Coke en stock (XIV) : le véritable précurseur, et l’entrée en scène de Noriega
Et si historiquement il n’y avait pas eu d’autres précurseurs encore ? Car si l’on y regarde bien, selon les dates de sortie des tous premiers bimoteurs à turbopropulseur, il devrait bien y avoir dans le Golfe du Mexique quelqu’un qui a dû avoir l’idée de transporter par petit avion de la drogue, non ? Et bien rassurez-vous, on vous l’a retrouvé, celui à qui on peut attribuer la paternité du système. Cet homme est un trafiquant colombien, qui s’appelait Carlos Lehder, le co-fondateur du cartel de Medellin, admirateur du nazisme (il se déguisait parfois en pseudo général nazi !) et l’endroit sur lequel il avait jeté son dévolu était la petite île de Norman’s Cay dans les Bahamas. C’est véritablement lui qui a révolutionné le transport de drogue à partir des années 70… lui, et son pilote attitré, Fernando Arenas. En inventant tout : l’usage de petits bimoteurs performants, celui de pistes d’atterrissages en front de mer… et même le recours à de gros porteurs, chez lui de vieux bimoteurs datant de la seconde guerre mondiale ! Aujourd’hui, c’est même l’un des rares vestiges que les touristes peuvent voir de l’ère faste de Lehder : l’homme purge toujours sa peine de 135 années de prison, infligée en 1987.
L’image est frappante, elle est même visible de Google Earth. A quelques dizaines de mètres seulement de la superbe plage de la petite île de Norman’s Cay des vestiges d’avion apparaissent encore, plus de 30 ans après son crash. L’île n’est qu’à 210 miles de la Floride, elle fait partie de l’archipel des Bahamas, qui a toujours constitué un haut lieu des transferts de drogue vers les Etats-Unis. Abusivement décrite comme étant un DC-3, c’est en fait l’épave d’un Curtiss Commando C-46F, qui s’est crashé là le 15 novembre 1980. L’avion d’un trafiquant de drogue notoire qui avait fait main basse sur l’île à la fin des années 70, en 1978 exactement. Dès son arrivée, il se fait construire une piste d’atterrissage d’un km, une villa cossue et plusieurs hôtels, tous surveillés étroitement par des rondes de gardes munis d’énormes dogues allemands. Des riverains, dont des célébrités du spectacle, venus sur l’île en raison de son côté paradisiaque se plaindront un jour d’avoir êté poursuivi par un hélicoptère muni d’un haut-parleur… On se croirait dans un film de James Bond, avec un « méchant » vrai de vrai. Celui-là, hélas en est un. En 1980, on retrouve sur la côte de Norman’s Cay un yacht appartenant à un couple de Fort Meyers avec dedans un corps lardé de coups de couteau : l’homme a été torturé par les sbires de Carlos Lehder le mégalo. Le premier ministre du coin, Norman Pindling, ne bronchera pas : il se fait copieusement arroser par Lehder en échange de son silence. L’île paradisiaque cache un de ceux qu’on appellera à Miami les « Cocaïnes Cow-boys.
Lehder avait eu une sacré intuition : celle des petits bimoteurs pour faire le trajet Bahamas-Floride, et celle des gros pour ramener en quantité la drogue de Colombie. Et pour cela, il avait donc jeté son dévolu sur des Curtiss Commandos C-46, bien moins connus que les C-47 Dakota, mais dont l’histoire révèle quelques accointances qui vont faire resurgir ce dont on a déjà parlé ici longuement. Le trafic de Lehder était extrêmement lucratif : il gagnait parfois 1 million de dollars en deux jours ! De 1978 à 1982, il fit rapidement fortune avec un procédé simple, somme toute : la cocaïne venait de Colombie par jets ou par gros bimoteurs (l’armée colombienne opérant encore des C-46 ils pouvaient davantage passer inaperçus !), déchargés à Norman’s Cay , et rechargés sur des petits bimoteurs, direction la Georgie, la Floride et la Caroline du Nord et du Sud. A l’époque, les gardes-côtes ne surveillaient que le pourtour du Golfe du Mexique, et les Piper Navajo de Lehder se posaient leur nez et à leur barbe bien plus au nord, ou sur la côte Est de la Floride. En 1985, alors que les activités de Lehder commencent à être connues, un pacte est conclu avec la CIA pour utiliser son aire d’atterrissage. La CIA a besoin d’un relais, car elle vient de démarrer une nouvelle opération au Nicaragua. Celle des Contras cette fois.
La seconde histoire de la CIA au même endroit date de 1985 en effet : cet été là, le premier ministre des îles Turks and Caicos, Norman Sanders, et d’autres membres de son cabinet signent un accord dans lequel l’île accepte le passage d’avions un peu spéciaux contre le versement de quelques compensations. Comme le fait depuis des années Lehder ! Les avions ne sont pas petits. Ce sont des Providers C-123 : ceux de Barry Seal !!! Venus de Colombie, direction… la Mena !!! C’est Seal en personne qui en témoignera à la « President’s Commission on Organized Crime » en 1985, justement. Le C-46, avec sa soute a fond plat très large et sa plus grande capacité d’emport que son heureux rival avait toujours eu la cote chez les anciens des forces spéciales.
Quand il a fallu choisir un avion pour l’opération de la Baie des Cochons, à Cuba, 25 ans auparavant, c’est sur le C-46 que le choix s’était porté. Les exilés cubains revanchards s’étaient entraînés avec la CIA en 1960 sur l’île d’Useppa, en Floride, près de Miami, ainsi qu’à Fort Gulick et Fort Clayton, au Panama. On en a vu aussi sur la base secrète de Retalhuleu dans la Sierra Madre, au Guatemala, apportant les armes aux cubains qui avaient pris le nom de Brigade 2506. « En juillet (1960) , la C.I.A. entreprit la construction d’une piste d’aviation secrète à Retalhuleu. Le terrain qui existait déjà ne convenait pas à l’atterrissage et à l’envol des C-46, C-54 et B-26. Le contrat pour cette piste fut adjugé à Thomson-Cornwall, Inc, importante société de travaux publics dont les bureaux sont situés dans le Building Chrysler à New York. Cette société, qui opérait déjà au Guatemala, disposait sur place du matériel lourd nécessaire. Alejos servait de façade à la C.I.A. pour toutes les transactions financières au Guatemala, et ce fut lui qui signa le contrat pour la piste d’aviation’. Le paiement initial pour les travaux de terrassement fut de 450 000 dollars. Avant que tout fût terminé, la piste et les installations de la base aérienne à Retalhuleu avaient déjà coûté àla C.I.A. 1 200 000 dollars » notent David Wise et Thomas Ross dans « le gouvernement secret des USA ».L’emplacement exact choisi est celui d’une plantation de café, »La Helvetia » entre Quetzaltenango et Retalhuleu.
Ces exilés cubains firent le circuit Floride (à Opa-Locka - Retalhuleu) à plusieurs reprises : « Une fois achevée la construction de la piste de Retalhuleu, le pont aérien des recrues entre la Floride et le Guatemala pouvait commencer sérieusement. Le processus ne variait pas. Un Cubain prenait contact avec la C.I.A. par l’intermédiaire des groupements d’exilés. S’il passait avec succès le criblage préliminaire, il était engagé, transporté de nuit dans une « maison sûre » de la C.I.A. et, de là, avec des ruses compliquées, dirigé sur le mystérieux aéroport bien gardé d’Opa-Locka, à Miami, d’où il était convoyé vers Retalhuleu. Parfois, d’autres terrains d’aviation de Floride(comme ici encore) servaient à ces vols clandestins, et il arriva que la C.I.A. se heurtât à des policiers locaux trop zélés. Un jour, le shérif du comté de Hendry reçut un rapport selon lequel des avions non matriculés, sans feux, venaient cueillir des groupes d’hommes, la nuit, sur un terrain d’aviation abandonné de Floride, à Clewiston, près du lac Okeechobee ». Opa-Locka a comme étrange particularité d’avoir été bâti d’après une légende arabe : son architecture est assez surprenante comme ville !
Les C-46 firent des aller-retours en 1961 entre Retalhuleu et la base de la CIA appelée JMTide (Happy Valley), située à Puerto Cabezas, au Nicaragua. Le tout sous la direction express de Tracy Barnes, l’envoyé de Richard Bissell, l’adjoint direct de Allen W. Dulles, chef de la CIA (et pire individu qui soit). Lors de l’assaut, les 177 paras largués à Cuba le seront grâce à un seul C-54 quadrimoteur et 5 C-46 bimoteurs. le 18 avril, c’est un C-46 qui aménera les armes à Playa Giron (la Baie des cochons),, sur l’étroite bande de sable qui servait de piste aux rebelles anti-castristes. C’est là où seront fait prisonniers les cubains exilés de la brigade 2506. Des Marauders et des C-46 iront au tapis. Des B-26 Invaders aussi.
Juste avant, la CIA, avec Sheffield Edwards et Robert Maheu, deux vétérans du contre-espionnage, avaient offert à la Mafia 150 000 dollars pour assassiner Fidel Castro. Un débarquement de 750 opposants avait été prévu pour prendre les rênes du pays dans la foulée. Kennedy avait reçu ce plan appellé « JMARC proposal » à Palm Beach le 18 Novembre 1960 mais l’avait rejeté au départ. Puis l’avait accepté le 11 mars 1961, en le réduisant en dimension. Au départ prévu à Trinidad, le débarquement aurait lieu dans la Baie des Cochons. Pour beaucoup d’observateurs, l’opération était un vrai piège pour Kennedy : les troupes seraient vite encerclées par les forces cubaines, ce qui obligerait les Etats-Unis à débarquer en force pour sauver les exilés pris au piège. Kennedy ne tombera pas dans le panneau de Dulles, mais venait de signer son arrêt de mort : son assassinat comportera des exilés cubains, des membres de la mafia… et la CIA… Dulles et Bissell furent remplacés par Richard Helms. Les exilés étaient aussi regroupés dans ce qui a a été appelé « l’Operation 40″ ; sorte de club d’assassins anti-castristes d’extrême-droite, ou figuraient entre autres Antonio Veciana, Luis Posada Carriles, Orlando Bosch (l’assassin du ministre chilien Letellier) , Roland Masferrer, Eladio del Valle, Guillermo Novo, Rafael Villaverde, Carlos Bringuier, Eugenio Martinez, Antonio Cuesta, Hermino Diaz Garcia,Felix Rodriguez, Ricardo Morales Navarrete, Juan Manuel Salvat, Isidro Borjas, Virgilio Paz, Jose Dionisio Suarez, Felipe Rivero, Gaspar Jimenez Escobedo, Nazario Sargent, Pedro Luis Diaz Lanz, Jose Basulto, Paulino Sierra et… Barry Seal ! A leur tête, Rafael (Chi Chi) Quintero ; dirigé par Frank Sturgis de la CIA, que l’on retrouvera mêlé à l’assassinat de Kennedy et aux plombiers du Watergate ! Sans oublier…. Porter Goss (ici au nightclub de la »La Reforma » avec toute la bande ! ), et oui, celui qui prendra la tête de la CIA de 2004 à 2006. Un homme pareil à la tête de cet organisme en dit long sur ce qu’il est devenu : une belle bande d’assassins, qui ne sont guère mieux que les trafiquants des Cartels Colombiens ! Avec lui, la CIA retrouvait le même élément naturel : le Golfe du Mexique et son trafic de drogue ! Chez lui, la symbolique en dit plus long que ses (mauvais) discours ! Et son passé de maire de Sanibel Island (en Floride) en dit tout aussi long sur ses préoccupations principales.
Le C-46 a davantage été mêlé aux opérations de la CIA que son concurrent le C-47. Il volait moins loin, mais avait la nette préférence des équipages avec son énorme cockpit fort dégagé. Résultat, on l’a trouvé sous un nombre incalculable de compagnies paravents : Civil Air Transport, Southern Air Transport, Air America, Air Asia Company (China), Intermountain Aviation ou Rosenbalm Aviation. C’est ainsi qu’en novembre 1960, une firme dénommée Sebastian Y Gomez S.A, du Panama, achètera quatre C-46 chinois immatriculés B-850 en Chine, pour la somme de 75 000 dollars pièce. Sebastian Y Gomez S.A n’existait pas : c’était le nom d’emprunt de la CIA pour s’équiper des avions de la Baie des Cochons ! En vrac, ces différents appareils portèrent les numéros 478628, XT-850, N8369C, B-850, N74811, N18AC, N23AC, N777AF, HP-316 et HP-317. On retrouvera le N23AC chez Intermountain, une autre appellation d’entreprise factice pour la CIA. L’avion changera souvent de couleurs. Doté d’une large porte cargo du côté gauche, il était l’engin idéal pour charger des armes ou de gros colis. Pour Wise et Ross, les avions étaient « blancs », sans signe distinctif extérieur : « …Mais la C.I.A. commit une négligence de détail. Quelques diplomates particulièrement observateurs remarquèrent avec étonnement qu’il n’y avait aucun insigne et aucun numéro d’immatriculation sur les avions qui devaient effectuer le transport des fruits et des crevettes. Miguelito dut intervenir rapidement : les avions, expliqua-t-il d’une voix rassurante, attendent ici qu’on peigne leurs insignes et leurs matricules ». L’entraînement des exilés se poursuivait aussi aux États-Unis. A Miami, la C.I.A. les exerçait au maniement des armes et à la tactique de la guerilla. L’entraînement avait lieu dans les Everglades et même dans les hôtels de Miami. » On ne peut être plus clair : les armes aussi auront leur numéro de série limé. Rien ne devait montrer une origine américaine. L’opération de la Baie des Cochons est bien un coup d’état raté.
Et l’alliance trafiquants-CIA un état de fait indéniable, décrit dans le détail dans le livre de Gary Webb « Dark Alliance, the CIA, the Contras, and the crack cocaine explosion« . Paru en 1996 et à nouveau disponible sur le Web, c’est une bombe en puissance qu’on a tout intérêt à vouloir ignorer si l’on est partisan de l’incroyablepolitique étrangère US en Amérique du Sud. Je vous en recommande bien entendu la lecture. On y trouve des témoignages saisissants, notamment de pilotes inquiets de voir des ballots de drogue remplacer les armes fournies sur la base du Guatemala (« JMMadd« appellée aussi Rayo Base) et destinés au ranch de Hull, en Floride. Un des pilotes de Morales, le trafiquant impliqué, qui entrait et sortait du ranch Hull, « Tito » Carrasco, a témoigné que l’un des commandants de guatémaltèques lui a assuré qu’il avait rien à craindre parce que la CIA protégeait les vols à partir de Costa Rica vers la Floride. « Octaviano et Popo Dites-George (Morales), « Ecoutez, ces gens sont censés travailler pour la CIA, ces personnes sont censes avoir, vous savez bien, tout sous de contrôle, de sorte qu"ils ont dit à George, « faites-le donc à Opa Locka. Rien ne sera passera si l’avion arrive à Opa Locka », a témoigné Carrasco. »
Mieux encore, quand l’enquête menée à l’époque par le sénateur Kerry va révéler à quel point de fourberie on était arrivé avec ces Contras et avec ce réseau de drogue où la CIA était directement impliquée : « les preuves produites au cours de l’enquête de la DEA sur Manuel Noriega ont révélé que son trafic de drogue chargeait des avions avec de la cocaïne en Colombie, les avions ravitaillaient ensuite sur des pistes d’atterrissage des Contras au nord du Costa Rica avant de continuer vers les États-Unis et d’aller balancer leur chargement en Louisiane et au Texas. L’ancien pilote du gouvernement du Costa Rica Werner Lotz Octavio a confirmé à un sous-comité du Sénat américain en 1988 sur Noriega que les pilotes devraient voler avec les armes pour les Contras en même temps que la drogue, laissant les canons derrière eux au Costa Rica, avant de repartir vers deux voies, une vers le Nord à travers le Mexique pour le marché de la Côte Ouest, et l’autre par l’intermédiaire des Bahamas pour les acheteurs de coke de la Côte Est. A la question posée par un enquêteur du Sénat, « Comment était-il possible pour ces avions remplis de drogues d’entrer et de sorti des pistes d’atterrissage sans être détecté et sans créer de problèmes au Costa Rica ? » Lotz avait répondu clairement : « Très simple, monsieur le Costa Rica possède un très mauvais radar ». Un radar bien entendu fourni… par les américains ! En prime, il répondait encore ainsi à la question :« N’y-avait-il pas danger à ce qu’ils soient arrêtés sur le terrain ? » « Aucun, » répondait-il alors, « car cela a déjà été organisé. Tous les débarquements ont été arrangés. Ils étaient secondés par les révolutionnaires eux-mêmes « . Des révolutionnaires qui échangeaient leurs armes contre de la drogue, qui embarquaient vers les Etats-Unis ou les Bahamas via les avions de la CIA. Ceux de Barry Seal via l’aérodrome de Lehder parfois. Aujourd’hui où les Farcs ont été tant vilipendés par les américains pour avoir fait de même, ça prend tout son sel, il me semble.
Et pour ce qui est de notre trafiquant, il se fait finalement condamner lourdement en 1987 pour trafic de drogue aggravé : il héritera d’une peine de 135 ans de prison, mais avec quelques aménagements… assez savoureux. Il avait en effet accepté de témoigner contre Manuel Noriega, et de charger au maximum sa barque. Comme avocat, c’est à noter, Lehder avait pris Frank Rubino, spécialisé dans la poudre blanche. Un ancien agent secret, ayant même joué les gardes pour Nixon à Key Biscayne, et qui sera aussi celui de… Noriega ! Selon lui, « 11 millions de dollars de la fortune de Noriega provenait de ses accords avec les agences américaines ».
Le contenu de la barque était celui entendu lors de la commission Kerry, et celle qu’on entendra à nouveau peut-être bien si Noriega est jugé (*) en France,qui sait… Noriega, un sacrée pointure en effet « Agent double de la CIA et des services cubains, il est fait commandeur de la Légion d’honneur en 1987, tout en relayant le trafic de la cocaïne colombienne », nous résume Wikipedia. Gasp, quel client ! Une médaille remise sur recommandation du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Jean-Bernard Raimond, membre du gouvernement de Jacques Chirac ( du 20 Mars 1986 au 10 Mai 1988), et donc sous la présidence de François Mitterrand. Le temps d’éplucher ses comptes à la BNP, au CIC, au Crédit Lyonnais et on vous en reparle… Olivier Metzner, son avocat, avait du travail devant lui ! Quarante ans de CIA, il doit avoir de quoi raconter ! Et pendant quarante ans, le temps pour des avions de se retrouver au fond des eaux comme nous le verrons encore demain.
(*) l'article a été rédigé avant son extradition et son jugement en juillet dernier à 7 années de prison pour "pour blanchiment d'argent issu du trafic de drogue"
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