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Accueil du site > Tribune Libre > Bangladesh : une tragédie pas si lointaine que ça…

Bangladesh : une tragédie pas si lointaine que ça…

À Dacca, au Bangladesh, ce sont finalement plus de cinq cents personnes qui ont trouvé la mort dans l’effondrement d’un immeuble qui accueillait des ateliers textiles liés avec l’Occident par des relations d’affaires. Cette tragédie nous amène une fois de plus à nous interroger sur les conditions inhumaines auxquelles sont soumis les travailleurs locaux.

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Bangladesh : une tragédie pas si lointaine que ça…

Finalement, qui est le plus coupable ? Un État qui ne fait rien pour améliorer les conditions de travail et la santé de ses citoyens, ou les sociétés occidentales, sans scrupules si ce n’est le seul profit, qui lui passent commande des chaussures et des vêtements que nous portons aujourd’hui ? Difficile de répondre. Toujours est-il que les victimes de cette nouvelle catastrophe ouvrière s’ajouteront aux 2.300.000 personnes qui meurent chaque année d’un accident ou d’une maladie lié au travail.

Même l’Union européenne y est allée de son couplet. « L’Union appelle les autorités bangladeshies à agir immédiatement en vue de garantir que les usines du pays respectent les normes internationales… », peut-on lire dans un communiqué publié par Catherine Ashton, haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et par de Karel De Gucht, commissaire en charge du commerce. L’UE avait déjà exhorté le Bangladesh à suivre les normes de l’OIT en janvier après l’incendie de deux usines, dont l’un en novembre 2012 avait déjà causé la mort de 112 personnes.

Les déclarations de l’Union européenne ressemblent malheureusement fort à un discours convenu et il y a fort à parier qu’aucune sanction ne sera prise au final. Car dans le système capitaliste, ce sont les profits et les affaires qui comptent. Au Bangladesh, l’industrie textile emploie trois millions de personnes (dont 90 % de femmes), et plus des trois quarts des exportations du pays proviennent de ce secteur. Mais les salaires n’y dépassent pas cinquante euros par mois et les 4.500 usines y sont surnommées les « ateliers de la misère ». Des coûts de production imbattables ! Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que l’Union européenne achète 60 % des exportations textiles du Bangladesh : 8 milliards d’euros en 2011, 8,6 en 2012. Il faut dire que le pays asiatique jouit d’une clause d’accès préférentiel au marché européen.

L’union européenne a donc sa part de responsabilités dans cette tragédie. Mais plutôt que de pointer du doigt tel ou tel pays, c’est le système économique dans son ensemble qu’il faut revoir. Une réalité s’impose en tout cas comme une évidence : le capitalisme ne tient aucun compte des droits humains qu’il préfère sacrifier sur l’autel du profit.

Capitaine Martin

http://www.resistance-politique.fr/article-bangladesh-une-tragedie-pas-si-lointaine-que-a-117593939.html


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18 réactions à cet article    


  • jako jako 6 mai 2013 10:43

    Merci pour cet article, le commenatire ci-dessus donne un éclairage inssufisant, ce drame est celui d’un système global et du libéralisme, celui qui réclame toujours plus de profits sans tenir aucunement compte de l’humain, celui qui tente sa dernière bataille. Ce libéralisme qui s’implante dans des zones de non droits et d’enveloppes pas trop grosses. Les coupables sont les consommateurs ( mais ont t’ils le choix ?) les producteurs et cet état sans règles élémentaires telles qu’elles existent ici pour les batiments destinés aux collectivités et industriels.

    D’autre part des batiments s’effondrent aussi partout dans le monde comme récemment à Reims, mais ils n’abritent pas 500 personnes dans 200m2 


  • Rincevent Rincevent 7 mai 2013 19:56

    @ schweizer.ch

    Si vous avez techniquement raison en ce qui concerne l’effondrement de cet immeuble, ça ne change strictement rien au fond du problème : si les conditions que vous énumérez avaient été remplies croyez-vous que cette usine aurait vu le jour ? Non bien sûr, trop cher, pas assez « compétitif ».

    C’est bien l’ensemble des conditions de travail (y compris dans le bâtiment) qui tuent ! En acceptant ça (par nos achats) nous en sommes complices. A notre décharge il faut dire aussi qu’il n’est pas évident pour le consommateur de savoir d’où ça vient précisément et dans quelles conditions ça a été produit.


  • ecophilopat 6 mai 2013 11:55
    L’industrie textile emploie plus de 3,5 millions de personnes au Bangladesh, en majorité des femmes. « Consommer toujours plus et moins cher » dans les pays occidentaux c’est travailler toujours plus et moins payé dans les pays en voie de développement
    Du sang sur mes fringues

    • Ruut Ruut 6 mai 2013 12:04

      C’est pour ça qu’en Europe les femmes se battent pour travailler....

      Joli futur pour notre pays.


    • Mmarvinbear Mmarvinbear 6 mai 2013 12:15

      Certains appellent au boycott des produits bengalis. Mais est-ce la bonne solution ?


      Même mal payés, les travailleurs bengalis le sont tout de même. Si nous n’achetons plus leurs produits, leur usine va fermer. Ils ne seront plus payés et comme ils n’ont pas d’assurance chômage, ils n’auront rien pour vivre. De misérable, leur situation va passer à miséreuse.

      Je ne vois pas le progrès.

      • jako jako 6 mai 2013 12:25

        Mmarwinbear, ce n’est pas la bonne réponse non plus, que ces personnes puissent travailler Ok, mais que les sociétés qui les emploient soient intransigeantes sur les conditions, ils travaillent pour nous , OK, mais aux mêmes conditions qu’ici ( même si cela n’a pas été tout rose dans le textile en France et en Europe). Pas la peine de me dire que je rêve, je le sais déja mais sans rêve la vie est impossible


      • Trashon Trashon 6 mai 2013 12:28

        Le progrès serait serait que les bangladais développent leur industrie en payant suffisamment leurs ouvriers pour qu’ils puissent acheter les produits fabriqués chez eux et que nous fassions de même.


      • Mmarvinbear Mmarvinbear 6 mai 2013 14:44

        Mmarwinbear, ce n’est pas la bonne réponse non plus, que ces personnes puissent travailler Ok, mais que les sociétés qui les emploient soient intransigeantes sur les conditions, ils travaillent pour nous , OK, mais aux mêmes conditions qu’ici ( même si cela n’a pas été tout rose dans le textile en France et en Europe). 


        Il n’y a pas de solution miracle. Le progrès passe toujours par l’éducation. c’est un processus long qui se fait sur des générations parfois. Il faut aussi tenir compte de la population, de la démographie, des ressources naturelles et renouvelables et de dizaines d’autres facteurs du même tonneau. Rien n’est impossible, mais rien n’est facile non plus.



      • Mmarvinbear Mmarvinbear 6 mai 2013 14:47

        Le progrès serait serait que les bangladais développent leur industrie en payant suffisamment leurs ouvriers pour qu’ils puissent acheter les produits fabriqués chez eux et que nous fassions de même.


        Ce ne serait pas un progrès, mais un retour au bon sens économique.

        Henry Ford, qui est loin d’avoir été un gauchiste, avait compris que personne ne lui achèterai ses produits si ses ouvriers n’avaient pas de quoi se payer leur propre voiture.

        Le problème n’est pas le capitalisme, mais sa parodie financière engagée dans une partie de Monopoly planétaire. Seule une action globale permettra d’y mettre bon ordre.

      • Jean-Paul Foscarvel Jean-Paul Foscarvel 6 mai 2013 12:42

        La recherche du profit à tout prix tend naturellement vers la maximisation des prix via la marque et le minimisation des coûts via l’annulation des salaires.

        Côté coûts, la limite est l’esclavage pur et simple, le travail à coût nul, au delà duquel il n’y aura plus de gain de profit.

        Bien sûr, pour en arriver là, une dictature est nécessaire, qui fait taire toute velléité de contestation.

        Le résultat : en Europe, chômage, endtetement, appauvrissement, dans les pays du tiers monde, appauvrissement*, misêre, santé détruite, mort au travail. Par contre élévation sans fin des profits, supprématie des financiers sur les politiques, spéculations sans fin.

        C’est notre monde, celui d’oú il faut sortir.

        * appauvrissement, car les pays s’endettent pour les infrastructures, les familles sont désorganisées par l’attrait des villes tueuses, la paysannerie est anéantie par l’apport de produits agricoles extérieurs, et les « salaires » ne permettent pas de vivre.


        • ZenZoe ZenZoe 6 mai 2013 16:29

          Il n’y a pas que le libéralisme qui soit en cause là-dedans.
          Il y a un réel désintérêt (voire aveuglement ?) des gens en général pour la manière dont d’autres peuples travaillent et vivent. La preuve ?
          Comparez le traitement médiatique de deux effondrements récents, l’un à Reims, trois morts, l’autre à Dacca, plus de 650 morts à ce jour.
          Comparez aussi les inondations dans le nord est en ce moment même, aucune victime, et les ravages annuels de la mousson dans le même pays que les effondrements récurrents, le Bangladesh, avec entre plusieurs centaines et plusieurs milliers de victimes à chaque fois.
          Quels sont les évènements croyez-vous qui intéressent le plus les Français, qui attirent le plus de commentaires dans les forums, qui bénéficient par conséquence des plus gros titres dans les journaux, d’un bon quart d’heure aux JT avant toutes les autres infos ?
          Combien d’Occidentaux se soucient vraiment des conditions de travail des Bangladais ? Combien de consommateurs sont prêts à payer plus cher un article confectionné par des travailleurs qui ne sont pas traités comme des esclaves ?
          Alors le libéralisme dévastateur, oui, bien sûr, mais il faut reconnaître qu’il prospère en terrain favorable non ?


          • kedjey 6 mai 2013 18:49

            Alors le libéralisme dévastateur, oui, bien sûr, mais il faut reconnaître qu’il prospère en terrain favorable non ?
             
            ---------------------------

            N’est ce pas justement le libéralisme qui a lui même engendré ce terrain favorable ?


            • 65beve 65beve 6 mai 2013 20:53

              in memoriam :

              Collège Pailleron
              Club 5à7

              plus jamais ça (chez nous) !


              • alinea Alinea 7 mai 2013 22:24

                Ce soir, sept cents victimes ; et on n’est pas au bout du compte ; les survivants ont manifesté et ils ont gagné : le mois d’avril payé plus trois autres mois. Le total ? 12O euros de dédommagement pour les survivants ! À comparer à un bénéfice global de plusieurs millions d’euros !
                Un immeuble en carton pâte fait pour les bureaux, dans lequel on a mis des machines très lourdes ; plus des groupes électrogènes énormes qui ont fissuré le carton pâte ; des lézardes avaient été signalées ; pour rien ! si, pour plus de sept cents morts.
                On a peine à imaginer ; et quand je pense que certains disent que ces femmes, en trouvant ce boulot, ont gagné leur liberté !


                • Gérard Luçon Gérard Luçon 8 mai 2013 06:31

                  Comme le dit Alinea, on a depasse 700 ... en France pour les 3 de l’immeuble on a deja mobilise une cellule de soutien psychologique, seule categorie professionnelle, avec les politiciens, qui ne craint pas la crise, mais en profite.

                  Et si on leur envoyait nos psychologues, au Bangladeshi ?


                  • miha 8 mai 2013 12:32

                    Encore des victimes du travail !!!

                    Quand rendrons-nous hommage à toutes les victimes du travail comme il est rendu hommage aux victimes de la guerre ?

                    Le 1er mai est le jour approprié pour cela. Ce n’est pas difficile de le faire en tant que simples citoyens : tous les 1er mai, on dépose un bouquet au pied du monument aux morts de sa ville, de son village, avec la mention « aux victimes du travail » :

                    http://www.dailymotion.com/video/xzkz5p_1er-mai-2013-hommage-aux-victimes-du-travail_news#.UYooG_BOLct


                    • Rincevent Rincevent 8 mai 2013 14:49

                      @ Gérard Luçon

                      A propos des cellules de soutien psychologique. Leur création m’avait fait sourire (jaune) moi aussi mais il faut savoir au moins deux choses sur elles.

                      La première, la finalité : des traumatismes pas ou mal évacués risquent de développer, au fil du temps, des comportements qui nuiront au travail. Donc, outre le bénéfice pour la personne (quand même), il s’agit aussi de relancer la machine en douceur...

                      La deuxième, les moyens : ces cellules ne sont pas des unités surnuméraires mais du personnel prélevé sur les équipes psy existantes et mobilisé ponctuellement. Pas d’heures sup ni de primes, juste récupérer ces quelques heures quand le planning le permettra... Coût pour la collectivité = zéro. C’est la réalité sur le terrain, pas des fantasmes.


                      • Latino Punk 13 mai 2013 14:48

                        Pousser les grandes marques à mettre en place des mesures de « protection » de leurs employés au Bangladesh, à leur donner un salaire décent est certes le minimum.

                        Mais il faut aussi prendre en compte la chose suivante : Les États comme le Bangladesh ou l’Inde, et les entreprises telles que GAP ou H&M, sont en féroce compétition avec des entreprises privées ou semi privées chinoises ou taïwanaises, qui elles n’ont que faire de nos réglementations. Celles-ci, à partir du moment ou leur couts de production seront plus bas que les entreprises ayant accepté de faire des efforts, remporteront des parts de marché (car ce sont bien ces produits que nous continuerons à acheter = les moins chers), envahiront nos étals, et nous n’aurons pas gagné grand chose.

                        Bref, à moins de contraindre les États chinois, taïwanais, indiens, etc. à mettre en place de réelles politiques de protection des travailleurs, ou de notre coté de n’acheter que des produits « éthiques », nous n’effectuons malheureusement que des pas de fourmi... (pas de fourmis néanmoins absolument nécessaires, pas de débat à ce sujet).

                        C’est donc auprès des États eux mêmes qu’une forte pression doit être effectuée.

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