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Comment être pris en grippe par le virus aviaire...

Depuis février dernier, alors que la grippe aviaire restait cantonnée en Asie, l’OMS multiplie, pour des raisons inconnues mais peut-être « économiques », les avertissements quant aux risques de survenue d’une pandémie avec contamination inter-humaine...

Franchissant momentanément la barrière des espèces à Hong-Kong en 1997, contaminant 10 personnes dont 3 sont décédées, la grippe aviaire est revenue avec force depuis deux ans dans le Sud-Est asiatique, avec une mortalité humaine accrue (66 décès pour 120 cas).

« En contact permanent avec l’Oms », les laboratoires Roche, qui avaient déjà doublé la fabrication de leur antiviral en 2004, ont offert à l’Oms 3 millions de traitements le 24 août dernier. Tandis que les campagnes de vaccination contre la grippe aviaire - « seul moyen pour maîtriser l’infection » - s’intensifient en Asie du Sud-Est, les pays riches constituent - pour la première fois dans l’histoire de la lutte contre les maladies infectieuses - des stocks importants d’anti-viraux, ainsi que de vaccins « spécifiques » en cours de fabrication, dont aucun n’a montré son efficacité contre une maladie contagieuse à venir.

La souche responsable reste en effet d’autant plus mystérieuse que « le virus n’existe pas encore », comme le reconnaît Bernard Toma, professeur à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort ! Depuis la survenue récente des premiers foyers de grippe aviaire dans des exploitations avicoles en Turquie, en Grèce, ces mêmes pays riches ont plus que doublé leurs commandes d’antiviraux, qui sont passées en France, comme en Grande-Bretagne, de 14 millions à 20 millions, puis 40 millions de traitements individuels (soit le quart du déficit de notre « chère » sécu), tandis qu’aux USA, elles passaient de 1 milliard à 3,1 milliards de dollars.

Alors que le vaccin contre la grippe n’est aucunement efficace contre la grippe aviaire - contrairement aux déclarations de certains médecins, reprises par la télévision - les fabricants de vaccins - et les actionnaires - se frottent les mains : la vente a été multipliée par 8 en Roumanie. En France, tandis que la vente de poulet a chuté de 20%, les Français se font davantage vacciner « pour se faciliter la vie », obéissant ainsi au spot publicitaire télévisé de la CNAM.

Malgré toutes ces mesures, qui dépassent largement les recommandations initiales de l’Oms, les experts sont maintenant convaincus de la survenue inéluctable d’une pandémie, preuve, s’il en est, que les mesures ne seront pas efficaces.

Car, pour respecter le principe de précaution et ne pas se voir reprocher ultérieurement l’attentisme, nos autorités ont fait confiance aveuglément, une fois de plus, aux laboratoires, alors que ces derniers ne leur « communiquent qu’1 à 10 % de leurs données pharmacologiques » (Réf ; Michel le Duff, directeur du Centre de recherche et d’information sur le médicament, le Crim, Ouest-France, septembre 2001).

C’est ainsi que les antiviraux (Tamiflu et Relensal), pour lesquels les taux de résistance vont croître inévitablement, se révèlent aussi efficaces qu’un placebo dans le traitement de la grippe, tout en participant à la sélection de virus plus virulents (Réf. : Rapports de l’Office canadien de coordination de l’évaluation des technologies de la santé, janvier et novembre 2001). C’est ainsi que l’efficacité du vaccin contre la grippe n’est que de 23%, lorsque le vaccin correspond au virus grippal en circulation. S’il s’agit d’un autre virus grippal, la protection des sujets vaccinés est moins bonne que celle obtenue avec le placebo chez les personnes non vaccinées (Réf : Dr Tom Jefferson, synthèse de 64 études internationales portant sur 2,5 millions d’observations, The Lancet, 22 septembre 2005).

De plus, par le phénomène de commutation, le vaccin favorise la sélection de virus plus virulents et agressifs. (Dr Kheir Taha, directeur adjoint du centre de référence du méningocoque à l’Institut Pasteur). C’est le cas également des vaccins en devenir contre la grippe aviaire humaine, pour lesquels personne ne peut affirmer qu’ils seraient d’emblée ou ultérieurement protecteurs contre le nouveau virus, si ce dernier devait émerger à partir de l’actuel H5N1 chez l’homme. La vaccination contre la grippe aviaire pour les volailles n’est pas envisagée en Occident, pour la simple raison que les poulets vaccinés ne pourraient être exportés ; le vaccin est en effet élaboré à partir du virus recombiné de la variole aviaire et de l’ADN exprimant l’antigène hémagglutinine.....

Vaste terrain d’expérimentations, cette nouvelle bataille sanitaire serait perdue d’avance. Sauf pour les laboratoires, qui en sont déjà les seuls vainqueurs, comme ils l’avaient été devant les hypothétiques menaces bioterroristes lors de la guerre d’Irak, ainsi que le déclarait le Washington Post en 2001. Roche a en effet vendu pour 551 millions d’euros de Tamiflu en 2005, auprès de 40 pays, soit 263% de plus que durant la même période de 2004, le cours du titre ayant gagné 44% à la Bourse de Zürich !

Dr Alain ROSE-ROSETTE - Dr Marc VERCOUTERE Master of Public Health


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3 réactions à cet article    


  • Le Drakkar Bleu Noir (---.---.5.9) 2 novembre 2005 12:08

    Bonjour à vous.

    une petite précision :

    la vaccination pour la grippe classique est utilisée, dans la perspective d’une pandémie de grippe aviaire, comme faciliteur de triage car diagnostic facilité ( symptômes voisins).

    petite interrogation : comment réagit un corps vacciné pour la grippe classique en cas d’attaque par la grippe aviaire ?

    Grosse interrogation :

    bien sûr il y a une donnée économique qui sent la fiente d’oiseaux...

    Mais POURQUOI des MEDECINS de SANTE PUBLIQUE restent-ils silencieux sur la MONO préparation des hopitaux ?

    Les hopitaux ne sont préparés qu’à la GESTION de CRISE ( plans Blanc).

    Comment est préparé le personnel, praticiens et soignants, avec quels moyens ? réunions, concertations,appropriations etc

    Où est la GESTION du RISQUE ?

    Bonne continuation à vous en tout cas.

    RR sur le Drakkar Bleu Noir

    symptômes : un article du New England Journal Of Medecine repris sur le site de la SPLF.

    http://www.splf.org/s/article.php3?id_article=370


    • VERCOUTERE (---.---.223.29) 4 novembre 2005 01:13

      La vaccination contre la grippe classique sert peut-être de « facillitateur de triage », mais elle permet surtout d’amplifier la sélection de virus plus virulents et agressifs, favorisant ainsi la création de sous-types hautement pathogènes dont, je ne l’espère pas, l’un se révèlera tellement pathogène qu’il pourra se transmettre entre les hommes.

      L’action conjointe d’antiviraux chez l’homme et de vaccins contre la grippe aviaire chez l’animal facilitera également la rencontre de deux virus pathogène qui se réuiniron t pour en créer un autre encore plus pathogène.

      A force de trop bien faire....

      A ce petit jeu, avec les antiviraux, Roche a déjà reçu 40 millions de commandes de traitemens de la France, de la GB..... et pour 3 milliards de dollars des USA. Pour la France, cela avoisine les 2 milliards d’euros, soit le 1/4 du déficit de la sécu...

      Les plus folles espérancesde l’Oms, qui souhaitant des traitements pour 25% de la population, sont largement dépassées : en deux mois la France est passée de 14 millions de traitements à 40 millions.

      Ajoutons les commandes de vaccins classiques et celle du futur vaccin anti-pandémique qui, à peine sorti serait déjà dépassé et favoriserait lui aussi la sélection de virus plus virulents encore..

      Le Washington Post avait bien raison : les laboratoires sont les seuls vainqueurs comme en 2001...

      On gère le principe de précaution politique sans tenir compte de l’avis des experts - indépendants - et des publications scientifiques faisant état de l’efficacité très relative des vaccins, ce que l’OMS reconnaît implicitement dans son bulletin N°31 sur la grippe aviaire en 2004 : malgré 2 milliards de vaccins au mexqiue, le virus, faiblement pathogène pour l’instant est toujours présent.. idem au pakistan, idemen au Vietnam où la virulence s’est accrue depuis deux ans. Mais sans en tenir compte.

      Qu’y-a-t-il derrière l’accord OMS-Roche d’août dernier ? D’autres accords auraient-ils été signés..


      • Capone13000 Capone13000 13 juin 2009 12:22

        Bonjour,

        J’a écouté vos audios concernant la grippe A sur dailymotion vous devriez faire un article à ce sujet sur agoravax, c’est très intérréssant.

        Merci

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