De Charlie Hebdo à Orlando
Le 16/11/2015, j'avais écris "sur" Agora Vox, "sous" le titre "De Paris à Molembeek" : "J'ai peur d'oser dire : nous ne sommes peut-être pas tous Charlie".
Ce 20/05/2016, je lis dans "Le Soir" de Bruxelles, qu'un Doctorat Honoris Causa a été attribué par l'Université Libre de Bruxelles au médecin urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie Hebdo. Dans un entretien accordé à Mathieu Colinet qui lui disait : "...on a entendu aussi des "Je ne suis pas Charlie" de personnes qui disaient dénoncer les attentats mais ne pas se retrouver dans le sens de la provocation de Charlie", il aurait eu les propos suivants : "Ils n'ont rien compris. Dire alors : "Je ne suis pas Charlie", c'était se trouver du côté des terroristes". Je me suis demandé si c'était l'écho de ce que Bush avait dit le 06/11/2001 à propos de "Our war on terrorrism" suite au 11/09/2001 : "You're either with us or against us..." En fait ce n'est pas exactement la même chose. Car l'Université Libre de Bruxelles est bien connue pour la défense du Libre Examen, l'exercice de la Libre Pensée et de son corollaire la Libre Parole. Je comprends mieux Patrick Pelloux quand il annonce : "Dire, je suis Charlie, c'était dire je suis pour l'humanité et son développement". Mais alors je me pose cependant la question de savoir de quelle humanité ou de quel développement est-il question en l'occurrence. Car je crois qu'il faut être précis, complet et exacte dans une matière qui exige tant de rigueur. L'expression "nos valeurs" sonne d'une manière tellement sinistre depuis tant de temps d'exclusion, de censure, d'inquisition : depuis les Croisades jusqu'à la Shoah !
Dès lors quand je lis ce qu'aurait dit Patrick Pelloux à propos des religions :"Oui disons le tout net. Les religions nous emmerdent. L'islam notamment", je crois comprendre que ces propos défendent bien "nos" valeurs. Car, ce "dit" sonne comme le slogan : "La vitesse tue" ! Ou encore, comme dans les prévisions météos, où "les températures seront chaudes ou froides...", ou encore comme quand on s'est cogné sur une porte en la franchissant maladroitement et qu'on lui donne un coup de pied !!!! ....Dans notre système de valeur ne se trompe-t-on pas sur le sujet, ne confondons-nous pas la cause et l'effet ???? Et pour moi, ce glissement évident du signifié est symptomatique, dans le sens où il est "signal" d'une confusion inconsciente, sans doute ; entre contenant et contenu, entre carte et territoire... mais confusion peut-être entretenue... (pernicieusement ?)
La religion en tant que structuration cohérente d'une relation entre un être et un univers dont il perçoit un ordonnancement transcendant, en tant que rapport à une réalité que cet être conçoit comme le surpassant, ne peut avoir, par essence, l'objectif d'emmerder qui que ce soit, elle n'est pas l'actant de l'emmerdement. Bien entendu, ceci, en dehors du prosélytisme de bas étage qui, lui, n'est pas de nature religieuse mais affaire d'officiers du culte, de clergés, de propagandistes, de pouvoir, d'appropriation et de domination ... Donc dire "les religions emmerdent"... est pour moi un fluage dangereux entre "savoir" et "pouvoir".
J'avais aussi écrit, sur Agora Vox" que je ne participerais pas à la marche "Contre la Haine et La Violence" organisée à Bruxelles ce qui a pu déplaire à certains que je ne voulais en aucune façon "offusquer" ou choquer.......
J'ai aussi décidé (malgré mon envie instinctive) de ne pas participer le 24/04/2016, à Bruxelles, à la marche organisée contre l'achats, par la Belgique, de nouveaux Chasseurs Bombardiers (je n'ai pas eu l'occasion de l'écrie sur Agora vox)... En fait, bien m'en pris. Car j'ai pu lire, par après, que comme "premières motivations" de cette initiative étaient cités : "l'aberration budgétaire", "les coûts exorbitants", "les compensations économiques douteuses" :...... mais pas le crime contre l'humanité dont cet achat est l'ultime finalité ....
Ces fluages dangereux dans le langage, à propos "des religions", des "marches anti", des "manifs contre", ne sont pas si innocents qu'il y parait. La tuerie d'Orlando en donnerait encore un exemple, qu'analyse très judicieusement sur "Dissident Voice" John V. Walsh, ce 14/06/2016. A propos des "statements" d'Hilary Clinton et Barak Obama. “This is the deadliest mass shooting in the history of the United States and it reminds us once more that weapons of war have no place on our streets" But those “weapons of war” have been used on the streets of Iraq and in midnight raids on the civilian population in the war there that Hillary so ardently backed. Does she even grasp what she is saying ? She is saying that it is an atrocity to use such weapons on Americans – but not on the brown people, civilians in their homes, in Iraq and throughout the greater Middle East and North Africa in U.S. wars of aggression and the occupation. To be horrified by the use of those weapons on Americans but not on Arabs qualifies as racism of the basest sort"............
Fluage non seulement dans la sémantique, mais aussi dans l'exploitation bassement électoraliste des catastrophes "souhaitées"............. ? Comment oser encore dire : "Je ne suis pas Orlando" ?
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