De la crise politique malgache
Il y a un mois maintenant qu’une crise politique intense sévit à Madagascar (la grande île de l’Océan indien), entre d’un côté le Président Marc RAVALOMANANA au pouvoir, et de l’autre l’ex-maire de Tananarive Ange RAJOEL.
Une crise qui comme celles qui l’ont précédées dans d’autres pays, prend sa source dans des manifestations contre la vie chère,manifestations lancées par ce dernier, et qui se sont commuées par la suite en des revendications politiques contre le régime en place.
Beaucoup de pays, africains ou non, ont été victimes de ces turbulences qui dans le cas d’espèce a déjà occasionné plusieurs pertes en vies humaines (plus d’une centaine de morts), et des dégâts matériels très importants.
Jusqu’où ira-t-on avec ces crises itinérantes sur brulis,qui loin de s’arrêter comme on pouvait l’espérer,continuent actuellement leur parcours incendiaire dans les Antilles françaises (Martinique,Guadeloupe,etc.), où dans certaines régions elles persistent même depuis plus d’un mois ?
Mais, sinon, pour revenir au cas de Madagascar où une action conjointe de la France, de l’ U.A. et de l’O.N.U. tente depuis plusieurs semaines, de trouver un dénouement au conflit,un certain nombre de réflexions peuvent déjà être faites dans le souci de dégager des leçons pour l’avenir.
1ère leçon :
Les biens du Président Marc RAVALOMANANA ont été détruits,à tort ou à raison, par les manifestants.Est-ce que de tels actes ne sont pas de nature à décourager ceux des chefs d’Etats africains indélicats, qui malgré tout voudraient investir sur place dans leur pays ? L’on devrait développer des moyens judiciaires légaux, s’il n’en existent pas encore, adaptés à ce type de problèmes résolubles pendant ou après le mandat présidentiel, plutôt que de recourir à la violence.
2ième leçon :
Hier au Kenya, les populations sont descendues dans la rue,les mains nues,pour affronter le pouvoir en place. Bilan : Des centaines de morts pour rien, puisque le pouvoir a résisté. C’est les négociations qui ont fini par l’emporter sur les violences.
Hier au Zimbabwé,lors des conflits post-électoraux,même scénario carrément, même résultat : Des morts pour rien, et un pouvoir imperturbable. Les négociations finissent par l’emporter sur les violences.
Aujourd’hui à Madagascar, situation quasi-analogue : Les populations sont descendues mains nues dans la rue, il y a eu des centaines de morts,et peut-être encore des morts pour rien, puisque le pouvoir du Président RAVALOMANANA reste en place jusque-là. Les pourparlers sont également entrain de l’emporter sur les violences.
Alors :
i) L’Afrique n’a t-elle pas déjà trop versé de sang au nom de la démocratie ? Même si l’on ne fait pas d’omelettes sans casser d’oeufs, il faut en casser avec mesure, non ? Les autres pays africains n’ayant pas encore connus leur "changement" devraient penser à user directement de la négociation, sans plus passer par l’insurrection populaire, naturellement, de peur que les mêmes causes ne viennent à produire que les mêmes effets, comme dans d’autres pays. Pour être réaliste,la probabilité de vaincre "l’armée du Président" les mains nues,est très infime. Qu’une armée affronte une armée, pas les civils pour le faire.
ii) Même si la démocratie prône l’alternance politique et légitime les revendications de masses, il est certainement urgent que les hommes politiques en Afrique arrêtent de faire descendre les populations dans les rues. Ce n’est pas parce que cela se fait ailleurs que cela doit se faire absolument dans nos pays. La démocratie est-elle divine pour que l’on veuille la mettre en pratique à tout prix ? Il serait temps que l’on sorte désormais de ce principe humain et idiot qui veut que "Le pouvoir ne se donne pas, il s’arrache", pour adopter celui plus noble de "Tout pouvoir vient de Dieu". Si une manifestation populaire peut contribuer au renversement d’une dictature,elle arrive spontanément. Les ambitions personnelles ne sont pas toujours celles qui sont bonnes pour le peuple ou celles qui sont inspirées par Dieu.
iii) Le peuple africain doit se souvenir qu’une guerre, on sait quand est-ce qu’elle commence, mais jamais quand elle finira.
3ième leçon :
Comme à l’accoutumée,l’un des deux protagonistes africains du conflit malgache n’a pas hésité à solliciter d’emblée l’arbitrage ou le soutien de quelques puissances occidentales, lesquelles puissances jouent souvent des rôles troubles dans les crises politiques continentales, dépendamment de la richesse du sous-sol en présence, ou du degré de "fidélité" de chacun protagonistes.
L’Afrique devrait donc être plus conséquente avec elle-même,car d’un côté c’est elle qui les sollicite,et de l’autre,c’est elle qui verra dans une de leur intervention demain,une ingérence dans les affaires africaines. Tout autant,ces puissances disent souvent "on ne vous lâchera pas en pleine crise", lorsque cela les arrange, et "Les Africains doivent résoudre leur problèmes par eux-mêmes" dans le cas contraire, lorsqu’il n’y ont aucun intérêt.
Moralité, nos pays africains gagneraient certainement à discuter intérieurement et face à face,dans les bons comme dans les mauvais moments. N’est-ce pas cela qui peut rendre un ménage respectable aux yeux des observateurs ? L’unité africaine serait aussi de parvenir à cette capacité d’un minimum d’orgueil panafricaniste, ce qui n’est pas pour mépriser l’autorité des Nations-Unis.
Qu’ils soient Français, Allemands, Américains ou Chinois,etc , opposants ou partisans dans leurs pays, ils mettent en avant leur nationalisme face à l’étranger.
Enfin,"A quelque chose malheur est bon", affirme un dicton bien connu. Voilà quelques réflexions à débattre, qu’aura suscité la crise malgache. Puissent-elles inspirer quelque peu le peuple et les leaders politiques africains ou non ? Merci.
KOM Bernard Douala, Cameroun
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