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Accueil du site > Tribune Libre > Ce sera non...

Ce sera non...

Il n'y a plus d'alternative, à un moment ou à un autre il faut faire preuve de courage, et cesser de courber le dos et l'échine.

C'est par des actions indivividuelles que les choses changeront... aussi il ne faut plus perdre de temps... j'ai commencé demain en envoyant hier cette lettre à mon proprio

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Monsieur,

Vous êtes le propriétaire de l'appartement que j'occupe depuis une année avec mon fils de 2 ans et ma femme, et je tiens à vous redire que je n'accepterais pas l'augmentation annuelle même minime. Nous parlons d'une hausse de quinze euros mensuels, mais désormais ce sont quinze euros de trop. Et pour d'innombrables raisons, bonnes pour moi, mauvaises pour vous, j'en conviens, je ne paierai pas cette somme en sus, car au milieu de la grave crise que nous vivons, cela ne me parait pas justifié. Et par ailleurs, vous ne justifiez jamais cela.

Je travaille certes j'ai cette chance, comparée aux huit millions de mes compatriotes qui souffrent de non-emploi ou de précarité. Mais, cette chance à ses limites, celles faisant que je suis un travailleur pauvre... et ceci, c'est grâce en partie à vous (nous y reviendrons plus loin).

Notez que j'aime mon travail dans le secteur du tourisme, c'est vivant, je m'y sens à ma place, je me lève tous les matins à 5 h 15 avec le plaisir de m'y rendre, et cerise sur le gâteau j'apprécie mes patrons et tout se passe pour le mieux (enfin presque).

Presque, car même en ayant un niveau universitaire intermédiaire, étant ce que d'autres qualifient de polyglotte (comprenant et parlant cinq langues et apprenant actuellement le russe), ce n'est pas ce qui met du beurre dans les épinards ; tous coincés que nous sommes dans ce qu'ils appellent une convention collective, et qui permet ainsi de lisser les salaires vers le bas comme de coutume. C'est étonnant comme tout ceci ne s'oriente jamais à la hausse.

Et j'ajoute, que j'ai un job qui n'est pas délocalisable (ben oui la Côte d'Azur) ne se visite pas en se rendant dans une province chinoise (pour occuper une nuée de main d'oeuvre bon marché), mais cela ne rend pas pour autant ma profession correctement rémunérée.

Je vous ai senti extrêmement irrité, lorsque j'ai refusé cette hausse locative, et je vous comprends. Vous n'aviez jamais eu affaire de votre vie à une personne qui ose vous dire non. Voilà c'est fait, tout arrive, un jour.

Vous étiez encore plus courroucé sachant que j'ai droit à quelques allocations, censées couvrir cette hausse. Il ne vous est pas venu à l'esprit, que ces allocations servent en premier lieu à permettre le bien être éducatif de mon petit dernier, et que si APL (allocation pour le logement) c'est à vous quelles reviennent entièrement, car les loyers sont surcotés de 30 % minimum, sur la zone ou nous nous trouvons, si ce n'est 40 %. Et globalement ; il va va ainsi sur toute la France.

Vous ne mentionnez pas non plus que votre retraite est indexée sur l'inflation, alors que mon salaire lui peine à trouver une issue favorable pour couvrir l'ensemble des hausses touchant tous les postes de la vie (alimentaire, énergétique, etc.).

Vous aussi vous subissez ceci c'est juste, mais quand l'on possède quatre appartements dans le même immeuble, les caves, le magasin situé sur la place, et une villa dans le centre faisant que vous êtes millionnaire en euros, je me dis tout simplement que les riches (tels que vous) peuvent sauter un repas, les pauvres comme moi pas vraiment. Et si crise, il y a c'est bien, car vous tentez par tous les moyens de capter à votre profit unique, tout ce qui est possible. Sans honte aucune...

Pour conclure Monsieur, je vais aussi vous demander de me fournir plusieurs éléments qui me permettront d'évaluer si votre demande est valable. Merci de me transmettre dans les meilleurs délais :

— l'état de votre patrimoine

— la copie de votre avis d'imposition

— une lettre manuscrite mentionnant comment vous avez acquis ces biens ***

*** (je sais que cela vous a choqué, mais entendez bien que vous n'appartenez pas à ce groupe d'hommes qui ont changé la vie des hommes aussi je me demande si toutes ces acquisitions furent honnêtes, je ne voudrais pas que mon obole mensuelle contribue à alimenter diverses escroqueries par ricochet)

J'espère que vous n'en serez pas choqué, car lorsque vous m'avez demandé :

— mon contrat de travail

— mon avis d'imposition

— une assurance

— une caution

— des garanties

— des photocopies de bulletin de paye

— etc..

… je n'ai pas sourcillé et ai fourni l'ensemble des requêtes provenant de vous soins. En vous permettant d'avoir accès à ce qui fait ma vie, il me parait légitime de demander l'identique en retour... je veux désormais savoir à qui j'ai aussi affaire. On n'est jamais trop prudent de nos jours.

Et même si je sais que vous désirez me voir partir au plus vite, sachez que je prendrais quoi qu'il en soit mon temps, j'ai encore deux ans de bail, mais je ne suis pas un goujat, je laisserai la place propre... je veux continuer à pouvoir me regarder dans une glace.

Cordialement

 


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