• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Crise à l’UMP : quelles leçons en tirer pour l’avenir (...)

Crise à l’UMP : quelles leçons en tirer pour l’avenir ?

Les crises, quelle qu’en soit la gravité, ont toujours quelque chose de positif. Elles nous obligent à nous interroger sur les « choses » que nous prenons jusqu’alors pour acquises et à tirer des enseignements pour l’avenir. La crise qui aujourd’hui déchire l’UMP ne doit pas échapper à la règle, pourvu que le parti y survive. Née d’une élection calamiteuse, la crise de l’UMP donne l’occasion de tirer au moins deux enseignements dont on parle, malheureusement, assez peu. Le premier enseignement porte sur les limites du « vote papier » et les aléas du dépouillement manuel. On ne devrait plus jamais faire porter aux hommes et aux femmes la lourde responsabilité de décider de la validité ou de l’invalidité des bulletins de vote déposés par les citoyens, surtout dans le cas d’une élection serrée. Le deuxième enseignement (il y en a d’autres) porte sur la « culture démocratique » au sein des formations politiques de droite, de l’UMP en particulier. Il semble qu’en essayant d’imiter le Parti Socialiste pour désigner son « chef », l’UMP s’est prêtée à un exercice qui ne lui correspond pas du tout.

Sur le dépouillement manuel des « votes papier », il ne se pose, a priori, aucun problème majeur lorsque le vainqueur l’emporte avec un écart considérable (5, voire 10% d’écart). En revanche, lorsque la victoire se joue, comme on dit, sur une courte tête, la question des bulletins écartés du décompte final se pose avec pertinence. Or, depuis un certain temps, les élections se gagnent de plus en plus à l’arrachée. Les candidats se sont suffisamment professionnalisés pour que le scrutin culmine sur de gros écarts entre concurrents. Ce qui pose la question des bulletins écartés.

En effet, quelles que soient les raisons pour lesquelles ces bulletins sont invalidés (bulletins blancs, nuls ou écartés d’autorité) ils deviennent un point d’achoppement dans une élection comme celle de Jean-François Copé déclaré vainqueur avec une avance aussi « microscopique » (50,03%).

Dès le lendemain de la proclamation des résultats, les fillonnistes ont fait remarquer que les votes d’Outre-Mer avaient été écartés et leur prise en compte aurait assuré la victoire à François Fillon, le favori du scrutin, plutôt qu’à son challenger. Les copéistes ont, de leur côté, rétorqué en pointant du doigt les irrégularités çà et là dans les circonscriptions favorables à l’ancien locataire de Matignon.

Il semble que les polémiques de cette nature sont parfaitement évitables si on consacre pour de bon l’utilisation systématique de l’outil informatique. Le citoyen se présente devant un écran, il coche la case de son choix et appuie sur « validez ». Son vote est instantanément enregistré dans le résultat final, qu’il suffira, à l’issue de scrutin, de constater. Finis les bulletins litigieux (blancs, nuls et autres) et le fastidieux travail de dépouillement manuel. La machine s’occupe de tout.

Bien entendu, la question de la fiabilité des « machines à vote » sera soulevée par quelques réfractaires, mais qui devront être rapidement rassurés. Au 21ème siècle, les partis politiques ont la possibilité de mandater des informaticiens de leur obédience pour s’assurer de la fiabilité du système électronique mis en place. 

Le recours à l’outil informatique peut même être étendu jusqu’au domicile de l’électeur. Ce dernier se connecte sur un fichier mis à sa disposition par le Ministère de l’intérieur, en charge de l’organisation des opérations de vote. L’électeur se fait identifier à l’aide, par exemple, des données personnelles figurant sur sa carte d’identité. Il opère son choix, à son domicile même, valide son vote en regardant la télé ou entre deux tâches ménagères. En quelques minutes, il s’est acquitté de son devoir civique.

L’acte citoyen deviendrait aussi simple qu’un achat en ligne. Un vote effectué de son domicile qui aurait au moins deux avantages et pas les moindres. Il éviterait la phase du dépouillement des votes papiers et les risques de polémiques qui vont avec. Il contribuerait surtout à réduire considérablement le taux d’abstention. Les files d’attente devant les bureaux de vote sont parfois de nature à décourager l’électeur. Par ailleurs, les personnes souffrantes ou à mobilité réduite n’auraient qu’à se connecter pour s’acquitter de leur devoir citoyen sans être obligées de se déplacer jusqu’aux bureaux de vote.

Mais on n’en est pas encore-là. En attendant que le législateur se saisisse un jour de la question, voyons le deuxième enseignement que l’UMP devrait tirer de sa crise actuelle…

On est maintenant convaincu qu’il y a deux cultures politiques en France, avec un ancrage plus profond qu’on aurait pu l’imaginer jusqu’alors. Dans les partis de droite, le « chef » émerge « naturellement » et s’affirme grâce à tout un travail en amont des compromis, de négociations et des consensus. On parle de « leader naturel ». Ce fut le cas d’Alain Juppé puis de Nicolas Sarkozy pour l’UMP. C’est le cas de François Bayrou pour le Modem, de Jean-Louis Borloo pour l’UDI, de Nicolas Dupont-Aignan pour Debout la République,… On ne voit pas comment les choses pourraient en être autrement. Ce sont des personnalités qui s’imposent « naturellement ».

En revanche, à gauche, les batailles sont rudes entre concurrents. Là où Nicolas Sarkozy était pressenti candidat dès 2002, François Hollande est parti de nulle part (très bas dans les intentions de vote) pour finir, à force de lutte, candidat du Parti Socialiste en l’emportant sur des concurrents présentés à un moment comme des favoris (Martine Aubry, Ségolène Royal,…). En 2007, Ségolène Royal s’est littéralement « arrachée » d’entre des concurrents qui ne lui ont pas fait de cadeau (Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius,…) pour s’imposer comme candidate PS à l’élection présidentielle.

Bref, à gauche, les débats et les batailles électorales font partie des traditions profondes alors qu’à droite, il faut le moins de débat interne possible. Une rude concurrence sur le modèle de ce qui se passe au sein du Parti Socialiste et l’UMP se retrouve au bord de l’implosion.

On a sûrement été pétri de nobles intentions en organisant l’élection du Président de l’UMP un peu « pour faire comme le PS ». Mais l’expérience débouche sur un tel fiasco que de plus en plus de militants préfèreraient, à l’avenir, œuvrer pour faire émerger un leader naturel plutôt que de se fier au hasard du verdict des urnes.

François Fillon aurait pu être ce leader naturel mais il s’est, peut-être naïvement, prêté au jeu électoral face à un adversaire (Jean-François Copé) qui n’était nullement disposé à jouer de la figuration. Il s’est battu avec acharnement alors qu’un consensus interne aurait pu éviter à l’ancien parti majoritaire une crise d’une telle ampleur.

Pari réussi pour le maire de Meaux. Mais quel gâchis !

Boniface MUSAVULI


Moyenne des avis sur cet article :  1.36/5   (11 votes)




Réagissez à l'article

18 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 29 novembre 2012 09:58

    On peut en conclure que c’est bien sympa d’envoyer des observateurs en Ukraine lors des elections , mais qu’ils pourraient en faire de même chez nous !  smiley  smiley  smiley


    • Yajovin Yajovin 29 novembre 2012 16:17

      On fait semblant de s’étonner alors que tout le monde sait que c’est ainsi chaque fois qu’il y a des élections. Ah ! les « démocraties » occidentales donneuses des lecons au monde entier.  smiley smiley smiley :->


    • Fergus Fergus 29 novembre 2012 09:59

      Bonjour, Musavuli.

      Pas d’accord avec vous sur le recours au vote électronique en lieu et place du vote papier. Car ce dernier permet un recomptage dans les bureaux litigieux, ce qui n’est pas le cas du vote électronique.

      Qui peut être certain d’ailleurs qu’une fraude massive ne puisse pas être organisée par l’un des camps (ou par une puissance étrangère) ayant recours aux services d’un expert informatique ? Ou qu’un hacker agissant pour le compte d’une organisation terroriste ou d’un groupe de nihilistes ne puisse rendre les résultats totalement incohérents ?

      Personnellement, je pense que le vote papier doit rester, à charge pour les démocrates de tous bords de l’encadrer suffisamment pour éviter les dérives. Qui plus est, le vote papier oblige à se déplacer dans un bureau de vote pour accomplir un acte citoyen, et cette démarche, souvent faite en famille, est très formatrice pour les jeunes et leur éducation à la citoyenneté.


      • MUSAVULI MUSAVULI 29 novembre 2012 14:36

        Salut Fergus,
        Je constate que trop de gens sont profondément opposés au recours au vote électronique. En rédigeant mon article, j’avoue que je n’avais pas idée d’un tel niveau d’opposition.
        Et pourtant nous utilisons l’outil informatique tous les jours que ce soit pour actualiser nos situations personnelles dans les rapports avec les administrations diverses (Caf, Pôle emploi, déclaration des revenus,...) ou pour effectuer des achats en ligne, avec des colis qui nous parviennent parfaitement à l’adresse indiquée.
        Comment peut-on continuer à croire que seul l’opération de vote ne saurait se réaliser avec fiabilité ? S’il y a des doutes sur la programmation, on peut les lever en mobilisant des ingénieurs. Je ne suis pas informaticien, mais je crois qu’il est possible de faire entrer l’outil informatique dans les rapports entre le citoyen et la vie démocratique.
        Êtes-vous toujours aussi catégorique ?


      • Fergus Fergus 29 novembre 2012 10:04

        Autre chose : « Pari réussi pour le maire de Meaux », écrivez-vous. Bien au contraire : si Fillon va sortir abîmé de cet épisode lamentable, Copé va en sortir définitivement cramé pour avoir outrageusement bourré les urnes, utilisé sans vergogne les structures et les fonds de son parti pour servir une ambition quasiment pathologique, et fait un bras d’honneur à l’amorce de médiation sarkozyste. 


        • jef88 jef88 29 novembre 2012 11:18

          Il semble que les polémiques de cette nature sont parfaitement évitables si on consacre pour de bon l’utilisation systématique de l’outil informatique. Le citoyen se présente devant un écran, il coche la case de son choix et appuie sur « validez »

          Sauf si l’informatique a été programmée pour obtenir le « bon(?) » résultat !
          car vous ne pouvez pas savoir si quand vous validez « jules » ce n’est pas « hector » qui est enregistré, quoi que dise votre écran ....


          • MUSAVULI MUSAVULI 29 novembre 2012 14:54

            Les partis politiques engagés dans la compétition électorale s’assurent au préalable que la programmation n’est pas « bidouillée ». C’est une technologie à notre portée, au 21ème siècle. Il y a des tas d’excellents informaticiens en France qu’il suffit, pour les partis, de mandater.


          • jef88 jef88 29 novembre 2012 21:10

            des preuves ! ? !


          • magma magma 29 novembre 2012 15:16

            ce qui me surprend, c’est cette faculté qu’on les politique a ne rien comprendre au peuple quand ce n’est pas du mépris total. Celui qui sera le vainqueur, et c’est la l’enjeu principal, pense être le prochain candidat pour les présidentielles. On s’intéresse au votre des militant. On le sait, les militants d’un parti sont les plus ancrés a gauche ou a droite ôu même au faux centre. Ils vont donc résolument voter pour le plus ancré a droite en l’occurrence, c’est a dire Coppé. Hors ceut qu’il faut convaincre en cas d’election se fait par le plus rassembleur, c’est donc fillion qui bénéficie du plus de faveur dans l’électorat du centre ou de gauche. C’est encore une fois betement joué


            • MUSAVULI MUSAVULI 29 novembre 2012 19:35

              Je crois qu’il y ont pensé déjà. En réalité, l’enjeu de ce conflit s’appelle « l’investiture ». Pour maximiser ses chances d’être investi, il faut contrôler le parti. Lorsque les militant UMP auront investi Copé, par exemple, on sait que Fillon n’aura pas les moyens de se présenter par ses propres moyens, contre le candidat investi. Le candidat investi, lui, qu’il soit profondément à droite ou au centre, battra campagne et ira raconter de belles paroles aux électeurs pour l’emporter. On sait que les paroles de campagne sont du baratin, mais les peuples les avalent quand même.
              Vous comprenez maintenant pourquoi ce deux « mecs » vont s’affronter jusqu’à diviser l’UMP.


            • magma magma 30 novembre 2012 06:35

              oui mais ce que je voulais juste dire, c’est que l ump (ou lump parce qu’on est loin du caviar) ne se rends pas compte qu’un copé au 2 eme tour, c’est perdu quoiqu’il arrive tant le bonhomme exécrera gauche centre et une partie de la droite, c’est pas en grapillant qque voix au fn et un risque de 2 eme tour gauche/fn qu’ils vont sortir et vous verrez qu’avec un coppé on y aura le droit a ce deuxieme tour


            • focalix focalix 29 novembre 2012 17:22

              Les machines à voter vont nous faire regretter le bon temps de la fraude artisanale et de ses aspects les plus poétiques comme le bourrage de chaussettes.

              Désormais, l’arnaque sera industrielle et massive.

              Pour qu’un vote soit valide, il faut :
              - La personne qui vote.
              - Une pièce d’identité qui prouve que c’est bien elle.
              - Une carte électorale qui prouve qu’elle a le droit de voter.
              - Un bulletin dans une enveloppe.
              - Une urne.
              - Un registre d’émargement.
              - Et un certain nombre de personnes autour pour l’organisation, le déroulement et le contrôle du scrutin.

              Un jour sans doute, le vote électronique sera généralisé. Pour cela, un certain nombre de conditions devront être réunies :
              - Cartes électorales pucées avec empreinte biométrique chiffrée, et aussi fiable qu’une carte bancaire (ou mieux, plus fiable !).
              - Signature biométrique et donc, à chaque point de vote (domicile du citoyen, mairie, hôpital ou maison de soins) un dispositif pour la comparer avec l’empreinte de la carte.
              - Un matériel qui soit le même pour tous. Ce matériel devra, aux fins de vérification, délivrer un ticket avec le numéro d’identification du votant et son vote.
              - Un logiciel, le même partout également, ouvert pour que tout informaticien puisse contrôler son fonctionnement et en détecter les failles, virus et autres codes malveillants.
              - Une organisation pour que le vote soit facile et sûr.
              - Une parfaite transparence : résultats enregistrés immédiatement, bureau par bureau, sur le Net, et mis à la disposition du public dès que tous les bureaux de vote seront clos.
              A l’heure où les puissances économiques, politiques et idéologiques tendent à nous confisquer le Net pour en faire un instrument de pouvoir opaque et répressif, nous sommes encore loin du compte !


              • jef88 jef88 29 novembre 2012 21:15

                je plussoie + 10 000
                il faut réussir à sécuriser tous les niveaux !
                le vote lui même, sa transmission et le collationnement des résultats ......
                le système carte de crédit n’est pas suffisament sur !


              • latortue latortue 29 novembre 2012 17:28

                Tous les sondages donnaient Coppé perdant et comme par hasard il gagne !!!!! il gagne dites vous ?????????? évidemment !!!! on peut gagné quand des bureaux de vote entier ont été annulés en France et dans les dom tom en plus on apprend que des quantités de vote par procuration ont été envoyé plus que douteux , pour finir les élections ont été organisé par le sieur Coppé et son équipe tellement mal que certains électeurs ont attendu des heures avant de pouvoir voté je vous parle pas de ceux qui sont rentré chez eux et comme par hasard toujours des bureaux favorables a son adversaire ,la campagne du sieur Coppé c’est faite avec les moyens de L’UMP et les personnels aussi car il était toujours chef de L’UMP pendant la campagne .et apres vous nous demandez quelle leçons en tirer ?????????????????????? tant que nous aurons des politicards qui se comportent comme ça on ne pourra plus leur faire confiance .
                ALLEZ MESSIEURS CIRCULEZ ALLEZ APPRENDRE LA D.E.M.O.C.R.A.T.I.E


                • Mwana Mikombo 29 novembre 2012 17:58

                  @latortue

                  Fillon et Sarko ont déjà utilisé ces arguments en Côte d’Ivoire contre la légalité ivoirienne et en faveur de la rébellion ivoirienne. Fillon récidive et organise la rébellion contre la légalité de son Parti. Sarko n’est même pas capable de rappeler son lieutenant Fillon à l’ordre. Fillon n’est qu’un vulgaire organisateur de putschs. Partout où il met le nez, c’est le putsch. C’est un assoiffé de Putschs. On croyait que la démocratie commençait par le respect le plus élémentaire des lois. Apparemment, Fillon ne l’entend pas de cette oreille. Le fillonisme ou fionisme, c’est la défonçage de la légalité, le Putschisme.


                • MUSAVULI MUSAVULI 29 novembre 2012 22:03

                  Pas moi, mais les UMP, Fillon en tête. Si je vous ai bien lu, M. Fillon est donc resté les bras croisés pendant que son adversaire orchestrait une énorme magouille électorale. Il se réveille après et crie au scandale. Soyons sérieux !


                • magma magma 30 novembre 2012 06:38

                  ben il pensait avoir 20 points d’avance


                • MUSAVULI MUSAVULI 30 novembre 2012 13:11

                  La machine à magouiller aura donc tout « dévoré ». Elle aurait dû être moins « gloutonne ».

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès