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Accueil du site > Tribune Libre > Compassion et impérialisme

Compassion et impérialisme

Quel lien peut-il y avoir entre les dérives d’une organisation enlevant de faux orphelins tchadiens et un ministre préparant l’opinion au bombardement de l’Iran ? Entre un donateur du Téléton et la croisade de l’axe du bien ? Entre les foules manifestant leur indignation devant le crime horrible d’un seul enfant et… l’infime mobilisation contre les crimes de guerre des armées d’occupation à Gaza ou en Irak ? Entre les rodomontades d’un imposteur sans frontières invité sur tous les plateaux télévisés et l’assourdissant silence face à la misère et à l’exploitation à notre porte autant que dans des horizons plus lointains ?

Comment se construisent nos indignations sélectives ? Qui les manipule ? Et surtout quelle est notre responsabilité ? Mais cela peut-il durer ?

LA COMPASSION EST UNE « VERTU » CAPITALISTE :

En face de ses « laissés pour compte », la démocratie dans sa déclinaison capitaliste a élevé la compassion au rang de substitut à ce qui aurait dû être source d’interrogation profonde sur sa propre nature et les effets de sa mise en œuvre.

Cette promotion sentimentale n’est pas secondaire ou annexe, elle s’inscrit dans une stratégie de pouvoir. Tocqueville en Amérique avait déjà observé cette « douceur démocratique » qui visait surtout à atténuer les désirs de violence que générait spontanément une société de domination et d’exploitation ; la démocratie bourgeoise depuis les origines n’est pas l’outil de la lutte des classes, elle en est l’adversaire visant à en délégitimer le projet en niant la cause des révoltes possibles. Le « point aveugle » d’une idéologie qui ne veut pas se remettre en cause est ainsi occupé par « les sentiments » qui remplacent « la » politique. Annah Arendt avait aussi montré que la pitié pouvait être instrumentalisée pour écarter les citoyens de la réflexion politique. Les Eglises ont presque toujours et partout joué le même rôle (1- 2). Une part du sarkozysme qui voit le président se placer toujours au côté des « victimes », d’abord mais aussi en dernier lieu, joue de ce même registre qui permet de compatir aux effets sans examiner les causes dans une société ou règne la violence sociale et institutionnelle. Cette violence même est entretenue qui affecte le plus grand nombre, alors que la délinquance relativement marginale traduit la saturation des processus régulateurs normalement présents dans une société apaisée. La tension qui est entretenue servira de justificatif à l’ordre autoritaire et la posture compassionnelle exonérera les vrais responsables de leur devoir de réduire les injustices sociales. « Tenter d’expliquer c’est vouloir justifier » (3) disait le candidat présidentiel… La compassion et le bâton sont les deux faces de la démocratie compassionnelle.

LA COMPASSION EST SPECTACLE :

En réalité la compassion ne fait qu’entériner l’existence d’une souffrance ou d’un état dont on peut renoncer à corriger la cause. Le sujet même qui en bénéficie pourrait légitimement se révolter contre cette fausse bienveillance tardive qui se veut compensatoire de l’impuissance ou dissimulatrice de la non-volonté qui l’a précédée. Il est une « politique de la pitié » qui devrait faire honte à ceux qui portent la responsabilité des situations créées. Lorsque la situation elle-même prend allure de réquisitoire il est plus facile de mobiliser l’émotion que réviser une politique… La société du spectacle et des médias trouve même dans ce sentimentalisme devenu universel une matière première merveilleusement télégénique comme le sont les immenses camps de réfugiés ou les modestes tentes rougeoyantes du canal Saint-Martin au seuil de l’hiver. Cette matière première toujours renouvelée sert d’épître à nos rituels compassionnels collectifs qui nous détourneront des vraies causes de la misère et des guerres. Le Téléton fera pleurer dans les chaumières et taire les questionnements de fond sur le financement de la recherche et les profits exorbitants des firmes pour lesquelles la maladie est un marché comme les autres. Le fait divers le plus odieux jette dans la rue des foules compatissantes bien plus nombreuses que celles pour revendiquer l’abolition de la misère, la fin des ventes d’armes ou le refus d’envoyer nos soldats tuer femmes et enfants au-delà des mers. Le tsunami remplit les caisses des organisations non gouvernementales et masque l’indifférence aux crimes des guerres impérialistes faites en notre nom et financées par nous. Les dames patronnesses de jadis se fédèrent désormais en ONG reconnues d’utilité publique, prêts à prêcher des croisades nouvelles pour sauver de faux orphelins ou légitimer des ingérences « humanitaires » aux vraies motivations inavouables.

L’homme révolté, celui décliné par Marx autant que par Camus ou Sartre, est remplacé par l’homme compassionnel, celui si bien décrit par Myriam Revault D’Allones (4) ; mais cet homme-là est-il encore un démocrate et exerce-t-il sa liberté de citoyen ou est-il instrumentalisé ?

COMPASSION ET IMPERIALISME :

Les damnés de la terre, les oubliés et les assassinés de toutes les famines et de toutes les guerres, voient parfois se diriger vers eux au mieux les héritiers des « french doctor » et les dispensateurs de « l’aumône onusienne » faite aux pauvres. Mais cet exercice lui-même connaît ses limites car nécessitant financement propre : la situation n’est pas exactement la même lorsqu’il s’agit comme l’ONU le fait depuis longtemps d’écouler des excédents de production en valorisant aussi la bonne conscience occidentale et lorsque la hausse des cours résultant de la spéculation financière crée une vraie pénurie et une cherté qui augmente le prix de l’aumône…

Il nous est annoncé une « crise alimentaire mondiale » dont la dimension vertigineuse pourrait bien devenir « génocidaire » pour les continents les plus fragilisés par les entraves antérieures au développement, la spoliation de leurs richesses et l’organisation administrée de leur « dépendance » par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Fonds monétaire international (FMI) qui ont déployé leur génie à anéantir l’autosuffisance alimentaire dont l’absence va s’avérer mortelle.

Les luttes d’émancipation ont été dans de vastes zones précédemment colonisées étouffées dans le sang d’abord puis découragées par la corruption des gouvernants dans des contrats asymétriques d’aide au développement qui ne visaient qu’à prolonger la dépendance et la faiblesse de continents entiers. La bonne conscience occidentale a eu besoin de s’inventer une aptitude à la compassion en substitut de repentance pour les crimes coloniaux antérieurs commis et pour masquer la violence entretenue, qui culmine dans la corruption et le marché des armes rendant meurtrières les luttes fratricides souvent manipulées pour le contrôle des matières premières par des firmes occidentales.

UNE CRISE ALIMENTAIRE INEDITE :

La crise qui débute s’annonce déjà terrible par son étendue prévisible et le nombre de victimes qui feront des souvenirs du Biafra et du Sahel des épisodes mineurs dans une tragédie continentale qui échappera au contrôle et peut-être aussi à la volonté de l’Occident. Il se pourrait que cette crise alimentaire mondiale fasse exploser les limites du concept « compassionnel » et en révèle l’imposture globale.
Les peuples « assistés » savaient depuis longtemps la véracité du proverbe oriental selon lequel « La main qui reçoit est toujours plus basse que la main qui donne » ; sans doute la détresse prévisible et nos abandons probables changeront-ils certains comportements. En 2000, un rapport onusien tombé dans l’indifférence universelle de nos bonnes consciences prévoyait pour la seule Afrique et avant 2020 une mortalité par famine et épidémies qui pourrait atteindre quarante millions de morts… Nous nous accommodons déjà très bien de cette surmortalité qui décime le continent et n’avons guère soutenu les peuples africains en procès contre les firmes pharmaceutiques refusant le droit aux génériques de populations non solvables ou les paysans criant leur détresse devant l’appropriation des semences par des firmes américaines. Le chiffre avancé en 2000 est très sérieusement révisé à la hausse, mais cela suffira-t-il à rompre notre indifférence ? Nous faisons chez nous le décompte précis de nos « accidents » quotidiens et nous avons œuvré à comptabiliser nos tragédies européennes jusqu’à inscrire la revendication de l’indemnisation des survivants ; pourtant nous continuons à penser, au fond, que certaines vies n’ont pas la même valeur que celle de nos propres enfants.

La compassion qui sera bientôt débordée se révélera pour ce qu’elle n’avait jamais cessé d’être, l’allié objectif de la violence dont elle prétendait corriger les effets. Ce qui va changer dans le siècle qui s’ouvre c’est que les impostures du capitalisme mondialisé éclateront au grand jour, même dans les zones ou le credo de cette idéologie semblait inattaquable, comme la crise des « subprimes » le démontre déjà sur le territoire américain. La crise financière cache une crise sociale bien plus profonde et grave que les revers financiers de quelques investisseurs hasardeux, elle va révéler l’existence d’un apartheid mondial organisé que nul projet ne prévoyait de réduire.

Que certains personnages (5) aient lumineusement illustré cette évidence par un parcours montrant que l’on pouvait avoir été french doctor, sauveteur de boat-people et distributeur de riz en Somalie, avant d’approuver les bombardements de l’Otan dans les Balkans puis l’invasion de l’Irak et demain la guerre contre l’Iran, montre que la compassion dévoyée n’est pas de gauche ou de droite, elle n’a pas de couleur politique, elle est le contraire de la politique ! La compassion est faite pour endormir les consciences et pas pour réveiller les citoyens, elle est faite pour diaboliser ceux qui encouragent les luttes d’émancipation et les révoltes légitimes en leur opposant un contre-faux-modèle d’humanisme qui s’autolégitime pour justifier le pire. C’est du droit de l’hommisme dont je parle ici.

DROITS DE L’HOMME ET IMPERIALISME :

Les Droits de l’Homme sont devenus l’idéologie de substitution qui nous détourne de jeter un regard sur notre propre univers capitaliste. Le lien avec l’homme compassionnel doit être entretenu pour que nul ne s’interroge sur le fait que le premier droit défendu sera celui de propriété, c’est-à-dire objectivement la légitimation de la dépossession dans un ordre du monde qui s’est construit selon un mode historiquement très inégalitaire. La défense des droits de l’homme trouve dès son exposé sa propre limite qui est de ne pas prétendre transformer un ordre injuste, seulement peut-être en corriger quelques excès…

Rien d’étonnant à ce que ces droits de l’homme soient mobilisés comme argument premier des croisés de l’axe du bien dans un choc des civilisations qui est d’abord le renforcement d’une révolution conservatrice.

La « bonne foi » des citoyens embrigadés dans le soutien à cette croisade est souvent sincère. Mais les nouveaux « croisés » devraient s’interroger sur l’évidence du mauvais accueil que leur font les populations qu’ils voudraient ‘délivrer’ ou ‘civiliser’… Leur bonne foi est sans doute égale à celle des ‘conquistadores’ de jadis face aux peuplades ‘sauvages’. On ne peut qu’encourager la lecture du court essai magistral d’Immanuel Wallerstein, (6) nous montrant la pleine actualité de la « Controverse de Valladolid » dont les termes relatifs à la définition de l’universalisme étaient déjà débattus au XVIe siècle. Le débat de l’époque analysé par l’auteur s’avère intégralement transposable dans une analyse que nous pouvons amorcer de notre « droit d’ingérence », au nom de présumées valeurs dont nous serions dépositaires.

Sans attendre le rappel de cette controverse magistrale d’autres voix s’étaient élevées dans le siècle contre nos prétentions impérialistes : celle d’Aimé Césaire qui expliquait magistralement le 24 octobre 1956 la raison de sa rupture non pas avec les idées communistes, mais avec le Parti communiste français (7) : celles de Frantz Fanon et d’Abdel-Malek dans les années 60 ; puis celle d’Edward Said surtout depuis les années 80… Chacun su décrypter l’évidence de l’imposture de nos « droits de l’homme ».

Après la lecture de Wallerstein chacun reconnaîtra combien dans notre entourage sont encore peu nombreux les héritiers de Bartolomé de las Casas qui défendait les ‘Indiens’ et combien ressemblent furieusement à son contradicteur Sepùlveda ceux qui prétendent mener en notre nom une « guerre de civilisation ».

EN CONCLUSION  :

Nous vivons un défi inouï à la veille d’une catastrophe alimentaire mondiale dont les effets encore aggravés par les désordres écologiques et climatiques dépasseront les habituelles capacités de dissimulation par nos entreprises compassionnelles. Notre indifférence génocidaire sera mise en accusation par des centaines de millions d’hommes, femmes et enfants, qui paieront le prix de nos choix. Le président Bush disait pour justifier son indifférence au sort de la planète : « Notre mode de vie n’est pas négociable ». La formule concentre et résume toute l’horreur du capitalisme mondialisé fondant sa prospérité sur l’existence des inégalités extrêmes. Mais ce credo est aussi celui de tout l’impérialisme occidental qui ne fait que culminer aux Etats-Unis, en occupant aussi l’esprit de beaucoup d’autres peuples ; et l’Amérique n’est pas la dernière à user du leurre compassionnel pour se dédouaner de ses responsabilités. Jusqu’à quand ?

Devrait-on résumer en disant « compassion ou révolution ? » ; sans doute le choix n’est-il pas aussi binaire. Mais les deux termes méritent être juxtaposés pour que s’éclairent certaines contradictions ; pour que le concept d’internationalisme et de solidarité ne soit plus un concept mystificateur ; pour que la mobilisation de nos ‘bonnes consciences’ perçoive ce que peut dissimuler la défense des ‘droits de l’homme’ et de quelles manipulations elle peut faire l’objet, les exemples sont nombreux.


- (1) Le sabre et le goupillon… Encore et toujours.
http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=2803

- (2) Le Pape confirme les bienfaits de la colonisation
http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=2983

- (3) Le 26 9 2005 Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, lors de l’émission Contre courant sur F2 énonce : « Lorsqu’on commence à expliquer l’inexplicable, c’est qu’on s’apprête à excuser l’inexcusable »

- (4) L’Homme compassionnel – Myriam Revault D’Allones (Ed Seuil 2007)

- (5) Du Biafra à… la guerre préventive - La fin d’un « french doctor ».
http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=3103

- (6) L’Universalisme européen – De la colonisation au droit d’ingérence – Immanuel Wallerstein (Ed Demopolis 2007)

- (7) La lettre d’Aimé Césaire à Maurice Thorez.
http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=3103


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11 réactions à cet article    


  • Tzecoatl Tzecoatl 7 mai 2008 13:07

    Pour vous ouvrir mon sac, quand je vois les sénégalaises manifester pour des prix alimentaires raisonnables, et que 2,5 millions d’hectare arables sont cultivés au Sénégal sur une surface totale de 4 millions, et qu’ils importent 50% de leur alimentation, inutile d’être compassionel, un peu d’huile de coude et tout va rentrer dans l’ordre.


    • geko 7 mai 2008 13:18

      Excellent article qui démontre le cynisme de nos sociétés modernes qui n’ont rien à envier au barbarisme des civilisations disparues. Pessimiste ou lucide 2008 marquera bel et bien le chaos de notre humanité décadente.


      • Bdav 7 mai 2008 13:53

        magnifique article brillamment écrit.


        • bobbygre bobbygre 7 mai 2008 14:24

          Merci pour cet article.

          Un point de desaccord toutefois. Les medias et les politiques ne manipulent pas nos sentiments car c’est là une facette de l’humanité qui reste, à mon avis, hors de leur portée. Par contre, ils nous manipulent et nous endoctrinent via nos émotions notamment, émotions, qui elles, déterminent nos sentiments. Ce qui n’est pas vraiment la même chose ...

          Nos sentiments sont "purs". C’est notre perception de la réalité qui est faussée par ce que nous montre les médias. Ainsi, nos sentiments sont parfois "mal placés". 

          Notre compassion n’est pas à mettre en cause. Au contraire, c’est un noble sentiment, tout ce qu’il y a de plus humain. Ce qui est en cause, c’est la perception du monde que nous donne les médias. Ainsi, notre compassion est trés souvent mal dirigée, de manière injuste. On pleure pour les américains morts le 11 Septembre et on ignore le peuple tchetchene massacré. On mobilise une aide incroyable pour l’Indonesie (plusieurs milliards de dollars) et on est incapable de contrer la famine qui se profile alors que les experts parlent de 500 millions de dollars nécessaires pour éviter une catastrophe humanitaire. A un moment, où la peur de la crise économique mondiale fait que les Etats occidentaux donnent, sans contrepartie, aux banques privées des dizaines de milliards.

          Ce qui est en cause, c’est l’affirmation gratuite de l’intelligentsia selon laquelle on ne peut rien y faire.

          La vérité c’est que l’on peut tout y faire puisque la raison principale pour laquelle les pays du Sud crévent de faim, c’est parce que les pays occidentaux crévent de cholesterol.

          Mais tant que les médias arriveront à nous faire croire qu’on ne peut rien faire, on ne fera rien.


          • geko 10 mai 2008 14:34

            "Mais tant que les médias arriveront à nous faire croire qu’on ne peut rien faire, on ne fera rien"

            Je dirais plutôt : Tant qu’une majorité d’individus passera plus de 6H00 par jour en moyenne à avaler ces conneries, on ne fera rien !


          • Serpico Serpico 7 mai 2008 17:01

            Bravo.

             

            Pour ce que dit Bobbygre, il est vrai que les "sentiments sont purs" (en général) mais ils sont manipulés justement...par les media.

             

            Or les media, quoiqu’on dise, sont alignés. Foin des distinguos subtils : ils font le même boulot que n’importe quel organe de presse gouvernemental stigmatisé dans le tiers-monde ou l’ex-Union soviétique.

             

            Il n’y a qu’à voir comment est traitée l’information en provenance du Moyen Orient : quand il y a mort occidental ou israélien, on a droit à tout un cinéma sur les sentiments des parents, des amis, sur la vie des victimes, etc.

             

            Les palestiniens, les arabes, n’ont pas ce background "humain". Que des chiffres.

             

            Le mépris révélé comme un lapsus télévisé, tous les jours, toute l’année.

             

            Et peu de gens comprennent que cela soit révoltant. On s’indigne que les palestiniens se fassent exploser, on les déshumanise, en faisant mine de ne pas voir le désespoir dans lequel ils sont plongés.

             

            L’occident est devenu autiste. Et schizophrène.


            • Blé 8 mai 2008 08:12

              L’article est fort intéressant mais je le trouve "pessimiste".

              En France comme dans toute l’Europe, des citoyens luttent, se battent s’organisent dans un parfait silence. Le peuple sait que la faim n’a pas besoin de compassion pour l’éradiquer mais de justice, de liberté.

              Les salariés veulent reprendre le pouvoir que les élites de la finance et de l’économie leur ont pris. Ce n’est pas facile mais je sais que le peuple est beaucoup moins bête et plus courageux que ce que les médias donnent à voir et à comprendre.

              Si Sarko et sa clique pensent que la compassion va remplacer la réflexion et l’action, ils se trompent (énormément).


              • geko 10 mai 2008 14:36

                D’accord avec vous et il serait grands que la voie de ces citoyens soit entendue haut et fort !


              • sisyphe sisyphe 8 mai 2008 12:02

                Entièrement d’accord avec cet excellent article, qui en rejoint un autre : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=39293

                 


                • Disjecta Disjecta 10 mai 2008 23:07

                  Merci pour cet article remarquable de cohérence.

                  L’une des carences intellectuelles dont, à l’usage, me semblent affligés beaucoup des roseaux pensants de l’humanité, c’est cette propension à se répandre en sages et doxologiques borborygmes barbouillant un vaste mur dévolu à cet effet et masquant l’ampleur de l’horizon réflexif (l’horaison) à traverser.

                  A cet égard, la question récente (mais déjà retombée comme un soufflé) du Tibet fut une incroyable et hélas peu surprenante caricature de cette compassion à géométrie variable. Compassion se satisfaisant, avec une coupable (ou négligente, ce qui revient au même) molesse, des possibilités offertes par ce mur tibétain installé à l’immédiate proximité de nos idées occidentales à courte vue. Un mur pas bien haut pourtant. Mais à la mesure de nos sociétés incroyablement myopes et dont les géants ne portent plus beaucoup de nains...

                  Par ailleurs, je crois que la dichotomie entre universalisme et relativisme est l’un des défis essentiels de la réflexion philosophique contemporaine. Est-il possible d’envisager une éthique humaine ? Le "bien" n’est-il pas condamné en lui-même à justifier les pires illusions et les plus cyniques exactions ? La généalogie nietzschéenne n’ en a-t-elle pas définitivement démontré la vacuité historique ? Ou ne semble-t-il pas légitime et communément acceptable de considérer la guerre en Irak ou en Afghanistan comme les plus grands crimes de guerre actuels ? Quand pourtant le principal belligérant se prévaut d’y défendre le bien contre le mal... (tout en sacrifiant les accords de Genève sur l’autel de leur (pré)supposé combat universaliste : contradictio in adjecto...).


                  • geko 11 mai 2008 14:57

                    Doxologie  : Cantique de louanges à la gloire de dieu.

                    Borborygme  : Bruit de gargouillement produit par la mobilisation des gaz dans un segment du tube digestif.

                    La généalogie de la morale Nietzschéenne : Nietzsche rejette les critères traditionnels du bien et du mal et s’en prend violemment à la morale chrétienne qui valorise la pitié et l’humilité. Dans la Généalogie de la morale (1887), il la considère, en effet, comme la "morale des esclaves", c’est-à-dire un renoncement à la vie et un refoulement des instincts qui conduit à la servilité et à l’ascétisme, permettant aux plus faibles de prendre la place des plus forts. Il l’oppose à la "morale des maîtres".

                    @Disjecta Merci pour la force de votre commentaire que j’approuve totalement. Vous devriez le faire suivre à nos pseudos philosophes pervertis par les lumières de la déification mediatique ! Mais peut être sont-ils trop éblouis par le relativisme de la position sociale que leur ont donnés leurs maîtres à penser qui n’en n’ont pas (de pensée)  ?

                    N’oubliez pas que vous êtes dans la l’Agora. Pensez à livrer les clés sémantiques et culturelles de vos propos pour une bonne compéhension par tous les lecteurs. Ca prends du temps de vous comprendre  ! Mais c’est une effort que j’ai fait avec plaisir sans être certain de ma compréhension de vos propos !

                    Le pognon et la luxure a tout pourri jusqu’à la réflexion objective !

                    Cordialement

                     

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