Biden héritier d’un lourd tribut politique
Alors que nous suivions tous l’inauguration officielle du nouveau président américain Joe Biden, le paysage américain avait l’air morcelé. Le discours de Joe Biden à cette occasion mémorable était rempli de messages de réconfort et d’une tentative d’insuffler de l’optimisme quant à la possibilité de surmonter la crise démocratique américaine pour rétablir l’unité de la nation.
Autant d’indicateurs lassent entrevoir une tâche top prioritaire. Aucune autre priorité n’est plus prégnante pour le nouveau président. Malgré son âge, faiblesse pour nombre de ses détracteurs, Biden est le meilleur choix pour les États-Unis dans ces circonstances complexes. L’homme fort de son expérience politique aura une grande capacité à créer un consensus.
Il en aura besoin pour traiter avec un Congrès où les démocrates conservent une faible majorité, sous les yeux de républicains plus vigilants qu’auparavant.
Si la plupart des législateurs républicains sont plus enclins à se battre avec leurs rivaux, c’est en raison des tensions et du climat tendu de ces derniers mois, ainsi que de l’élargissement du fossé politique entre les deux principaux partis.
Force est de constater que la controverse n’est pas née d’hier. Elle fait rage depuis la victoire de Trump aux élections présidentielles de 2016, où certains législateurs démocrates ont boycotté son avènement.
Lors de son adresse sur l’état de l’Union en février 2020, Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des Représentants, avait déchiré son discours apparemment en réaction au refus délibéré de l’ancien président Trump de lui serrer la main avant son intervention.
La situation était fort intéressante et reflétait le haut niveau de conflit politique et partisan à Washington, bien que Pelosi ait fait preuve d’une rare stabilité émotionnelle face à cette situation embarrassante dans laquelle l’avait placé Trump. Au début, elle n’a tout simplement pas utilisé les mots de bienvenue protocolaires qui accompagnent le discours du président au Congrès.
« Membres du Congrès, le Président des États-Unis, » a-t-elle seulement énoncé. Pelosi a alors reçu un support chaleureux de la part de ses collègues du caucus démocrate. « Hier soir, nous avons vu le président des États-Unis déchiqueter la vérité sous nos yeux, » a-t-elle déclaré à l’époque.
Le président du caucus démocrate, Hakeem Jeffries, avait dit n’avoir aucun problème avec le comportement de Pelosi. « En ce qui me concerne, la déchiqueteuse n’était pas disponible et elle a donc fait ce qu’elle devait faire, » a-t-il déclaré.
Quant au leader républicain Kevin McCarthy, il avait commenté : « C’est très triste qu’une personne qui occupe ce poste, après la présidence et la vice-présidence, déchire son discours. » Tout cela reflète à quel point le désamour est grand et se nourrit. J’en doute que le départ de Trump va améliorer les choses.
Biden a au cours de ses huit années de vice-présidence sous l’administration de Barack Obama maîtrisé les accords et la compréhension avec les législateurs républicains. Il aura néanmoins beaucoup de mal à jeter des ponts avec le GOP. Les parlementaires républicains sont différents de ceux du passé.
De plus, le parti démocrate n’est plus en mesure de forger des compromis avec ses adversaires républicains, surtout ceux qui accusent le parti d’adopter des tendances dites socialistes ou gauchistes. En effet, les républicains vont davantage vers la droite, contrairement aux démocrates qui se tournent de plus en plus vers la gauche.
Certains chercheurs soulignent même que les deux camps connaissent une sorte de crise d’identité. Les républicains sont coupés en deux : d’une part, la droite trumpiste et d’autre, le mainstream républicain traditionnel. Pour les démocrates, la division s’est manifestée au premier tour pour remporter l’investiture du parti lors de la dernière élection présidentielle.
Le contraste est évident entre les positions du courant progressiste incarné par Bernie Sanders et Elizabeth Warren, et le centrisme traditionnel des démocrates avec Joe Biden et Pete Buttigieg. Bref, Biden devra gérer un lourd héritage politique.
Le journal britannique Independent a même rapporté dans un article de Patrick Coburn que « les dommages causés [par l’ancien président Trump] à l’Amérique seront difficiles à réparer, » citant la crainte que le trumpisme se poursuive après le départ de son père.
Bien que l’auteur ait rejeté l’idée que Trump puisse rester en vedette, des preuves suggèrent que le courant trumpien est toujours en vie. Faire avec sera un élément déterminant de la réussite de Biden lors de son premier mandat.
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