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Constitution, le nouveau gadget

Le Congrès est convoqué aujourd’hui à Versailles pour entériner la réforme des institutions. C’est le deuxième changement à la Constitution en un an. Comme s’il s’agissait d’un texte gadget qu’on pouvait modifier comme ça. En attendant, la majorité s’amuse à se faire peur, nous dit-on. Elle est en danger. Sauf que c’est pour un motif qui ne sert à rien.

Connaissez-vous la Constitution ?
« Nous sommes à un moment de vérité », a dit le Premier ministre, François Fillon. Pour être définitivement adopté, le projet de loi constitutionnel doit recueillir une majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés. Or l’offensive de séduction de Nicolas Sarkozy n’a pas convaincu l’opposition de se rallier à la réforme. Aussi, pour Ségolène Royal, on pourra parler « d’un échec du pouvoir en place » dans sa tentative de « faire adopter un texte médiocre ».

Ségolène dit tellement de bêtises depuis un mois qu’on est presque soulagé de l’entendre dire quelque chose d’à peu près convenable. Ce texte est « médiocre », a-t-elle dit. Pour une fois qu’elle n’imagine pas les frères Dupont l’attendant en bas de chez elle… On saluera la performance. Mais il est frappant de voir toute la République (sénateurs, députés, radios, télés, internet, StreetReporters, donc) mobilisée pour une histoire aussi « médiocre ». On se demande qui peut bien se passionner pour une réforme dont l’un des principaux enjeux est de permettre au président de la République de s’exprimer devant les députés. Car, c’est lui-même qui a eu cette idée géniale durant la campagne. Il ne veut pas d’une VIe République, mais il souhaite une « République irréprochable » et il désire « pouvoir s’exprimer devant les députés ». Le lien entre toutes ces idées est tellement incroyable qu’on va nous accuser de l’avoir inventé. D’ailleurs, cet homme parle tellement toute la journée, qu’on se pince pour comprendre par quel extraordinaire il avait besoin de déplacer un total de 576 députés et 330 sénateurs pour un truc pareil. On croyait bêtement que la Constitution était le garant de la République, un texte fondamental qu’on n’avait le droit de modifier qu’en cas d’extrême nécessité.

Bien sûr, on nous dira que la critique est facile, mais on est aidé par l’UMP. Ah oui, voilà le quarteron d’élus qui menace de faire tomber le gouvernement : des « villepinistes », des « chiraquiens » (ou ce qu’il en reste) et des « souverainistes ». Ça fait peur… Rassurez-vous, personne ne croit que le gouvernement ne tombera sur un dossier aussi ridicule même s’il n’a pas la majorité. En revanche, on notera que c’est la deuxième fois de la législature que le Congrès du parlement est convoqué pour entériner une révision de la Constitution, la dernière réunion remontant au 4 février dernier.

Et bien sûr, on trouvera des éléments qui sont parfaitement légitimes dans cette réforme comme de prévoir que toute adhésion à l’UE doit faire l’objet d’une ratification soit par référendum, soit par la voie parlementaire ou encore de limiter l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution. Mais personne ne nous fera croire que ça méritait la convocation d’un Congrès. C’est un nouveau lapin que Nicolas Sarkozy a sorti de son chapeau. Le seul divertissement dans tout ça, c’est de voir que, pour une fois, il risque de perdre à un jeu qu’il a inventé tout seul.

Vidéo : M. Tura, Texte : B. Abouaf pour streetreporters.net/


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3 réactions à cet article    


  • sisyphe sisyphe 21 juillet 2008 18:23

    Peu de chance, hélas, "qu’il se perde".
    Les conditions d’élection du Sénat, telles qu’elles existent (et renforcées par cette "modification" constitutionnelle), aboutissant à la composition d’une chambre TOUJOURS détenue par la droite, mathématiquement, les 3/5 des députés et sénateurs lui sont acquis.
    On voit donc que toutes les pressions, tractations de couloir, promesses, marchandages, n’ont pour but que de ramener dans le rang les éventuels dissidents de la droite.

    Renforcement de ce que Robert Badinter appelle la monocratie, tendant de plus en plus vers l’autocratie.


    • Ocséna 22 juillet 2008 08:35
      Révision de la Constitution : les délires de l’UMP et la presse doitière qui va avec
       
      L’effet collatéral intéressant, c’est que ca a été une rare occasion pour un belge d’être comparativement très fier d’être belge.
       
      .........................
       

      Les Pensées zaz de l’Ocséna

       

      Ocsena, Organisation contre le système-ENA... (et pour la démocratie avancée)
      -[->http://ocsena.ouvaton.org]


      • Vincent Perrier-Trudov Vincent Perrier-Trudov 22 juillet 2008 11:49

        Sauf que pour limiter l’usage du 49-3, il y avait deux manières : Le Congrès ou un référendum.

        En dehors de ces deux méthodes, vous connaissez un autre moyen de changer la Constitution ?

        http://vincentperriertrudov.wordpress.com

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