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Comment faire une révolution bourgeoise

La Révolution n’avait donné le droit de vote qu’aux citoyens actifs, c’est-à-dire pas aux femmes, peut-être pas pour une prétendue inactivité mais davantage pour leur trop grande proximité avec les idées cléricales. Elles attendirent bien des décennies avant de pouvoir participer aux votations. Et maintenant ?

Bien évidemment une prochaine révolution ne peut être que mondiale puisque les problèmes, nombreux et inquiétants, concernent toute la planète. Pour établir un nouvel ordre, il faut définir un sacré universel et posséder des forces qui permettent d’endiguer les récalcitrants. Les méthodes anciennes, bien qu’efficaces, étaient devenues par trop barbares du moins pour la plupart des occidentaux, d’autres approches devaient être tentées.

Un sacré se doit d'être une référence ultime, insurpassable, le seul arbitraire concevable. Il doit pouvoir soigner tous les maux de la terre et être accessible, au moins dans les rêves, à tous. Il doit être à portée de toutes les détresses, être inépuisable, infini. Le négoce permet de se procurer maints plaisirs mais il est encore lié à un processus de production de biens réels, il n'est qu'un palliatif vers une autre domination, la domination sans racines terrestres requises. La spéculation permet la déification dont on a besoin. Tout le monde ne deviendra pas riche bien sûr, mais on peut en rêver. Le boursicotage ne repose sur rien de tangible, la création de valeurs monétaires ne dépend que de la puissance dominante qui la pratique, elle n'est attachée strictement à aucune contingence matérielle. L’effondrement des structures politiques et syndicales, le caractère irrémédiablement désuet de toutes les idéologies, croyances, philosophies montrent que la transformation des humains en consommateurs est déjà achevée (pas seulement dans les pays dits riches).

 Le sacré implique un paradis pour le rendre attrayant. Le salut, le chemin du paradis et des mille délices, ne s'obtenait dans le passé, au moins dans les dires, qu'en exaltant les vertus, la loyauté, l'honneur, toutes choses non-définissables mais essentielles, des je-ne-sais-quoi qui transmutent le vulgaire en joyaux. Le paradis devait aussi être difficile d'accès et c'est au prix du non-abandon aux licences, à la maîtrise des désirs voire aux mortifications qu'il s'ouvrait à vous. Ces traits non-quantifiables, donc sans aucune valeur marchande, durent évidemment être mis au rencart. La révolution bourgeoise doit miser uniquement sur la satisfaction des désirs concrets pour asseoir sa domination. La frénésie qui pourrait s’en suivre est quelque peu réfrénée par un obsédant tissu de lois ou, d’une façon bien plus prégnante, par un qu'en-dira-t-on industriellement propagé à grande échelle par les réseaux sociaux. La police de la pensée est devenue numérique. Chaque groupe, parti, clan, secte, a évidemment compris la toute-puissance des médias et chacun essaie d'en tirer le meilleur profit : gémissements, plaintes, vociférations, débordements de toutes sortes, emplissent les ondes pour attirer l'attention et les subsides. A ce titre, la sincérité est un vice qui nuit aux intérêts de votre microcosme. Les nuances, le respect, la vérité doivent être évités car contreproductives pour vos intérêts propres. Beaucoup d’insignifiances deviennent des droits et on se contente de les réclamer. Les vertus se résument à des apparences de vertus, il suffit de paraître pour être.

 Les systèmes anciens reposaient tous sur une doctrine donnée, une idéologie, quelquefois même une utopie. Le collectivisme bourgeois se flatte de n'avoir rien de tel : le rentable est la loi, l'accumulation de richesses le seul paradis raisonnable, l’Homme fortuné un saint Homme (on ne devient pas riche par hasard). Mais il n'est évidemment pas question que tous les humains deviennent saints, la marche du monde s’en trouverait gravement compromise. Les démunis, qui n'ont pour richesse que leur force de travail, avaient trouvé un moyen de faire valoir leur droit : s'unir pour revendiquer, s'unir pour prendre le pouvoir. Ce fait résolument contre-révolutionnaire devait être empêché. Diviser pour régner, simple mais imparable ! La fragmentation des revendications des démunis est la pierre angulaire de la révolution en route. Les infirmiers luttent pour leur cause comme les agriculteurs, les sapeurs-pompiers, les aiguilleurs du rail, les enseignants, les employés de la Poste... mais pas ensemble ! Il suffit de calmer les plus excités avec des subsides ou des subventions provenant d'un argent qu'on a emprunté par ailleurs. Ils auront une très relative aisance pendant une courte période de temps mais ils resteront cantonnés avec leurs semblables.

 L’ordre ancien avait institué le colonialisme comme moyen quasi-scientifique d’exploitation de l’Homme par l’Homme. Des soubresauts religieux et nationalistes permirent aux intéressés de se coaliser pour y mettre un terme. Une autre forme de cette exploitation fut alors mise en œuvre : le colonialisme interne. Des gens bien-sous-tous-les-rapports font venir des miséreux afin de « détendre » le marché intérieur du travail. Les rapports de sujétion concernent les mêmes acteurs que lors du colonialisme mais le maître reste chez lui tandis que l’autre vient chez celui-ci faire les travaux pénibles. Ceci change tout du pont de vue moral. Le résultat souhaité (mais non-dit) est effectivement obtenu, la capacité d’agrégation des démunis s’en trouve ruinée, le pouvoir de la classe ouvrière tend à disparaître.

 Mais le coup de maître de la révolution bourgeoise permettant de ruiner définitivement toute capacité à ceux-qui-font d’avoir une quelconque influence sur leur destin a été trouvé grâce aux bons sentiments. Un examen même rapide et partial permet de se rendre compte que si l’égalité des droits est possible, l’égalité stricto sensu est impossible entre deux choses par trop différentes. Un homme n’est pas une femme pas seulement pour une question de chromosome, d’hormone, de masse musculaire mais aussi par ses choix naturels qui résultent de son système biologique. Bien entendu l’environnement joue un rôle sur le comportement mais il reste marginal sauf à vouloir de toute force le faire intervenir. Le féminisme ne met pas en avant les Droits de l’Homme mais ceux, disjoints selon elles, des seules femmes. Une ancestrale oppression patriarcale justifierait cette distinction. Bien entendu, ceci ouvre la porte à d’autres droits spécifiques pour d’autres « minorités » (les femmes représentent en fait 51,6% de la population totale). Il n’est pas nécessaire d’entrer dans de quelconques arguties philosophiques, sociologiques, politiques pour se rendre compte que cette approche est un excellent moyen, peut-être même l’arme décisive, pour fragmenter et diviser le corps social de ceux qui subissent afin de les rendre plus dociles. Qu’a-t-on observé en effet depuis que la politique néo-féministe fait la quasi-unanimité au sein des politiques. De pimpantes jeunes (ou moins jeunes) femmes BCBG constellent les médias ; nouveau lieu du pouvoir suprême selon certains, et ne se montrent d’ailleurs pas pires que leurs collègues masculins, ce qui aurait été difficile. Par contre pour les mères célibataires, les infirmières, les caissières de Prisunic, les aides à domicile et tant d’autres, la situation devient de pire en pire chaque jour. D’un seul coup le genre efface toutes différences de classe sociale.

 Reste à trouver l’arme suprême susceptible de terrasser toute force ennemie. Les hommes engendrent 6 à 10 fois plus de testostérone que les femmes engendrant une plus grande agressivité et une plus importante propension à s’accoupler. Le « devoir conjugal » était le moyen traditionnel de régulation de cette dissymétrie. Si il disparaît, c’est un moyen de domination à la fois à la portée de toutes et qui se prête à toutes les variations possibles. On est faible si on est dépendant. Voilà le monde entier coupé en deux.

 Le propre des militants c’est de penser avoir raison quoi qu’il advienne. Mais malgré tout : « Les bourgeoises c’est comme les cochons… »

 


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23 réactions à cet article    


  • Brutus S. Lampion 2 mars 14:36

    L’avenir de l’humanité dépend donc à sa capacité ou non à maitriser ses hormones ?

    Si on y ajoute les réflexes archaïques déclenchés par des stimuli sensoriels spécifiques et hérités des préhominiens et l’instinct grégaire du prédateur charognard opportuniste qu’est homo sapiens structuré pour vivre en meute dous la domination d’un couple alpha, il ne reste guère de latitude pour l’épanouissement d’un libre-arbitre.


    • Seth 2 mars 15:05

      @S. Lampion

      Tienes un corazon muy malo. smiley


    • Brutus S. Lampion 2 mars 16:33

      @Seth

      Pepito mi corazón (Pepiti, pepito)
      Pepito de mis amores (Pepiti, pepito)
      Cántame así (Uh ah)
      Cántame así (uh ah)
      Con amor


    • Seth 2 mars 21:00

      @S. Lampion

      Quelle déclaration ! J’en suis tout rougissant. smiley


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 4 mars 07:46

      @S. Lampion
      L’humanité préparée actuellement, certainement.


    • zygzornifle zygzornifle 2 mars 14:58

      Les hommes engendrent 6 à 10 fois plus de testostérone que les femmes 

      Cela marche t’il encore avec notre gouvernement de Sodome et Gomorrhe ?


      • Seth 2 mars 15:09

        @zygzornifle

        Tu causes, tu causes mais fais gaffe : regarder Sodome = devenir une statue de sel (demande à cette voyeuse de mâme Loth ! ) smiley


      • Brutus S. Lampion 2 mars 16:38

        @Seth

        "Alors l’Éternel fit pleuvoir du ciel sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu" (Genèse 19 :24).

        En fait, ça aurait pu être pire... ils auraient tous pu se faire enc...


      • Seth 2 mars 17:29

        @S. Lampion

        Certains auraient pu y trouver du plaisir. L’Eternel connait tout des plaisirs de la chair. On se demande bien comment d’ailleurs.... smiley


      • zygzornifle zygzornifle 3 mars 10:20

        @S. Lampion

         Et finir 1er sinistre ...


      • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 4 mars 07:46

        @zygzornifle
        C’est une moyenne.


      • Rinbeau Rinbeau 3 mars 11:53

        La révolution Bourgeoise de 1789 n’a pas donné le droit de vote au citoyen homme actif.. Elle a donné le vote censitaire où seul les plus riches étaient éligibles et électeurs. Il faut bien comprendre que les Bourgeois avaient très peurs de l’élection ! après l’épisode Robespierre qui dans sa constitution de 1793 (jamais mise en application) prévoyait l’abolition du vote censitaire et le décret de 1794 abolissant l’esclavage des noirs, les Bourgeois terrifiés à l’idée d’avoir pu se faire confisquer leur révolution ont changé de tactique.. Ils ont mis en place Napoléon Bonaparte qui a rétabli de suite l’esclavage des noirs et ont essayé à l’exemple de l’Angleterre la monarchie constitutionnelle, jugée pour le coup moins dangereuse pour cette Bourgeoisie momentanément rassurée.

        C’est une révolution populaire sanglante, celle de 1848 qui va aboutir à l’abolition du vote censitaire pour le suffrage universel masculin (avec dès 1850 l’imposition pour l’électeur de 3 ans de résidences et la multiplication des radiations des listes pour rébellion par exemple), l’abolition définitive de la Monarchie et de l’esclavage des noirs..

        Dorénavant les Bourgeois vont passer à d’autres formes de truquage des élections..

        Notamment ce cher Jules Ferry qui clamait à l’Assemblée, n’ayez pas peur du vote.. On leur dira comment voter ! Voici se dessiner l’école républicaine..

        Donc comment faire une révolution Bourgeoise.. On sait ! La bonne question à se poser maintenant, l’ancien régime étant éliminé, c’est comment éliminer du pouvoir la Bourgeoisie !

        A moins qu’on se prenne un SARMAT Poutinien dans le cul, déchainant le feu et le souffre.. Au quel cas d’autres questions se poseront aux survivants !


        • Brutus S. Lampion 3 mars 16:08

          @Rinbeau

          Merci pour ces éclaircissements synthétiques pertinents
          pour étayer vos propos, on peut ajouter le passage par Napoléon III élu Président de la République pour passer au second empire et la création d’une « noblesse d’empire » (Baron Haussman, Baron de Rothschild, etc.) qui a traversé les républiques ultéreures jusqu’à la nôtre sans encombre.
          Comment éliminer du pouvoir cette bourgeoisie devenue nouvelle aristocratie ?
          Au risque de me répéter, je dois dire que je ne suis plus très optiste là-dessus après avoir longuement tenté d’oeuvrer dans ce sens. Ce qui me rend pessimiste tient en deux réalités :
           la maléabilité d’une masse qui a accepté sans brocher confinement et vaccination
           l’attrait qu’exerce sur cette population les figure monarchques lié à un goût pour le culte de la personnalité. Constater que certains espoirs de changement sont liés au recours à un dirigeant "de la trempe de De Gaulle (comme on peut le lire ici ou là) donne à penser que le libre-arbitre et l’autonomie ne sont pas la recherche de ces partisans qui attendent le messie.


        • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 4 mars 07:56

          @Rinbeau
          Merci des précisions. Je me doutais que l’o, savait faire les révolutions bourgeoises. 


        • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 4 mars 07:57

          @S. Lampion
          Je partage ce que vous dites.


        • Eric F Eric F 4 mars 10:37

          @Rinbeau
          La constitution de l’an VIII (1799) a rétabli un niveau de suffrage universel, abolissant le suffrage censitaire, mais il s’agissait de vote à plusieurs niveaux, le premier niveau désignant seulement des candidats (ceux ci devant avoir un certain niveau de fortune).
          Les plébiscites sous Bonaparte étaient au suffrage universel.
          Par ailleurs, les hommes avaient le droit de vote en tant que chef de famille, mais une veuve ou célibataire exerçant une profession avait droit de vote à ce titre (très peu connu)
          référence


        • Eric F Eric F 4 mars 12:05

          @S. Lampion
          Le problème est que considérer que l’électeur lambda est trop malléable ou imprégné d’aspirations messianiques, alors cela donne raison aux partisans d’un suffrage sélectif (supposé plus ’’éclairé’’).
          Sur bien des points cependant, le ’’bon sens populaire’’ apparait plus judicieux que les théories des idéologues (écologisme intégriste, libéralisme du ruissellement, mondialisme naïf, immigrationnistes béats, etc ;)


        • chantecler chantecler 3 mars 16:24

          Plein le sac de ces conneries répétées ad vitam et propagée par un « historien suisse » !

          Ce ne sont pas les bourgeois qui se sont soulevés, ont occupé et pris la Bastille , récupéré des armes et de la poudre en 1789 .

          Mais le peuple .

          Il n’y a pas eu de « révolution bourgeoise » mais un soulèvement révolutionnaire , par une population affamée et miséreuse et dégoutée des excès , essentiellement parisienne , de l’ancien régime : cf les privilégiés , cf les deux premiers états.noblesse et hiérarchie de l’Eglise catholique

          Sans nier le rôle des « avocats » provinciaux ....


          • Brutus S. Lampion 3 mars 16:46

            @chantecler

            Le « peuple » ne peut pas être manipulé ?
            c’est aussi le « peuple » qui part se faire lanlère a fleur au fusil
            pourtant, certains rabat-joie comme Anatole France, ont pu écrire :
            « On croit mourir pour la patrie on meurt pour des industriels ».
            Que voulez-vou ?
            On trouvera toujours des complotistes qui ne croient à rien !


          • chantecler chantecler 3 mars 18:29

            @S. Lampion
            Naturellement que la population peut se faire manipuler .
            On en vit l’exemple chaque jour .
            Nos dirigeants ne font que ça !
            Ce sont des « communicants », des baratineurs , au service des nouveaux riches . Mais je parlais de la Révolution Française ...


          • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 4 mars 08:50

            @chantecler
            Les bourgeois n’ont pas pour fonction de faire, ils se contentent de faire-faire.


          • Xenozoid Xenozoid 3 mars 17:31

            le « peuple » (si il existe) est en tous cas aussi malléable que « l’opinion publique » qui n’existe pas (sauf dans les sondages), on est ici dans le domaine de l’hypnose ou un peuple est fier de se rapeller que la mère est la tueuse de ses propres enfants

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