• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Dans les griffes du Diable : la tragédie des sorcières de Salem

Dans les griffes du Diable : la tragédie des sorcières de Salem

Durant l’hiver 1692, Salem Village, dans le Massachusetts, s’enfonce dans une fièvre glaçante. Dans les chaumières où crépitent des feux timides, des jeunes filles se tordent, hurlent, accusent leurs voisins ou leurs amis d’actes innommables. Les murmures du Diable s’élèvent, les cordes se tendent à Gallows Hill et une communauté pieuse bascule dans la terreur la plus totale. Comment une bourgade puritaine, tissée de foi et de rigueur, a-t-elle sombré dans une chasse aux sorcières d'une telle ampleur ? 

JPEG

 

Le foyer de la peur : les origines d’une hystérie

Salem Village, en 1692, est un hameau austère, niché entre des champs boueux et des forêts sombres. Les puritains, exilés d’Angleterre pour leur foi rigide, vivent dans une tension constante : la crainte du péché, des Indiens wampanoags voisins et d’un Dieu vengeur. Les hivers rudes, les récoltes maigres et les querelles territoriales entre familles – les Putnam contre les Porter, notamment – fissurent la communauté. Dans ce climat, la maison du révérend Samuel Parris devient le théâtre d’un drame étrange. Sa fille, Betty, neuf ans, et sa nièce, Abigail Williams, onze ans, commencent à se convulser, à crier, à murmurer des paroles incohérentes. Bientôt, Ann Putnam Jr., douze ans, et Mercy Lewis, une servante orpheline, rejoignent ce délire. Le médecin William Griggs, démuni, déclare : "Le mal qui les frappe n’est pas naturel".

 

 

Les Records of the Salem Witch-Hunt révèlent une société au bord de l’implosion. Les rivalités économiques – les Putnam, fermiers prospères, contre les Towne, plus modestes – se mêlent à des différends religieux. Parris, un pasteur impopulaire, est critiqué pour son avidité, ayant exigé un salaire plus élevé que ses prédécesseurs. Une lettre de Thomas Putnam, datée de mars 1692, trahit l’angoisse collective : "Nos filles sont tourmentées par des forces invisibles, et le Malin agit parmi nous". Les adolescentes désignent Tituba, esclave caraïbe de Parris, Sarah Good, une mendiante errante, et Sarah Osborne, une veuve ayant scandalisé par un remariage hâtif. Tituba, sous la pression, avoue avoir signé un "livre du Diable", un témoignage extorqué rapporté dans les archives judiciaires.

Un détail peu connu, tiré des Essex County Court Records, montre que les accusations initiales visaient aussi des hommes, comme John Proctor, un tavernier prospère mais critique de Parris. Une anecdote, transmise par la tradition orale, suggère que les filles auraient pratiqué des jeux divinatoires – verser du blanc d’œuf dans l’eau pour lire l’avenir – avant leur "ensorcellement". Bien que douteuse, cette histoire reflète une société où la superstition et la foi s’entrelacent, transformant des gestes anodins en preuves de sorcellerie.

 

Les cordes de la justice : les procès de Salem

Au printemps 1692, la peur se mue en machine judiciaire. Une cour spéciale, la Court of Oyer and Terminer, est instaurée sous l’égide de William Stoughton, un magistrat rigoriste. La salle d’audience, très étroite, empeste la sueur. Les "preuves spectrales" – visions des accusés tourmentant leurs victimes sous forme d’esprits – deviennent la pierre angulaire des procès, une pratique controversée même à l’époque. Ann Putnam Jr. témoigne, dans une déposition du 25 mai 1692 : "J’ai vu l’ombre de Sarah Good m’étrangler dans mon lit, et son rire était celui du Diable". Ces récits, souvent incohérents, suffisent à condamner.

 

 

Les accusés, souvent des marginaux, sont broyés. Bridget Bishop, une veuve aux robes trop colorées pour la morale puritaine, est pendue le 10 juin 1692, criant : "Je ne suis pas une sorcière, que Dieu me juge !". Contrairement à l’Europe, où les bûchers symbolisaient une purification par le feu, Salem choisit la pendaison à Gallows Hill, un choix ancré dans la sobriété puritaine, comme le confirment les Records of the Salem Witch-Hunt. Giles Corey, un fermier de quatre-vingts ans, subit un sort plus cruel : refusant de plaider, il est écrasé sous des pierres, son agonie décrite dans les archives comme "un spectacle d’horreur". Les prisons, des cachots froids et infestés de vermine, aggravent le calvaire : Dorcas Good, une enfant de cinq ans, y est enchaînée, accusée d’avoir mordu une accusatrice par sorcellerie.

 

 

Un fait méconnu, tiré des Massachusetts Bay Colony Archives, révèle que des voix dissidentes s’élevèrent tôt. Robert Calef, un marchand de Boston, dénonça les procès dès juin 1692, écrivant à un ami : "Ces jugements sont une honte, fondés sur des chimères". Pourtant, la frénésie s’amplifie, alimentée par des rancunes personnelles. Les odeurs de cordes neuves, les cris des condamnés et le murmure des prières dans la foule marquent ces mois où Salem semble danser au bord de l’abîme.

 

L’extinction de la folie : la fin de l’hystérie

À l’automne 1692, la raison reprend timidement ses droits. Les accusations, désormais visant des figures respectées comme Rebecca Nurse, une matriarche pieuse, éveillent les soupçons. Le gouverneur William Phips, inquiet de l’ampleur des condamnations – 19 pendaisons et une exécution par écrasement – dissout la Court of Oyer and Terminer en octobre. Une lettre de Thomas Brattle, un marchand érudit, datée du 8 octobre 1692, fustige les procès : "Ces jugements reposent sur des visions et des rêves, non sur la vérité tangible. Nous nous égarons". Les communautés voisines, comme Ipswich, commencent à critiquer Salem, un détail rare consigné dans les Essex County Court Records : un pasteur d’Andover écrit que "la folie de Salem menace toute la colonie".

 

 

Les regrets suivent. En 1697, Samuel Sewall, juge lors des procès, confesse publiquement sa faute dans une église de Boston, un acte consigné dans les Massachusetts Historical Society Collections : "Je prends sur moi la honte de ces erreurs, implorant le pardon de Dieu". En 1706, Ann Putnam Jr. exprime des remords, écrivant : "J’ai causé un mal involontaire, croyant agir pour Dieu". En 1711, la colonie vote des compensations pour les familles, un aveu d’injustice. Les cachots, où des prisonniers comme Tituba ont croupi dans la paille moisie, sont vidés, mais le traumatisme persiste. Mary Herrick, une survivante, décrit des "nuits hantées par les visages des pendus". Une légende prétend que Gallows Hill resta stérile des décennies, comme maudit. Ce récit, bien qu’anecdotique, reflète la culpabilité d’une communauté. Les pendaisons, plutôt que les bûchers, marquent l’austérité puritaine, un choix qui distingue Salem des chasses européennes. La tragédie devient un miroir des excès de la peur, gravé dans la mémoire collective.

 

Les braises de l’énigme : explications et héritage

Pourquoi Salem s’est-elle embrasée ? La psychose collective, nourrie par une foi puritaine obsédée par le Diable, est une cause centrale. Les sermons de Cotton Mather, figure influente, attisent la paranoïa : "Le Malin rôde en Nouvelle-Angleterre, et nous devons l’affronter avec vigueur", note-t-il en 1692 . Les adolescentes, sous la pression des adultes, auraient amplifié leurs symptômes, peut-être par peur ou pour gagner du pouvoir dans une société qui les muselait. Un détail tiré des Salem Village Records montre que Mercy Lewis, une orpheline ayant fui les guerres indiennes, accusait avec une ferveur particulière, peut-être pour exorciser ses propres traumatismes.

Une hypothèse matérielle évoque l’ergot de seigle, un champignon hallucinogène pouvant contaminer les céréales. Les conditions humides de 1691, documentées dans les Massachusetts Bay Colony Archives, auraient favorisé sa propagation. Pourtant, aucun témoignage d’époque ne rapporte de symptômes généralisés, rendant cette théorie spéculative. Les tensions sociales – inégalités économiques, marginalisation des femmes comme Sarah Good, ostracisée pour sa pauvreté, et rivalités familiales – ont catalysé la crise. Un fait rarement cité, tiré des Essex County Court Records, montre que les accusations touchèrent aussi des hommes respectés, comme George Burroughs, un ancien pasteur exécuté pour ses critiques du puritanisme.

 

Visit The Salem Witch Museum | Salem, MA

 

L’héritage de Salem est un avertissement intemporel. Les archives, minutieuses, révèlent une justice dévoyée par la peur. L’absence de bûchers, contrairement à l’Europe, reflète l’austérité puritaine, où la corde symbolisait une punition froide et méthodique. Aujourd’hui, Salem, avec ses maisons à colombages et ses musées, attire les curieux, mais les échos des cris des condamnés persistent. La tragédie rappelle que la vérité s’effrite face à la panique, une leçon gravée dans les pierres de Gallows Hill.

 

Salem: Proctor's Ledge Memorial | The Proctor's Ledge Memori… | Flickr


Moyenne des avis sur cet article :  1.61/5   (23 votes)




Réagissez à l'article

32 réactions à cet article    


  • Seth 4 juillet 17:44

    Un pays peuplé de fondamentalistes à œillères, de bandits, de putains et de pauvres déracinés prêts à tout, que voulez vous que ça produise hors des idées débiles qui caractérisent encore le Yankistan et qu’on doit supporter à notre époque ?  smiley

    C’était une considération générale.  smiley


    • Bonsoir @Seth,

      Je partage totalement votre avis. Je ne suis pas fan du tout du pays de l’Oncle Sam et pour les mêmes raisons que les vôtres. Ce n’était la crème de l’humanité qu’on envoyait peupler les Amériques... 

      Je ne l’ai pas fait exprès : aujourd’hui, c’est Independence Daysmiley


    • @Seth

      De plus, ces gens-là ont refusé de rembourser la France pour son soutien matériel et financier lors de la guerre d’Indépendance américaine. L’aide française a été considérable, s’élevant à l’équivalent de 1,6 milliard de livres de l’époque. Une somme qu’il est difficile d’évaluer mais qui représente plusieurs dizaines de milliards d’euros. Sans la France, les Etats-Unis seraient aujourd’hui un royaume du Commonwealth, comme le Canada. Ce qui, finalement, n’aurait pas été plus mal...

      De nombreux historiens s’accordent même à dire que cette dette impayée, que Necker avait tenté de récupérer en 1789, a été l’une des causes précipitant la France dans la Révolution. Je partage leur avis. 


    • Gégène Gégène 4 juillet 18:03

      La Chasse aux sorcières décrit assez justement toutes ces péripéties smiley

      (et on nous fait peur avec les islamistes)


      • Bonsoir @Gégène, 

        J’ai beaucoup apprécié ce film. Il est assez fidèle à la véritable histoire des sorcières de Salem. 


      • Seth 4 juillet 18:19

        @Gégène

        Et tout d’abord, comment démontrer qu’une femme est une sorcière ?

        https://www.youtube.com/watch?v=rf71YotfykQ

        Et oilà ! smiley


      • JulietFox 5 juillet 10:57

        @Gégène
        Les religions qu’elles quelles soient, lorsqu’elles sont mises dans des mains fondamentalistes, dogmatistes, sont un danger.


      • Bonjour @JulietFox,

        Je suis tout à fait d’accord avec vous. Ce ne sont pas les religions qui posent un problème mais les gens qui se servent d’elles pour semer la division, la haine ou imposer leur pouvoir tyrannique.


      • juluch juluch 4 juillet 18:16

        Le puritanisme de cette époque avec actuellement l’Islamisme avec les frères musulmans.....kif kif.

        Comme quoi les religions....

        Que de livres, de films sont sortit sur Salem....au moins ça !


        • Seth 4 juillet 18:22

          @juluch

          Et donc ? Comment y remédie-ton ?

          SVP, livrez nous votre Pensée.


        • Bonsoir @Juluch, 

          Merci pour votre commentaire ! Vous soulignez un parallèle intéressant entre le puritanisme rigoriste de Salem et d’autres formes de fanatisme religieux, comme celui que vous associez aux Frères musulmans. Si les contextes historiques et culturels diffèrent, il est vrai que la peur, l’intolérance et l’absolutisme moral peuvent engendrer des dérives similaires où des communautés se déchirent sous le poids de croyances extrêmes.

          A Salem, la foi puritaine, exacerbée par des tensions sociales et une obsession du Diable, a conduit à une tragédie humaine. Ces excès rappellent que toute idéologie, religieuse ou non, peut devenir destructrice lorsqu’elle étouffe la raison et la nuance.

        • juluch juluch 4 juillet 21:48

          @Seth

          les pendre ???

          Pour prendre exemple sur Salem...

           smiley

        • Gollum Gollum 4 juillet 18:28

          Pourquoi Salem s’est-elle embrasée ? La psychose collective, nourrie par une foi puritaine obsédée par le Diable, est une cause centrale.


          Ben oui le christianisme a souvent abouti à ça... On reconnait un arbre à ses fruits parait-il... Et ces fruits sont visiblement pourris..

          Bon ça aurait pu être pire.. Z’ont échappé aux bûchers.. la miséricorde divine sans doute..

          CQFD épicétou..


          • Seth 4 juillet 18:40

            @Gollum

            J’ai vu que tu avais encore répondu à une pensée puissante d’Etirev sur l’article du djeun réac Robert qui donne des leçons ici.

            Pas pu me répandre en ton sens, sorry mais je suis personna non grata sur les délires du « spikologue » aux belles lunettes facheunes. C’est affreux.  smiley

            Mais je continue à lire ses crottes en me demandant où il s’arrêtera dans la vacuité.  smiley


          • Bonsoir @Gollum,

            Merci pour votre commentaire. Mais est-ce vraiment le christianisme en soi qui fut le véritable responsable de ces horreurs ou un cocktail explosif de peur, de tensions sociales et d’une communauté au bord du gouffre ? 

            A Salem, on pendait, pas par miséricorde divine, mais par austérité puritaine. Les fruits de l’arbre, comme vous dites, peuvent être pourris quand la peur l’emporte sur la raison, quelle que soit la croyance. 

          • Gollum Gollum 4 juillet 18:56

            @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

            Ben la peur du péché et du diable c’est bien typiquement chrétien non ?

            Il n’y a pas que Salem qui a vécu ce genre de délire, la société européenne entière a sombré dans la démence de la peur du péché, la peur de la damnation, bref la psychose..

            Voir Le péché et la peur de Jean Delumeau. Un historien chrétien qui fut effaré de ce qu’il avait découvert.. 


          • Gollum Gollum 4 juillet 18:58

            @Seth

            Ah t’es interdit de présence chez Robert ? Sinon j’me suis fait massacré sur ce post, y a des fans d’Etirev visiblement.. Bref, elle a des disciples bien qu’elle ne veuille pas en faire.. smiley


          • @Gollum

            Oui, c’était le cas auparavant pour toutes les confessions chrétiennes. Mais le christianisme a évolué depuis, pour certaines de ses branches.

            Je suis protestant luthéro-réformé (libéral et progressiste) et, comme la majorité de mes coreligionnaires, je ne crois pas en l’existence du Diable, de l’enfer et du purgatoire. Chez nous, on ne manie pas le bâton et la carotte, comme c’est le cas pour le catholicisme ou certaines branches du protestantisme, l’évangélisme en particulier.


          • Seth 4 juillet 19:47

            @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

            Je suis protestant luthéro-réformé

            Ce serait mieux si vous étiez Quaker mais bon...  smiley


          • Seth 4 juillet 20:09

            @Gollum

            Désolé mais j’ai pas trouvé un seul mauvais mot contre toi sur le site du spi spécialiste du comportement des chiards qui joue au zinfluansseur sur ioutioubeu et que je te recommande d’aller visiter ce chanèlle pour saisir la rapidité de l’esprit moderne de la personne.  smiley

            Sinon Etirev est d’une grande utilité pour les ceusses qui ne savent pas quoi penser : ses posts sont un catalogue du n’importe quoi, on n’a qu’à choisir.  smiley

            Un autre article cite Beowulf (soi-disant en vieil anglais, tellement vieux que c’est plutôt du saxon). Je me souviens maintenant que Tolkien dont la vieille langue était la spécialité a travaillé presque toute sa vie là dessus et a calqué Gollum sur Geldren. Si tu veux changer ton petit nom...  smiley


          • Gollum Gollum 4 juillet 20:30

            @Seth

            Ouais ce sont les moinssages dont je voulais parler.. smiley

            Sinon Etirev mélange subtilement des trucs qui des fois sont pas mal avec des trucs complètement délirants.. 

            Geldren ouais c’est pas mal.. smiley


          • Gollum Gollum 4 juillet 20:36

            @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

            Mais le christianisme a évolué depuis


            Ben ouais sous la contrainte... Ils auraient eu l’air de quoi les mecs au XXème siècle s’ils avaient encore défendu les bûchers..


            je ne crois pas en l’existence du Diable


            Pourtant bien présent dans les textes du NT, cherchez l’erreur...


          • rogal 5 juillet 01:33

            @Gollum
            Les historiens affirment que les bûchers pour sorcellerie se sont définitivement éteints en France vers 1640. On peut faire le rapprochement avec l’évolution intellectuelle de la société : développement de la nouvelle science (Galilée) et du rationalisme allant avec (Descartes).


          • @Seth

            Cher Ami,

            Nous avons déjà discuté des Quakers et nous sommes sur la même longueur d’onde à leur sujet. J’aime beaucoup cette communauté religieuse.

            Quand j’étais gamin, j’adorais la marque de céréales « Quaker » car je trouvais que le type qui illustrait le logo, avec son grand chapeau, avait une tête sympathique...


          • pasglop 4 juillet 22:17

            @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

            Comment une bourgade puritaine, tissée de foi et de rigueur, a-t-elle sombré dans une chasse aux sorcières d’une telle ampleur ? 

            Et si la réponse était dans la question, quand le déracinement, l’isolement et la peur tiennent lieu de viatique quotidien ?


            • Bonjour @pasglop,

              Merci pour votre réflexion qui touche au cœur du mystère de Salem. Vous avez raison : le déracinement, l’isolement et la peur, omniprésents dans cette bourgade puritaine, ont été des ingrédients explosifs. Les colons de Salem Village, exilés dans une terre hostile, vivaient sous la menace des guerres indiennes et des hivers impitoyables. Leur foi rigide, obsédée par le Diable, amplifiait chaque doute en menace cosmique.

              Votre remarque sur le « viatique quotidien » est pertinente : dans cet isolement, la peur est devenue une boussole défaillante, 

            • SilentArrow 5 juillet 00:55

              Les Puritains ? Ceux qui considèrent que rire le dimanche est un péché ?


              • Étirév 5 juillet 07:16

                La Sorcière, sublime Prêtresse qui chantait le cantique de la Nature, l’inspiratrice des hommes, la grande consolatrice, Celle qui était la promesse et la miséricorde, Celle qui était la science et guérissait toutes les blessures, a été chassée du temple. L’ignorance a pris sa place et s’est faite orthodoxie. Alors, que va-t-elle devenir ? Qu’elle le veuille ou non, la voilà destinée à l’œuvre sourde des conspirations et au massacre.
                Après ce massacre de la Femme, qu’allait-il rester de la société humaine ?
                Il restait la Nature avec ses éternelles lois. Il restait la Femme… Déesse sans autels, Reine sans royaume, qui n’ose avouer sa royauté,… mais la prend quand même ! Mais toutes n’étaient pas des femmes fortes, des sorcières. Il y avait aussi les femmes faibles et amoureuses de l’homme perverti. Celles-là vont au prêtre, et ce sont les riches, les joyeuses, les heureuses, celles qui plaisent aux séducteurs par leurs complaisances.
                Mais les femmes fortes allaient à l’homme maudit, à celui que, par un paradoxe fréquent, le prêtre appelait « Satan », c’est-à-dire à l’homme vrai, grand et droit. Elles allaient donc au diable, elles se donnaient au diable, modeste, pauvre, déshérité comme elles. Ce sont eux qu’on appelle les bons hommes, on les prend en pitié parce qu’ils n’ont pas l’astuce et l’hypocrisie des grands seigneurs de l’Église. Ces naïfs sont restés fidèles à l’antique loi morale ; aussi, comme ils sont ridiculisés, avilis, meurtris, les pauvres grands bons hommes, et hués par le peuple abruti ! Mais qu’importe à ces hommes ce qu’on dit d’eux ? il leur reste la vraie femme, la grande, c’est-à-dire tout, et c’est cela qui, finalement, les fera triompher.
                Lien


                • Seth 5 juillet 08:26

                  @Étirév

                  `
                  Vous ne confondez pas un peu la sorcière avec la magicienne ?


                • Gollum Gollum 5 juillet 09:33

                  @Étirév

                  Que c’est beau.. ça m’a tiré une larme.. On pourrait en faire un péplum hollywoodien... 

                  La Femme, belle, savante, vertueuse, cachée... qui tombe amoureuse du mâle dépravé, alcoolique, violent, con...

                  Que voilà une belle histoire ! Avec le méchant, le mâle, tous les mâles en fait, le bon (la Femme, la Sorcière, magicienne, sachant les herbes et les étoiles)

                  And the Ugly, le Grand Inquisiteur qui finit par cramer la Femme sur un bûcher car il ne supporte pas la Vérité et qu’il préfère la lui faire à l’envers.. smiley

                  Amen.


                • JulietFox 5 juillet 11:03

                  En 1550, dans un couvent de Valladollid, un légat du pape organise un débat sur une question majeure : les Indiens du Nouveau Monde sont-ils des hommes comme les autres ?

                  C’est une interrogation d’importance au moment où les rumeurs de malversations et de massacres de ces indigènes par les conquistadors risquent de mettre à mal la réputation de Charles Quint et, pis encore, du Saint-Siège. Deux hommes vont plaider. L’un est âgé et d’expérience : c’est Bartolomé de Las Casas, un dominicain, parti tout jeune pour le Nouveau Monde, qui a roulé partout sa bosse et est célèbre pour sa compassion et sa sympathie pour les Indiens. L’autre est jeune et, a priori, éclairé : c’est Sepulveda, un philosophe, traducteur d’Aristote.

                  Lui pense que certains hommes sont des « esclaves nés », fait pour obéir et subir. Son adversaire aime tous les hommes, a encore la vision d’abominables exactions, de tortures et de crimes pratiqués sur des femmes, sur des enfants et s’enflamme, les larmes aux yeux parfois. Le légat du pape arbitre, très calme toujours...

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité