Budget 2020 : y’en aura pas pour tout le monde
Soyez rassurés, le budget 2020 de l’Etat vous sera présenté avec des beaux petits rubans autour mais quand vous aurez ouvert le paquet cadeau concocté par le gouvernement vous constaterez sans doute qu’avec un déficit de près de 100 milliards (dépenses autour de 400 milliards et recettes de 300), il y aura beaucoup de perdants et peu de gagnants.
La baisse des impôts
Super, l’impôt sur le revenu va baisser et la taxe d’habitation sera bientôt supprimée, encore faut-il être assujettis à ces impôts, ce qui n’est le cas que à peine de la moitié des contribuables pour l’impôt sur le revenu. Pour la taxe d’habitation, compte tenu des dégrèvements accordés tout le monde ne la paye pas non plus et il faudra attendre 2022 pour les plus aisés.
Encore faut-il intégrer quelques paramètres importants qui permettent de passer outre l’affichage et s’interroger sur les effets de ces mesures. Certes, en théorie, cela devrait permettre de relancer la consommation, mais consommer est-il l’alpha et l’oméga, à une époque où l’on s’interroge sur l’avenir des ressources planétaires ? Alors il y a de fortes chances que ces gains terminent sur des livrets d’épargne afin de préparer la déflagration sur les retraites en cours et la dépendance de fin de vie, autrement dit en épargne de précaution.
Ces mesures ne bénéficieront par ailleurs pas à ceux qui ne payent pas d’impôts et aux demandeurs d’emplois déjà dans la précarité et qui verront leurs fins de mois se transformer en cauchemar en raison de la baisse drastique des conditions d’indemnisation du chômage.
La fin de la taxe d’habitation dont on ne sait toujours pas comment elle sera compensée aux collectivités locales se traduira par une réduction des budgets sociaux locaux et il y a fort à craindre que les plus démunis devront se contenter de la seule mesure de réduction de 1 euro sur la redevance télévision prévue au budget : champagne !
Donc, l’Etat organise son appauvrissement et son inaction
Ce ne sont ni les ventes des bijoux de familles (ADP, Française des Jeux), ni la hausse de la collecte de la TVA consécutives aux baisses d’impôts ou aux mesures de relance « gilets jaunes » qui vont permettre à l’Etat d’avoir un budget présentable : le déficit de 100 Milliards financé par de la dette, comme d’habitude, nous le démontre aisément.
Peut-être que le gouvernement, dans un effort de communication destinés aux imbéciles, nous fera-t-il le coup des taux d’intérêts négatifs qui seraient, en quelque sorte, un impôt sur le capital qui lui permet de s’endetter à bon compte en baissant la charge de la dette, mais en occultant les 2000 milliards de dette en capital.
Les mesures « gilets jaunes » très bien accueillies par le Medef, consistent, on le sait à pouvoir verser à certains salariés des primes défiscalisées et désocialisées, c’est à dire que l’Etat implore les entreprises d’avoir recours (quand elles le peuvent) à ces gratifications, sachant que ce sont des recettes en moins pour les caisses de l’Etat et celles des régimes sociaux.
Et comme il faut tout de même faire des économies, ce sera en supprimant des emplois de fonctionnaires
Gérald Darmanin a annoncé que la Direction générale des Finances publiques donnerait l'exemple avec près de 6000 postes en moins sur trois ans. Plus surprenant la Transition écologique (près de 5000 emplois supprimés en trois ans) et celui des Solidarités et de la santé (-1080 postes) font les frais de la rigueur.
Autrement dit, la réouverture de guichets de finances publiques en zones défavorisées est un vœu pieux, la surveillance des usines Seveso (comme celle qui a brûlé à Rouen), le contrôle des entreprises du médicament qui organisent les pénuries ou bien encore le règlement de la situation des services d’urgence montrent bien la distorsion existante entre la communication gouvernementale et les actes.
Place aux bouts de ficelles, comme les démarches en lignes pour tout le monde qui donnent à notre pays une image de « Start up Nation », place aux autocontrôles des industriels et entreprises pharmaceutiques qui nous donnent le scandale de Rouen, celui du lait contaminé chez Besnier, de la viande polonaise ou bien encore le Médiator ou les prix qui explosent pour les médicaments qui soignent le cancer.
On l’a vu récemment, la communication gouvernementale qui n’arrête pas de bafouiller constitue désormais le mode d’action principal d’un Etat qui préfère déverser l’argent public en subventions et aux baisses de charges des entreprises, sans contreparties, favorisant ainsi la rente, l’accumulation des richesses et l’évasion fiscale, plutôt que de se préoccuper de ses citoyens.
Et ce n’est pas tout
Dans sa volonté irrépressible de limiter son action au régalien, c’est-à-dire la justice, l’armée et le maintien de l’ordre (si précieux en période de crise sociale), l’Etat se désengage sans trop le dire du champ de l’accompagnement social, cherche à tordre les systèmes d’aides au plus défavorisés et à laminer les systèmes de retraites, au nom de « l’égalité », bien sûr en favorisant les compagnies d’assurances.
Il nous l’avait dit : « les aides, ça coûte un pognon de dingue » et il avait même dans un grand élan néolibéral baissé les APL de 5 euros par mois. Il est désormais en train de tripatouiller dans le système du financement du logement social et baisser les dotations aux départements pour l’aide sociale, faisant ainsi de ces collectivités locales des organismes de « défaisance » pour les « dettes pourries » de l’Etat à l’image du CDR qui gère les dettes du Crédit Lyonnais.
En attendant des jours moins bons, nous avons eu droit à l’épisode de la CSG pour tous les retraités, puis pas pour tous, à l’équilibre des comptes de la Sécu en début d’année puis à son déficit de 5 milliards, in fine, suite à l’exonération des charges sociales sur les heures supplémentaires et les primes exceptionnelles de fin d’année. On n’a aucune idée du ruissellement provoqué sur l’économie par la suppression de l’ISF, et pour cause, les riches sont de plus en plus riches et se substituent à l’Etat pour la reconstruction de Notre Dame de Paris (ce serait bien qu’ils se mobilisent aussi pour les urgences hospitalières…) et nous sommes toujours à la recherche de la cohérence du jeu de chaises musicales financière qui consiste à faire la part belle aux « premiers de cordée » et à laisser les autres se démerder pour les fins de mois.
On est dans la politique spectacle avec grands débats sur tous le sujets avec des acteurs de seconde zone qui bafouillent devant les micros et dont le nez s’allonge et s’il fallait endormir encore un peu plus les français, on nous propose un débat à la con sur le coût de l’immigration plaçant ainsi le sujet « au cœur des préoccupations des français », ce qui est loin d’être le cas.
En fait, M. Macron s’aperçoit bien qu’il n’a plus la confiance du peuple pour la conduite des affaires. Il place donc le sujet sur ce qui a fait le succès de la petite entreprise Le Pen depuis quarante ans en espérant une fois de plus se poser en sauveur : « moi où le chaos », jusqu’à ce que la ficelle se casse…
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