Coïtus interruptus planetarius : une réponse non malthusienne à ceux qui spéculent sur la misère
Procréation : en cas de panne de freins, veuillez utiliser la voie de détresse !
Cent fois sur le métier il faut remettre l’ouvrage pour contrer l'intarissable détracteur. L'exhortation dénataliste donne bien du fil à retordre à ses initiateurs, car personne n'accepte cette humilité qui pourrait consister au refus de continuer à se reproduire pour cause d'une surcharge planétaire en inéquation avec des ressources en voie d'épuisement, ou tout prosaïquement pour ne plus fournir de nouveaux esclaves à une société qui ne sent pas bon, ou enfin parce que se reproduire à son image doit être réfléchi pour le motif que mettre au monde un enfant ne doit pas être un acte gratuit, car c'est aussi contraindre un futur adulte à vivre. La vie humaine sera-t-elle vivable d'ici le milieu de ce siècle quand les parents, citoyens impuissants, souffrent déjà du marasme mondial actuel ?
Le message s'adresse tant aux peuples démunis et surnuméraires du Sud qu'à ceux qui, force de moyens éducatifs et contraceptifs, ne font plus qu'un ou deux enfants mais dont l'empreinte, une fois adulte consumériste, correspondra à celle de dix ou vingt Nigériens.
Quant à la raison éminente pour laquelle on pourrait estimer que notre surpopullulation n'en finit pas d'occuper les niches des autres espèces et d'en provoquer éviction et extinction, tout le monde s'en fout, même si on se fait gorge chaude en restant scotchés devant des documentaires vaguement télévisés où l'expression "en voie d'extinction" est citée en boucle, même si, du haut de notre empathie mal digérée, on balance 10 balles au WWF pour un vague panda et non pour le lombric ou l'abeille, auxiliaires de notre alimentation et qui prennent la tangente à la vitesse grand V.
Tout à l'inverse, nous paraissons plus sensibles à l'idée hurluberluesque de remonter d'urgence notre taux de naissances pour protéger nos sacro-saintes retraites. Ah le fric, la peur, la sécurité ! Le monde est en danger mais aurai-je assez de points pour remplir mon armoire de médocs ? L'idée sociétale de garantir les retraites part d'un sentiment de survie identique à celui des parents des pays pauvres où les enfants sont fécondés pour prendre part au labeur agricole, nourrir la clique puis servir de bâtons de vieillesse. Chez nous, le bâton de vieillesse serait ainsi institutionnalisé. D'accord, mais jusqu'à combien faudra-t-il hisser ces nouvelles générations garantes de nos pensions de sénilité : 10, 15, 20, 50 milliards ? Démence, démence totale !
Ce que les contradicteurs voudraient entendre, c'est un ordre de dépopulation... Eh bien non, l'idéologue anti-nataliste n'a jamais proclamé et ne suscitera jamais aucun dictat de dépopulation. Même s'il est urgent de revenir aux 3 milliards que nous étions en 1960 ( eh oui, nous avons plus que doublé en un demi-siècle ! Dingue !), on ne stérilisera personne, on ne fera que mentaliser, conscientiser et demander aux pays du Nord de donner à ceux du Sud les moyens d'appliquer une politique nouvelle et tellement plus légitime, à l'inverse de ce qui a toujours été fait, notamment de la part des colonisateurs et des prédicateurs de tout poil.
On ne cesse de rappeler à l'ordre les décideurs politiques en leur signifiant que gouverner c'est prévoir. Je crois qu'il est tout aussi important de susurrer à l'oreille du Terrien envahisseur en rut que copuler requiert pareille prévision. Dans quel monde allons-nous plonger cet enfant ?
Hélas, la notion de finitude de la Terre passe au-dessus des têtes, surtout religieuses, conservatrices, avaricieuses, prétentieuses. Elle n'est d'ailleurs pas inscrite dans le moindre programme éducatif, religieux ou même économique. Nos professeurs, nos curés, nos économistes, nos démographes excellent dans l'exercice de la démographie hors-sol, conséquence impérieuse induite par notre formidable anthropocentrisme. Je donne la vie parce que je me trouve "beau" et auto satisfait, même si ma vie hideuse baigne dans la merde noire : vanité des vanités !
Tout ceci étant dit, "ils" n'auront de cesse de recourir à l'amalgame et de me traiter de fasciste malthusien, d'eugéniste vert, d'éco-nazi et autres noms d'oiseaux. Ça tombe bien, j'aime les oiseaux.
Revenons au cœur de ce sujet délirant : celui de notre surpopulation dans un monde fini, celui de faire monter trois plus d'usager dans l'ascenseur...
Sur ce point, le détracteur est celui qui suggère la sempiternelle et illusoire voie du partage, laquelle permettrait de se reproduire ad vitam aeternam (10, 12, 15, 20 milliards !) puisque l'homme de bonne volonté serait pétri d'altruisme. Le Livre l'avait prévu, mais ça ne marche pas. La seule recette du Livre qui a bien fonctionner fut celle de nous prôner "terreur du Vivant". Ça, c'est fait ! Parce que l'homme est de mauvaise volonté, égoïste, voleur, adepte du "toujours plus" et que ça n'aura de cesse, c'est psychanalytique. Ce ne sont pas les incantations qui changeront cette sale identité. C'est bien pourquoi, moins nous serons nombreux (à nous chamailler...) et plus nous risquons d'être heureux. Et puis, après tout, partage ou non, le volume et la résistance de l'ascenseur sont peut-être ce qu'elles sont, déterminés ? L'ascenseur n'est peut-être pas extensible ? Sait-on jamais ? À moins que la comparaison ne soit pas la bonne car nous avons les moyens de faire mentir les ascenseurs démographiques, surtout lorsqu'ils montent jusqu'au ciel où dieu reconnaitra les siens.
La réponse du berger à la bergère
Chaque fois qu'une crise alimentaire se profile à l'horizon d'un pays appauvri, on désigne les spéculateurs des matières premières, des aliments de base. Maïs, blé et riz couvrent 75 % de la consommation mondiale. La mainmise des multinationales sur les matières premières créent une pénurie qui est inacceptable. Alors, certains assurent que l'on pourrait légiférer pour empêcher ces banksters de nuire. C'est le cri de l'excellent Jean Ziegler, auteur véhément (notamment de L'Empire de la honte) et ancien rapporteur spécial auprès de l’ONU sur la question du droit à l’alimentation, grade qui lui vaut d'être entendu. Il s'oppose à la théorie libérale du ruissellement, qui justifie l'existence des riches par leur rôle dans la redistribution des richesses. Ziegler accuse les spéculateurs de crime contre l'humanité car selon lui les ressources de notre Terre pourraient nourrir jusqu'à 10 milliards d'hommes. Il n'a pas tort, mais après ? Il me semble que c'est seulement là le petit bout de la lorgnette sur le sujet démographique. Faut-il atteindre ce chiffre limite ? Et c'est encore vouloir remplir toutes les habitats, faire fi des interdépendances avec la Nature et du maintien des autres espèces végétales et animales dont nous dépendons aussi. Bon, Ziegler est sociologue et non écologue !
Il faut leur apprendre à partager, à ces spéculateurs véreux, soit ! Mais quelle dérisoire utopie dans le monde qu'on sait où tout est régi par le fric et le rapport de force. Encore un cri d'indigné inoffensif qui fait rire le pouvoir. S'indigner, s'indigner seulement est une posture, ça revient à pisser dans un violon. Homo sapiens modernicus est un sale type, il ne faut jamais oublier ça !
Mais soit, on va se faire comprendre et j'ai une solution. Comme nous faisions des petits pour la chair à canon, nous en faisons maintenant pour la consommation. Consumérisme futile et polluant au Nord, bouches à secourir au Sud. Dans les deux cas, des alibis populationnels pour continuer à produire, vendre, spéculer, nonobstant la méga crise écosystémique. Nous allons donc contraindre les maîtres du monde à redevenir humains, à ne plus faire leur beurre sur notre insatiable envie au Nord, sur leur sous-nutrition au Sud, en imposant du grève des ventres, une sorte de vaste coïtus interruptus planetarius ! Une fois qu'ils auront compris et cesser d'exploiter le monde occidental, d'affamer les contrées appauvries qu'ils s'acharnent par ailleurs à désertifier, nous referons des enfants sur une grande échelle, jusqu'à surcharger cette putain de planète extensible et rechargeable parce que les spéculateurs auront enfin dégagé et que la bonne parole de monsieur le curé aura enfin, après 2000 ans de patience, été entendue. Et au diable les autres espèces dont nous continuerons à coloniser l'espace, à fabriquer du mouton là où vivaient le loup ou le chacal. Partager, c'est partager entre-nous, sapiens comme sages, intelligents, pas avec des espèces inférieures et non dotés de notre intelligence !!
La voilà l'aimable alternative, le modus vivendi conciliatoire pour ne pas recevoir l'anathème et être traiter de fasciste malthusien !
Souvenez-vous, prenez date : dès maintenant, vous militez pour une grève de la procréation, vous soutenez celles et ceux qui ne se reproduirons plus jusqu'au temps béni où cessera l'abjecte spéculation des denrées élémentaires. L'objectif est de déjouer la permanente prophétie de l'ONU qui annonce - encore et encore - une nouvelle famine pour 2013.
Le refus de faire des enfants tant que ce monde ne se montrera pas juste et plus généreux risque d'être la grève la plus longue de l'histoire des grèves reconduites. On peut penser qu'avant que la haute finance ne batte en retraite, il faudra bien 10.000 ans ! Chouette, nous aurons ainsi réussi une totale dépopulation et les escrocs n'auront plus qu'à s'affamer entre eux. Mission accomplie : l'humanité aura disparue, bon débarras !
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