain (ex porte-parole des Verts et membre fondateur du Conseil représentatif des associations noires en France) et de Dieudonné (et celle annoncée et fort probable de José Bové) prêteraient à sourire si elles n’avaient lieu dans ce contexte de crise sociale profonde et de délitement des institutions, en particulier, de crise de moralité publique et d’autorité à la tête de l’Etat, sans précédent dans l’histoire de la cinquième République.
Au lieu de faire cavalier seul, et ainsi d’alimenter cette suspicion, déjà bien portante, que les politiques pensent exclusivement à leurs ambitions personnelles, pour ces candidats officiels, et non officieux, car ils doivent récolter les fameuses 500 signatures, ne serait-il pas préférable de discuter avec des candidats plus "réalistes" et de contribuer à l’élaboration d’un projet cohérent et répondant aux défis (internes et externes) de la société française ? Donc susceptible de l’enrichir.
Ce n’est pas vendre son âme, mais adopter une attitude empreinte de maturité face aux choix de toute première importance à faire lors de cette élection capitale.
Ou alors, s’agit-il de donner un coup de pied dans la fourmilière ? Réveiller les consciences parfois assoupies, secouer la torpeur ambiante ?
La multiplicité de ces candidats pourrait avoir un effet contraire à celui qui est recherché. Autrement dit, elle pourrait décrédibiliser la politique et surtout faire le jeu des extrêmes profitant d’une dispersion des voix au premier tour qui pourrait être sans précédent en 2007.
Certes, objecterez-vous, au nom de quoi je me permets de juger de l’opportunité de ces candidatures, puisque le seul maître est le peuple en démocratie, puisqu’il décide en dernier ressort ? Le peuple se prononcera. D’accord. Cependant, cela n’empêche pas de mettre en garde sur des effets non désirés, aux conséquences qui pourraient rappeler de très mauvais souvenirs.
Par ailleurs, après, qu’on ne vienne pas dire que le peuple s’est mal prononcé, comme on a pu l’entendre scandaleusement de la part de responsables se disant démocrates au lendemain du premier tour des présidentielles en 2002. Qu’on ne vienne pas faire la morale aux électeurs, alors que les dirigeants peinent à montrer, parfois, la voie.
Avec cette multiplicité tous azimuts, la France frise une fois de plus le ridicule. Ce n’est plus une élection, mais un jeu de cirque. Chacun entre en scène et fait son numéro. Qui sera le prochain, la prochaine ? A qui le tour ? Tout est permis désormais.
Et si le clown Ronnie se présentait ? Dans ce cirque, il a toute sa place, non ? Je me demande bien quelle serait la réaction, alors que la lassitude gagne dangereusement les électeurs, pour ne pas dire le cynisme, mais difficile de définir la frontière entre les deux.
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