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Accueil du site > Tribune Libre > Crash documentaire sur Arte ?

Crash documentaire sur Arte ?

Arte a récemment diffusé un documentaire analysant la crise alimentaire mondiale. Le document intitulé "Vers le crash alimentaire ?" semble toutefois associé à une forme de promotion molle des OGM et ne pas aller au bout de son questionnement. Critique.

En ne clarifiant pas assez la problématique des OGM et en oubliant de mentionner par moments si les cultures évoquées sont OGM ou non, ou quels impacts véritables ont les semences de type OGM sur l’économie tant en terme de hausse des coûts de production, que de brevetisation ou d’externalités négatives à la production et à la consommation, le documentaire apparaît comme manifestement incomplet.

Le portrait alarmiste de la situation agricole mondiale -ce qu’il est -, omet de plus les véritables causes des problèmes structurels agricoles, que sont les fragmentations politiques, communautaires et nationales. Même s’il dénonce les dérives liées à la mise en compétition des agriculteurs dans un modèle économique concurrentiel à l’échelle mondiale, celles liées à la production massive d’agrocarburants, ainsi que les conséquences environnementales et sociales catastrophiques de la culture des OGM en Argentine, le documentaire proposé par ARTE semble finalement participer au statu quo généralisé sur les problématiques agricoles modernes, en laissant notamment libre cours à quelques formes d’irréflexions technoscientistes ou d’acceptation molle de la transgénèse agricole par certains intervenants, reconnaissant toutefois que les OGM ne sont pas une solution à la faim dans le monde, idée fausse malheureusement promue par quelques hommes politiques.

D’autre part, l’engagement de la Chine dans le développement d’une agriculture transgénique(*) y est décrite comme partie prenante d’un système mondialisé compétitif, mais sans pointer du doigt le nationalisme, ou les communautarismes d’états, générateurs de tous ces comportements isolateurs et destructeurs à l’échelle mondiale. En effet, à la base de ces divisions, sont les divisions notamment nationales, et les appartenances communautaires séparatistes. Ces divisions sont à la source de la division agricole en agriculture chinoise, américaine, européenne, française...etc, tant de systèmes parcellaires et cloisonnés au départ, cherchant un débouché dans l’unique modèle compétitif de l’économie de marché mondialisée. Aussi, le problème économique est un problème secondaire, le premier étant l’existence même de ces divisions premières fragmentant arbitrairement les territoires agricoles de la planète.

Enfin, le détournement des cultures pour la consommation énergétique, l’industrialisation des semences et des matières premières agricoles dans un système compétitif, la déforestation massive de certaines parties de la planète ne sont pas non plus les seuls problèmes liés à l’agriculture, conséquents du nationalisme et de son système économique concurrentiel. La surconsommation occidentale de viande, la destruction des sols, l’augmentation des surfaces cultivables associée à la diminuation du nombre d’exploitation et la perte de l’agriculture vivrière, la négligence des principes de précaution, le détournement idéologique du vocabulaire scientifique, l’imposition d’une vision mécaniciste et fausse du vivant, par la réduction de problématiques agronomiques à la seule perspective de transformation des plantes cultivées par des biais technologiques artificiels très avantageux pour l’industrie, et la direction idéologique associée des recherches de développement agronomique, sont tout autant de facteurs à replacer dans un contexte environnemental et géopolitique global.

Aussi, bien qu’informatif du point de vue de l’idéologie économique généralisée du libre-marché appliqué aux organismes vivants, le documentaire semble finalement ne pas aller jusqu’au bout de ses raisonnements, en manquant de pointer les causes évidentes du problème agricole mondial que sont les divisions séparatistes nationalistes, communautaires ou idéologiques de la planète, gouvernée par une collusion d’intérêts industriels associés aux principales puissances politiques mondiales.

Partie du documentaire relative aux OGM :



(*)Voir : "La chine tombe-t-elle dans le piège américain ?", Agora Vox, 12/08/08.

Moyenne des avis sur cet article :  4.38/5   (26 votes)




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18 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 8 décembre 2008 11:18

    Merci pour tous ces liens que je n’ai pas encore consultés. Permettez moi donc de ne réagir que superficiellement dans ce commentaire. Vous dites :

    ""le documentaire proposé par ARTE (reconnaît) toutefois que les OGM ne sont pas une solution à la faim dans le monde, idée fausse malheureusement promue par quelques hommes politiques. ""

    La formulation me semble maladroite : s’il ne fait aucun doute que c’est l’idée que "les OGM ne sont pas une solution à la faim dans le monde" qui est une idée fausse, en revanche, cette formulation est une façon bien molle de le dire.

    L’autre commentaire que je voudrais faire est relatif à l’immigration. A la radio ce week-end, il se disait que les experts prévoient dans les années à venir plus d’un milliard de migrants venant du Sud, dans les pays du nord, "à cause du réchauffement climatique".

    Je ne crois pas que c’est à cause du réchauffement climatique que ces gens fuient le Sud pour venir chez nous, mais à cause de la faim. Le réchauffement climatique en l’occurrence, a bon dos. Il est vital pour nous, occidentaux, que cesse cette globalisation et que tout soit fait pour redonner à ces population leurs terres et les moyens d’y vivre.


    • Anti-OGM.info Anti-OGM.info 8 décembre 2008 11:31

      La question du réchauffement climatique est une question secondaire, même si elle implique des conséquences importantes.

      Les sociétés actuelles n’ont pas réussi avant le réchauffement climatique à s’organiser de telle manière d’éradiquer la pauvreté et la faim dans le monde. Je ne vois pas pourquoi ni comment elles pourraient y arriver après, ou pendant, ou maintenant, d’autant plus qu’elles utilisent les mêmes moyens dans la même logique et sans remettre en cause leur propre fonctionnement.


    • MarcDS MarcDS 8 décembre 2008 13:31

      Si la faim est une des grandes causes de l’immigration actuelle, il faut malheureusement s’attendre à ce que le réchauffement climatique en devienne une autre très bientôt.


    • Francis, agnotologue JL 8 décembre 2008 13:41

      à maladroit, maladroit et demi. rectification, il fallait lire

      "s’il ne fait aucun doute que c’est l’idée que "les OGM sont une solution à la faim dans le monde" qui est une idée fausse, en revanche, cette formulation est une façon bien molle de le dire."


    • Anti-OGM.info Anti-OGM.info 8 décembre 2008 13:55

      non pas le documentaire ni ARTE, mais : "certains intervenants, reconnaissant toutefois que les OGM ne sont pas une solution à la faim dans le monde, idée fausse malheureusement promue par quelques hommes politiques."

      L’idée fausse est bien entendu celle disant que les OGM vont nourrir le monde.

      L’intervenant en question qui exprime dans le documentaire que les OGM ne vont pas nourrir le monde est Marc Dufumier Professeur d’agriculture comparée et développement agricole. Institut National Agronomique Paris-Grignon (INA-PG). Toutefois, étant donné sa position molle favorable à la transgénèse agricole par les labos publics, son point de vue ne semble motiver que par des considérations budgétaires nationales limitées.

      Critiquons les multinationales pour leur monopole, mais promouvons de notre côté la transgénèse pour bénéficier des larges subventions accordées aux biotech dans ce domaine par l’état.

      Voilà un bon résumé de son point de vue et de tous les chercheurs et autres promoteurs des OGM médiatisés dans certains journaux ou dans des groupuscules idéologiques pro-OGM comme l’AFIS.


    • Gilles Gilles 8 décembre 2008 14:32

      JL

      "A la radio ce week-end, il se disait que les experts prévoient dans les années à venir plus d’un milliard de migrants venant du Sud, dans les pays du nord, "à cause du réchauffement climatique".Je ne crois pas que c’est à cause du réchauffement climatique que ces gens fuient le Sud pour venir chez nous,

      Pourtant des pays comme le Bengladesh (pays ultra surpeuplé) perdent déjà des milliers de kilomètres carrez de côtes à cause de la montée des eaux et de la fonte des glaciers hymalayens et si le phénomène s’amplifie, rien n’empêchera une émigrassion massive - pas chez nous - mais en Inde d’abord puis ensuite ailleurs

      Lorsque le désert progresse en afrique du nord, forcément les gens bougent...et où vont-ils ?

      Si le niveau de la mer augmente de 0.2 mètre, j’ai vu que se sont des millions de gens qui seront les pieds dans l’eau....ils bougeront

      Où iront-ils ? On verra mais ce phénomène d’émigration massive et brutale me semble trés réaliste


    • werther_original werther_original 9 décembre 2008 09:08

      Bonjour JL,

      Ci dessous un petit lien concernant la montée des eaux aux bengladesh :

      http://www.lematin.ch/fr/tendances/societe/le-bangladesh-ne-se-noie-pas_26-221318?sent=yes

      Et de rappeller que les savants du GIEC travaillent sur la base de modèle informatique censés représenter le climat.

      Si nous voulions schématiser , c’est aussi précis que de connaître l’issue d’une guerre en la modélisant sous quake 3.

      Bien à vous.


    • foufouille foufouille 8 décembre 2008 11:33

      si nous importons de la nourriture c’est par ce que certains veulent gagner beaucoup plus d’argent
      nous avons suffisament de terre cultivable pour etre autonome, y compris en viande
      il faudrait juste reapprendre a consommer des legumes de saisons


      • Gilles Gilles 8 décembre 2008 14:53

        Et les bananes ? Les cacahuètes ? Les pistaches ? Les ananas ?


      • appoline appoline 8 décembre 2008 19:03

        A Gilles,
        Il arrivera un moment où il faudra se recentrer sur les priorités, les bananes deviendront qu’un vague souvenir.
        L’occidental qui n’a pas l’habitude de crever la dalle, devra revoir dans l’urgence la composition de ses menus. Nous sommes trop nombreux et les terres ne sont pas extensibles bien au contraire, elles vont dimunuer comme peau de chagrin.

        Les gouvernements sont informés de cela mais comme il n’y a pas de solution miracle, nous allons d’ici quelques temps nous entre déchirer pour pouvoir bouffer. Car vous vous en doutez bien, si nous ne sommes pas directement concernés pour le moment, la vague va quand même nous arriver dessus.


      • Gilles Gilles 9 décembre 2008 10:17

        Enfin, faut pas délirer tout de même, le commerce mondial ne s’arrêtera pas et il ne doit pas s’arrêter, se serait la catastrophe, le replis sur soi et trés vite des conflits

        Non, l’idée est de restreindre le commerce mondial à l’utile et au nécessaire par l’intermédiaires de règles mondiales ; c’est un peu la décroissance ciblée que vante les Verts et qui me semble pertinente

        On aura toujours des bananes, d’autant plus que sans consommation de bananes chez nous, des millions de gens en pâtiront aux Antilles et en Afrique


      • appoline appoline 9 décembre 2008 13:45

        A Gilles,
        Vous avez tout dit dans la première phrase. C’est ce qui nous attend, un vrai pépin. Que voulez-vous que je vous dise, l’être humain est trop avide et s’ingénue trop bien à glisser des peaux de banane sous les pieds de tout ce qui se présente sur le petit territoire qu’il a savamment délimité. Vous voyez, les bananes seront quand même utilisées.


      • Lisa SION 2 Lisa SION 2 8 décembre 2008 13:16

        " ce documentaire apparaît comme manifestement incomplet. " je vous trouve peu reconnaissant.

        Vous n’imaginez pas l’effort soutenu par des quantités de professionnels pour produire un tel document. Il est évident qu’il ne peut, en une heure, tout traiter jusqu’au fond, d’autant plus qu’il fait le tour complet de la planète agricole. Vous ne vous rendez pas compte de la somme de travail et participez à ruiner son effet. 

        Plutôt que chipoter, vous feriez mieux de l’appuyer en apportant ce que vous avez de documentation en plus pour le parachever, faisant ainsi preuve d’une solidarité envers la contestation courageuse dont font preuve quelques médias non alternatifs. Ceux-ci ne vous mangent pas le pain à votre bouche, vous gagneriez à leur reconnaitre un très certain effort dans votre sens, donnant de l’eau à votre vin et du vent à votre moulin...


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 8 décembre 2008 13:29

          Puis-je vous conseiller ce lien qui résume bien la situation agricole aux Us. Elle déclare également de ce que le réchauffement de la planète induit de façon inégalement répartie, mais inexorablement partout.


        • Zalka Zalka 8 décembre 2008 13:29

          bah voyons... Arte ne s’aligne pas sur votre groupuscule, donc Arte est vendue à Monsanto...

          Vous devez travailler dur pour nous dégotter de telle bêtises, non ?

           


          • Lucie Vivien 8 décembre 2008 13:59

            Par moments, ce documentaire m’a ennuyée car on y redit beaucoup de choses qu’on sait déjà (les OGM aux USA, la situation agricole de l’Argentine... ) mais j’ai trouvé le passage sur la Chine intéressant car moins souvent traité : la Chine, ce gigantesque pays qui est pourtant incapable de nourrir sa propre population. Toutefois, je n’ai pas aimé la conclusion des journalistes après le reportage : "D’habitude, on aime bien donner des solutions à un problème mais là, on n’en a pas." Je trouve qu’ils n’ont pas beaucoup cherché et c’est dommage.


            • Marc Bruxman 8 décembre 2008 20:04

              Les OGM ne sont pas la solution pour réduire la faim dans le monde, mais ils vont contribuer à une hausse de la productivité que cela plaise ou non aux altermondialos. 

              Et puisque vous parlez de hausse des besoins sur Terre impossible à satisfaire par des besoins conventionnels, sachez que les OGM sont la pour ca ! Pour étendre la productivité de notre planête de façon à ne pas crever de faim. On n’a pas vraiment le choix. On ne va pas stériliser les gens à la naissance ! On ne va pas non plus tuer des gens sous prétexte qu’on est déja trop nombreux. Alors si, le temps que les pays se civilisent et que la natalité se stabilise, on va avoir besoin d’augmenter encore la productivité de notre planête. 

              Et pour le reste, le crach alimentaire a déja eu lieu vu que les prix de toutes les matières premières viennent de retomber. 


              • Anti-OGM.info Anti-OGM.info 9 décembre 2008 21:46

                Monsieur votre mépris des "altermondialistes" n’a que peu de rapport avec le sujet de cet article. Comme toute idéologie, l’altermondialisme a ses limites et ne constitue pas une réelle remise en cause de la société, parce qu’elle est inscrite elle-même dans la société.

                D’autre part, quant aux moyens conventionnels, il va de soi que l’agriculture chimique intensive n’est pas souhaitable car elle a déjà montré ses conséquences néfastes sur l’homme et l’environnement, même si elle a pu augmenter le rendement. La question n’est pas dans la fuite en avant vers une forme de croissance idéaliste et idéologique de la production par hectares, coûte que coûte, mais dans la restructuration des territoires et des terroirs, afin de nourrir l’ensemble de l’humanité, et à commencer par satisfaire les consommations de manière locale.

                La France aujourd’hui, pour ne prendre que cet exemple particulier, est incapable de subvenir à ces propres besoins agroalimentaires. A quoi servent donc les agriculteurs de ce pays ? Pourquoi les incite-t-on à vendre leurs productions sur le marché international, alors que localement, la production est inadéquate à nourrir la population. Il y a clairement quelque chose de faux dans ce modèle agricole basé sur la compétition internationale.

                L’agriculture de type agro-écologique combinée à une diminution des surfaces agricoles, à une augmentation du nombre d’exploitations, et à une redirection de la production vers un principe d’autonomie alimentaire des territoires, à un reboisement des terrains agricoles, sont des exemples de développement à suivre. La répartition équitable de la production mondiale par des voies les plus locales possibles ne peut non plus se faire dans le cadre étroit du nationalisme et des idéologies nationales, ou communautaires telle que l’Union Européenne, et tous ces blocs de nations en compétition les uns avec les autres, pour le profit de quelques firmes, tandis qu’au par ailleurs des populations et des paysans meurent de faim.


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