Convention citoyenne pour le climat : voies sans issue
Pour mémoire, Chine, USA, Japon, Allemagne, Inde et Russie constituent à eux seuls près de 60 % du total mondial en 2 017 des émissions de GES. La France, 0, 9 % du total mondial la même année.
Diminuer, interdire, imposer, obliger, supprimer, réduire, contraindre, limiter, stopper, durcir, pénaliser, règlementer, limiter, contrôler, sanctionner et taxer sont parmi les maîtres-mots du catalogue d’injonctions imaginé par 150 français tirés au sort (?). Rendez-vous sur le site de la Convention Citoyenne pour le Climat (https://www.conventioncitoyennepourleclimat.fr) pour le vérifier par vous-même. Après 9 mois de travaux, ce « machin » vient de rendre ses conclusions à la ministre de l’écologie, Elizabeth BORNE.
Et, le moins que l’on puisse écrire, c’est que ces heureux gagnants du tirage au sort, pour réfléchir et accoucher de leurs 148 mesures, semblent s’être rendus sur la planète Mars. Les contraintes européennes dans lesquelles le droit de l’environnement est inscrit ont été littéralement ignorées par nos 150 samaritains. Réduire les émissions françaises des GES était-il donc un sujet en soi ou une réponse électoraliste du premier de cordée à la pensée si complexe, en direction des électeurs couleur pastèque ? La question comme la réponse restent posées me semble-t-il. En tout cas, pour nos 150 citoyens représentatifs, la France n’aurait donc aucune interaction avec ses partenaires et voisins européens. Encore moins avec le reste du monde.
Il est admis que la lutte contre le réchauffement climatique passe par une très forte augmentation de l’électrification non carbonée de l’industrie, des systèmes de chauffage, des transports, etc. Nos gouvernants ont condamné le nucléaire civil à l’horizon 2035 pour des raisons politiques car il ne faut pas se mettre à dos les électeurs d’E E L V et budgétaires. Eh oui, à un certain niveau d’endettement de l’état, ce dernier est freiné dans sa capacité d’investissement. Comment les membres de cette convention n’ont-ils pas mis ce sujet stratégique sur la table ? Il en va pourtant du futur des ressources énergétiques du pays pour les vingt ou trente prochaines années. Dès 2 030, que fera-t-on des batteries des centaines de milliers de véhicules électriques ? Les renverra-t-on en Chine d’où elles proviendront pour la plupart ? Aura-t-on trouvé une solution acceptable au stockage de l’électricité intermittente des éoliennes « chères » à nos écologistes, rassemblées en centaines de forêts métalliques polluant au moins visuellement nos paysages ? Les panneaux solaires seront-ils toujours aussi absents des toits de nos maisons et de nos bâtiments pour approvisionner nos douches en eau chaude et réchauffer, même partiellement, nos immeubles ? L’hydrogène commencera-t-il à remplacer l’essence pour faire rouler les autobus, les trains mais aussi les camions ?
Nos « gentils » participants ne se sont pas non plus posés la question de l’impact financier de toutes leurs propositions. Un seul exemple. Faut-il interdire la publicité des véhicules les plus polluants alors que l’industrie automobile a représenté près de 20% de l’investissement publicitaire total en France en 2014, soit 2,6 milliards d’euros. Quel serait l’impact d’une telle mesure sur les ventes de voitures ? Sur l’emploi du secteur automobile et sur celui des publicitaires ?
Comment font nos voisins ? Hors sujet cher lecteur alors que l’Allemagne vient d’annoncer 9 milliards d’euros d’investissement sur la future filière hydrogène germanique.
Tous les scientifiques affirment pourtant que transiter des énergies fossiles fortement consommatrices de GES vers des sources d’énergies décarbonées et donc plus propres prendra plusieurs dizaines d’années. Il ne faut surtout pas laisser croire un instant aux français qu’il suffira de quelques coups de baguette magique pour transformer notre monde actuel en paradis écologique bas carbone et durable.
En la matière, une seule mesure ressort positivement à mes yeux : la rénovation énergétique des bâtiments. Le chauffage, c’est 40% de la consommation énergétique française et 27% des émissions nationales de GES. Plus de 7,5 millions de constructions sont des passoires thermiques. Et là, il y a du boulot pour 20 ans. Reste la question du financement qui pourrait devenir épineuse avec une dette publique à 120 % du PIB. C’est là, je l’espère, que les subsides financiers européens peuvent favorablement intervenir au nom, en quelque sorte, de la passoire thermique européenne !
Malheureusement, en face de cette mesure intelligente et utile, nos 150 apprentis n’ont pu réfréner leur envie de remplir leur catalogue de décisions plus « boboïsantes ». Diminuer à 110 kilomètres heure la limite de vitesse sur autoroute, manger végétarien au moins deux fois par semaine à la cantine ou au self de l’entreprise, ne plus chauffer les terrasses des bars et des restaurants, supprimer les enseignes lumineuses des magasins la nuit, consommer au moins 20 % de fruits et légumes issus de l’agriculture biologique, etc.
Véritablement, ces mesures gloubi-boulga proviennent directement du bréviaire des apôtres de la décroissance. Travailler moins. Produire moins. Consommer moins. J’y ajouterais aussi depuis trois mois, vivre moins.
Pas sûr que le logiciel de notre premier de cordée soit compatible avec ces orientations. Il a jusqu’au 29 juin pour y réfléchir et proposer une sortie.
Bertrand RENAULT – 22 JUIN 2020.
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