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Accueil du site > Tribune Libre > Contrats de travail explosés

Contrats de travail explosés

On ne peut se souvenir de tout, mais en 2004, Pierre Cahuc et Francis Kramarz présentaient un rapport préconisant la « suppression des statuts d’emplois précaires » et la création d’« un contrat de travail unique à durée indéterminée donnant droit à une "indemnité de précarité  ».
 
François Bayrou subjugué, s’en était souvenu et l’inscrivit dans son programme présidentiel de 2007.
 
Un jour de 2007, justement, pendant la campagne des présidentielles, Laurence Parisot déclara que «  … avoir en France un taux de chômage inférieur à 5% et une croissance de 3 ou 4% c’est possible à condition de "supprimer le concept de durée légale du travail ». Elle nous amenait sur la suppression des CDI et CDD, qu’elle voyait bien remplacés par des « contrats de mission ». 
 
A la mi-septembre 2010, L’Institut Montaigne, (« totalement indépendant » financé par 80 entreprises (Bolloré, Air France, BNP Paribas, etc. !!), prônait la « suppression du CDD et un CDI plus flexible ».
 
L’Institut milite pour un CDI à « objectifs  »... y adaptant comme un aileron à géométrie variable pour plus de souplesse au bénéfice de l’entreprise, pour « s’adapter au marché ». S’y adjoint une rémunération flexible elle aussi, qui fluctuerait au gré du marché.
 
Imaginez votre vie en perpétuel intérim, où le contrat de travail se négocierait au coup par coup au niveau de l’entreprise, « l’Etat se bornant à se « limiter aux grands principes » selon le vœux de Laurence Parisot. Les « carrières » des salariés seraient mieux gérées...
 
Le 26 octobre 2010, une étude de la Commission Européenne « constate que la flexibilité du temps de travail est un avantage, aussi bien pour les employeurs que pour les travailleurs. ». "En cette période de ralentissement économique, les formules de travail flexibles peuvent aider les gens à conserver leur emploi.
Ils ont de l’humour, aussi : il y aurait un « meilleur équilibre entre vie familiale et vie professionnelle : tant la flexibilité du temps de travail que l’égalité entre les femmes et les hommes sont d’importantes conditions préalables à la reprise économique." . Vous voyez un rapport autre que celui de l’égalité dans la précarité ?
 
Ne manquait plus que le FMI.
 
Il faut prendre les mots comme ils viennent : le FMI s’est félicité de la réforme adoptée par la France sur les retraites (et la Grèce avant elle), car le produit intérieur brut allait augmenter de 1 à 4%. Ça rassure, quand la France en est à un endettement de 80% de son PIB !!
 
"Une hausse de l’âge de la retraite est l’outil le plus efficace" si un gouvernement ne veut pas nuire à la croissance, a-t-il conclu. C’était dit. Aussitôt, le gouvernement français s’est félicité que le FMI se soit félicité. Sarkozy embrassait Strauss-Kahn sur la bouche.
 
Le 4 novembre 2010, le chef économiste du FMI Olivier Blanchard glissa à l’oreille de Jean Pierre Elkabach qu’il fallait « rendre plus égal » le CDI et le CDD.
Il voulait bien d’une « protection de l’emploi » mais qu’elle "vienne de manière plus douce, au fur et à mesure du temps". Traduction simultanée : le FMI dit pas de protection contractuelle au départ, mais peut-être si le marché le permet, et si le salarié est gentil.
 
Il doit être "possible pour les entreprises de diminuer leur force de travail si elles n’ont pas de commandes" mais cela "ne veut pas dire, pas de protection de l’emploi", a-t-il insisté, "il en faut une et elle peut être bien meilleure que celle qui existe". C’est d’une logique implacable : être viré sans entrave pour être mieux.
 
Nous y voilà, la boucle est bouclée. Leur avenir, c’est continuer de casser le « modèle social », s’attaquer aux normes sociales, qui empêchent l’entreprise de s’épanouir. En brisant la structuration de l’emploi, avec les effets de cascades, ils veulent non pas créer les conditions du plein emploi mais les conditions du plein exercice -par eux- de la maîtrise de l’arrogance contractuelle salariale. L’individualisation en méthode et la peur comme moyen.
 
La structure de l’emploi sera la prochaine cible.
 
Il faut s’attendre à tout, et notamment entendre que la décapitation des notions de CDI et de CDD sera utile pour « diminuer la force de travail  » des entreprises, et créera des emplois... Un sophisme de plus.
 
Précariser chaque emploi afin qu’un roulement de précaires tienne les postes de travail à un prix cassé, au fil de l’eau. La solidarité au fond, accrochée à une gueuse.
 
He can, Dominique Strauss ? (1) 
 
 
++ 
 
 (1) traduction : "prêt pour une valse et une canne, Dominique, en 2012 ?"

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9 réactions à cet article    


  • obismey [ Against All Authorities ] obismey [ Against All Authorities ] 9 novembre 2010 11:21

    Encore un article ou on denonce les solutions proposées par les autres au lieu d’apporter du sien au débat ! C’est la méthode habituelle des gens de maucaises foi !

    Le Constat Actuelle : La rigidité sur le marché du travail du fait de la reglementation fait que le taux de chomage ne peux descendre en dessous d’un certain niveau  :

    Solution FMI/UE/Entreprise : Casser le systeme actuel en donnant plus de pouvoir aux entreprises

    VOTRE SOLUTION : ************************

    J’ai bien résumé votre article ?

    Cordialement !


    • obismey [ Against All Authorities ] obismey [ Against All Authorities ] 9 novembre 2010 11:23

      Encore un article ou on dénonce les solutions proposées par les autres au lieu d’apporter du sien au débat ! C’est la méthode habituelle des gens de mauvaises foi !

      Le Constat Actuel : La rigidité sur le marché du travail du fait de la reglementation fait que le taux de chomage ne peux descendre en dessous d’un certain niveau :

      Solution FMI/UE/Entreprise : Casser le systeme actuel en donnant plus de pouvoir aux entreprises

      VOTRE SOLUTION : ************************

      J’ai bien résumé votre article ?

      Cordialement !


      • Gemini Gemini 9 novembre 2010 14:07

        Dommage que votre commentaire n’apporte pas non plus de réponse.

        Il est certes plus facile de dénoncer que de proposer, mais cela n’empêche pas de démontrer que des solutions sont mauvaises. Ce n’est pas parce qu’on ne propose pas mieux qu’il faut pour autant accepter tout et n’importe quoi. Et en l’occurrence, les propositions dénoncées ici sont vraiment n’importe quoi !

        La ligne d’action de ces grandes institutions internationales est pourtant assez simple à lire : le pouvoir appartient au capital, donc à ceux qui ont de l’argent. L’entreprise est le moyen par lequel ils gagnent leur argent en exploitant la force de travail de leur salarié.

        Visiblement, malgré les énormes bénéfices réalisés par les entreprises, cela ne suffit pas. Il leur faut donc obtenir plus en donnant moins : en baissant drastiquement les salaires. Pour y arriver, il faut réunir au moins deux conditions :

         — la première est qu’il faut un bon taux de chômage ;
         — la seconde est qu’il faut que tous les travailleurs soient constamment dans la merde et précarisés et aient un besoin désespéré de gagner de l’argent.

        La première condition est déjà remplie de puis longtemps. Il ne leur reste qu’à mettre en œuvre la seconde. Elle est déjà partiellement remplie dans de nombreuses branches, mais pas encore partout. Il existe encore des salariés qui sont payés plus qu’une misère pour leur travail, et cela doit changer.

        À leurs yeux, il n’est pas acceptable que l’on puisse gagner correctement sa vie, car nous pouvons alors dire non, c’est à dire ne pas se plier à leur autorité.

        Le véritable enjeu est là : l’argent et le pouvoir. Ils veulent gagner plus et dominer plus. Croire un seul instant que le bien être de la société ou la bonne santé de l’économie les intéresse est au mieux naïf.

        C’est une lutte de pouvoirs. Rien d’autre. Et dans cette lutte, nous sommes du mauvais côté : ceux qui sont sur la défensive et en train de perdre de plus en plus de terrain.


      • TSS 9 novembre 2010 14:48

        Nouvelle loi en Grande Bretagne :

        les chômeurs se verront supprimer leurs indemnités si ils refusent de travailler gratuitement !!

        A quand la même loi sociale(ha,ha !) en France ? , cela ne saurait tarder et il y en a certainement

        sur ago pour trouver normal ce retour au XIX ème siècle... !!


        • Francis, agnotologue JL 9 novembre 2010 14:58

          Bon, en même temps, si c’est pour des travaux d’intérêt collectifs ... Mais si c’est pour fournir de la main d’oeuvre gratuite aux employeurs, ça craint. Bientôt, il faudra payer pour bosser !


        • Francis, agnotologue JL 9 novembre 2010 15:02

          Non ! Je blague. La solution est bien entendu dans la réduction du temps de travail. Pourquoi ne pas réduire unilatéralement le temps de travail et embaucher à tour de bras dans la FP aussi longtemps que le chômage sera excessif ? Comment ? En recréant notre monnaie nationale. Les employeurs partiront ? Qu’ils s’en aillent, tous !


        • TSS 9 novembre 2010 15:13

          Nous en revenons toujours au même point ;il suffirai de supprimer la loi de 1973 et que l’etat

          redevienne patron de sa monnaie... !!


        • TSS 9 novembre 2010 14:54

          petit complement : d’après le « secours populaire » une majorité de gens pouvant beneficier du

           RSA ne le demande pas preferant un travail au noir plutôt que de courber l’echine pour

          l’obtenir... !!


          • Francis, agnotologue JL 9 novembre 2010 15:29

            TSS, vous inquiétez pas : il y en a combien qui n’ont aucun scrupule à le demander.

            Si une vieille personne sans ressources bénéficie d’une aide quelqconque, nul doute qu’on vérifiera auprès de ses hoirs si son maigre patrimoine ne pourrait pas, par hasard, rembourser ladite aide quand le temps sera venu de faire les comptes. Mais je doute que la grande fifille à papa (ou fiston) qui vit dans son appart bourgeois seule et oisive - c.à.d. sans boulot pour le fisc - et qui, pour arrondir son argent de poche émarge au RSA sera embêtée par ces « broutilles » et ces vilains inspecteurs, lesquels ont mis en évidence récemment une fraude considérable à ce sujet.

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