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Accueil du site > Tribune Libre > Comment l’oligarchie vous pense

Comment l’oligarchie vous pense

A la suite d’un article sur la fameuse question : « Est-on vraiment allé sur la lune ? », j’expliquais que l’important n’est pas de savoir si on a été, ou pas, sur la lune, mais de comprendre que nous sommes capables de faire l’hypothèse que nous puissions y aller ; processus qui implique que nous puissions faire des découvertes pulvérisant nos certitudes terrestres ; et que c’est précisément ce processus volontaire qui nous différencie des animaux. On me fit alors le commentaire suivant :

"Je suis d’accord. C’est à force de découvrir de gros mensonges qu’on devient méfiant. Me serais-je posé cette question lunaire s’il n’y avait pas eu d’innombrables bobards et contre-vérités de la part des USA ces 50 dernières années ? Franchement, je ne le crois pas.
[...]
Comment séparer le vrai du faux ?
Y aurait-il plusieurs réalités ?
"

Première question : Comment séparer le vrai du faux ? En identifiant le principe - oligarchique ou humaniste - sous-jacent à une proposition. Exemples.

1) Est-on vraiment allé sur la lune ?

Avec une telle question, on veut me faire répondre par oui ou par non à une question, dont je sais qu'il s'agit officiellement d'une "polémique" dans une société oligarchique. Il y a donc très possiblement arnaque intellectuelle, car si une polémique est officiellement montée en épingle dans une société intellectuellement oligarchique, cela signifie que cette polémique sert à brouiller les cartes.

Question : qu'implique le fait qu'on puisse envisager (faire l’hypothèse) de pouvoir aller sur la lune ?
Réponse : cela implique d’être capable d’échafauder une hypothèse qui implique des événements non possibles, a priori, en l’état actuel des choses connues de l’Homme. 

Exemple concret : je suis en 1900, et sans l’existence de fusée et à peine de l’électricité, je fais l’hypothèse que des nations peuvent coopérer pour mettre des outils dans l’espace extra-terrestre, afin d'améliorer ma connaissance des lois de l’univers, donc ma connaissance de la Terre. Une personne à la mentalité oligarchique se moquera de moi, me prenant pour un fou. Or, effectivement, des satellites existent aujourd’hui, et sont bel et bien en orbite.

Voilà précisément ce qui me différence d’un animal : à ce dernier, on pourrait ad vitam aeternam dicter son comportement à coup de stimuli (le plaisir/douleur d’Adam Smith, ou le comportementalisme ou behaviorism enseigné à la tristement "fameuse" Toulouse School of Economics de Jean Tirole) sans jamais qu’il n’augmente volontairement son potentiel de densité démographique relatif. C'est-à-dire sans jamais améliorer son environnement physique, culturel, économique, philosophique…

A l'opposé de ce type de folie destructrice, si un Roosevelt a entrepris son New Deal, ou si JF Kennedy a initié le programme Apollo, ce n'est pas dans le but de "créer de l'emploi" - même si cette intention est on ne peut plus évidente et légitime à court-terme - mais bien parce que le véritable système d'économie politique américain (aujourd'hui appelé Glass-Steagall) est fondé sur le potentiel créateur et de découvertes de l'être humain.

Il s'oppose en cela au système esclavagiste du libre-échangisme de l'Empire britannique (aujourd'hui La City de Londres et Wall Street), qui considère l'homme comme un animal, un esclave pour lequel on "créera des emplois" sans aucun intérêt, à la seule fin de l"occuper" jusqu'à l'épuisement, et l'empêcher ainsi de s'élever à la dignité d'être humain : créateur et découvreur.

En bref, la polémique sur "est-on allé sur la lune ?" est un leurre intellectuel.

2) Etes-vous pour ou contre le nucléaire ?

Sur le principe, ma réflexion est la même : en termes de processus politique, artistique, scientifique et technologique, la maîtrise des énergies nucléaires (fission et fusion) implique aujourd’hui le plus haut degré de responsabilité qu'il soit possible d'exiger d’une organisation humaine. Cela va complètement à l'encontre de la culture oligarchique animale et débilisante qu'on m’impose depuis 40 ans. D’ailleurs, pour un oligarque – ou un écologiste - la définition du nucléaire d’aujourd’hui est tout sauf un processus de découvertes, mais bien un vieux produit financier des années 50 !

L’oligarchie voulant me rendre débile et me contrôler, elle va faire en sorte que je me focalise sur ce qui est simple, sur ce qui ne comporte aucun risque (donc aucune responsabilité), et surtout sur ce qui ne permet pas de changer de paradigme de société, grâce à la découverte de nouveaux principes physiques. Ainsi, la société à venir sera compatible avec de futurs débiles intellectuels entretenus comme tels. C’est l’exact opposé des sciences nucléaires.

Ma conclusion : avec cette question – pour ou contre le nucléaire -, l’oligarchie veut me faire croire 1) qu’il n’y a pas le choix (pour ou contre) et 2) après avoir greenwashé les cerveaux, la société m’entraîne à me faire me dire « contre car trop dangereux »… alors que c’est en apprenant à maîtriser un risque assumé, seul garant de changements de paradigmes permettant un progrès relatif, qu’une société devient responsable – d’aucuns diraient adulte.

3) Faut-il faire sauter le plafond de la dette US ?

C’est une question hyper-médiatisée, dans une société oligarchique, au moment où le système financier est totalement en faillite, question qui n’appelle une réponse que par oui ou par non, et dont la réponse sera dans tous les cas mortelle pour les citoyens. La question est donc purement oligarchique et par voie de conséquence : fausse.

Ma réflexion : la République des Etats-Unis est la seule au monde qui ait été fondée sur le principe du crédit productif public, (Alexandre Hamilton). La raison d’être du crédit productif public est d’équiper artistiquement, politiquement, économiquement et scientifiquement l’homme et la nature pour le bien commun.

Aujourd’hui, de part le volume d’actifs (spéculatifs pourris) détenus par les banques britanniques et françaises, ces banques sont plus puissantes que le gouvernement américain (écouter Eric Verhaeghe, ex-MEDEF, ex-APEC). Ces banques ne vivent que de génocide (autrement appelé spéculation). L’intérêt des spéculateurs est-il le bien commun ? Non. Donc les Etats-Unis n’ont pas à être endettés auprès de Wall Street.

Si la seule République au monde à fonctionner constitutionnellement selon le crédit productif public n’a donc nullement à être endettée auprès de Wall Street, pourquoi le débat tourne-t-il autour de cette question létale ? Parce que Wall Street appartient à l’oligarchie, que l’oligarchie est en faillite et que pour survivre, elle doit tuer.

Que se passe-t-il si les Etats-Unis ne s’endettent plus auprès de Wall Street, mais recommencent à émettre du crédit productif public pour équiper le territoire selon les critères de la loi Glass-Steagall, et proposent cette solution au reste du monde ? C’est la faillite des intérêts oligarchiques internationaux, par perte de leur pouvoir de contrôle sur leur seul véritable ennemi : la Constitution américaine dans laquelle est inscrite le crédit productif public comme mode de fonctionnement - c'est la seule au monde. C’est donc cet arbre qui cache la forêt.

4) « Syrie, attentats d’Oslo, fermeture de la NASA, dette US, Grèce, règle d’or, sortie allemande du nucléaire : il se passe tant de choses différentes dans tous les sens, je n’arrive pas à suivre !  »

En temps de guerre, on déclenche des leurres pour faire perdre la tête à l’ennemi.

En l’occurrence, il faut tout à la fois déstabiliser (Syrie), créer de la tension (Oslo), afin de paralyser l’ennemi pour qu’il abdique et renfloue à mort (dettes, règle d’or…) sans remettre cet ordre oligarchique en question publiquement (silence sur Glass-Steagall), et surtout qu’il ne lui vienne pas l’idée de faire des découvertes universelles permettant un changement de système (exploration spatiale/NASA), et encore moins fabriquer de l’énergie en masse pour un développement mutuel (nucléaire).

II y aurait-il plusieurs réalités ?

Non, simplement l’ennemi utilise des leurres intellectuels qui créent des apparences.

Pour les identifier – donc identifier les belligérants – il faut lire l’Histoire sous l’angle de la guerre qui se déroule en permanence, jour après jour - et aujourd'hui précisément heure après heure - entre le principe oligarchique à la base de toute mentalité d’empire, et le principe humaniste à la base de toute organisation humaine promouvant les capacités créatrices de l’homme.

C’est ce que j’ai tenté de montrer dans la première partie de cet article.

Un des meilleurs exemples historiques de ce combat est à découvrir à 1’18’40 du film 1932.


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13 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 11 août 2011 09:51

    Bonjour,

    beaucoup d’idées mais je crois que cette réflexion n’est pas aboutie.

    Vous écrivez : « ... Une personne à la mentalité oligarchique se moquera de moi, me prenant pour un fou. » Je trouve cette affirmation assez leste. Par ailleurs, si on sait ce qu’esl’oligarchie, il faudrait définir ce que vous entendez par mentalité oligarchique. L’équation « oligarque = mentalité oligarchique » est loin d’avoir été établie - regardez les idiots utiles.

    Vous écrivez : « le véritable système d’économie politique américain (aujourd’hui appelé Glass Steagall) est fondé sur le potentiel créateur et de découvertes de l’être humain. » Vous voulez dire : « devrait être » ? Je me trompe ?


    • Roosevelt_vs_Keynes 11 août 2011 10:25

      Une manière de décrire cette pensée oligarchique, c’est de dire que c’est un type de pensée qui ne tolère pas la changement.

      Typiquement, Augustin Cauchy, directeur de l’Ecole polytechnique au XIX° siècle écrivait dans ses mémoires qu’il sera impossible à l’homme d’aller dans la haute atmosphère, parce qu’il y fait froid et qu’il n’y a pas assez d’oxygène (en gros).

      Un tel raisonnement ne prend pas en compte - le refuse, même - les changements de paradigmes que l’homme peut volontairement provoquer dans l’univers, donc dans le cours de l’Histoire.

      « Vous écrivez : »le véritable système d’économie politique américain (aujourd’hui appelé Glass Steagall) est fondé sur le potentiel créateur et de découvertes de l’être humain.« Vous voulez dire : »devrait être" ? Je me trompe ?"

      Non, c’est bel et bien le cas... mais les baby-boomers au pouvoir là-bas font obstacle à son application. Cette formulation fait mieux état de la réalité que de dire que le système d’économie politique américain devrait...


    • Francis, agnotologue JL 11 août 2011 10:55

      J’apprécie la réponse.

      Je crois que vous assimilez pensée oligarchique et conservatrice.

      Les oliqarques aujourd’hui, il y en a autant parmi les néolibéraux que parmi les néoconservateurs. Et c’est là que se situe le clivage qu’on nous présente ici UMP vs PS, là-bàas Républicains vs Démocrates, etc.

      Pour moi, la pensé oligarchique est une pensée étriquée ou opportuniste, et toujours à l’opposé de l’universalisme. Un oligarque se pense comme appartenant à l’élite et pense le peuple comme une masse d’êtres inférieurs plus ou moins utiles.

      C’est peut-être cette pensée étriquée (conservatrice) qui vous fait dire qu’elle ne peut pas concevoir les voyages dans l’espace ? Mais, à l’inverse, je dirai qu’un opportuniste (entrepreneur) verra dans ces projets le moyen de faire encore plus d’argent.


    • Roosevelt_vs_Keynes 11 août 2011 11:02

      Quitte à parler de clivage, autant aller au coeur du problème : il s’agit de l’opposition irréductible entre la pensée platonicienne ou leibnizienne (humaniste) et aristotélicienne, keynésienne (impérialiste).


    • Francis, agnotologue JL 11 août 2011 11:08

      Je crois que vous intellectualisez au delà de ma disposition à vous suivre dans ce contexte.

      Je préfère en rester aux idées simples, et je crois que les oligarques eux-mêmes auraient du mal à se situer dans les subtilités que vous citez.

      Désolé.


    • Roosevelt_vs_Keynes 11 août 2011 11:13

      C’est tout là le problème : eux ont fait l’effort de comprendre ces choses (qui sont en fait très simples quand on en comprend le principe), et vous leur laissez le champ libre par démission intellectuelle.


    • Francis, agnotologue JL 11 août 2011 13:22

      R_vs_K,

      Il n’y a d’opposition irréductible que là où il y a de l’intégrisme. Je ne savait que Platon, Leibniz, Aristote et Keynes étaient des intégristes dans leur genre ?

      Plus sérieusement, nous sommes tous un peu les « enfants » de ces grands hommes là, c’est pourquoi je n’ai pas envie d’écouter un discours de 49 minutes si vous ne me donnez pas d’autres arguments.


    • thepouet 12 août 2011 01:35

      @ JL
      http://www.solidariteetprogres.org/Platon-contre-Aristote-la


      Non pas que la lecture de cet article « Platon contre Aristote : la république contre l’oligarchie » prenne moins que 49 minutes de vidéo, m’enfin c’est passionant et cette sauce peut être utilisée pour redécouvrir de nombreux plats !  smiley


    • Roosevelt_vs_Keynes 12 août 2011 08:49

      "Il n’y a d’opposition irréductible que là où il y a de l’intégrisme. Je ne savait que Platon, Leibniz, Aristote et Keynes étaient des intégristes dans leur genre ?"

      Cela n’a rien à voir avec de l’intégrisme pour ce qui est de Platon et Leibniz ; je vais essayer de vous donner un exemple de la manière dont je vois la différence entre l’intégrisme aristotélicien et la recherche du bonheur leibnizienne.

      Une femme vit avec un homme qui devient de plus en plus violent au fur et à mesure des années. Au plus il est violent, au plus il se sent fort et invincible. La femme ne pense qu’à une chose dès qu’elle se lève le matin : tout faire pour trouver la clé de la porte, partir et recommencer sa vie.

      L’homme est intégriste : sa vérité est une et absolue : il doit battre la femme et c’est sa seule raison d’être.

      La femme, tout ce qu’elle sait, elle, c’est que si elle ne trouve pas la clé, elle mourra. Donc elle fait tout pour la trouver. Dans un premier temps, c’est la seule chose qui compte pour elle.

      Le document auquel vous faites référence va effectivement au fond du problème.


    • Francis, agnotologue JL 12 août 2011 10:00

      Bonjour thepouet, R_vs_K,

      l’article proposé me parait en effet intéressant. Mais avant de le lire, et peut-être de vous rejoindre, je ne voudrais pas que l’on se méprenne sur le différend qui nous oppose ici.

      Votre exemple du couple est limpide, et je ne le conteste pas, mais reconnaissez deux choses : d’une part, l’intégrisme est à l’inverse du bon sens, la chose la plus mal partagée du monde ; en effet, chacun est convaincu que l’intégriste c’est l’autre. D’autre part, l’intégrisme et la capacité à faire de l’argent ne me paraissent pas aller systématiquement de pair.

      Je pourrais dire les choses autrement, allusion à ce titre « Les femmes viennent de Vénus, les hommes de Mars » : les Martiens ne sont pas tous riches (oligarque), les Vénusiennes ne sont toutes pauvres (prolétaires), loin s’en faut.

      Et donc, si l’intégrisme répandu dans les sociétés humaines est causes de bien des malheurs, je ne vois toujours pas de clivage affirmé autour de ce problème, puisque pour moi, chacun est peu ou prou Vénusien et Martien tout à la fois ; Et les oligarques, ni plus ni moins que les autres.

      Je crois que ce qui caractérise les oligarques, c’est autre chose. Peut-être à la fois le goût de la domination et une opiniâtreté hors du commun ?

      « Le conatus, cet « effort que chaque chose déploie pour persévérer dans son être », est l’expression de ce que toute existence est fondamentalement activité, affirmation de soi et résistance à la destruction par des choses extérieures. On pourrait dire que le conatus, comme puissance, est en quelque sorte l’énergie fondamentale de toute action humaine. Mais comment, et vers quoi, cette énergie fondamentale va-t-elle diriger son effort ? La réponse de Spinoza est que ce sont les affects qui orientent nos efforts de puissance et de désir. Droite, gauche, mais c’est très simple. » (Lordon, communiste par inadvertance, une inteview de Frédéric Lordon par Clémentine Autain)

      Ps. L’essai de Frédéric Lordon, « Capitalisme, désir et servitude » S/T : « Marx et Spinoza », est un ouvrage clé qui fait qui l’économie des notions d’humanisme, d’intégrisme, d’universalisme en tant que sources éventuelles de clivages, et qui pourtant tient rudement bien la route. Si l’on n’y parle pas de goût de la domination et d’opiniâtreté, ça se lit entre les lignes. En revanche, rien sur Platon ni Aristote. Mais peut-être les y retrouverez vous ?


    • chapoutier 11 août 2011 10:07

      bonjour
      en tout état de cause voilà ce qu’ils pensent de nous !

      "26/07/2011 - Une solution à la crise : faire mourir les gens plus tôt...

      Dans un article d’opinion publié vendredi, le chroniqueur au New York Times David Brooks a révélé la pensée véritable de l’aristocratie financière américaine quant aux dépenses publiques consacrées à la santé. Dans des termes à vous glacer le sang il donne libre cours à son amertume sur le « gaspillage » des ressources pour le prolongement de la vie chez les vilains et sur sa détermination à y mettre fin.

      La rubrique est apparue en pleine discussion entre la Maison Blanche et les Démocrates et Républicains du Congrès au sujet d’un plan consensuel pour retirer des milliers de milliards de dollars aux programmes de santé et de retraite des personnes âgées et des pauvres dont les programmes Medicare, Medicaid et la Sécurité sociale. Le gouvernement Obama a pris la tête de cette attaque sans précédent contre des réformes sociales fondamentales qui remontent aux années 1930, insistant pour dire que toute décision de relever le plafond de la dette doit être liée à de massives coupes sociales.

      Le message essentiel de la rubrique de Brooks est résumé dans le titre, « La mort et le budget. » Il affirme que, dans le but de résoudre le déficit budgétaire, les gens auront à mourir plus tôt.

      « Cette crise fiscale concerne beaucoup de choses, » écrit-il, « mais l’une d’entre elles est notre incapacité à affronter la mort – notre volonté à dépenser pour prolonger la vie de quelques mois de maladie de plus au point de pousser notre pays dans la banqueroute. » C’est le souhait égoïste et ignorant du peuple américain à vivre plus longtemps, et non la cupidité stupide et la richesse extravagante de l’élite dirigeante ou les milliers de milliards dépensés en guerre et dans des plans de sauvetage des banques, qui acculent le pays à la faillite, affirme-t-il.

      A la manière typique d’un sophiste, Brooks présente le cas d’un patient souffrant d’une maladie terriblement débilitante et incurable pour plaider contre des traitements « inutiles » concernant des millions d’autres. Brooks cite Dudley Clendinen, un ancien éditorialiste du Times qui souffre de la sclérose latérale amyotropique (ALS), ou bien la maladie de Lou Gehrig, qui a choisi de renoncer à tout traitement supplémentaire.

      Parlant de l’état de santé de ceux chez qui l’ALS a été diagnostiqué, Brooks déclare, « La vie ne consiste pas seulement à respirer et à végéter dans une enveloppe de peau. » Là, le ton venimeux est tout aussi évocateur que les mots. Combien de personnes aujourd’hui malades et âgées Brooks et ses pairs relègueraient-ils dans la catégorie de ceux qui « végètent dans une enveloppe de peau ? »

      Il y a plus que des relents de fascisme dans ceci. Brooks ne propose pas la solution des nazis pour résoudre le «  problème » des personnes physiquement ou mentalement handicapées – l’extermination de masse – mais l’on peut facilement s’imaginer les architectes de telles horreurs recourir à un langage identique pour décrire leurs victimes.

      Le genre d’« analyse coûts-bénéfices » appliquée à la vie humaine que préconise Brooks a été poussée à sa conclusion logique sur une affiche de propagande nazie des années 1930 en faveur de l’euthanasie qui dit que des individus « atteints de maladies héréditaires coûtent 60.000 reichsmark à la collectivité… Camarade du peuple allemand, c’est aussi votre argent. »

      Brooks suggère que toute personne chez qui on a diagnostiqué l’ALS devrait accepter de mettre fin prématurément à sa vie. Il méprise les sentiments humains et ignore la contribution que même des personnes gravement malades peuvent faire à la société. Le cas du scientifique Stephen Hawking nous vient immédiatement à l’esprit, un brillant intellectuel qui, grâce aux progrès faits dans le domaine de la médecine moderne pour prolonger la durée de vie, a apporté certaines de ses plus importantes contributions tout en étant gravement handicapé par l’ALS.

      Le cas de Clendinen est cyniquement cité par Brooks afin de plaider en faveur du rationnement des soins de santé. «  Nous nourrissons l’illusion qu’en dépensant beaucoup en frais de santé nous améliorons drastiquement la qualité de nos vies, » a-t-il déclaré. Il n’a pas précisé pourquoi ceci est une « illusion ». C’est toutefois un fait que depuis l’introduction en 1965 de Medicare – le programme de sécurité médicale du gouvernement pour les personnes âgées – la pauvreté parmi les personnes âgées en Amérique a nettement diminué et l’espérance de vie a grimpé.

      Ce à quoi Brooks veut vraiment en venir – il traduit là le consensus existant au sein de l’élite fortunée aux Etats-Unis – c’est que ces tendances sont malfaisantes et doivent être renversées.

      Il émet un jugement hâtif selon quoi nous «  sommes loin d’un traitement » pour le cancer et qu’« il n’y a pas de traitement à l’horizon pour les maladies cardiaques. » Ce faisant, il rejette purement et simplement la signification des progrès spectaculaires faits dans le traitement à la fois d’une grande variété de cancers – entre autres du poumon, du sein et de la prostate – et des maladies cardiaques.

      Selon le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies, le nombre de personnes qui sont actuellement décrites comme des « survivants du cancer » est passé de 3 millions en 1971 à 11,7 millions en 2007 – un bond de 290 pour cent. Un dépistage précoce et un traitement offensif ont été à l’origine d’une amélioration considérable.

      De la même manière, selon des études relatées dans la revue Archives of Internal Medicine, le taux de mortalité à l’hôpital après un infarctus a extrêmement diminué en partie en raison de nouveaux médicaments et de traitements chirurgicaux. Entre 1994 et 2006, le taux de ce genre de décès a chuté de 53.9 pour cent chez les femmes de moins de 55 ans et de 33,3 pour cent chez les hommes du même groupe d’âge.

      La partie la plus sinistre probablement de la rubrique de Brooks concerne le traitement de la maladie d’Alzheimer et ses malades. Brooks déplore le fait qu’une « grande part de nos dépenses de santé est consacrée aux patients malades dans la dernière phase de leur vie. Cette sorte de dépense croît rapidement. »

      Pour les annales, Brooks a aussi ajouté, «  Bien sûr, nous ne traiterons jamais les malades d’Alzheimer comme des exclus en les laissant à flanc de coteau. Nous ne laisserons jamais tomber les vieux et les souffrants de façon contraignante. » Ces affirmations du contraire sont étonnamment vagues – et ce, on l’imagine, de façon voulue.

      Que veut-il dire par « de façon contraignante ? » Si, comme beaucoup le proposent dans le camp de Brooks, les sociétés d’assurance, Medicare et Medicaid ne prennent plus en charge les médicaments, les types de traitement et les examens les plus chers, et que des millions de gens découvrent subitement qu’ils ne peuvent plus se payer les médicaments et les traitements dont ils dépendent, cela est-il « contraignant ? » Après tout, ils peuvent bien décider de ne plus payer leur loyer ou de manger moins et, s’ils sont riches, ils peuvent continuer à recevoir le meilleur traitement médical possible pour de l’argent.

      « Il est difficile de s’imaginer que nous puissions réduire sérieusement l’inflation des soins de santé sans que les gens et leurs familles suivent l’exemple de Clendinen – affronter la mort en honorant leurs obligations vis-à-vis des vivants, » conclut Brooks.

      Dans sa rubrique, Brook s se réfère, en l’approuvant, à un récent article paru dans le journal de sensibilité démocrate, le New Republic. Les auteurs, Daniel Callahan et Sherwin Nuland, sont encore plus explicites. Ils citent une étude qui affirme que « les coûts additionnels d’une année supplémentaire de vie » ont atteint 145.000 dollars. « Si cette tendance se poursuit chez les personnes âgées, le rapport coût-rentabilité des soins médicaux continuera de baisser avec la vieillesse, » concluent les auteurs.

      Dans l’heureuse éventualité où cette tendance serait inversée, ils écrivent, « Certaines personnes mourront plus tôt que ce n’est le cas maintenant, mais ils auront une meilleure mort. » Ils poursuivent en affirmant que « l’opinion publique doit être persuadée de modérer ses attentes » quant aux soins de santé en partie en « ramenant les paiements directs des frais de soins et les frais déductibles à un niveau suffisamment douloureux pour décourager les gens  » de demander des soins médicaux visant à prolonger la vie.

      Toutes les sections de l’establishment politique exigent des réductions drastiques des programmes de santé. On doit cependant et en particulier faire remarquer le rôle de premier plan joué dans cette attaque par l’establishment libéral et le Parti démocrate.

      Le New York Times a joué un rôle de premier plan dans la campagne de réforme du système de santé du gouvernement Obama. Interminable est la liste des articles et des tribunes parus dans ce journal et qui ont vivement critiqué des dépenses trop élevées pour le dépistage du cancer, les stimulateurs cardiaques, des thérapies aux statines et beaucoup d’autres traitements vitaux importants. En se demandant dans sa rubrique s’il y a une valeur intrinsèque à prolonger la vie des Américains ordinaires, Brooks ne fait qu’exposer explicitement les prémisses qui sont implicites aux arguments visant à rationner le système de santé.

      Lorsque la réforme du système de santé d’Obama avait été débattue en 2009, au milieu d’un concert d’affirmations qu’elle était motivée par le désir de fournir une couverture maladie « universelle », le World Socialist Web Site avait insisté pour dire qu’il ne s’agissait pas d’une réforme progressiste mais bien plutôt d’une « attaque sans précédent contre les soins de santé des travailleurs… un effort pour détruire les acquis sociaux liés à l’introduction de Medicare en 1965. »

      Au cours de ces deux dernières années, cette évaluation a été pleinement confirmée. Et le fait même qu’une rubrique telle que celle de Brooks puisse être publiée dans un grand quotidien témoigne de la brutalité de l’assaut qui est en train d’être lancé par l’élite patronale et financière américaine.

      Wsws"


      • Roosevelt_vs_Keynes 11 août 2011 11:09

        Une seule chose fait peur à ces salopards : le Glass-Steagall et Lyndon LaRouche (ou l’inverse).

        Un sénateur démocrate du Kentucky rejoint LaRouche et exige la démission d’Obama
        9 août 2011 - 13:26
        Outils :

        9 août 2011 (Nouvelle Solidarité) – Dans une déclaration rendue publique hier, le sénateur du Kentucky, Perry Clark (Démocrate, 37ème district) s’est joint à Lyndon LaRouche en lançant un appel à la démission immédiate d’Obama et au rétablissement de la loi Glass-Steagall par le Congrès. Voici sa déclaration in extenso :

        Mes chers citoyens, après mûres réflexions sur l’adoption d’une loi de replafonnement de la dette et d’austérité budgétaire la semaine dernière à Washington, j’ai décidé que ’c’en est assez’. Cette législation est effrontément inconstitutionnelle, c’est pourquoi je lance un appel par la présente à la mise en oeuvre d’une série d’actions d’urgence pour réparer les dommages causés, en commençant par la démission du Président Barack Obama.

        Notre nation et le monde sont au seuil du chaos économique et social. Le système financier est en phase de désintégration et la plupart de nos états et de nos villes subissent des coupes budgétaires sans précédent qui ont pour conséquences l’accroissement du taux de mortalité. Cette situation rappelle la crise de 1933. Cette même année, l’Allemagne, sous les ordres de Wall Street et de la City de Londres, mettait Hitler au pouvoir. Dans le même temps, les États-Unis empruntait la voie patriotique avec l’élection de Franklin Roosevelt et la mise au pas de Wall Street.

        Le 2 août 2011, sous l’énorme pression des mêmes banquiers de Wall Street et de Londres qui ont mis Hitler au pouvoir, le Congrès des États-Unis a adopté une législation en violation flagrante de la Constitution des États-Unis, Article 1 Section 8.

        Le Congrès entérine ainsi un programme d’austérité vicieux et inutile et crée un « super-Congrès » de douze membres pour appliquer ce programme. La totalité du projet, dont le super-Congrès, l’interdiction des débats et amendements, et le mécanisme de déclenchement automatique, est effrontément inconstitutionnelle. Cela fait directement écho à la loi allemande de 1933 abandonnant le pouvoir législatif aux mains du gouvernement criminel d’Adolf Hitler. Il fallut attendre les procès de la Seconde Guerre Mondiale pour que le monde se remette de cette folie.

        Le Président Obama a été un acteur central de cette législation, et à partir du moment où il a apposé son nom sur ce texte, il a franchi la limite. De nombreux membres du Congrès ont dénoncé ce texte, et des leaders nationaux l’ont déclaré inconstitutionnel. Il est aujourd’hui nécessaire d’aller plus loin. Je me joint à l’homme d’état américain Lyndon LaRouche et demande la démission immédiate du Président, sans quoi il devra faire face à une procédure de destitution.

        Tous les élus, dont je fait parti, ont juré solennellement de « protéger, défendre et promouvoir » la Constitution des États-Unis. J’appelle donc ici le Congrès a renouveler son serment et à annuler la législation du 2 août.

        Une fois fait, j’appelle le Congrès à rétablir sans délais la seule solution viable à la crise économique et à restaurer le Système américain d’économie. Nous devons commencer par rétablir la loi Glass-Steagall et ainsi mettre Wall Street en échec une bonne fois pour toute. Il faut pour cela une adoption rapide du projet de loi H.R. 1489 à la Chambre des représentants et au Sénat, pour restaurer la loi Glass-Steagall de 1933. Pendant les 66 années où la loi Glass-Steagall était en vigueur, les banques de Wall Street étaient sous contrôle, et nous avons évité l’effondrement financier. Le rétablissement de Glass-Steagall est la première étape indispensable à la reconstruction de notre nation. Et alors que nous nous engagerons sur cette voie, nous deviendrons un modèle et une source d’inspiration pour les nations qui souhaitent nous suivre.

        Je presse le Congrès à faire son devoir. Ce n’est pas une période pour les « soldats à mi-temps » ou les "patriotes de la dernière heure" [*]. Le peuple américain a trop souffert et ne mérite rien de moins.


      • aobc 11 août 2011 14:51

        Bonjour Roosevelt_vs_Keynes,

        merci pour votre article. Je trouve dommage que „la tornade“ de differents morceaux de puzzles importants noie le message ( enfin, d´apres moi et si je comprend bien en gros )

        Alors, et si vous le voulez bien, veuillez trouver ci-joint – en „rajout“ - quelques liens vers des explications ponctuelles d´une partie de vos sujets. ( ? )

        1. contexte créations de „crises“ – aussi Syrie => les banques centrales dans ce „jeu“

        Libya all about oil, or central banking ?
        http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/MD14Ak02.html

        l’Irak, la Syrie, le Liban, la Lybie, la Somalie, le Soudan et l’Iran. – Histoire de petrol ou de banque centrale
        http://www.planetenonviolence.org/Libye-Histoire-De-Petrole-Ou-De-Banque-Centrale_a2411.html?print=1

        2. contexte „Glass-Steagall“ / banques
        La video suivante décrit le parcours („pédagogique“-mais pas „niveau gaga“) historique de A-Z ! Et en résumé/solution évidente l´auteurl demande que l´État reprenne le monopole de l’émission de la monnaie – sans rajout d´ ideologies
         
        Bill Still - THE MONEY MASTERS is a 3 1/2 hour non-fiction, historical documentary that traces the origins of the political power structure that rules our nation and the world today. The modern political power structure has its roots in the hidden manipulation and accumulation of gold and other forms of money. The development of fractional reserve banking practices
        http://video.google.de/videoplay?docid=-515319560256183936#

        Cordialement, aobc

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