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Accueil du site > Tribune Libre > D’où viens-tu, gitan ?

D’où viens-tu, gitan ?

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Les gens du voyage ont souvent suscité à la fois la peur et la fascination. Venus d'ailleurs, les gitans représentent un monde mystérieux et inconnu...

Dans une chanson célèbre, le poète évoque ce peuple de nomades avec tendresse et émotion.

La chanson s'ouvre "in medias res" sur des interrogations adressées à des gitans : le tutoiement rend le discours particulièrement familier...

La chanson mime un jeu de questions-réponses : "D'où viens-tu, gitan ? Je viens de Bohême..." Trois pays d'origine sont, ainsi, évoqués successivement "Bohême, Italie, Andalousie..."

Enfin, un vieux gitan est interrogé, et sa réponse détonne : "Je viens d'un pays qui n'existe plus...", comme si ses souvenirs avaient été effacés par l'usure du temps.

Le tableau qui suit restitue magnifiquement une veillée de gitans : on voit les chevaux, en troupeau, canalisés par une barrière, "la poussière" qui les recouvre, "leurs naseaux écumants" : un tableau plein de vie et de magnificence...

On voit les gitans assis près d'une "flamme claire", magnifiés par la lumière : leur ombre palpite dans le noir, leurs silhouettes deviennent "ombres de géants."

Un tableau se dessine fait de clair-obscur : la flamme est personnnifiée, grâce à un verbe d'action : "la flamme qui jette à la clairière leurs ombres de géants..."

Et, on entend monter soudain la chanson des gitans, "un refrain bizarre".

On entrevoit un spectacle complet, fait de lumière et de chants, ponctués par "le coeur des guitares". Ces instruments de musique personnifiés sont, ainsi, mis en valeur...

On connaît la passion des gitans pour la guitare, cet instrument qui évoque des images de liberté, le sud, la lumière, la douceur, cet instrument que caresse le musicien, et dont il fait naître tant d'harmonies.

Et on entend monter ce chant "des errants qui n'ont pas de frontières", belle périphrase désignant ce peuple de nomades.

Les questions reviennent dans le couplet suivant, et cette fois, elles concernent la destination future des gitans interrogés..."Où vas tu, gitan ? Je vais en Bohème".

Trois lieux sont, à nouveau, égrenés : "Bohême, Italie, Andalousie..."

Et le vieux gitan questionné répond : "Je suis bien trop vieux, moi, je reste ici."

On perçoit, à travers ce personnage, toutes les difficultés de la vie de nomade : un jour, cette vie errante n'est plus possible, on perçoit la fatigue et l'usure du temps.

Le refrain suggère de nouveaux voyages, de nouvelles découvertes, parfois semées d'embûches, puisqu'elles passent sur "des chemins mouvants".

Et une voix invite le gitan à "laisser encore un instant vagabonder son rêve", un rêve qui paraît bien illusoire, comme le suggère l'expression "avant que la nuit brève le réduise à néant".

Des impératifs invitent le gitan à chanter ces rêves, représentés par "un pays de Cocagne, un château en Espagne", une envie de trouver toujours et encore d'autres horizons meilleurs.

La mélodie restitue tendresse, émotion, puis soudain plus vive, elle révèle un esprit aventureux, une passion de la liberté...

Bel hommage à ce peuple errant de nomades, cette chanson parvient à traduire toute la rudesse de la vie de ces gens du voyage, leur esprit de liberté, leur passion pour la musique...

On doit les paroles de cette chanson à Pierre Cour, la musique a été composée par Hubert Giraud.

 

Lien vers la vidéo : https://youtu.be/gH5VFmtdnHc

 

 
Photos : Pixabay

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24 réactions à cet article    


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 9 septembre 2016 17:17

    Un grand peuple dont le génocide opéré par les nazis n’est pas médiatisé...


    On sait que Django Reinhardt et Manitas de Plata étaient gitans, mais sait-on que Yul Brynner, Charlie Chaplin, Jean Constantin, Michael Caine, Serge Poliakov, Patricia Chéreau, et Stephan Eicher étaient ou sont eux aussi gitans ?

    • rosemar rosemar 9 septembre 2016 19:39

      @Jeussey de Sourcesûre


      Merci pour ces rappels importants concernant ce peuple souvent mal perçu, rejeté...
      La chanson a le mérite d’évoquer ce peuple, en restituant une atmosphère, un désir de liberté, un certain panache.

    • Fergus Fergus 9 septembre 2016 20:11

      Bonsoir, Jeussey de Sourcesûre

      Un peuple pas aussi homogène qu’on le croit généralement : les Gitans ne sont pas des Manouches qui ne sont pas des Roms. Un mode de vie convergent, mais des origines diverses.


    • Olivier BLOCHET (---.---.124.80) 10 septembre 2016 10:34

      @Jeussey de Sourcesûre

      Petites précisions : Django n’était pas un Gitan mais un Manouche. Quant à Yul Brynner et Stephan Eicher, ce sont des Yéniches, un peuple nomade certes mais dont l’origine n’est pas la même que celle des Tsiganes qui viennent du nord de l’inde (5 ou 6ème siècles après J.C). 

    • Fergus Fergus 10 septembre 2016 11:14

      Bonjour, Olivier BLOCHET

      Le mot « gitan » est devenu générique pour désigner les peuples nomades dont le mode de vie est en apparence le même aux yeux de la population française non tzigane.

      Aujourd’hui, ce mot est même de plus en plus souvent remplacé par « rom ». à tort évidemment car, pas plus que « gitan », il ne désigne l’ensemble de la communauté des « gens du voyage ». 

      Je profite de ce commentaire pour pousser une nouvelle fois un coup de gueule contre les trop nombreuses municipalités qui, pour dissuader toute implantation de « personnes indésirables » sur leur territoire, parquent les nomades dans des camps indignes à proximité des déchetteries, des stations d’épuration ou en bordure d’autoroute. Ce scandale n’est pas assez dénoncé. smiley


    • Olivier BLOCHET (---.---.124.80) 28 septembre 2016 09:46

      @Fergus

      Bonjour Fergus,

      Au regard de l’histoire, faire du mot gitan un terme générique est une aberration.

      Pour remplacer les mots Romanichels et Bohémiens, nous avons déjà eu droit au vocable administratif de « gens du voyage », dont chacun s’accorde à souligner l’ineptie.

      Nous ne pouvons pas confondre Manouches et Gitans qui – même s’ils ont la même origine – ont enrichi différemment leur histoire et leur culture en empruntant des routes différentes lorsqu’ils ont quitté le nord de l’Inde. Cette mosaïque culturelle ne devrait pas permettre de confondre les deux communautés dont les modes de vie diffèrent, ne serait ce que la sédentarisation est plus marquée chez les Gitans que chez les Manouches et que leurs musiques sont notablement différentes.

      Bien entendu, on sait combien nos édiles, jusqu’aux plus hauts niveaux, ne se gênent pas pour stigmatiser ces familles, pour proférer des amalgames et des généralités fondées sur leur ignorance. La conséquence en est que le mot manouche est devenu péjoratif aux yeux de certains et les journalistes ont décidé d’intituler leurs papiers ou leurs émissions grand public sous des titres aussi contestables que « La vrai vie des Gitans ». Et là, nous assistons à un grand n’importe quoi basé sur des stéréotypes mis en scène avec une illustration sonore hilarante : musique gitano flamenca sur des images portant sur les familles Manouches de l’est de la France. A quand du biniou sur les reportages au Pays Basque ?

      Quand au mot Rom, il s’applique malheureusement aussi à l’emporte pièce alors qu’il ne devrait désigner que les populations Tsiganes d’Europe centrale. Je rappelle toutefois que lors du premier congrès mondial des Tsiganes en 1967, les délégués ont rejeté les termes Tsiganes, Zigeuners, Gitanos, Gypsies pour adopter celui de Rom ou Rrom. Cela ne fait qu’entretenir l’ambigüité dans l’esprit du grand public alors que les Manouches et les Gitans ne se reconnaissent pas dans ceux que l’on appelle Roms. Et pour cause : ces Roms sédentaires de Roumanie et de Bulgarie fuient la misère et le rejet dans leur pays alors que les familles de « gens du voyage » ont la nationalité française depuis parfois plus longtemps que leurs plus ardents détracteurs.


    • Fergus Fergus 9 septembre 2016 20:07

      Bonsoir, Rosemar

      Des « Gitans », on en trouve même en Irlande. Les connaissez-vous ?

      On les nomme les « Irish Gypsies » ou les « Tinkers ». Une population qui parle une langue spécifique et qui est d’autant plus étonnante que, contrairement aux Gitans que l’on rencontre chez nous, leur communauté comporte des non-gitans. Cf. Qui sont les « Irish gypsies » ?


      • Coriosolite 9 septembre 2016 21:08

        @Fergus
        Bonsoir,

        Ce que j’ai pu lire sur les Travellers tendait à leur attribuer une origine celtique très ancienne. Ils seraient issus d’un peuple nomade autochtone et auraient agrégés au long de leur histoire des éléments divers entre autres vikings puis romanis.

        Quant aux Yeniches, présents en Allemagne, Suisse et Est de la France notamment, leur origine ethnique est européenne. Ce seraient (hypothèse assez assurée) des éléments de populations germanophones marginalisées et appauvries fin 18ème et début 19ème. Et qui auraient au cours du temps agrégées d’autres éléments issus des marges des sociétés européennes. Ils n’ont aucune origine commune avec les romanis.

        Je sais qu’il y a une population nomade en Ecosse, mais je n’ai jamais rien lu là-dessus. C’est l’occasion, je m’y colle.

        Une incidente à votre destination Fergus, j’ai lu et apprécié votre article sur Marion du Faouet. Et coïncidence, j’ai trouvé aujourd’hui chez un bouquiniste de Dinan, votre ville je crois, le livre de J. Loredan. C’était prédestiné.


      • Fergus Fergus 10 septembre 2016 09:27

        Bonjour, Coriosolite

        A ma connaissance, les Tinkers écossais sont venus d’Irlande, et l’on en trouve encore, bien que cette population nomade ait beaucoup diminué. Je n’en sais toutefois pas plus que vous sur eux, contrairement aux Tinkers irlandais rencontrés sur place et avec qui il m’est arrivé de discuter, ce qui m’a d’ailleurs amené à écrire mon article sur les « Irish gypsies ».

        Merci pour votre appréciation de l’article sur Marion du Faouët. Eu égard à la notoriété de la brigande en Bretagne, il n’est pas étonnant que le livre de Lorédan soit disponible chez les bouquinistes de Dinan, ville à fort patrimoine historique. Ce livre est également disponible à la bibliothèque de la ville.

        .


      • rosemar rosemar 10 septembre 2016 09:39

        @Fergus


        Merci pour ce rappel, le peuple gitan est divers.Et il a inspiré des chansons, des poèmes...Par exemple ce magnifique poème de Baudelaire




      • berry 9 septembre 2016 21:39

        C’est beau comme un article de la Pravda des années 30 relatant les exploits des travailleurs soviétiques.


        • Bernie 2 Bernie 2 9 septembre 2016 23:39

          @berry

          Vous aussi vous trouvez ce texte sirupeux et anachronique ?

          Du planplan après avoir craché le feu. Heureusement qu’elle a gardé le 3 petits points.
          Par chance, elle nous a pas fait le cliché Daniel Guichard.

          Acceptons les gitans d’il y a 50 ans pour mieux refuser les musulmans d’aujourd’hui. C’était tellement mieux avant... (quand le maréchal s’occupait de ces gitans).


        • rosemar rosemar 10 septembre 2016 09:46

          @berry

          Pour affiner le goût poétique de certains..




        • xc (---.---.78.220) 10 septembre 2016 10:56

          @Bernie 2
          Effectivement, il y a la face sombre :

          http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/18/01016-20100718ARTFIG00170-des-gens-du-voyage-saccagent-une-commune-du-loir-et-cher.php

          http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/02/05/01016-20160205ARTFIG00162-proces-du-blocage-de-l-a1-jusqu-a-trois-ans-de-prison-ferme-requis.php

          Et toutes les affaires de délinquance dont ne parlent que les médias locaux.

          Sans parler de ce qui en est la cause : le communautarisme qui fait rejeter tout ce qui n’est pas de l’ethnie.


        • rosemar rosemar 10 septembre 2016 21:28

          @Grospair

          On peut voir, si on le veut, des clichés partout : « la guitare, la roulotte, le bistrot... »Mais je trouve aussi cette autre chanson très belle.



        • Diogène diogène 10 septembre 2016 08:40
          Ils sont venus 
          Ils sont tous là 
          Dès qu’ils ont entendu ce cri 
          Elleu va mourir, laaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa mammaaaaaaaaaaaaaaaaââââ 


          • Pelletier Jean Pelletier Jean 10 septembre 2016 14:06

            Belle évocation qui fait réfléchir par les temps qui courent ...



            • Vipère Vipère 10 septembre 2016 14:26

              @Pelletier Jean

               
              Vous êtes hors sujet, et le savez ! 

               Personne ne vous lit plus depuis des lustres, cependant votre opportunisme est admirable, mais comme dirait l’autre : - dit-moi quel maître tu sert et je te dirais qui tu es"... tout est dit ! 

            • Coriosolite 10 septembre 2016 14:44

              @Pelletier Jean

              Le lien que vous donnez n’a pas un rapport évident avec les peuples nomades.

              Néanmoins il s’agit d’une série d’articles remarquables sur trois légumes.

              L’artichaut et les salsifis que j’apprécie beaucoup. Le François H. beaucoup moins.


            • alain-aaae (---.---.227.190) 10 septembre 2016 14:32

              c est un fait que je fais beauoup de commantaires sur la religion juifs sans étre antisemite mais ayant des membres de ma famille déportés a auswicht et en allemagne et n ayant pas les mémes droits que les juifs qui eux grace a CHIRAC ,Raffarin etc......ont un revenu mensuel de 500e exant d impots revenu a vie.quand je vois aussi que dans ma famille nous avons des gitans mais qui eux aussi on été oublié des indemnisations on ne peu que se révolté.


              • rosemar rosemar 10 septembre 2016 21:30

                @alain-aaae

                C’est pourquoi, il faut parler de ces peuples et de telles chansons aident à le faire...

              • Jean Keim Jean Keim 11 septembre 2016 08:16

                Le vent se soucie-t-il de son origine, il suit la voie de moindre résistance ? 

                Ce que peuvent en dire les gitans et autres gens du voyage ne peut être que mythes et merveilles, une bonne matière pour écrire une chanson.
                Ils sont toujours en mouvement comme le sont tous les corps célestes, quand les hommes visiteront les étoiles, ils seront du voyage et pour autant de toute éternité, ils chercheront toujours ce qu’il y a au bout du chemin, et ils passeront devant les petits vieux assis sur leur chaise au bord de la route et ils se souriront comme le font ceux qui connaissent la brièveté de la vie.



                • yves 14 septembre 2016 12:06

                  d’ou viens tu gitan ?
                  réponse , en s’en branle !
                  en france , on a d’autres préoccupations !


                  • Terrevive Terrevive 19 janvier 2017 22:12

                    J’ai eu l’occasion de côtoyer des Gitans au long de ma vie et j’ai pris plaisir à écrire un roman « Les voyageurs au sang d’or », une saga aux accents poétiques. L’histoire commence à Almería et finit aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Ce livre est dédié à Manitas de Plata que j’ai eu l’honneur de rencontrer plusieurs fois.

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