Le nucléaire c'est avant tout une société du mensonge entretenu. Laisser entendre qu'on va s'occuper de déchets pendant trois millions d'années est de la pure escroquerie scientifique. Même chose pour la capacité des centrales pour résister aux séismes : "ne vous inquiétez donc pas, on a tout prévu" avait-on dit aux japonais. De même qu'on avait dit aux israéliens qu'à Dimona il ne pouvait y avoir de problèmes, alors qu'il y en a eu de sérieux. La centrale est aujourd'hui une des plus âgées au monde, avec des centrales américaines et des russes. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la communication à son égard est loin d'être transparente. Revue d'effectifs d'un autre danger potentiels, et des mensonges israéliens sur sa gestion. Des mensonges répandus jusque dans le désert mauritanien...

Le réacteur de Dimona, tout d'abord, qui n'a pas échappé aux erreurs et incidents.
"Le 14 Décembre 1966, un accident critique s'est produit dans le réacteur de Dimona dans laquelle un employé a été tué et une zone entière a été contaminée. L'accident a eu lieu dans l'unité n ° 36 de l'Institut 2. Très probablement, l'accident a été causé par une mauvaise utilisation de l'alcool à des fins de nettoyage et l'explosion des vapeurs d'alcool. Le nettoyage a pris des semaines et le réacteur a été fermé pour quelques mois. Les détails spécifiques concernant l'incident, sa taille et la quantité de rayonnement émis n'ont jamais été publiés". Car c'est bien la caractéristique du nucléaire, en Israël comme ailleurs : cacher la vérité. Le projet élaboré par Ben Gourion en personne et super visé par Shimon Peres devait
rester secret le plus longtemps possible, même aux yeux de ses propres compatriotes. Ce fut le cas en effet.
En 1982, un incident mineur, et 8 années après à nouveau un plus grave
: "Dans le début des années 1990 un grand incendie a éclaté dans la centrale qui, par conséquent a été à nouveau arrêtée pendant une longue période de temps. Encore une fois, rien n'a été accessible au public". Mais ce n'est pas tout :
"en 1994, après de fortes pluies dans la région de Dimona l'eau de drainage du réacteur a débordé dans un petit cratère à côté de la centrale. L'eau a été suspectée d'être contaminée par les radiations. Yossi Sarid, alors Ministre de l'environnement a essayé de d'enquêter sur l'incident avec l'aide de spécialistes et des journalistes en provenance d'Israël et de l'étranger. En face des caméras de télévision, la ministre a admis que son patron (Yitzhak Rabin, alors Premier ministre) avait interdit la la publication des résultats". Là au moins c'était net. En israël, il n'y a qu'une seule centrale où civil et militaire sont intimement liés. Le secret d'état est son mode de fonctionnement, comme chez beaucoup de pays encore.

Mais aujourd'hui, a centrale se fait vieille, elle a 45 ans, et Israël en a conscience
:"au cours des dernières années, l'armée israélienne a fourni à la population résidant dans un de 30 kilomètres de rayon du réacteur (y compris les villes de Dimona, Yerouham et Arad) des pilules d'iode (de l'iodure de potassium, 130 mg.). Ces pilules devraient être prises en cas d'accident nucléaire". Evidemment, pour donner le change, on les a distribuées lors de la Guerre Golfe et de l'attaque de l'Irak. C'est bien entendu Saddam qu'on craignait, officiellement, pas la technologie vieillissante de Dimona ! Il aura servi à tout, ce Saddam si pratique ! Le procédé choisi au départ par les israéliens, à savoir celui d'une centrale à eau lourde est un des plus anciens existants, c'est bon à rappeler également. Il avait fallu attendre 2005 pour qu'on sache qu'elle était d'origine anglaise cette eau lourde :
"les documents montrent que nous avions donné notre accord au transfert de 25 tonnes d'eau lourde. Nous savions à ce moment-là que la Norvège avait pour projet de la vendre à l'Organisation de l'énergie atomique israélienne", a déclaré le porte-parole." En fait d'anglaise, cette eau provient du stock sorti de l'usine norvégienne qu'envahiront les allemands au tout début de la guerre : c'est peut-être bien aussi, tout simplement, ce qui restait du lot mis en zone sud par les français dès le début du conflit, par sécurité et acheminé ensuite en Angleterre ! Savoir que que cette eau lourde a effectué un tel itinéraire peut surprendre (nous y reviendrons dans un autre article bientôt).

Une centrale fabriquant du plutonium pour mettre dans les têtes de missiles Jericho, mais aussi
dans d'autres choses : "
dans les années 90, Israël a acquis trois sous-marins en Allemagne. Il s'agit de bâtiments très sophistiqués à propulsion classique. Construits à Kiel, largement financés par l'Allemagne et les Etats-Unis, les sous-marins Dolphin, Leviathan et Tekuma sont entrés en service entre mars 1999 et août 2000. Ils seraient capables de tirer des missiles de croisière transportant une charge nucléaire. Selon le Los Angeles Times, il s'agirait d'une version du missile américain Harpoon. Il semble plus probable que la société israélienne Raphaël ait développé un missile plus puissant connu sous le nom de code de "Popeye Turbo". D'une portée de plusieurs centaines de kilomètres, il aurait été testé en 2000 au large du Sri Lanka, un pays militairement très proche d'Israël." C'est une modification "marine" du missile américain
air-sol AGM-142 "Have Nap". Ce missile lancé via le tube lance-torpille de 650 mm de diamètre n'est pas pour ne pas inquiéter,
étant à bord constamment des trois sous-marins israéliens
: "Une deuxième version de ce missile nucléaire, ce Popeye Turbo a été installée dans les trois sous-marins Dolphin qui ont été construits par la marine israélienne dans les chantiers navals allemands. L'Etat hébreu peut ainsi patrouiller les eaux de la Méditerranée de la mer Rouge et du Golfe persique vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec deux sous-marins dotés de missiles nucléaires".
Aujourd'hui qu'un pays proche dispose de missiles capables d'être dirigés sur Dimona, la question de son démantèlement revient un peu plus à l'ordre du jour. Située à 25 kilomètres seulement à l'ouest de la Jordanie, à 75 kilomètres à l'est de l'Egypte, et à 85 kilomètres au sud de Jerusalem, Dimona représente un énorme danger. Surtout qu'elle n'est pas invulnérable, loin s'en faut : dès 1967, un Mig-25 égyptien piloté par un russe l'avait survolée à haute altitude
. Selon un rapport, la centrale ne produisant pas d'électricité et Israël ayant produit assez de têtes nucléaires depuis, le pays devrait songer à l'arrêter, tout simplement !
Reste néanmoins à éliminer ses déchets : tout d'abord, comme on pouvait s'y attendre, ils ont été enfouis à proximité de la centrale comme l'ont détecté les satellites espions
américains IKONOS. En 2000, on déctectait d'autres sites d'enfouissements, mais aucun assez grand pour contenir les 45 années d'activité de la centrale... d'autres lieux ont donc dû être utilisés :
"dans un rapport intitulé "Les souffrances des citoyens syriens dans le Golan" et soumis à l'Organisation des Nations Unies, les responsables syriens ont déclaré que le régime israélien utilise des tunnels dans les hauteurs du Golan pour enfouir des déchets nucléaires, signale le journal égyptien Al- Ahram. Le rapport accuse également qu'Israël d'avoir creusé un tunnel dans le Mont Hermon (repris en 1973) pour y cacher ses ogives nucléaires. Selon des fonctionnaires syriens , Israël a piégé la région voisine et planté des mines tactiques nucléaires dans la région. La Syrie avait accusé Israël plus tôt, en 2003, de creuser les tunnels du Mont Hermon pour y enfouir les déchets nucléaires de son site de Dimona". Tout le Golan est en effet piégé, ce qui n'est pa
s sans déboires, parfois. Il est vrai aussi qu'Israël n'ait toujours pas adhéré à la Convention d'Ottawa de 1997 interdisant l'utilisation de mines antipersonnel. Or, selon le responsable de l'ONG anti-mines "Israel Nekiat Mokshim"
"les champs de mines situés notamment en Samarie (nom biblique du nord de la Cisjordanie), dans l'Arava (sud d'Israël) et sur le Golan ont été soigneusement répertoriés et cartographiés". Il estime à environ 250.000 le nombre des mines enterrées le long des frontières d'Israël, et assure qu'elles pourraient être neutralisées "en quelques semaines" si le gouvernement prenait une décision en ce sens".

Mais cela ne semble pas avoir suffit encore, aussi Israël a fait comme beaucoup : il expédié ailleurs ses déchets radio-actifs dans d'autres pays, en en payant le prix fort.. Et on sait où exactement :
"En 1998, 1999 et 2001, les relations renouvelées avec Israël, y compris les allégations d'un accord israélo-mauritanienne à stocker des déchets nucléaires israéliens dans le désert de Mauritanie, a causé l'indignation dans le monde islamique, mais le gouvernemen de Taya a nié que l'accord avait été négocié." Un témoignage d'opposant au régime corrobore pourtant l'idée :
"Un leader de l'opposition mauritanienne a annoncé mercredi que des avions chargés de déchets nucléaires israéliens avaient débarqué dans l' aéroport de Tidjikadu au centre-nord de la Mauritanie. L'annonce a été faite, lors d'une conférence par Ahmed Ould Daddah, président de " l'Union des Forces Démocratiques Ère nouvelle" les grands partis d'opposition en Mauritani. Ould Daddah a déclaré les avions avaient effectivement atterri dans la Aéroport Tidjika cours des derniers jours. Il a également confirmé que des navires chargés de déchets israéliens s'étaint ancrés dans le port de Nouadhibou, capitale économique de la Mauritanie, il ya quelques mois". Tidjika possède une et
piste unique et discrète, idéale pour décharger des fûts de matériaux contaminés. L'aéroport, ou la côte :
"Les conteneurs arrivent par bateau au port de pêche discret de Nouadhibou, d'où part le train pour le transport protégé du minerai à l'intérieur du pays. La dernière étape pour le cimetière nucléaire du Meriyé, près de la frontière avec le Mali, se fait dans des camions". Israël a amené là pendant au moins 10 années ses déchets nucléaires. Depuis l'offensive de Gaza, l'état Mauritanien, devenu islamique, a
coupé tous les ponts avec Israël. Mais hérite toujours des fûts, qui demeurent invisibles, car certainement enfouis, dans des conditions qu'on évalue fort précaires. Difficile en réalité de blâmer israël d'avoir ainsi agi : tous les états ont fait de même ou presque. Le problème, ce sont plutôt les conditions d'enfouissement, sur lequel on n'a aucun renseignement valable !

Mais il y a eu aussi une autre horreur semble-t-il, à partir des déchets enfouis et mal protégés. L'endroit où ont été enterrés en Israël les déchets de la centrale unique.
"Le rayonnement des installations nucléaires d'Israël à Dimona est enterré dans le territoire palestinien et provoque une augmentation de cas de cancers chez les Palestiniens de Cisjordanie, dit un médecin Palestinien également militant anti-nucléaire. "Les déchets de Dimona sont enterrés à l'ouest de Dahriyya, et le rayonnement de cette déchets enterrés parvient aux personnes et provoque le cancer ", a déclaré le Dr Mahmoud Saada, un médecin palestinien général et chef au Moyen-Orient de la division internationale des médecins pour la Prévention de la guerre nucléaire, se référant à un petit village palestinien de Cisjordanie, juste au nord d'Hébron et à peu plus de 12 miles du réacteur nucléaire de Dimona. Ce qu'il y a de neuf au cours des des deux derniers mois est que le rayonnement a atteint Tulkarem, se référant à une ville palestinienne au nord de la Cisjordanie plus de 100 miles du site de Dimona". Comme en Mauritanie, l'enfouissement semble avoir été fait en catimini, en dehors de toute concertation et de tout planning effectif...
Le nucléaire a toujours consisté à mentir, et l'exemple de Dimona, comme pour d'autres centrales dans le monde, n'y échappe pas. A propos des événements récents, je ne saurais trop vous recommander la lecture de quelques épisodes précédents de cette série, notamment ceux qui rappellent ce qui vient de se produire et est encore en cours...
sur Three Misle Island :
Atom Heart Fucker (saison 7) La nuit où l’on a failli perdre Detroit
sur Tcheliabinsk, très proche de la situation actuelle :
Atom Heart Fucker (saison 9) le Tchernobyl de 1957 à Tcheliabinsk