Coke en Stock (LVIII) : de l’intérêt d’étudier la météo quand on est trafiquant de drogue
Les trafiquants de drogue n'arrêtant pas d'innover, logique que j'abandonne quelque temps mes histoires d'avions transporteurs de drogue (rassurez-vous il y en a encore à raconter !) pour vous parler bateaux. Car l'actualité toute récente vient de nous montrer un très bel exemple des revirements de sens des trafics de cocaïne, notamment, en partance de Colombie (via l'Equateur), cette fois vers le Pacifique, ou plutôt de l'intensification d'un trafic existant, à base de yachts bourrés de drogue et non plus de petits avions. Les trafiquants, on le sait, prennent tout les risques : mais cette fois, ils semblent avoir ignoré une chose : naviguer en mer n'est pas toujours chose facile, et ignorer en prime les cartes météorologiques un véritable suicide, surtout lors de la saison des typhons dans cette région du monde. Retour sur un échouage assez étonnant survenu il y a peu sur un atoll du Pacifique, le 5 novembre dernier exactement, mais découvert vendredi dernier 15 novembre seulement. Un naufrage, en pleine saison des tempêtes tropicales ...
L'histoire commence tout d'abord par un appel au secours qui a tenu l'Angleterre en haleine en ce début de mois. Celui d'un couple de marins aguerris (l'homme à la barre avait 25 ans de voile derrière lui !), Stephen Jones, âgé de 52 ans, et Tania Davies, 43 ans, originaires du Pays de Galles, qui s'étaient retrouvés en difficulté en plein Pacifique à bord de leur navire au nom un peu prédestiné, le Windigo. Parti seul depuis trois ans sur toutes les mers du monde, à bord de son Oceanis Clipper 393 Beneteau (*), Stephen venait d'être rejoint par son amie Tania, et tous deux envisageaient de rejoindre la Nouvelle-Zélande, via les îles Fidji et Tonga. C'est là qu'ils avaient été pris dans une épouvantable tempête, qui les avaient contraints à se réfugier à bord de leur bateau de 11,6 m, les voiles en lambeaux, leur safran perdu, couverts d'hématomes et la tête en sang, tant leur esquif avait été balloté dans tous les sens. Le bateau avait chaviré et s'était retourné, pour heureusement réussir à se redresser après. Les plus proches bateaux, dont un de plaisance, l'Adventure Bound, et un cargo, le Chengtu,(en route vers Tauranga, près d'Auckland) se trouvaient alors à 30 miles nautiques (55 km),
, ils avaient entendu leur SOS, heureusement, un SOS quo avait été capté par un autre navire, militaire cette fois, l'Otago, de l'HMNZS Navy, alors encore à 35-40 heures de route des naufragés (il était en exercice dans le golf d'Hauraki, et la Royal New Zealand Air Force avec un de ses P3-Orion). L'Otago, un bateau de "protection", multirôle, servant aussi aux douanes, capable d'emporter un hélicoptère SH-2G Seasprite, autrement dit le sauveteur spécialisé idéal. Au final, ils seront retrouvés vivants, mais par le Chengtu, premier parvenu auprès d'eux. Mais le cyclone qui les avait tant effrayés avait eu une autre conséquence surprenante dont je vais maintenant vous expliquer les étonnants effets...
La mer demeure dangereuse, même pour les marins expérimentés... et même en Méditerranée ; comme l'a montré le naufrage récent d'un gros catamaran de 13 mètres, le "Love Love" (un Belize 43) chose plutôt rare, au large de Saïdia, sur la côte nord du Maroc, le journal interrompu de son skipper en attestant : jusqu'à cet épisode tragique, le parcours s'annonçait idyllique, il était devenu tragique en quelques minutes. Le danger des catamarans trop voilés étant de sancir, c’est à dire de chavirer par l’avant. Dans cette tragédie, un corps n'a toujours pas été retrouvé, à cette heure, même en découpant la coque du bateau qui avait fini par s'échouer, retourné par la tempête, son mât perdu en mer. Le "Love Love" s'apprêtait à quitter la Méditerranée pour traverser l'Atlantique et rejoindre le Brésil... A noter que Saïdia dans la Province de Nador est aussi un des hauts lieux des départs des "go fasts" maritimes du trafic de drogue en Méditerranée. On ne se méfie jamais assez de la mer Méditerranée, demandez-donc à Stéphane Courbit, qui n'avait que peu de temps pour s'y prélasser, sue son yacht, étant souvent fourré à l'Elysée....
Pour ce qui est de la tempête qu'avait traversé le Windigo, il s'agissait d'une tempête tropicale massive, dont l'impressionnante cartographie (faite ici ci-dessous au 8 novembre dernier) démontre aisément l'ampleur. A 985 hectopascals au centre de la dépression, on était en effet presque dans le cadre d'un cyclone tropical. Selon les rescapés, il leur avait fallu affronter des vagues de plus de 10 mètres de haut, soit la longueur même de la coque de l'esquif du couple. C'est classique, dans la région : le Pacifique fabrique des cyclones de ce type, très violents, de mai à novembre. Un autre couple de marins amateurs, qui tient le journal de bord du voilier Lightspeed sortant juste des îles Cook, avait noté lui aussi la dangerosité de cette dépression. Le récit joint de leur traversée de cette zone donnant une petite idées des frayeurs engendrées, en raison de la rapidité de son arrivée, même au mouillage au bord de l'île Pangaimotu.
Un autre témoignage du couple Mark Ward - Laurence Blakely à bord de leur First 456 ("Radiance") notera des pointes de vent subites à 74 nœuds (137 km/h) ! "Tout ce que je pouvais faire était de m'accrocher et de regarder comment le voilier Radiance filait et virait, impuissant. La plage se dressait près maintenant, trop proche alors que nous avions mis notre deuxième ancre côtière pour faire face aux vents de NE et il était maintenant avec un passage à près de 180 degrés du vent. Heureusement, le point d'ancrage principal a tenu. En quelques minutes, la VHF crépitait sur les ondes pour dire comment les bateaux à proximité se comportaient. Francina Ntombi parlait rapidement en soufflant et en disant "nous avons juste perdu notre générateur de vent." Evangeline rapporté "que nous venons de perdre notre Windex (la girouette) et notre feu tricolore en haut du mât." Marcel de Ty Amien ont déclaré que leur ancre avait chassé d'environ 40 mètres, mais tenait maintenant. Wondertime est intervenu en s'écriant « il nous entraîne, nous entraîne. J'ai l'impression que nous sommes entraînés !"
Mais leur ancrage a tenu. Karin (Azevedo) de Moonwalker (un catamaran) a rapporté seulement avoir perdu leur seau préféré dans l'arrivée de la tempête : "Heureusement, nous n'avons eu aucun dégât, même si quelques nerfs ont vacillé. Le baromètre était descendu à 999 Mb, et en moins d'une minute, il avait déjà regrimpé à 1003 Mb." Le 10 novembre, le beau ketch Benford "Wondertime" de la petite famille de Michael, Sara, Leah et Holly, subira à nouveau les brusques assauts de un mini-cyclone dans la baie de Tongatapu. Et montrera les vestiges de sa butée d'étrave et de son pavillon de courtoisie des Tonga complètement déchiré, en parlant à propos de l'événement de "microrafale". Il ne fait pas bon naviguer à cette période dans le Pacifique !!! Le temps peut devenir exécrable en quelques minutes à peine !
Ce qu'il y a de plus étonnant, dans cette histoire, en dehors de l'intensité du cyclone traversé, c'est que notre rescapé, Stephen Jones, était originaire d'une petite ville du Pays de Galles, ou plus exactement d'un port, celui de Llandudno Junction. Or, coïncidence, en mars dernier, cet endroit voyait la presse s'intéresser à deux patronymes proches de notre téméraire navigateur gallois.
David Jones Jones, et Mathew Philip Jones, deux frères membres d'un gang dont le leader Paul David Williams, originaire de Bangor, dirigeait un trafic de drogue alors qu'il était en prison à la prison d'Altcourse près de Liverpool, via des téléphones portables dissimulés (il en avait jusqu'a 7 exemplaires, l'un d'entre eux étant même déguisé en montre !). L'arrestation de tout le groupe de malfrats (35 personnes au total !) ayant été l'objet de longs reportages télévisés, les déliniquants ayant été à leur insu équipés de micros dissimulés dans leurs voitures. La police galloise ayant en effet décidé d'employer les grands moyens, lors de cette larbe "Operation Justice", ce qui allait s'avérer payant, car au bout elle avait saisi pour 400 000 livres de drogue (plus d'1/2 million d'euros), de la cocaïne comme de l'héroïne, et près de 50 000 livres en cash. Le très beau couronnement d'une enquête débutée de novembre 2010 à mai 2011. Lors d'une surveillance serrée, la police avait filmé en mai 2011 l'échange d'un simple sac en plastique... dans le coffre d'une voiture Renault, contenant pour 92 000 livres de drogue ! Ce qu'on peut voir aussi à Tourcoing, vous me direz, et ce que je vous confirmerai aisément... pour avoir moi-même assisté dans la rue à ce genre de transaction douteuse, il y a quelque temps. L'homonymie dérangeante de notre premier héros nous conduit donc au trafic de drogue via des ports anglais, et via des navires, dont des voiliers, censés passer plus inaperçus ou moins voyants que des containers à bananes remplis de coke. Venant... d'Equateur.
Retournons donc dans le Pacifique, pour voir, tiens, si d'aventure l'Australie ou la Nouvelle-Zélande ne serait pas l'objet d'un trafic similaire Avec, pourquoi pas, un de ces voiliers de contrebande. Et effectivement, l'actualité récente nous en fait découvrir un superbe exemplaire : un voilier de 13 mètres cette fois, un Sun Odyssey 44 de chez Jeanneau, appelé "en français sur la coque", le "Je Rève".. ou plus exactement le "Je.Re.Ve" comme l'indiquait clairement sa poupe. Voilier dont "on" avait perdu la trace le 5 octobre dernier alors qu'il approchait justement des îles Cook. Qu'était venu faire là ce voilier d'origine française après un périple de plus de 10 000 km minimum (6690 miles) ?
Une traque policière, à vrai dire, car le navire "sensible" avait quitté l'Equateur , direction l'Australie, ce qui ne représente pas un mince trajet à vrai dire.
Le bateau de croisière réputé, dont le centre des Glénans possède le frère jumeau 44i, (ici sa version DS) était parti le 20 août dernier de l'Equateur, suivi à la trace par les officiers de la DEA américaine... pour se perdre dans les îles Cook. Il sera retrouvé à 10 miles nautiques de Nuku'alofa, au nord de l'archipel, sur une plage de l'atoll de Luatafiton, gisant sur le côté, complètement démantibulé, les voiles toutes arrachées, sans avoir été réduites, visiblement. A noter que sa coque avait été recouverte d'un anti-fooling couleur lie de vin, à la place du bleu d'origine du modèle français d'origine (dont on entrevoyait encore un bout sur la coque ripée sur les rochers) : les trafiquants de drogue qui l'avaient acheté étaient prêts à débourser 100 000 dollars pour se payer un transporteur de coke de qualité, mais pas pour autant à en respecter le design. Un peu la même chose que pour les petits bimoteurs maquillés à la va-vite, achetés le double, pour apporter la drogue de Colombie en Afrique de l'Ouest...
Des trafiquants, car à son bord, on avait trouvé pas moins de 204 kilos de cocaïne... d'une valeur de 116 millions de dollars et un corps dans un état de décomposition avancé, de "type caucasien", un "palangi" (ou "palagi", un étranger, dans les îles Tonga). Ce qui avait pour conséquence d'intriguer doublement les agents de la DEA, qui avaient noté deux occupants au départ à bord. Comme quoi aussi les trafiquants de drogue ne lisent pas toujours les bulletins d'alertes météo : visiblement notre grand Jeanneau s'était pris la une tourmente similaire à celle décrite, quelques semaines auparavant...
Le corps fortement décomposé semblait indiquer que la mort remontait à au moins un mois : or, en septembre la région avait subi pas moins de 4 tempêtes tropicales, dont une dépression le 9 septembre formée au dessus de Palau, formée en tempête tropicale et appelée "Karen", et devenu "supertyphon" "Sanba" le 25 septembre, au système "explosif". En fait le typhon le plus violent depuis "Megi" en 2010 !
Il finira sa trajectoire au dessus de la Corée. Il a été suivie du typhon "Jelawat" apparu le 17 septembre, et accompagné de sa dépression sœur, "Ewiniar", le 22 septembre. Un Odysset Sun croisant deux phénomènes de ce style, voire même trois, n'avait aucune chance de s'en sortir intact. Les voiles en lambeaux du bateau retrouvé indiquant que l'équipage n'avait pas eu le temps de les affaler : la tempête avait brusquement surgi sur eux. Le second occupant avait il été éjecté du bateau en tentant de le faire reste une hypothèse possible. Le 27 septembre, une énième tempête nommée "Maliksi" s'était formée vers le lagon de Chuuk. Bref, nos trafiquants, pour sûr, ne s'étaitent pas beaucoup documenté sur la période d'apparitions des typhons dans la région !
Leur navire possédait pourtant un équipement électronique conséquent : sa publicité de mise en vente précisait en effet la présence à bord d'un équipement "Raymarine : radar, traceur, sondeur, anemometre, speedo, pilote, VHF Icom, BLU". On en conclura qu'ils étaient de piètres marins (bien que l'exemple du couple britannique vu au début de ce chapitre tend à démontrer que personne ne peut s'en sortir au milieu de telles bourrasques). L'échouage dans les îles Tonga démontrait en tout cas que le bateau avait été particulièrement secoué, et sévèrement abîmé par des vents extrêmement violents, qui avaient bien pu tuer le marin à bord. Pour l'autre, il ne restait que des suppositions : tombé en mer ou ayant réussi à se sauver une fois sur la côte ? L'état déplorable du navire laissant difficilement envisager la deuxième solution...
Fait original, je vous l'ai dit, ce SunOdyssey était français d'origine, et il était à vendre (**) il n'y a pas encore si longtemps par un.. français, un Bayonnais, qui devrait pouvoir donner à la police des éléments intéressants sur son nouveau propriétaire (voir ici sa photo à gauche sous pavillon français). La petite annonce déposée chez un broker de Floride était ainsi rédigée :
"Ce bateau Jeanneau Sun Odyssey 44 de 1991 a été acheté neuf à Massif Marine (un des distributeurs officiels des Beneteau ou Jeanneau ) et à d'abord été mis à l'eau l'année 1993 à St Marin en Martinique. De là Je ReVe eu une période d'affrètement et son premier propriétaire l'a ramené l'année 1996 à La Trinité en France pour le mettre sur cale sèche pour refaire tout à l'intérieur et l'extérieur : avec un mât de coulissant, un gréement complet neuf, une voile lattée et un Genois en Tri-Mylar CL et un matériel de premier niveau électronique fait par l'équipementier Kervilor Vannek à La Trinité". A noter que le SunOddyssey 44 a été construit à 446 exemplaires à ce jour.
"Je l'ai acheté là sous son nom de "Jonathan" en décembre 2001, et en suis devenu le 2ème propriétaire. Il est resté à Port La Forêt (en Bretagne, c'est le port de plaisance de La Forêt-Fouesnant donnant sur l'archipel des Glénan) de juin 2002 à décembre 2003 chez le dernier lieu de haut niveau pour préparer des bateaux de course (le meilleur fabricant pour beaucoup - le chantier spécialisé CDK Technologies sans doute- et la première Ecole de Course au Large - nota : les Glénan, donc !). J'ai tout inspecté ... électricité, eau ... l'installation de panneau solaires et le générateur d'air, des ... winchs Lewmar polis, et en prenant un grand soin de tout chaque année . En juillet 2003 j'ai fait de la voile à Cap Breton au sud-ouest de la France, jusqu'à ce recommence sa navigation en octobre 2004. Parce que j'ai trouvé de l'osmose sur sa coque, je l'ai stocké à sec pendant plusieurs mois pour lui faire poser une nouvelle coque époxy en juin 2005 à La Corogne en Espagne, ce qui a été très bien fait avec de l'Osmoshell par Hercule Marine à MarinaSeca."
"Depuis JeReVe navigue près de quatre mois chaque année : il est resté en stockage à sec une seule fois à Faro au Portugal au 2006, et une fois à Manzanillo (Mexique) et à Carthagène, en Colombie 2010, 8 mois dans l'année.Tout cela pour être plus sûr et être un meilleur bateau. Depuis, chaque année, d'octobre à janvier, nous vivons à bord et faisons à la voile, jamais plus de 500 miles nautiques. En fait, depuis le 15 janvier 2011 JeReVe a passé du temps au Panama et ailleurs (la petite annonce de Floride indiquait qu'il était visible à Panama). Nous avons traversé l'Atlantique entre le Cap-Vert et Tobago-Trinité l'année 2007 avec du très bon temps pendant 2 semaines, car le JeReVe est un bateau véritable de voyage. Les voiles et les câbles sont peut-être bientôt à changer, mais peuvent encore aller pour un long voyage. Le moteur Yanmar 44CV 4JHE chiffrant 3700 heures est un bon état, parfaitement réglé, JeReVe est prêt à naviguer et à donner beaucoup de plaisir à son prochain propriétaire".
Le vendeur donnant un dernier détail permettant de le retrouver facilement : "Tout les certifications sont valables et visibles sur le bateau. C'est sous immatriculation française, à Bayonne dans la baie de Gascogne. Il a fait des pointes de 12 nœuds de vitesse, avec 25 nœuds de vent, sur la route entre Curacao et Carthagène". Il possède donc l'identité de son dernier acheteur, et doit être surtout fort dépité de voir comment a fini son bateau.
En fait de "plaisir" à son bord... c'est un cadavre désséché par le soleil qu'on a retrouvé dedans. Sans pour l'instant savoir s'il s'agît de son propriétaire : très certainement un malheureux comparse. Le bateau échoué battant toujours pavillon... français ! Le plus étonnant étant que le navire soit resté plusieurs jours semble-t-il échoué sans que les trafiquants ne réussissent à s'emparer de son contenu : il ne devait donc pas être attendu à cet endroit (il a dérivé bien trop au nord, semble-t-il). Visait-il directement l'Australie ? Voir via la Nouvelle-Calédonie où en avril dernier le patrouilleur La Glorieuse avait intercepté 200 kilos de cocaïne dans un voilier battant pavillon canadien, un Hunter 33, le "Megalodon" ??? Aurait-il pris la route pour un autre relais, tel le... Vanuatu tout proche ?
Pourquoi donc plutôt le Vanuatu, me direz-vous entre la Mer de Corail et le Pacifique ? Ah, ça, vous le saurez très bientôt, je pense...
(*) annoncé ici d'occasion à 99 900 euros.
(**) pour la modique somme de 90 000 euros.
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