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Arlette chante, et la démocratie déchante

Candidature à l’élection présidentielle de 2007 de Mme Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière, trotskiste) : la question de la légitimité présidentielle se pose de nouveau.

Et voilà ! Mme Arlette Laguiller (67 ans) vient d’annoncer son intention d’être candidate à l’élection présidentielle. Serait-elle la première d’une longue liste de candidats à venir ? L’élection de 2007 annonce un bis repetita de ce qui s’est passé en 2002, à quelques différences près tout de même. La stratégie du pouvoir en place ne sera plus, cette fois-ci, de faire monter un épouvantail de droite extrême, et créer ainsi un réflexe légitimiste, puisque le président sortant ne sera (vraisemblablement) pas candidat lui-même.

Le savonnage de planche sera pour M. Sárközy de Nagy-Bocsa, plus connu sous le nom de Nicolas Sarkozy, qui verrait un M. Galouzeau de Villepin, dit Dominique de Villepin, le coiffer au poteau, toujours dans la dernière ligne droite, comme les élections précédentes nous y ont habitués. La gauche socialiste, cette fois-ci, ne s’épuisera plus à faire chuter dans les sondages un dérangeant Jean-Pierre Chevènement, qui ne sera pas non plus candidat. Elle aura d’autres problèmes, autrement sérieux et moins conceptuels. Plus qu’à droite, les extrêmes seront encore et toujours au rendez-vous : Arlette Laguiller vient d’annoncer son intention de squatter le débat. Les journalistes attendent avec impatience la candidature de M. Besancenot, dont il n’est pas sûr qu’il reste facteur... (l’a-t-il jamais été, lorsqu’au Parlement européen il était l’assistant parlementaire de M. Krivine ?).

C’est bien gentil de voir cette brave dame, retraitée -et Dieu sait si les Français aiment bien les retraités !- reprendre traditionnellement son bâton de pèlerin, toujours au bord de l’apoplexie pour défendre ses arguments (surtout quand il s’agit de ne pas appeler à voter contre un candidat d’extrême-droite), mais, lorsqu’on a passé un mauvais quart d’heure, le 21 avril 2002, faut-il à tout prix recréer les conditions pour que ça recommence ? Remarquez, M. Le Pen au deuxième tour, et un président de droite, c’est finalement du pain bénit pour les groupuscules d’extrême-gauche qui ont atteint leur plafond de cotisations depuis longtemps, et qui ne sont que dans la contestation permanente, en omettant souvent de préciser le fond et la filiation historique de leur projet politique. Ces candidatures devenues -avec le temps- populaires, et donc en quelque sorte légitimées, ne sont pas légitimes, en fait. La question de la légitimité présidentielle se pose avec beaucoup plus de sérieux que celle du simple casting et de la belle gueule.

Un président en exercice doit avoir au moins une expérience du pouvoir, un carnet d’adresses à l’échelle internationale, posséder cette légitimité auprès des autres instances européennes et mondiales, et représenter plus qu’un mouvement ou la fixette du moment. Sur ce point, à part les anciens ministres candidats, peu des 16 candidats répertoriés en 2002 avaient de réelle légitimité présidentielle... De ce point de vue, MM. Jospin, Chevènement, et le candidat Chirac étaient les seuls candidats légitimes à une élection présidentielle. Mais l’électorat réagit à bien d’autres considérations, malheureusement. Alors, folklore ? Opportunisme ? Peut-être, car les candidats "périphériques" s’invitent au bal alors qu’ils n’aiment pas danser. En effet, les trotskistes et révolutionnaires (Mme Laguiller, M. Besancenot, M. Gluckstein ) ne sont pas républicains. Le premier geste d’une présidente Arlette ou d’un président Olivier serait de se destituer immédiatement en tant que président ! Le but de la manoeuvre est donc bien de détourner l’élection de son objectif naturel, et surtout de profiter de larges temps d’antenne télévisés dont ils ne disposeraient pas autrement. Il s’agit donc bien de candidatures opportunistes et négatives. Dans ces conditions, et lorsque ces mouvements de contestation poussent des cris d’orfraie sur la perspective d’une présence de M. Le Pen au deuxième tour en 2007, qu’ils s’abstiennent de présenter un candidat...

Qu’ils se présentent aux élections législatives, européennes, cantonales, municipales, très bien, la démocratie fait son chemin, même pour les non-démocrates, mais qu’ils restent chez eux au moment de l’élection présidentielle ! C’est brocarder les vraies candidatures à la fonction suprême de l’État, et revenir à diviser l’électorat. Alors, y aurait-il un moyen de se débarrasser de cette fatalité française qui contraint à se prononcer toujours entre la peste et le choléra ? Peut-être une élection présidentielle à trois tours... Peu satisfaisant, pour certains, sur le plan du symbole. Mais sur ce chapitre, considérons que les symboles ont déjà pris feu.

Sources :


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14 réactions à cet article    


  • Tekkeitserktok Tekkeitserktok 10 décembre 2005 12:45

    C’est un très bon article et je suis en tout point d’accord avec lui mais le fait de parler de légitimité présidentielle est quelque peu stupide selon moi... Il faut parler d’expérience.Un candidat aura alors plus d’expérience qu’un autre. La légitimité, c’est interdire à des candidats avec peu ou pas d’expérience de ne pas avoir accès à l’élection, ce qui est contraire à la démocratie selon moi.


    • (---.---.54.137) 17 mai 2006 13:02

      La « légitimité présidentielle » est la conséquence de « l’expérience » dont vous parlez ; l’un ne va pas sans l’autre alors pourquoi faire une opposition syllogique ?


    • (---.---.162.15) 10 décembre 2005 12:52

      Oh la belle leçon de démocratie que voilà, tout à fait dans les lignées de celles qui ont reproché de faire voter les Français pour la Constitution Européenne. Il n’y a pas à dire c’est vraiment ennuyeux la démocratie, ça permet d’élire des candidats qui ne sont pas formatés... Un coup, hop, on ne veut pas que les citoyens s’expriment, ou pas sur n’importe quoi (surtout pas les OGM, ils n’y connaissent rien...), un autre coup, hop, on restreint sa liberté de choix (que des bons choix, pas de mauvais !)... Tout cela enrobé d’un joli discours sur la défense de la démocratie, ben voyons...

      Am.


      • (---.---.54.137) 11 décembre 2005 00:18

        Monsieur ou Madame, Vous avez interprété l’article et me feriez bientôt dire ce que je n’ai pas dit. Le sujet de cet article n’est aps d’offenser ceux qui militent pour l’un ou pour l’autre, mais, puisque vous ne l’avez pas vu ou que c’est mal exprimé, il porte en filigrane sur le suffrage direct du Président. Actuellement on est dans ce régime et on fait avec. Sommes-nous dans un bon régime présidentiel actuellement ? la démocratie permet d’élire quiconque en a la capacité. Accepteriez-vous un Président d’extrême-gauche, ou d’extrême-droite, voire un incompétent yogi ou chasseur, pour diriger notre pays dans les conditions où les pouvoirs actuels du Président sont octroyés aujourd’hui , et sous couvert de démocratie en plus ? Avec qui gouvernerait celui-ci ? Ne voyez pas des donneurs de leçons là où il n’y a que des poseurs de questions, ce qui est le but de ce journal en ligne. Brisefer


      • Tekkeitserktok Tekkeitserktok 11 décembre 2005 01:48

        « Un incompétent yogi ou chasseur »

        — >Parce qu’en ce moment les gens au pouvoir sont compétents d’après vous ? Vous n’habitez pas en France apparemment !

        Un yogi serait pas mal...au moins on aurait des cours de relaxation :) et je pense que le moral des français remonterait donc, du coup, ils consommeraient plus et ça relancerait l’économie...ouais, un yogi c’est pas mal !


        • Brisefer (---.---.54.137) 12 décembre 2005 00:33

          Monsieur, je suis aussi conscient que vous de ce qui se passe au sommet de l’Etat. Reportez-vous à mon article http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=409 qui s’intitulait « Chirac face aux jeunes paumés » et qui d’ailleurs inaugurait Agoravox.


        • (---.---.162.15) 11 décembre 2005 09:23
            Accepteriez-vous un Président d’extrême-gauche, ou d’extrême-droite, voire un incompétent yogi ou chasseur, pour diriger notre pays dans les conditions où les pouvoirs actuels du Président sont octroyés aujourd’hui , et sous couvert de démocratie en plus ?
          Etre démocrate, c’est accepter le résultat du suffrage universel, vos propos confirment que vous n’êtes pas démocrate.

          Et vous avez, en plus, une très mauvaise opinion de vos concitoyens, que vous croyez capables d’élire n’importe qui, ce qui, au vu des exemples que vous citez, est contredit pas l’historique des élections.

          Am.


          • Brisefer (---.---.54.137) 12 décembre 2005 00:29

            Je suis navré d’avoir à réagir à ce commentaire, mais une fois encore, vous n’avez pas bien lu. Il faut lire entre les lignes mais aussi sur les lignes :

            ...Qu’ils se présentent aux élections législatives, européennes, cantonales, municipales, très bien, la démocratie fait son chemin... ai-je bien précisé aux lecteurs sourcilleux ou distraits.

            Quelle ouverture d’esprit pour un soi-disant anti-démocrate, ne trouvez -vous pas ?

            De plus, beaucoup de personnes qui réagissent à cet article le font parce qu’ils n’ont pas intégré que l’élection présidentielle est tout à fait particulière ; elle vise une personnalité, une vision, une volonté. Pas un programme ni un dogme politique. De ce point de vue, ne soyons pas hors sujet, les candidats non-compétents pour ce rôle n’ont rien à faire sur le devant de la scène dans une affaire aussi importante.


          • Sylvio (---.---.117.71) 11 décembre 2005 12:19

            Une élection présidentielle à 3 tours résoudraient bien des problèmes et seraient très démocratique mais comment demandé aux citoyens de se déplacé 3x dans les urnes. Le taux de participation seraient peut-être encore moins haut à moins que cela satisfasse un peu plus les français car ils se sentiraient mieux pris en compte.

            Au 2e tour de 2002, mon choix n’a pas été pris en compte car si j’avais su j’aurais voté « utile » au 1er tour comme beaucoup et le PS aurait été au 2e tour au lieu du FN. En votant utile, mes convictions ont été en quelques sortes baffoués dans le sens où je n’aurais pas voté pour le parti que je souhaitais (qui n’est pas un parti d’extreme gauche). Au 2e tour j’ai du (et je ne le referai peut-être pas) encore plus voté « utile »...

            Enfin en 2007, nous n’auront plus Le Pen puisque les médias l’ignore (c’est pas plus mal) et Sarkozy a repris une partie de son électorat par sa manière de s’exprimer.


            • (---.---.162.15) 12 décembre 2005 01:23

              Je suis désolé, mais, pour moi, quelqu’un qui refuse le résultat des urnes (ne serait-ce que pour une seule élection, et celle là est importante) n’est pas un démocrate, inutile de tourner autour du pot.

              Maintenant si vous êtes contre l’élection du président de la République au suffrage universel et seulement ça, dites le clairement et tenez vous en à ça. Je viens de relire votre texte, je ne vois pas écrit que vous voulez un régime parlementaire sans élection du président de la République au suffrage universel. Vous n’avez fait que dire qu’il y a des bons et des mauvais candidats et que vous ne voulez pas voir les mauvais.

              Finalement Arlette Laguillier est plus démocrate que vous, elle a accepté l’élection de Jacques Chirac, alors que vous n’auriez pas accepté la sienne.

              Enfin d’accord, j’enfonce le couteau dans la plaie smiley, vos réponses ont - au moins en partie - corrigé votre article, mais qu’est-ce que vous vous êtes mal exprimé !...

              Am.


              • (---.---.196.74) 12 décembre 2005 09:26

                Vas-y Arlette !, au moins une qui change pas de chemise en fonction du vent ...


                • Guillaume T. (---.---.2.52) 12 décembre 2005 11:27

                  Premièrement, Arlette Laguiller à 65 ans, ni 66 ni 67 ou 69. Rien que ce petit mensonge suffit à décrédibiliser tout votre article.

                  Arlette sera candidate pour défendre ces idées, parce que en dehors des élections présidentielles, on n’entend que calomies ou insultes à son égard et à celui de son organisation.

                  Le fait-est que les élections présidentielles sont une tribune pour les petits partis, et qu’il n’en existe que très peu. Faites-vous parti de ceux qui sont contre que chacun puisse s’exprimer, y compris à travers les élections ?

                  Enfin, Arlette est la seule à avoir eu le courage de dire que voter Chirac n’était pas un bon moyen de lutter contre les idées de Le Pen, et la politique actuelle de Chirac-Villepin-Sarkozy le montre bien !


                  • Ben Ouar y Villón Brisefer 12 décembre 2005 21:22

                    Si si, en 2007 elle aura bien 67 ans. Qu’est-ce qu’il y a de si important à cela d’ailleurs, il aura fallu que ce détail vous irrite, pour le faire remarquer. Quant aux calomnies ou insultes, je ne pense participer à ce genre de procédé.

                    Il ne faut pas confondre débat d’idées et combat de personnes. Le premier est vital, le second mesquin.

                    La question de cet article porte sur la légitimité présidentielle, c’est tout, et le fait est acquis que nous nous trompons d’élection de façon chronique.

                    Pardonnez-moi d’avoir heurté votre sensibilité en focalisant à partir de Mme Laguiller, mais si j’en avais fait autant avec M. Besancenot ou M de Villiers, j’aurais déplu à d’autres... alors à la fin, vaut-il mieux se taire ?


                  • Rachid (---.---.53.141) 20 décembre 2005 01:00

                    qui vous a dit que Chevènement ne sera pas candidat. Il aurait tort de ne pas l’être vu que les thèses qu’il défend depuis longtemps sont validés aujourd’hui par le non au référendum (il était contre Maastricht), par la guerre en Irak et l’impérialisme américain et plus recemment par lma crise des banlieues (il avait envoyé une note à jospin en 98 où il décrivait les mesures à prendre rapidement en matière de lutte contre les discriminations, de police de proximité, d’éducation...). Et c’est le seul à gauche qui ose posé les problématique de la sécurité en tant que droit des citoyens. Son projet républicain est la seul issue à la crise actuelle à la fois sociale et citoyenne. J’espère donc qu’il sera candidat pour représenter la gauche et la république

                    Rachid

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